Richard Lander : « Les projets collaboratifs basés sur du Mesh fonctionnent très bien »

Richard Lander dirige Locustworld, une entreprise anglaise particulièrement dynamique dans le monde du Wi-Fi et du Mesh Networking. Il souligne quelques unes des vertus des réseaux sans-fil maillés.

Richard Lander dirige Locustworld (http://locustworld.com, une entreprise anglaise spécialisée dans le Mesh Networking. Outre les produits et services qu’elle commercialise, Locustworld mène également une démarche d’évangélisation autour de la notion de « réseaux communautaires sans-fil », notamment au travers du site Community Wireless (http://communitywireless.org.

Internet Actu nouvelle génération : Locustworld commercialise une « Mesh Box ». En quelques mots, comment fonctionne-t-elle ?

Richard Lander : La Mesh Box est une boîte de la taille d’un petit magnétoscope. Elle comporte plusieurs entrées pour la connecter à d’autres appareils et un ou plusieurs émetteurs Wi-Fi. C’est un appareil multi-usages, mais sa fonction principale est de créer des réseaux étendus à haut débit. Cela signifie que chaque Mesh Box communique avec les autres Mesh Boxes qui sont voisines, et le signal internet se propage de proche en proche, sans fil, jusqu’à atteindre sa destination finale.

Iang : A qui ce produit se destine-t-il ?

Richard Lander : Les Wisp (fournisseurs d’accès sans fil) l’utilisent pour créer des réseaux sans-fil à haut débit pour fournir des services d’accès bon marché là où il y a une demande. Il peut s’agir d’opérateurs de toutes tailles. Et cela peut être en milieu urbain, rural, sub-urbain, sur un campus, dans un pays industrialisé ou dans un pays en voie de développement…

Iang : Mais le principe de fonctionnement ne suppose-t-il pas qu’il y a d’autres Mesh Boxes autour de celle que j’utilise ?

Richard Lander : Normalement, c’est l’opérateur du réseau qui coordonne l’installation. Ce n’est donc pas un appareil directement destiné à l’utilisateur final. Mais tous les membres du réseau doivent se concerter pour établir la bonne configuration.

Iang : Quels sont les principaux usages du Mesh Networking que vous prévoyez ?

Richard Lander : La principale utilisation sera l’accès haut débit à l’internet, et la voix sur IP sans fil.

Iang : Votre initiative « Community Wireless » tend à démontrer que le Mesh est plus qu’une technologie, mais comporte des aspects sociaux, voire politiques. Mais si l’on admet que le tissu social local, en particulier dans les grandes villes, est relativement peu développé, un réseau local sans-fil sera-t-il à même de créer des liens sociaux ?

Richard Lander : Je n’ai pas la réponse à cette question. En pratique, on voit se développer des réseaux Mesh quand des gens, qu’il s’agisse de projets commerciaux ou collaboratifs, se regroupent et s’organisent dans le but d’installer un tel réseau. Ils ne s’attendent donc pas, après avoir mis en place un noeud Mesh, à ce que ce boîtier trouve tout seul de nouveaux « amis » de façon anonyme. Mais les projets collaboratifs fonctionnent très bien. On peut citer Feeed, par exemple.

[NDLR : Feeed (http://www.feeed.net) est une initiative à but non lucratif, visant à proposer des accès internet à haut débit et sans fil, via le développement de réseaux Mesh communautaires. Une dizaine de zones (en Angleterre) sont déjà couvertes, via des réseaux « pour la communauté, gérés par la communauté ». Le débit proposé est de 512 Kb/s, et les accès sont payants, mais à des tarifs très largement inférieurs à ceux des hotspots commerciaux. Les membres de Feeed s’acquittent par exemple de 6,95 £ (10,5 euros) par mois pour un accès illimité, comparé à 85 £ (128 euros) pour un hotspot de British Telecom]

Iang : Selon vous, Wi-Fi (avec ou sans Mesh) est-il de nature à concurrencer d’autres technologies sans-fil, UMTS notamment, en particulier en matière de VoIP

Richard Lander : Toutes ces technologies conduisent à une saine compétition. Un noeud Mesh est comparable à une station UMTS en termes de bande passante et de couverture, mais coûte 1 000 fois moins cher.

Iang : Mais qu’en est-il du « Handover » et de la densité ? Serait-il possible de couvrir une large zone, par exemple une ville, avec des noeuds Mesh « sans couture », de telle sorte que les utilisateurs puissent bouger tout en maintenant active leur connexion à haut débit ?

Richard Lander : Oui, nous avons déjà des Mesh à l’échelle de villes. Il faudrait définir « sans couture », mais nous pouvons déjà faire la démonstration de l’utilisation de Mesh à bord d’un véhicule, et de la couverture totale d’une large zone urbaine.

Propos recueillis par Cyril Fiévet

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