Apprentis sorciers ?

En engageant un cycle de réflexion et d’échanges entre acteurs et chercheurs sur la thématique des Apprentis sorciers, la Fing souhaite poser des bases pour comprendre, ensemble, sur quoi nous avons prise. Avec quels risques la société doit composer ?

Alors même que l’internet se généralise, qu’il devient le moyen d’accès à la télévision et au téléphone, et que les outils numériques s’insèrent dans notre quotidien, et que l’on aurait pu s’attendre à une banalisation des approches, un certain esprit pionnier est toujours vivace – et d’une certaine façon, plus que jamais. Les pionniers sont simplement plus nombreux, plus divers, mieux outillés, la quantité et la diversité des usagers concernés, des informations, des services et des applications ne cesse de croître, et même si de grands acteurs s’emploient à fermer le jeu par la qualité de leur offre ou la puissance de leurs moyens, le champ des possibles est largement ouvert pour les innovateurs. Tout se passe comme si nous devions vivre longtemps dans une version Bêta de l’internet, dont des milliards d’usagers essaient le prototype, s’adaptant progressivement, tant bien que mal, au mode « essai-erreur » qui prévaut, et s’éloignant chaque jour plus sûrement des prévisions et des horizons planifiés.

L’imprévu prévaut, et c’est ce qui rend le domaine numérique si stimulant et inquiétant à la fois. Stimulant parce qu’il ouvre des brèches pour l’initiative et la créativité, parce qu’il permet des dynamiques souvent fertiles. Inquiétant parce que nous n’avons qu’une faible idée de son impact sur l’homme et sur la société, presque rien sur le présent, pas grand chose sur l’avenir, et que nous pouvons avoir l’impression de filer à grande vitesse les yeux bandés vers des destinations inconnues. A mesure que l’internet ne concerne plus seulement les internautes pionniers et consentants, il est davantage nécessaire de s’interroger sur les modifications qu’il provoque sur les individus, la famille, l’entreprise, le territoire, la cité. Et de prendre la mesure de ce que nous faisons, et qui s’apparente, pour le meilleur et pour le pire, à l’apprenti-sorcier.

Qui sont les apprentis sorciers ? Il nous semble que deux figures principales coexistent, et qu’une troisième émerge. Il s’agit d’abord de l’apprenti inexpérimenté, de l’incompétent qui se trouve doté de pouvoirs très étendus dont il ignore la portée et dont il ne maîtrise pas la puissance. Mais aussi de la position de spécialistes, très compétents mais escamotant délibérément les dangers qui entravent leurs projets. Les uns comme les autres jouent avec le feu, plus ou moins consciemment. La troisième figure est incarnée par des acteurs compétents et maîtrisant bien leur domaine, dont les projets pris isolément semblent « innocents », mais dont la combinaison peut produire des effets considérables. Dans notre domaine, le premier apprenti-sorcier c’est moi, en tant qu’ « amateur » doté de capacités d’expression, d’accès à l’information, de communication, de modification importantes, et parfaitement hors de contrôle. Le deuxième apprenti-sorcier, c’est moi en tant qu’innovateur choisissant par exemple de passer outre à des problématiques comme la dangerosité des contenus pour les mineurs ou le respect des libertés individuelles (ou bien d’autres). Dans le troisième cas, l’apprenti-sorcier, c’est nous, par exemple dans la combinaison d’applications et de services du Web 2.0 et les coopérations implicites de l’Entrenet, et c’est le produit d’un contexte d’innovations multipolaires : personne n’a décidé de l’impact d’ensemble de la généralisation des flux rss, des représentations cartographiques, de l’accès par moteurs de recherche, de la juxtaposition d’identités numériques.

