Le wiki sémantique

Adoubés par Tim Berners Lee lui-même, les wikis sémantiques sont « des wikis dans lesquels on peut ajouter des données, les extraire, les manipuler en utilisant toutes sortes d’outils du web sémantique ». Exposés ainsi, on ne voit pas forcément la différence avec un wiki classique. Sur son wiki, Charles Nepote, co-fondateur de Wikini, s’essaye à une définition :

« Un wiki sémantique est le prolongement au sens du principe majeur du wiki, « ToutLeMondePeutEcrire ». Cela veut dire qu’avec un wiki sémantique on pourra créer une espèce de base de données où tous les objets sont liés entre eux par des propriétés, permettant ainsi des recherches complexes non ambigues.

Résumons-nous :

  • le web « classique » : un espace peuplé essentiellement de textes se renvoyant les uns aux autres via des hyperliens « pauvres » (tel(s) mot(s) a un lien avec tel texte ; la nature du lien n’est pas explicitée)
  • le web sémantique : un espace peuplé d’objets ayant des relations formalisées entre eux : la nature du lien entre deux choses est explicitée
  • un outil de gestion de contenu « classique » (wiki, blog, CMS) permet d’organiser des textes les uns par rapport aux autres en fonction d’une logique sociale particulière : un carnet personnel (blog), une communauté de connaissance (wiki), etc.
  • un outil de gestion de contenu sémantique permet d’organiser des choses [textes, images, sons, mais aussi données plus ou moins structurées, programmes… Ndlr] les unes par rapports aux autres, toujours en fonction d’une logique sociale donnée

Partant des usages plutôt que des besoins (nous y reviendrons plus tard), on peut trouver deux sortes de wikis sémantiques.

  • les wikis « sémantisés » : toujours fondés sur le mode page, mais permettant d’élaborer des relations complexes entre les pages. Cette voie est en apparence la plus simple mais elle révèle de nombreuses limites : comment puis-je décrire une page et non le sujet de la page ? etc.
  • les wikis « pleinement » sémantiques : on applique le principe ToutLeMondePeutEcrire à une base de connaissances décrivant des objets ; les informaticiens parleraient d’une « base de données objets ». La notion de page n’est plus centrale ; une page n’étant plus que le résultat de l’agrégation de connaissances relatives à un objet (qui lui même peut être un groupe d’objet). »

Bien qu’un peu technique, l’explication proposée par Gautier Poupeau, est intéressante. Elle s’appuie en le décortiquant sur Semantic Mediawiki, une extension du logiciel Mediawiki qui permet de fabriquer des wikis.

« Grâce à ce logiciel, on voit les prémices de la réponse à la question systématique : « comment les utilisateurs pourront-ils ajouter des renseignements sémantiques ? Avec un minimum d’organisation ? en utilisant RDF, sa complexité et sa syntaxe barbare ? Et surtout facilement ? » Réponse élémentaire, mes chers lecteurs : avec la syntaxe wiki. »

Semantic Mediawiki permet d’ajouter des relations et des attributs aux données. Ainsi, dans un wiki normal, sur un article évoquant Paris, on écrirait : « Paris est la capitale de la [[France]] », faisant ainsi un lien vers l’article France. Avec Semantic Mediawiki, on écrira : « Paris est la capitale de la [[is capital of::France]] » ou « Paris a une population de [[population:=2 144 700 habitants]] ».

Avec ce système d’annotations, on introduit simplement des éléments sémantiques dans les syntaxes wiki, de manière à ce qu’ils soient lisibles et compréhensibles par des humains – et surtout des machines.

La recherche et la navigation sont alors simplifiées parce que les relations et les attributs sont clicables, ce qui permet d’introduire une véritable navigation sémantique. « L’intérêt dans ce cas est le même que […] pour les thésaurus, les informations sont à un endroit et nous les réutilisons plutôt que de les répéter. »

Bon, il faut reconnaître que cela reste encore un peu compliqué, mais cela à le mérite de dessiner des perspectives d’usages pour le web sémantique…

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