Le bond d’après 2005

Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, Michel Cartier est professeur au Département des communications de l’Université du Québec à Montréal où il dirige le Laboratoire de télématique et poursuit des recherches sur le e-learning. Ce spécialiste des TIC interroge toujours, avec un rare acharnement, leur impact sur la société et leur avenir. « Nous avons connu un important bond économique en 1995 qui, à cause de l’absence d’analyses pertinentes, a mal tourné. Le bond de 2005 se prépare, comprenons-nous bien les tendances lourdes qui nous poussent vers le futur ? »

Par Michel Cartier

Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, Michel Cartier est professeur au Département des communications de l’Université du Québec à Montréal où il dirige le Laboratoire de télématique et poursuit des recherches sur le e-learning. Ce spécialiste des TIC interroge toujours, avec un rare acharnement, leur impact sur la société et leur avenir. "Nous avons connu un important bond économique en 1995 qui, à cause de l’absence d’analyses pertinentes, a mal tourné. Le bond de 2005 se prépare, comprenons-nous bien les tendances lourdes qui nous poussent vers le futur ?"

Nous avons connu, du moins en Amérique du Nord, un important bond économique en 1995 qui, à cause de l’absence d’analyses pertinentes, a mal tourné. Le bond de 2005 se prépare, comprenons-nous bien les tendances lourdes qui nous poussent vers le futur ?

Le bond 1995-2000

Ce bond fut créé par la conjugaison de trois facteurs :

• le raz de marée technologique du Web ;

• la disparition de plusieurs monopoles de télécommunication qui a suscité beaucoup de nouveaux investissements ;

• les millions d’enfants des baby-boomers parvenus au stade de l’adolescence sont devenus de nouveaux téléconsommateurs.

Mais parce que ce bond n’avait pas développé de modèle économique, il s’est terminé par l’implosion de la bulle boursière exacerbée par des tricheries comptables. Le consommateur et l’investisseur ont alors perdu confiance.

Le bond d’après 2005

Nous devons réaliser que nous vivons une rupture sociétale, qui nous fait basculer dans une société sans mode d’emploi, où les décideurs et les citoyens perdent leurs points de repère. Nous devons nous préparer à un futur différent du passé ; les clientèles de demain ne seront probablement pas celles d’aujourd’hui.

Quatre tendances pourraient jouer un rôle clé dans l’émergence de notre nouvelle société et de son économie et ce sont sont pas des questions de largeur de bande ou de sécurité. Ces tendances devraient être au centre de nos préoccupations : colloques, réflexions collectives, laboratoires de recherche, etc.

1 – Le nouvel Internet

Présentement, Internet se modifie au point de faire apparaître un nouvel Internet possédant deux approches, celle que nous connaissons déjà – destinée aux travailleurs de la connaissance – et la nouvelle destinée à plaire au grand public. L’électronique grand public (baladeurs MP3, caméra numérique, etc.) banalise l’accès aux informations tandis que la convergence entre le mobile et le GPS développe toutes sortes de niches, fondement de la nouvelle économie qui se prépare. C’est le vieux rêve d’intégrer voix images données qui se concrétise, qui créera de nouvelles applications rejoignant de nouvelles clientèles, parce que passant de l’industrie des services aux self-services.

2 – Les industries de la langue

Parce que les transactions s’effectueront entre des clientèles de plus en plus disparates, c’est-à-dire de langues différentes, les industries de la langue deviendront non seulement la base du e-commerce mais aussi du e-gouvernement et du e-learning. Les poussées du plurilinguisme et du multiculturalisme favorisent le développement du Web sémantique lequel permet de traiter le sens et d’éviter ainsi l’édification d’une nouvelle Tour de Babel.

3 – La civilisation de l’image écran interactive

Depuis quatre cents ans, l’accès aux informations s’est surtout fait grâce à l’imprimé, Gutenberg a fait de nous des lecteurs. En nous donnant le Web, Tim Berners-Lee fait de nous des éditeurs. L’accès change, nous passons de la feuille de papier à l’écran interactif ; c’est une grande révolution culturelle. Les conséquences sont énormes. La multiplication des contenus créés par des millions de nouveaux internautes augmentera l’infobésité actuelle, exigeant le développement d’outils de synthèse visuelle, c’est-à-dire un Web schématique s’appuyant sur de nouvelles écritures médiatiques. Nous passons du multimédia qui fonctionnait selon l’ancien modèle économique industriel des mass media au plurimédia où un même contenu deviendra à la fois accessible via l’imprimé, le CD-ROM et le Web. L’édition plurimédia devient la base du nouveau modèle économique axé sur la multiplication et la diffusion numérique.

4 – Le collaboratif

Cette nouvelle tendance est le résultat de la convergence de trois éléments : l’interactivité, les réseaux et les groupes d’intérêts. Ces trois éléments créent un espace d’échanges générant une valeur ajoutée, base du nouveau modèle économique. Cette convergence crée des réseaux d’intelligence distribuée qui augmente la pertinence des travaux au fur et à mesure que s’ajoutent des nœuds au réseau. Non seulement le collaboratif multipliera-t-il la quantité d’informations mais cette tendance fera surtout émerger des débats d’idées dans les groupes proactifs créant de nouveaux modèles socioéconomiques dont nous avons tant besoin en ce moment. La société civile retrouvera la parole grâce à la collaboration (c’est le courant Empowering the people, Social Web, Smart mobs , etc.)

Conclusions provisoires

Nos dirigeants actuels semblent en déficit de réflexion, non pas parce qu’ils sont âgés, mais parce qu’ils ne comprennent pas les tendances qui façonnent notre société en rupture. Ces dirigeants sont des digital immigrants mal à l’aise dans une société dont ils ont du mal à interpréter les signes, par rapport aux jeunes générations qui sont des digital natives et pour lesquelles les TIC sont un environnement naturel. C’est anormal que les jeunes générations ne soient pas consultées à propos d’une société dont ils vont bientôt hériter.

Durant ce temps, des majors américains essaient de faire d’Internet un espace sans frontière douanière en 2015, et de convertir tout acte culturel en activité économique.

Les vrais débats sont escamotés parce que les preneurs de décisions ne regardent que dans leur rétroviseur. La gouvernance ne s’est pas encore dotée de gouvernail.

Michel Cartier – cartier.michel[arobase]uqam.ca

Pour plus d’informations lire les dossiers de http://www.michelcartier.com

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