Ces trois figures renvoient à la même question, celle de la responsabilité, en pointant des comportement éventuellement « irresponsables » (terme dont la connotation morale est discutable), mais aussi et surtout la question des instances auxquelles on doit littéralement « répondre » de ses actes, et de la faiblesse ou de l’absence de telles instances, voire même des repères qui permettraient de définir un cadre de responsabilité. Et de fait, le rôle souvent secondaire des acteurs publics, la forte déstabilisation des opérateurs et industriels « historiques », un certain désarroi du corps social et la fluidification géographique et organisationnelle laissent le champ libre à la plupart des projets innovants de technologies et de services, sans attention particulière à leur fertilité ou à leur nocivité, malaisées à déterminer. Même en cas de graves dérives, il n’y a pas et il n’y aura vraisemblablement plus de Conseil de sécurité de l’internet, et rassembler dans la même pièce les grandes puissances du réseau (Cisco ? Microsoft ? Google ? Le président des Etats-Unis ?) n’aurait pas de véritable impact sur le présent ou l’avenir. Les enjeux économiques et juridiques internationaux subsistent et sont toujours plus aigus (de la brevetabilité du logiciel à la marchandisation de la culture), mais les acteurs « hiérarchiques » de la société ne sont que des acteurs parmi d’autres, participant à un contexte qui les dépasse et dont ils ne décident pas. Cela ne veut pas dire que tout cadre de responsabilité disparaît, et que chaque acteur exerce de façon individuelle sa responsabilité ou son irresponsabilité ; il est plausible que ces cadres se réinventent, et que les acteurs de l’innovation et de la société puissent en être parties prenantes. Comprendre ce qui est hors de contrôle, non planifié, non décidé, c’est aussi poser d’une autre façon les questions de gouvernance, sur lesquelles le Sommet mondial de la société de l’information semble avoir accouché d’une portée de souris.

Savons-nous ce que nous faisons ? Les nombreuses études, les observatoires, ne nourrissent guère la réflexion et l’action, et se focalisent souvent sur les objets TIC les plus simples. La mesure que nous avons de l’impact des TIC sur la société et sur ses composantes est modeste et lacunaire, et n’éclaire le plus souvent qu’avec un retard de quelques années – autant dire des siècles. Certains indicateurs sont encombrants : le taux d’équipement et de connexion tient souvent lieu d’audimat des TIC, et dessine en creux la « fracture », le « non-usage», sans savoir apprécier les désarrois du mésusage. D’autres, comme le « budget-temps » passé à l’usage des TIC ou la pyramide des âges de l’usage, sont largement ambivalents. Les travaux de recherche en sciences humaines et sociales sont abondants mais segmentés et mal connus des acteurs (à l’exception des équipes intégrées des grands acteurs). Le trouble des opérateurs et industriels face à l’autonomie des publics les conduit à prendre chaque jour davantage en compte la coproduction de l’innovation par les usagers. Il provoque aussi une amplification de la modalité stimulante de l’essai-erreur, conduisant à tester en grandeur réelle et à rythme soutenu de nombreuses innovations.

Savons-nous à quoi nous jouons ? Il y a précisément une modalité ludique dans notre fascination pour de nouveaux jouets numériques, de nouvelles propositions de services en grandeur réelle, tous « massivement multijoueurs ». Les players de l’industrie et des services comme les gamers qui écument les univers persistants sont des gens sérieux qui adhèrent à des fictions de grande ampleur et deviennent des spécialistes pointus de leurs domaines. Face aux spécialistes, il y a les pratiques des « amateurs », en grand nombre, moins « sérieux », plus généralistes, mais qui acquièrent des capacités d’action, d’échange et d’informations très riches, et qui constituent une forte déstabilisation des hiérarchies classiques de l’information et des services. Pour les acteurs de l’offre technologique, le rôle accru des amateurs est parfois vu comme un danger, et ce sont eux les apprentis sorciers ; mais on les retrouve également dans la compétence accrue des patients face à la médecine, des administrés face à l’administration, des apprenants face à l’enseignement et à la formation, toutes choses sérieuses dont les professionnels et les experts s’inquiètent, créant des tensions que l’on suppose durables.

