A la découverte des Mems

A l’occasion de l’inauguration de la nouvelle fabrique de Micro-systèmes életromécaniques (Mems) de la société Tronic’s dans la région grenobloise, une table ronde, rassemblant industriels et chercheurs, a permis de faire le point sur cette industrie naissante… Explications sur les Mems et réflexions sur l’avenir d’une industrie de pointe, par Cyril Fievet.

A l’occasion de l’inauguration de la nouvelle fabrique de Micro-systèmes életromécaniques (Mems) de la société Tronic’s dans la région grenobloise, une table ronde, rassemblant industriels et chercheurs, a permis de faire le point sur cette industrie naissante… Explications sur les Mems et réflexions sur l’avenir d’une industrie de pointe, par Cyril Fievet.

La société Tronic’s (http://www.tronics-mst.com), l’un des trois acteurs français spécialisés dans le design et la production de Mems (Micro Electro-Mechanical Systems ou Micro-systèmes électromécaniques), a inauguré fin octobre 2003 ses nouvelles installations à Crolles, dans la région grenobloise. Celles-ci comprennent notamment une salle blanche de 650 m2, destinée à produire les composants, au rythme de 10 à 100 000 par an.

Les Mems sont des composants électroniques de très petite taille (quelques millimètres carrés tout au plus) comportant des pièces mécaniques. Couplant électronique et mouvement, ces puces sont le plus souvent des capteurs de toutes sortes utilisés pour de multiples applications. On en trouve dans l’industrie automobile (accéléromètre contrôlant le déclenchement d’un airbag) aussi bien que dans le médical (dans un pacemaker, pour adapter en temps réel la pile cardiaque à l’activité motrice du patient) ou dans la prospection géologique et pétrolière (capteurs mesurant la réflexion des ondes dans les couches géologiques).

Rejoignant ST Microelectronics, Motorola ou Philips à Crolles, l’installation de Tronic’s rappelle combien la région grenobloise est amenée, de plus en plus, à faire figure de “Silicon Valley à la française”. Toutes les entreprises françaises spécialisées dans les Mems sont d’ailleurs installées dans la région.

A la suite de l’inauguration organisée par Tronic’s, une table ronde a permis de faire le point sur cette industrie naissante.

Tout en se montrant optimiste quant à la croissance de son entreprise, Peter Pfluger, PDG de Tronic’s, qui produit des Mems conçus sur-mesure pour des besoins très spécifiques, estime “qu’il n’y a pas la place pour plus d’une douzaine d’entreprises similaires dans le monde”. Jean-Christophe Eloy, directeur de Yole Développement (http://www.yole.fr), un cabinet d’études spécialisé dans les Mems, prédit d’ailleurs que “à quelques consolidations près, les acteurs de cette industrie dans cinq ans seront les mêmes qu’aujourd’hui”, et souligne le dynamisme des entreprises françaises du secteur.

Pour Jean Therme, directeur de la recherche technologique au Commissariat à l’énergie atomique (CEA), la relation entre laboratoires de recherche et entreprises est bien “essentielle”, et surtout “à double sens” : “Les technologies employées pour les Mems, notamment les problèmes très ardus liés à la libération de pièces mécaniques à l’intérieur d’une puce, ont nécessité une bonne dizaine d’années de recherche, ce que peu d’entreprises peuvent financer. A l’inverse, l’existence d’entreprises permet de valider les travaux de recherche en les passant au filtre de la production réelle, du packaging, des tests, etc., avec un retour d’expérience irremplaçable pour le laboratoire. C’est une relation totalement gagnant-gagnant”.

Du reste, Jean Therme estime que “l’avènement des réseaux pervasifs et de la notion d’intelligence ambiante va donner naissance à de nouvelles gammes de produits, très spécifiques, s’appuyant fortement sur la technologie Mems. De multiples capteurs miniaturisés vont trouver des applications très diverses, dans le domaine du jeu vidéo, de l’ergonomie informatique ou de la surveillance, et ainsi fortement dynamiser cette industrie”.

Si la France est souvent présentée comme affichant un certain retard en matière de nanotechnologie, il semble donc que ce ne soit pas le cas dans les micro-technologies et en particulier les Mems. De nombreuses start-ups de la région grenobloise, dont Tronic’s, sont des spin-off du Leti (Laboratoire d’électronique de technologie de l’information), le laboratoire du CEA qui a initié la recherche en matière de Mems.

Pour Jean-Christophe Eloy, le Leti, composante essentielle du futur pôle Minatec, a joué un rôle majeur dans la constitution de ce “creuset grenoblois, absolument unique au plan international”.

Pour Jean Therme, sur la base de l’excellente image dont jouit le pôle et de l’intérêt qu’il suscite partout dans le monde, “on peut dire que l’effet Minatec est d’ores et déjà une réussite !”.

Tronic’s : http://www.tronics-mst.com
Yole développement : http://www.yole.fr
Leti : http://www-leti.cea.fr/fr/index-fr.htm

Cyril Fievet

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