La maison intelligente de Cisco est anodine et spectaculaire

Anodine parce qu’elle est l’assemblage de technologies parfaitement connues pour des usages anticipés depuis belle lurette. Spectaculaire par la crédibilité que leur donne la signature de Cisco, par la qualité de l’emballage marketing, par la rencontre d’une offre commerciale avec l’air du temps.
La domotique est née trop tôt, le mot s’est usé avant que le marché ne soit prêt, tandis que l’immotique (immeubles intelligents) est un mot sans fortune pour une réalité désormais industrielle. Il y a maintenant des décennies que la « maison du futur » fait l’objet de projets, de maquettes, d’expérimentations, et de quelques réalisations, notamment en matière de sécurité ou de chauffage ; et qu’elle inspire ingénieurs et architectes, écrivains et cinéastes : grâce à des œuvres comme Mon oncle, de Jacques Tati (1958), la maison intelligente est un objet imaginaire de première importance. L’univers qu’elle évoque est volontiers angoissant, orwellien : tout est sous contrôle, jusqu’à la vie de famille, la vie intime, les objets familiers. Le Virtual Tour que propose Cisco est étonnant de candeur à cet égard, notamment par la place qu’y tiennent les caméras de surveillance. On se gardera pourtant de tout manichéisme : l’irruption d’IP dans les appareils domestiques, au cœur des logements individuels et jusque dans la construction des maisons est un fait, existant ou imminent, il correspond à de nombreux besoins, qui seront, pour l’essentiel, inventés par les usagers plutôt que fournis clés en mains.
De nombreuses fictions nous sont proposées par tous les acteurs, à côté de celle de Cisco : elles mettent en jeu les appareils, les prises de courant, les technologies sans fil, les écrans…
Aux futurs habitants d’être les inventeurs et les acteurs de ces usages.

À lire aussi sur internetactu.net