Savons-nous de quoi nous avons peur ? Se rendre compte du caractère imprévisible de l’avenir, conduit souvent à s’inquiéter, voire à envisager les pires catastrophes. Nos cauchemars les plus anciens, depuis que l’informatique existe, sont ceux d’un monde trop bien organisé (mais le chaos nous effraie aussi) et d’un individu perdant ses libertés (trop anonyme et ne pouvant s’exprimer, ou trop bien connu et ne pouvant préserver son intimité et sa vie personnelle). Nos angoisses pour l’avenir ne font que s’y ajouter, et tournent largement autour des NBIC (en d’autres termes, de la jonction avec les biotechnologies et les nanotechnologies, du développement de l’intelligence artificielle et de la vie artificielle, et de l’ « informatique ambiante ». L’émergence de ces technologies dans le champ social est-elle simplement euphorisante pour les innovateurs et les industriels et terrifiante pour les citoyens ? La société va-t-elle une fois de plus être considérée comme un creuset de conservatismes et de résistances au changement ? Les voix sont nombreuses qui réclament un débat public à l’instar de ce qui n’a que difficilement lieu dans les domaines de l’énergie et de l’environnement comme dans les biotechnologies ; et il y a certainement beaucoup à apprendre de la façon dont les acteurs dominants ont esquivé et continuent d’esquiver toute transparence et de la difficulté (et de l’intérêt) de faire surgir une expertise indépendante ou une éducation populaire appropriée. Certains de ces enseignements sont transférables, d’autres le sont sans doute moins ; mais nous n’avons pas encore formulé des inquiétudes aussi claires que « le réchauffement de la planète » ou « le clonage humain ». En revanche certains d’entre nous sont porteurs d’utopies post-humaines (l’homme augmenté) qui font peur à d’autres et sur l’appréciation desquelles nous sommes désarmés. Nous ne nommons pas clairement les catastrophes que nous redoutons, nous sommes inquiets devant l’inconnu, et certains industriels innovants choisissent la voie de la concertation en temps utile comme un réducteur de risque plutôt que de tenter le passage en force.

Savons-nous ce que nous voulons ? Les descriptions du souhaitable qui prévalaient au début de l’internet (la société de l’information, de la connaissance) ne semblent guère suffire pour rendre compte de ce que nous attendons de l’innovation (et finissent par se résumer à une tautologie du progrès). Le développement des TIC de demain correspond à des intentions incertaines, sans qu’il y ait personne à qui s’en plaindre, ni les Etats ni les entreprises. Néanmoins les innovations numériques hébergent une bonne part des dynamiques d’avenir et continuent d’être le siège de beaucoup de gens qui cherchent à changer le monde à leur manière. Les rêves et les cauchemars qu’éveille cette thématique de l’apprenti sorcier renvoient à l’imaginaire ambivalent qui est le nôtre au regard de l’internet et de l’ensemble des innovations technologiques. En engageant, dans la perspective de son université de printemps en mai 2007, un cycle de réflexion et d’échanges entre acteurs et chercheurs sur la thématique des Apprentis sorciers, la Fing n’ambitionne pas de redéfinir le cadre d’ensemble de l’internet ; il s’agit plutôt d’essayer de comprendre ensemble sur quoi nous avons prise, avec quels risques la société doit composer et comment parler d’éthique, de responsabilité et de gouvernance dans le contexte numérique de demain, auquel il est urgent de se préparer.
Jacques-François Marchandise

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0 commentaires

  1. quand vous dites : « il s’agit plutôt d’essayer de comprendre ensemble sur quoi nous avons prise » vous parlez de qui au juste parceque le monde et les personnes se segmentent avec comme contrepouvoir l’atteinte de symétrie ;je comprends votre « nous » en tant que les participants au débat mais est-ce cela? car soit on gere à vue et les mental models s’appliquent soit on pilote avec des jalons et la gestion de projet s’applique et ces deux « nous » ne sont jamais collaboratifs. (l’un perd le controle ,l’autre non)

  2. Vous dites:

    1) « s’éloignant chaque jour plus sûrement des prévisions et des horizons planifiés. », qui a un jour prévu ou planifié ce qui devait se passer sur l’Internet ou le Web? France Télécom?, Internet Actu?, Fing?, Mr Marchandise?… C’est une attitude typiquement franchouillarde.

