Quand Google écoutera notre télévision

On connaissait depuis quelques temps, les ambitions d’Eric Schmidt, président de Google, à investir dans d’autres formats publicitaires que le web, mais on ne savait pas encore comment Google comptait s’y prendre pour s’attaquer au secteur de la publicité télévisée, et y faire ce qu’il sait bien faire, personnaliser et contextualiser la pub en fonction du programme que vous regardez. La Technology Review dévoile les projets de l’ogre de Mountain View. Le prototype de Google (.pdf) repose sur un petit programme informatique et un simple microphone censé écouter les sons ambiants autour de notre ordinateur. Toutes les 5 secondes, le micro capte de minuscules bribes de l’ambiance sonore de notre appartement (et seulement elles, promettent les ingénieurs de chez Google, car elles sont si infimes et morcellées qu’elles ne permettent pas de recomposer des conversations). L’ambiance sonore est compressée sous la forme d’une « empreinte » avant d’être transmise, ce qui signifie que Google – ou quiconque intercepterait ce signal – ne reçoit qu’elle et ne peut reconstituer le son original. Elle sert à identifier le programme que vous écoutez via des bases de données géantes qui comparent les empreintes du programme que vous écoutez à ceux qui sont diffusés. Sachant cela, Google est en mesure de délivrer de la publicité adaptée sur votre ordinateur, de vous brancher sur le forum des téléspectateurs d’un débat politique, ou sur une fenêtre de tchat lors d’un événement sportif…

Si l’idée que Google puisse écouter ce qui se passe chez nous ressemble à un cauchemar, les chercheurs demeurent prudents : « Nous ne lançons pas vraiment une application, mais plutôt un concept. Nous voudrions ouvrir les gens à l’idée d’utiliser les bruits ambiants comme un moyen pour questionner le contenu web », louvoie Michael Fink, promoteur du projet et chercheur au Centre interdisciplinaire d’informatique neuronale de l’université hébraïque de Jérusalem. Les quelques bits d’information que récupère le microphone ne contiennent pas assez de données pour reconstruire les sons originaux d’une pièce. « Nous ne transmettons qu’une clef qui peut être recoupée avec des données et pas l’inverse », assure Peter Norvig, directeur de la recherche chez Google.

Difficile d’imaginer si les utilisateurs adopteront un jour un tel service, mais les opportunités financières sont réelles – même s’il n’est pas acquis que les annonceurs et les diffuseurs soutiennent un système dont le principe consiste à éloigner le public de leur téléviseur. Google devra trouver le juste équilibre entre la publicité et la surinformation, tout en éliminant aussi les ‘faux positifs’ (les cas où le programme croît savoir ce que regarde le téléspectateur, y adapte les pubs, et s’est trompé) qui ne manqueront pas d’être insupportables. Mais le plus dur pour Google sera peut-être d’expliquer que cette technologie n’est pas « diabolique », mais juste sur le fil du rasoir, toujours plus prêt du tranchant : car il est facile d’imaginer que Google pourrait nous rendre le même service en écoutant nos conversations qu’en scannant les programmes télés qu’on écoute, les mails qu’on écrit, les sites web sur lesquels on surfe… Assurément, avec toujours autant d’inventivité, Google joue avec nos nerfs.

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0 commentaires

  1. « …n’est pas acquis que les annonceurs et les diffuseurs soutiennent un système dont le principe consiste à éloigner le public de leur téléviseur »

    Avec un portable wifi, c’est facile de surfer en zyeutant la télé. Et la télé du futur, c’est peut-être bien un PC revu et corrigé !