2005, année SF

En 2005 plusieurs scénarios que nous croyions appartenir à la science-fiction, pour le meilleur et parfois pour le pire, commenceront à prendre corps dans notre réalité. Ces « scénarios » sont avant tout techniques : soyons honnête, il est bien plus aisé de prédire ce que proposera l’offre que ce que feront réellement les utilisateurs. Attendons-nous à des surprises, ceci est une prévision sûre…

Après les robots cynoïdes, d’autres robots, certains humanoïdes, d’autres non, pénètreront les foyers et commenceront à nous rendre des services (voir les remarques de Cyril Fiévet). Les écrans se multiplieront, tous plats, certains petits et spécialisés (pour afficher une photo, des recettes, l’agenda familial…), d’autres très grands. Ils commenceront à se fondre dans la décoration. Les réseaux domestiques se répandront dans les foyers (aisés) et avec eux, une plus grande individualisation des usages, une multiplication des appareils communicants, mais aussi, un partage de la discothèque et de la filmothèque familiale, y compris pour emporter films et chansons sur soi en déplacement. On pense à Ubik de Philip K. Dick (coll. 10/18) ou Face aux feux du Soleil d’Asimov (J’ai Lu), mais bien sûr, peu de romanciers à notre connaissance s’attardent sur les aspects plus réjouissants de ces scénarios.

Le mouvement vers l’intelligence ambiante et les réseaux « pervasifs » prendra de l’ampleur. L’interopérabilité des hot-spots Wi-Fi commerciaux et la multiplication d’accès Wi-Fi gratuits, les premiers déploiements de WiMAX, fera de certains espaces urbains ou lieux de transit des « bulles de communication » dans lesquels se déploieront les usages nomades. Les appareils mobiles, y compris les appareils photos et les baladeurs numériques, apprendront à s’assembler en communiquant entre eux, grâce à la forte diffusion de Bluetooth et l’arrivée d’appareils UWB. Certaines voitures sauront aussi les reconnaître et les inclure dans leur habitacle. Les puces RFID se répandront encore avant tout dans l’univers professionnel et les transports mais commenceront, comme le signale encore Cyril Fiévet, à trouver d’autres applications grand public : les objets et l’environnement deviennent petit à petit communicants. Les premières piles à combustibles, encore coûteuses, promettront une plus grande autonomie aux appareils mobiles. Grâce aux technologies OLED, de petits écrans couleur équiperont de nouveaux types d’appareil et, s’agissant d’écrans souples, s’adapteront à des designs radicalement nouveaux (quoiqu’encore expérimentaux en 2005). Nous serons encore loin de la « poussière intelligente » décrite avec humour dans L’âge de diamant ou le Manuel illustré d’éducation pour jeunes filles, de Neal Stephenson (Rivages Futur, 1996), ou de manière plus inquiétante dans La Proie de Michael Crichton (Robert Laffont, 2003), mais les avancées des nanotechnologies, soutenues par un effort public significatif, rendront l’une et l’autre vision de plus en plus plausibles.

Enfin, 2005 sera l’année de la biométrie et des bracelets communicants. Nos passeports, puis nos cartes d’identité, connaîtront dans leurs puces nos empreintes digitales et peut-être l’iris de notre oeil. Nous embarquerons dans des avions en nous faisant lire le fond de l’oeil, comme cela est déjà proposé – comme un service… – à l’aéroport de Narita (Japon). Nous protégerons et personnaliserons nos machines du bout de l’index, et les caméras de nos entreprises nous reconnaîtront (encore assez mal) à nos traits ou notre démarche. Les délinquants sexuels chez nous, les demandeurs d’asile en Grande-Bretagne, seront pistés à l’aide de bracelets communicants. Minority Report (le livre de Philip K. Dick et le film de Steven Spielber) n’est pas loin. Il est probable, et même souhaitable, que nous nous en inquiéterons de plus en plus.

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  1. Carte d’identité et Philip K. Dick

    Autre vision, dans un roman de 1974, « Coulez mes larmes, dit le policier », Philip K. Dick, décrit un monde où les individus qui ne possèdent pas une carte d’identité avec « empreintes digitales, vocales, plantaires et céphaliques » n’existent plus aux yeux des autorités.

  2. Je vois pas bien le rapport avec Ubik, par contre Dan Simons et les « persoc » évoqués dans Hypérion me semblent plus prophétiques.