Les machines sociales, projet alternatif

A quoi servent les ordinateurs ? A connecter les gens, écrit Wade Roush dans la Technology Review. C’est ainsi que l’auteur met en relation l’ensemble des tendances du moment, de l’informatique « continue » (réseaux sans-fil, machines mobiles) aux blogs en passant par les réseaux sociaux.

C’est au fond tout un programme alternatif de recherche-développement que décrit Roush : plutôt que de dépenser des ressources considérables à faire en sorte que les ordinateurs comprennent les humains, il s’agirait plutôt de les aider à devenir réellement personnels et sociaux. Comme le dit Alex Pang, directeur de la recherche de l’Institut pour le Futur de Palo Alto, « Le coup de génie des ‘logiciels sociaux’ tels que Flickr ou Delicious, consiste à reconnaître que les ordinateurs savent très bien faire certaines choses, comme traiter des quantités gigantesques de données, alors qu’ils sont très mauvais, par exemple, pour comprendre la polysémie de certains mots comme ‘dépression’. Les concepteurs de ces logiciels mobilisent donc des ressources informatiques pour enrichir la communication, la collaboration et la pensée plutôt que pour les remplacer. »

La même perspective le conduit à analyser avec ironie les programmes de recherche sur l’informatique « ambiante », « enfouie », « invisible » : « Les outils qui nous apportent aujourd’hui l’informatique continue ne sont pas invisibles. Ce sont précisément les technologies que Mark Weiser [le père de l’idée d’informatique « omniprésente », ou ubiquitous, Ndlr] voulait mettre de côté : des machines standard telles que les PC portables et les téléphones mobiles, à l’aide desquelles les utilisateurs se connectent via le web à des logiciels sociaux, eux-mêmes construits sans aucune planification à l’aide de langages de programmation communs et des protocoles ouverts. » Autrement dit, l’informatique ambiante serait trop « intelligente », trop construite en fonction d’applications pensées à l’avance. « A terme, conclut Wade Roush, vivre dans un monde d’informatique continue sera comme porter des lunettes : la monture est toujours visible, mais on oublie qu’on les porte – alors mêmes que c’est uniquement grâce à elles que le monde nous apparaît plus net. »

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