Collaborer 2.0 : sommes-nous prêts ?

Intéressante réflexion d’Olivier Ruffin et Patrick Chassany sur Alerti, à propos de la vague des outils collaboratifs du web 2.0. Olivier Ruffin se demande « quelle est la réelle cible de tous ces outils que je trouve tous très intéressants, mais que je n’arrive pas à utiliser dans la vie de tous les jours, malgré tout mes efforts ? »

« Mais comment faire pour amener les autres à utiliser le même outil que moi ? Pour chaque type de collaboration, chacun va préférer tel ou tel service. Et aucun service ne collabore avec un autre ! La plupart des services web actuels réintroduisent la notion de format propriétaire (qui tendait à disparaitre du poste client), mais surtout, et c’est plus grave, ne considèrent pas toujours que l’utilisateur est propriétaire de son contenu… Pour vous en rendre compte, il suffit de faire un test simple : quand vous vous inscrivez à un service, regardez qu’elles sont les possibilités d’exportation de vos données. Quand ce n’est pas inexistant, c’est généralement pas terrible… Un exemple classique de ce problème : tous les services de social bookmarking sont capables d’importer vos favoris depuis votre navigateur ou del.icio.us, mais combien proposent d’exporter l’information que vous avez stockée en ligne vers votre navigateur ou del.icio.us ? Pratiquement aucun !

Bref, collaborer entre êtres humains via des services en ligne, c’est clairement l’avenir, mais avant cela, il faudrait peut être que les services en lignes, qui nous vantent les mérites de la collaboration, apprennent à collaborer entre eux non ? »

Prenant la suite dans le même article, Patrick Chassany s’interroge sur les freins psychologiques à la collaboration avant de revenir aux problèmes d’interopérabilité :

« Pour aller encore plus loin dans la réflexion sur l’interopérabilité des récents services en ligne 2.0, il s’agit à mon sens d’une question de survie à long terme pour eux. Ne proposant généralement qu’une seule application, ils sont condamnés à terme par rapport à un Office Live … car lorsque l’on parle de productivité de groupe, on ne va pas imposer à chaque collaborateur de souscrire autant de services qu’il y a d’applications (mail, carnet d’adresses, calendrier, to-do list, blog, wiki, espace de partage de documents, word …). L’intégration et l’échange des informations entre applications sont indispensables pour apporter une réelle valeur à l’utilisateur. C’est surtout cela qui devrait motiver les services en ligne à collaborer entre eux et offrir des API. Imaginons un instant que chaque service en ligne se concentre sur une seule application et supposons qu’il le fasse bien (plutot que de vouloir tout faire). L’utilisateur serait gagnant grâce à une identification unique (single sign-on), une interface unique (une simple feuille de style qui pourrait être utilisée d’un service à l’autre) et la possibilité de consommer chaque service comme un “module” de son site ! Bref, que du bonheur… »

C’est, dans une certaine mesure, l’enjeu que souligne Frédéric Cavazza traduisant et synthétisant Luke Wroblewski pour qui la valeur ajoutée du web 2.0 tient dans la portabilité des différentes contributions des utilisateurs. Une valeur ajoutée qui n’est pleinement exploitée que si elle peut être partagée par d’autres services. « Moralité, la contribution des utilisateurs à un service en ligne a d’autant plus de potentiel si elle dépasse le cadre de ce service. »

Autre critique, celle de Christophe Christophe Routhieau du groupe Reflect, qui observe la vague de traduction et d’adaptation de nombreux services web 2.0. « Maintenant, est ce qu’il faut un service différent pour chaque langue de la blogosphère ou un service unique décliné en plusieurs langues ? La question reste posée, la réponse est toujours dans la communauté associée. »

Des critiques qui devraient donner du travail au groupe de travail web 2.0 francophone :).

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0 commentaires

  1. Etant attaché aux formats ouverts et à l’échange d’information entre application, je suis tout à fait d’accord avec toi.

    Aujourd’hui de nombreux services sont disponibles mais très peu communiquent ensemble ce qui finalement diminue considérablement l’intérêt de certains d’entre eux. Je pense par exemple à toutes les applications de gestion d’agenda en ligne etc …

  2. Je souscrit à 300% à ce type d’analyse. Comme quoi, on peut se gargariser de web 2.0 et de l’utilisateur, la sémantique marque toujours le centrisme technologique.
    Accessoirement, cela m’interpelle beaucoup par rapport aux environnements numériques et autres bureaux virtuels. L’intégration de l’utilisateur (et de son bagage numérique) commence à y être une vraie bonne question pour certains d’entre eux, notamment les ENT. On lira ainsi le billet de Yves-Armel Martin et surtout les échanges qu’il a suscité ( http://www.ent-leblog.net/ent_le_blog/2005/12/comment_articul.html ). Il y a aussi à mon avis, et même si ce n’est pas encore une réponse parfaite à la question posée par Olivier Ruffin et Patrick Chassany, une observation à faire autour de la construction que Yahoo! est en train de faire depuis quelque temps autour de ses acquisitions 2005.

