Innovation et internet : « Conditions économiques, juridiques, politiques, technologiques, de l’e-innovation »

Dans le cadre de l’Université de printemps de la Fing qui s’est tenue à Aix-en-Provence les 8, 9 et 10 juin 2005, InternetActu.net vous propose une série de compte rendus synthétiques d’une sélection d’ateliers et de plénières. Pour nos lecteurs désirant aller plus loin, les enregistrements vidéos sont disponibles en ligne.

Incontestablement, Thierry Gaudin ne regarde pas le monde sous le même angle que nous. Sa présentation commençait par une citation de Heidegger : « L’essence de la technique n’est rien de technique. L’essence de la technique est l’être lui-même. L’homme ne peut maîtriser la technique car il ne peut être maître de l’être. » Cette intervention liminaire fût surtout l’occasion de nous interroger sur la portée à très long terme de ce que nous faisons. Et quel que soit le champ disciplinaire qu’il convoque pour nous éclairer, la question demeure plantée comme une affirmation : l’internet gouvernera-t-il le monde ?

Bernard Buisson, d’Expertel et Philippe Silberzahn de Digital Airways ont tenu à définir l’innovation comme les produits et les services que les clients adoptent plutôt que comme ce qu’imaginent les innovateurs. En expert de son sujet (les deux hommes préparent un livre à paraître à la rentrée et animent un blog sur le sujet de l’innovation), Bernard Buisson a présenté (.ppt) une intéressante typologie de l’innovation fondée sur les travaux de Constantinos Markides et Paul Geroski, dans Fast Second et a insisté sur le cycle des 3 ruptures – technologique, économique et d’usage – qui président à toute appropriation d’une innovation.

Philippe Silberzahn a tenté de recenser les nombreux freins à l’innovation :

  • inertie organisationnelle, liée à la performance et l’optimisation des processus qui s’oppose à « l’exploration » ;
  • difficulté à identifier les ruptures ;
  • capacité à tolérer les dissenssions (alors qu’on partage fort bien les orthodoxies) ;
  • capacité à tolérer le risque et l’échec ;
  • asymétrie d’intérêt qui motive plus le petit que le gros…

A bien y regarder, l’internet a un impact très faible sur ces résistances. On ne peut donc attendre de lui qu’il transforme en profondeur la manière dont les entreprises innovent. Cependant, l’internet change tout le reste : le marketing, la distribution, la fabrication, le processus de travail… Ce qui lui fait dire que « la technologie est un accélérateur d’un bon concept et d’une bonne organisation, mais elle ne les remplace pas. »

Jean-Michel Planche, président de la Fing et de Witbe ne disait pas le contraire. S’il ajoutait la résistance de la réglementation, la difficulté d’accéder au marché et l’impulsion que peut fournir la qualité de l’écosystème, il soulignait également notre faiblesse à nous projeter dans le futur.

Le numérique et les réseaux modifient-ils les conditions de l’innovation ? Pas si sûr, nous ont répondu les intervenants.

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