    2) « …la Fing n’ambitionne pas de redéfinir le cadre d’ensemble de l’internet… » heureusement, mais ça la démange… des fois que ça démangerait d’autres aussi on pourrait essayer de faire quelque chose ensemble, un super coup!…

    Le travail des censeurs et des lobbies de défense de l’ordre économique établi fait son effet, inéluctablement, sur l’esprit des gens qui se sont arrogé la mission de réfléchir pour le compte des pôvres autres et de les protéger des « apprentis sorciers ».

    Pancrace

  3. Bonjour ! Je n’ai pas trouvé comment contacter les rédacteurs en privé, ou bien s’il y avait un « directeur de la collaboration » (un responsable du blog / chargé de projet de la Fing et de ce qu’expose InternetActu.net). Je suis donc contraint de déposer le message ici. J’ai envoyé ce message à chacun des blogs / blogueurs indexés dans les 100 plus influents sur Technocrati pour une analyse ultérieure. Voici :

    **********

    Bonjour !

    Humble blogueur de la rémanence et loin des étoiles du firmament du star system, j’émets une idée pour les futures Présidentielles de 2007. Et vous allez peut-être pouvoir m’aider.

    J’ai vu que vous avez été sélectionné comme l’un des 100 blogueurs / blogs les plus influents du star system francophone, par Technocrati (http://www.metrofrance.com/fr/article/2006/10/12/11/5714-37/index.xml).

    Bien que je ne sois pas certain que Technocrati soit particulièrement représentatif en terme de leaders d’opinions, il me semble intéressant de se prêter à une petite expérience sondageo-prétentieuse pour les futures élections présidentielles.

    L’interrogation est la suivante : quel est le candidat chéri des 100 « leaders d’opinion » (ou déclarés comme tels) de la franco-blogosphère ?

    Voilà pourquoi je vous remercierai de bien vouloir répondre à ces quelques questions (bien sûr, votre anonymat sera respecté, sauf si vous souhaitez que vos réponses apparaissent publiquement) :

    – quel est le candidat que vous chérissez, ou du moins pour lequel vous pensez aller voter, aux futures élections présidentielles ?

    – avez-vous publiquement, sur votre blog, fait mention du candidat que vous allez soutenir ?

    – vous arrive-t-il d’exprimer sur votre blog les raisons pour lesquelles vous soutenez ce candidat ?

    – souhaitez-vous que vos réponses à ces questions soient nominatives (donc, pas anonymes) ?

    Vous remerciant par avance, recevez tous mes encouragements pour les nombreux billets de votre plume dont, blogueurs et/ou lecteurs, nous serons amenés à nous délecter dans les temps à venir. Et dont nous nous délectons déjà aujourd’hui ! Merci
    pour cela.

    Amicalement,

    Urobore
    urobore(AT)free(DOT)fr
    Journal d’un homo en quête de Sens
    http://blog.urobore.net

  4. Bonjour,

    > Bernard : je ne suis pas certain de comprendre la segmentation et la symétrie, mais je n’adhère pas ici à l’idée « soit on gère à vue en perdant le contrôle, soit on pilote en gestion de projet et on contrôle » : c’est vrai sur un projet ou un ensemble de projets coordonnés et cohérents, et à l’intérieur de ces projets, mais c’est plus complexe quand ces projets se combinent involontairement avec ceux des autres. Ce qui définit probablement le cadre dans lequel nous sommes aujourd’hui, c’est que chacun peut engager des projets, qu’ils subiront l’impact des projets des autres, qu’il n’y a pas et ne peut pas y avoir de schéma directeur de tout cela, que le « nous » est à la fois du côté de l’offre et du public.

