L’e-vie, pas si différente de la vie courante

Le projet de recherche européen « e-Living » publie les résultats de trois ans de travail destinés, sur la base d’un échantillon de foyers européens (interrogés deux années de suite), à étudier les liens entre l’usage des technologies de la communication (TIC)et le travail, les liens sociaux ainsi que les conditions et la qualité de vie. Les résultats vont bien souvent à l’encontre des discours convenus sur « l’impact sociétal des TIC ».

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Première conclusion majeure de l’étude : la pénétration du PC, de l’internet et même du mobile plafonne et leur usage, en temps, reste limité : 30 mn d’usage quotidien de l’internet, en moyenne en Europe, et quelques minutes pour le mobile. Par ailleurs, les Européens ne considèrent généralement pas que l’acquisition d’un nouvel outil, l’accès à l’internet ou le passage au haut débit, a un effet significatif sur leur qualité de vie.

Seconde idée force : plutôt que d’ « impact », il serait plus juste de parler d’ « intégration » des TIC dans la vie quotidienne : « Bien sûr, certains usages observés sont nouveaux, mais la plupart d’entre eux marquent plutôt un changement incrémental dans la manière d’atteindre un but donné. » En conséquence, « l’effet que produit l’usage des TIC dépend très fortement du lieu et du contexte » : le style de vie, la configuration familiale, l’emploi occupé, le niveau social et éducatif, jouent un rôle déterminant, non seulement dans la rapidité d’appropriation des TIC, mais aussi dans la nature des usages et la perception des bénéfices qu’ils entraînent. Ce qui ne permet, ni d’établir un lien simple entre TIC et qualité de vie, ni de penser des politiques homogènes destinées à développer l’équipement ou les usages.

Les auteurs des différents rapports produits dans le cadre du projet tirent de leurs réflexions des conclusions tout aussi décapantes sur certains aspects des politiques publiques européennes. Les services publics en ligne « bénéficient surtout à ceux qui sont à même d’en profiter – parce qu’ils bénéficient d’un haut niveau d’éducation et de ressources. » L’introduction de l’ordinateur au travail « améliore peut-être la productivité individuelle, mais contribue aussi, dans une large mesure, à renforcer les différences traditionnelles entre métiers et niveaux hiérarchiques. » Les politiques de lutte contre la fracture numérique devraient « se focaliser sur le renforcement du capital social par le développement des hauts débits dans les quartiers urbains défavorisés » plutôt que sur les zones rurales…

Encore l’impact positif des réseaux sur le capital social ne parait-il pas évident aux yeux des chercheurs :

« Parmi les 77,9 % d’internautes européens qui affirment que l’internet a changé leur vie, 7,3 % se sentent moins inclus socialement, 9 % disent qu’ils ont moins de contacts humains et 17,3 % se sentent moins intégrés dans leur communauté locale. Parmi ceux qui considèrent que les TIC ont transformé leur vie au travail, 17,7 % affirment avoir moins de proximité de travail avec leurs collègues et 13,2 % trouvent qu’il leur est moins facile qu’avant de concilier vie privée et vie professionnelle. »

« S’il y a une conclusion à tirer de nos recherche, affirment les auteurs du rapport final, elle est que le succès technique dépend de facteurs sociaux. » Un rappel utile et des rapport à lire pour remettre en question nos fausses évidences.

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0 commentaires

  1. Je suis tout à fait en accord avec les conclusions bien que ne faisant pas partie du pannel.
    L’appropriation a été pour moi progressive, et la vie familiale souffre de ce que tout le temps passé à l’écran est en fait du temps volé à la famille (usage non professionnel).
    je passe entre 10 et 20 h par semaine à l’écran.