  3. D’abord, le « collaboratif » n’a sa raison d’être que s’il y a quelque chôse à partager ou à transmettre, le contenu est aussi important. C’est pour ça qu’il me semble qu’on ne peut pas dissocier l’aspect « matière à partager » (le contenu) et les mécanismes collaboratifs.
    Il n’empèche que « collaborer », est un état d’être que l’on peut apprendre, améliorer mais, ce n’est surtout pas les NTIC (les sites collaboratifs entres autres) qui favorisent plus qu’autre chôse le collaboratif. Cela reste un outil puissant, certe qui aide l’aspect « collaboratif » mais qui ne le créé pas.

    Phrase connu: Ce n’est pas les outils les plus sofitiqués qui font le beau jardin , mais le jardinier.

    Avant de chercher l’outil, apprenons d’abord à mieux communiquer pour ensuite utiliser le ou les outils adéquates.

    Le ou les outils n’empèchent pas de réfléchir……

  4. Tout à fait d’accord avec Christian Noël !

    je travaille trop dans le domaine des collectivités territoriales ou organisation para-publique pour me « bloquer » sur les outils …
    On a trop souvent vu des projets de « sites collaboratif » quasi morts-nés qui bien que fort interressants et fort utiles ne se basaient sur aucune pratique d’échange et de collaboration entre les utilisateurs …
    Avant de penser aux outils pour développer un usage encore faudrait-il que les utilisateurs finaux pratique déjà … ou accompagner le projet en faisant de la gestion du changement

    Avant de parler d’interopérabilité des outils peut être faudrait-il commencer à parler d’échanges entre individus ou organisations … éviter les guerres de clocher …
    La problèmatique de la non interopérabilité des services « web2.0 » est très interressante mais ne fait pour moi que souligner le manque de collaboration de organisations …

    Le temps que nous arrivions à une vraie sensibilisation des usagers aux pratiques de travail collaboratif, nous serons peut-être déjà arrivé à un « web3.0 » …

  5. Cette réflexion est intéressante à plus d’un titre, en premier lieu parce qu’elle souligne certaines limites des solutions collaboratives actuelles : la problématique de la limite du nombre d’outils utiles dans un même produit voire de la multiplicité des outils pour répondre aux besoins réels du collaborant et de ses pairs, la question de la propriété des données mises en commun, la nécessité de rapprochement des personnes, de la mutualisation des ressources et de celle des outils. Au-delà de cette réflexion, se pose également la question du coût, de la mise en œuvre et de la maintenance des solutions, comme abordée ici : http://www.ent-leblog.net/ent_le_blog/2005/12/comment_articul.html

    Il est bien évidement difficile de solutionner toutes les problématiques liées à la collaboration, facteur humain oblige.

    Entre autres conséquences, le travail collaboratif assisté par ordinateur s’inscrit aujourd’hui grandement dans une logique première de faisabilité / disponibilité technique : la collaboration informatique est souvent limitée à du stockage de données (externalisation du traditionnel serveur de fichiers) et/ou à du partage distant d’applications prédéterminées, peu ou pas évolutives. Nous l’observons à regret : les éditeurs s’intéressent effectivement peu aux pratiques collaboratives, pourtant l’un des facteurs clefs de réussite d’un projet d’équipe, et l’adéquation entre l’offre et la demande réelle est souvent secondaire. Nous entendons généralement parler plus de technologies collaboratives que d’hommes qui collaborent…

    Pour optimiser et favoriser les gains par la collaboration, il convient de prendre de la hauteur par rapport à la technologie et proposer les réponses appropriées à ceux qui, comme la grande majorité des utilisateurs, souhaitent simplement travailler avec leurs collaborateurs comme s’ils étaient dans le même bureau. C’est-à-dire prioritairement :
    – Mettre à leur disposition des moyens de communiquer,
    – Leur permettre de choisir les outils dont ils ont réellement besoin dans une gamme toujours disponible, extensible et intéropérable.
    – Leur offrir la possibilité de maîtriser et gérer leurs ressources documentaires immédiatement quand ils le souhaitent.
    – Les inviter à interagir en fonction de pratiques collaboratives qui leurs sont propres.

    Il s’agit de transposer les pratiques collaboratives, le travail d’équipe au sens large, dans un produit informatique … Cela impose effectivement en complément des outils un accompagnement personnalisé tant au niveau humain et organisationnel que technique.

    Je ne connais qu’un produit permettant de répondre d’ores et déjà à toutes ces prérogatives : Groove Virtual Office. Il incarne depuis quelques années maintenant la nouvelle génération des solutions dédiées au travail en équipe et à l’efficience collective. Cette plate-forme collaborative est l’une des rares du marché à s’appuyer sur le Web 2.0 (Confiance Numérique, Web Services, DRM, Travail en déconnexion, etc.).