    > Pancrace :
    a) soyons clair, c’est un édito classé en « opinion » dans Internet actu », il n’engage que moi, mes collègues n’y adhèrent pas nécessairement. C’est une proposition de lecture et de questionnement, qui va connaître un processus de quelque mois, dans lequel chacun va pouvoir s’exprimer, et comme toujours il y aura des désaccords.
    b) évidemment que la prévision, voire la planification, existe depuis longtemps, qu’elle est un exercice classique dans les pays et dans les entreprises, les Français l’ont peut-être fait davantage que d’autres mais ils n’en ont pas le monopole; j’ai l’impression d’en lire chaque jour partout, c’est un exercice qui a son intérêt et ses limites. Nous sommes là, parmi de nombreux autres, pour ouvrir les couvercles, pas pour les refermer.
    c) je n’ai pas bien compris votre point de vue (je trouve que vous pratiquez une censure hâtive d’une réflexion qui commence à peine et que nous n’avons pas l’intention de mener à la place des autres). Je ne crois pas que « l’ordre économique établi » ait toujours été ravi que des questions soient posées dans le champ de l’énergie ou des OGM, en revanche je crois qu’il est utile que des acteurs économiques de notre domaine, parmi d’autres, participent à des réflexions collectives et intègrent le bien commun dans leurs préoccupations. Je suis par ailleurs rassuré que vous ayez choisi de protéger les gens contre les lobbies.
    d) je ne sais pas si il est possible ni souhaitable de protéger quiconque contre les « apprentis sorciers », je tente de suggérer que nous sommes tous des apprentis sorciers (certains très puissants, d’autres à une échelle plus réduite), que cela peut générer le meilleur comme le pire, et qu’il n’est pas inutile de nous préparer à vivre durablement dans cette situation où la responsabilité se déplace. Je ne suis pas en train de chercher qui sont les méchants (mais apparemment vous les avez trouvés). Merci en tout cas de m’avoir donné l’occasion de préciser ces points.

    J F Marchandise

  5. Quelle issue à l’errance du monde ?

    Lors d’une interview accordée en juin dernier, Albert Jacquard replaçait l’homme dans sa perspective – une erreur de la nature – et proposait une utopie réaliste …

    http://www.pau.fr/webtv/?video=jacquard

    La philosophie peut-elle éclairer notre situation actuelle ? La question mérite d’être posée…

    Cordialement,

  6. Soyons réaliste oui : Nous n’avos pas encore maitriser les concepts qui nous permette d’entrainer notre perception a la reconnaissance des situations nouvelles créer par notre environnement technologique en permanente fluctuation . Tel est effectivement le point de convergence . Comment percevoir les tenants et aboutissants d’une nouvelles situations , si celles si est justement nouvelles ? L’une d’elles est justement l’exploration artisitque du nouveau médium , ainsi les visions ou pratique tangenciel des artistes permette d’en percevoir les grands changement sociaux bien des années en avance . Pour ne citer que les plus célèbre que sont Orwell et autres Huxley . Ce sont bien des question de notre époque qui sont posé par Orwell des années en avances . Est ce un hasard ? Je ne le pense pas car mis a part ces grands noms, d’autres artistes on aussi dejà posé les bases de pratiques futures et de contexte sociaux nouvellement recréer dans un monde cybernetique . Les artistes sont commes les antennes de la société captant les nouvelles situationnelles avant leurs apparitions . C’est bien ainsi que nous devons reposer et reorienter notre direction à défaut de tourner en rond . Non l’artiste n’est pas un simple créateur d’amusettes , mais bel et bien un sismographe , qui montre où en est la société .

  7. bonjour

    a) donc c’est votre “opinion” votre choix: « les apprentis sorciers » qui va servir de sujet pendant « quelques mois » dans « Internet actu”, et cela n’engage que vous? En voilà un abus de pouvoir. Quelle sorte d' »apprenti sorcier » êtes vous? Les lecteurs n’ont qu’à bien se tenir, enfin on pourra toujours ne pas être d’accord… Commençons donc à n’être pas d’accord.

    b) oui, c’est vrai « la prévision, voire la planification, existe depuis longtemps » c’est un métier juteux, moi aussi « j’ai l’impression d’en lire chaque jour partout » Je vois trop souvent l’envers de la lorgnette que la plupart des planificateurs se mettent volontiers dans l’oeil. Ceux de la nébuleuse France Télécom, comme bien d’autres. « Nous sommes là, parmi de nombreux autres, pour ouvrir les couvercles, pas pour les refermer. » Ouvrez donc les couvercles des marmites bien remplies et juteuses des visionnaires patentés de notre beau pays. Eux savent bien qui sont les apprentis sorciers, ils en sont, et ils travaillent pour d’autres plus puissants qui les paient. Ils leurs concoctent toutes sortes de recettes marketing merveilleuses et de miroirs publicitaires magiques. Ils sont toujours à l’affût du scoop technologique ou de la dernière étude qu’ils vont pouvoir tourner à leur façon et qui va contribuer à les maintenir en place et assurer le paiement continu de leurs émoluments.

