Hervé Rony, directeur général du SNEP : « Nous sommes convaincus que le numérique est d’abord une chance. »


Le Syndicat national des éditions phonographique vient de rejoindre la FING. Hervé Rony, son directeur général nous explique quels sont les enjeux de l’internet de demain pour ce secteur.

[ http://www.fing.org/index.php?rubrique=article&num=965 ]

Le portail d’information du SNEP :http://www.disqueenfrance.com

Qu’est ce que l’anticipation et la réflexion sur les usages de l’internet de demain peut apporter aux membres du SNEP ?

Nos membres sont soit des majors, soit des indépendants. Les premiers, tout en étant adossés à de puissants groupes ne disposent pas, même s’ils ont recruté des jeunes spécialistes du net au niveau de leurs filiales, de compétences étendues en matière technologique et de recherche et développement. Quant aux seconds, leur taille modeste les prive évidemment de moyens de veille et de réflexion. Le SNEP nous semble donc être dans sa mission en alimentant l’information et la réflexion de nos membres, étant précisé qu’il ne s’agit pas pour le syndicat de déterminer telle ou telle stratégie, laquelle relève exclusivement des décisions de chaque société. Le travail mené par le SNEP a pour objectif d’échanger de l’information, de l’expliquer et de faire autant que possible de la prospective.

Quels sont les champs d’actions du SNEP en matière d’édition phonographique dans le domaine de l’internet ?

Pour l’essentiel, la première activité du SNEP, au regard du numérique, est de nature juridique : préparation de textes tels que la directive sur les droits d’auteurs et droits voisins dans la société de l’information, directive sur le commerce électronique, lois françaises relatives à ces mêmes questions. Nous sommes ainsi très actifs pour faire reconnaître en France un cadre précis sur la responsabilité des fournisseurs d’hébergement et d’accès en matière de contenus illicites.

Sur un plan opérationnel, nous exploitons avec une société licenciée à cet effet (TITE LIVE) une base de données des catalogues éditeurs qui est d’ores et déjà commercialisée auprès d’intervenants du commerce électronique. Cette base est un outil privilégié d’accès à l’achat de disques sur le net en B to B et en B to C.

Quel est le principal danger et le principal avantage que vous voyez dans l’internet ?

Le danger c’est la gratuité, la gratuité et encore la gratuité  ! Au-delà du danger évident que représente la mise à disposition de fichiers musicaux protégés non autorisés qui affectent directement les ventes tant en Europe qu’aux Etats-Unis (Singles en chute de 38 % en 2000 outre-Atlantique !) et qui justifient la poursuite d’actions judiciaires, l’accès libre à la musique est une menace redoutable. Sous couvert d’un discours généreux sur l’accès démocratisé à la culture et sur le caractère ouvert du net, se développe une campagne, à nos yeux, démagogique et malsaine qui nie une donnée économique de base : à un bien produit à un certain coût et ayant une valeur ajoutée forte, correspond un prix. Le débat sur la gratuité fait l’impasse totale sur l’économie de la création. Aucun business model ne tiendra avec la gratuité comme postulat. Téléchargement payé à l’acte ou abonnement sont inévitables.

L’atout majeur d’internet ou son principal avantage réside dans la capacité d’offrir aux consommateurs à terme un choix pratiquement illimité de musique. Internet permet de s’émanciper des contraintes de la distribution physique et de la diffusion sur les médias hertziens. Nous ne croyons d’ailleurs pas que ces formes d’exploitation traditionnelle vont disparaître rapidement. Nous pensons que la vente de cd en magasins a encore de beaux jours devant elle. Mais elle sera enrichie, complétée par une offre beaucoup plus riche, notamment en ce qui concerne des répertoires de niche et les fonds de catalogues. Nous sommes convaincus, malgré les difficultés actuelles, que le numérique est d’abord une chance.

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