    c) Qui sont les apprentis sorciers? 1) Ceux qui manipulent les gènes pour vendre les graines terminator aux paysans du tiers monde? 2) ou ceux qui cherchent à protéger la diversité génétique des semences et les diffusent largement dans le monde?. Ceux qui luttent contre les premiers vont en prison, comme les seconds qui sont attaqués en justice par les premiers. Idem dans le domaine du logiciel avec 1) Ceux qui laissent voler leurs logiciels propriétaires véreux pour mieux les imposer à la planète, comme des marchands de drogue. 2) Ceux qui luttent pour l’ouverture du code source et la liberté des logiciels pour échanger librement l’information sur les réseaux. Les premiers sont les tenants de l’ordre établi et auront longtemps raison devant la loi. Les autres sont des « apprentis sorciers » et vont en prison. Oui, j’affirme qu’il faut lutter contre les lobbies des premiers et soutenir les lobbies des seconds, pas « pour protéger les gens », pour protéger la liberté, et nous tous, et… la planète!.

    d) J’affirme qu’il est possible et souhaitable de protéger quiconque contre les “apprentis sorciers” de la 1ère espèce. Et comme vous, je suggère que nous avons le devoir de devenir des apprentis sorciers, mais de la 2ème espèce (certains très puissants, d’autres à une échelle plus réduite), que cela peut générer le meilleur si nous nous méfions du pire (les apprentis sorciers de la 1ère espèce). Il n’est pas inutile effectivement de nous préparer à vivre durablement dans cette situation où nous avons la responsabilité de lutter contre une économie de croissance en délire à la recherche du profit effréné maximal et immédiat. Et qui ne se soucie ni d’équilibre écologique, économique, ni de lutte contre la pauvreté. Sinon à coup d’oeuvres charitables majestueusement dotés qui sont saupodrées ça et là à quelques pauvres triés sur le volet (et qui vont se tenir à carreau), une petite portion des immenses richesses volées par des entourloupes magistrales, pour se refaire une image et s’acheter une place en paradis. Comme la plupart des marchands de drogues enrichis. Oui, c’est vrai, je l’avoue, j’ai trouvé qui sont les méchants. Et merci aussi, en tout cas, de m’avoir donné l’occasion de préciser ces points.

    Pancrace

  8. bonsoir
    vous m’écrivez : c’est plus complexe (ndr: la gestion) quand ces projets se combinent involontairement avec ceux des autres … elle est bonne celle la ! où est la complexité de projets combinés quand l’un est soumis au numérus Closus voulu à son accès et en plus (pour le plus gros paquet de fric) ne se croisent que deux projets a la fois ???? ce n’est pas une complexité c’est un arrangement légal ou illégal; comme les puces rfid entre localisation et identité présentées pudiquement comme « solutions communiquantes sécurisées  » et Vista qui est la meme chose finalement avec un but commun : celui de prendre en control votre « public » pour a terme (d’un point de vue artistique) se faire eux meme, les apprentis sorciers créateurs, controler par une machine-IA qui dira :STOP à la connerie humaine je vous offre le monde de Matrix dont la premiere version sera un echec comme le dit le script du film 😉

  9. Néanmoins les innovations numériques hébergent une bonne part des dynamiques d’avenir et continuent d’être le siège de beaucoup de gens qui cherchent à changer le monde à leur manière.

    Hopefully..

  10. > Pancrace
    Bonjour
    Sur votre premier point : je vous rassure, la proposition de l’université de printemps de la Fing de cette année ne va pas occuper tout Internet Actu pendant des mois (mon papier a le numéro 6625, il y en a déjà eu quelques autres en quelques jours…). Mais vous n’avez pas l’air d’être tellement en désaccord avec le choix de ce sujet puisque vous commencez vous-même à le traiter dans votre commentaire. Les questions que nous allons tenter de traiter sont, entre autres, celles que vous soulevez : y a-t-il dans les TIC d’aujourd’hui et de demain des équivalents de Terminator ? Comment mieux armer la société dans un contexte d’incertitude où il ne sert à rien de planifier ? Merci en tout cas de votre contribution.

    > Bernard :
    Je serais moins pessimiste que vous sur le numerus clausus, car la capacité de petits acteurs à engager des projets qui rencontrent un grand succès semble avérée par l’histoire récente. Ce qui crée une situation « hors de contrôle ».
    Je ne nie pas que beaucoup de gens veuillent accéder à une situation de contrôle abusive, et je trouve nécessaire d’explorer mieux les modalités possibles de ces abus, avec les technologies d’aujourd’hui et de demain. Cela fait à l’évidence partie du sujet…

    jfm

  11. >Jacques-Francois Marchandise:
    Paul Miller dans son livre Stratégie et Marketing de l’Innovation Technologique dans une représentation d’un état transitoire de l’innovation (page56) montre clairement une periode de gestion: une phase, qui inclus le foissonnement (1) suivit de la focalisation et qui est en effet une situation « hors de contrôle » mais pas plus complexe puisqu’elle fait partie d’un cycle de vie connu et exploité c’est ce point précis au départ de mon intervention qui me faisait dire soit gestion à vue soit pilotage pour spécifier que certains ont bien compris « sur quoi ils avaient prise » et mon pessimisme quand à leur desir de donner de l’ experience (car je pense que le succés vient de collaborateurs expérimentés plus que du projet lui-meme; mentir s’apprends)

    (1) La phase de foisonnement est une phase de confrontation du projet au marché au cours de laquelle il perd un peu de son caractère initial, car les clients y rajoutent des éléments qui n’étaient pas dans la logique des chercheurs. C’est aussi une phase de créativité où l’on commence à trouver les applications du produit (…) le projet rentre dans une phase exploratoire, il devient foisonnant (…) On élargit le champ autant que l’on peut pour pouvoir disposer ensuite du plus large éventail de choix possible (…) En substance, cette phase est une phase de créativité du cycle, mais il faut la dépasser pour en tirer profit.

  12. Oui Pancrace, le développement d’Internet a été planifié et l’objet de projection permanentes à moyen terme par lcertains Etats et les entreprises, et le mode univeristaire. C’est sur la base de ces porjections que les investiossements des différents acteurs sont engagé. avec parfois des erreurs des éclatemnts de bulle finacière mais pas avec une certaine justesse d’autant que cs modèles sont réactualisés en boucle.

    . La décision d’ouverture du World Wide Web par l’admnistration Cliton1 (sous l’impulsion Al Gore) a fait l’objet d’une analyse économique et de projection de développement de la fameuse économie de la connaissance, sur laquelle les usa souhaitaient prendre un leadership qui était loin d’être acquis à l’époque.

    Il s’agissait d’un pari économique et politique construit sur des scénarii de développement du m^me niveau d’incertitude que ceux qui nous occupent aujourd’hui.

  13. L’éducation nationale, allant du ministère à l’enseignant avec des organisations fonctionnelles multiples ; la formation de manière générale, les élèves quelque soit leur âge et statut, qu’ils soient en formation ou comme producteur (de blogs par exemple), entretiennent des relations très complexes avec le web et les Technologies de l’information et de la communication. Ce sont à la fois des lieux et des acteurs chez qui la profusion et la prolifération peuvent être perçus comme d’enthousiasmants creusets d’innovations mais aussi comme des creusets de la sorcellerie. Il existe peu d’études sur le sujet.
    Un récent rapport d’audit, co piloté par les ministères des finances et l’éducation nationale, pointe cette nécessité de coordonner l’ensemble, certes dans un soucis de rationaliser les investissements mais aussi pour garantir une meilleure lecture de ce qui est produit sous l’étiquette TICE et en évaluer l’impact éducatif.
    Les TIC font aujourd’hui partie du paysage social ; comment organiser leur arrivée, leur développement, dans l’éducation ? Les acteurs actuels et les relations qu’ils entretiennent sont ils en mesure de piloter pour répondre à cette question ? Quel pilotage faut-il mettre en place dans le domaine de l’éducation ?