Limites du web 2.0 : une implication toujours faible

Le talon d’achille du web 2.0 reste et demeure la faible participation des internautes : la « règle des 1 % », qui prévaut jusqu’à présent dans plusieurs études sur les usages des services du web 2.0, dit que les 2/3 des contenus proviennent seulement d’1 % des utilisateurs actifs. Et cette proportion pourrait bien baisser encore un peu à mesure que l’audience des sites participatifs augmente.

C’est ce que soulignent les chiffres avancés par Bill Tancer de la société de mesure d’audience Hitwise, présentés lors de la conférence Web 2.0 Expo qui s’est déroulée à San Francisco il y a deux semaines. Selon Hitwise, 0,16 % des internautes qui passent sur YouTube y placent des films – alors qu’ils étaient encore 0,5 % à le faire en juillet 2006 ; seulement 0,2 % des visiteurs de FlickR y publient des photos. La seule exception à cette faible participation provient de Wikipédia, où 4,6 % des visiteurs contribuent à l’enrichissement de l’encyclopédie.

« Sommes nous vraiment juste en train de réinventer la télé, avec des gens vautrés passivement derrière leur écrans ? YouTube n’est-t-il rien d’autre qu’une chaîne de télé de plus ? », s’interroge Bruce Nussbaum pour BusinessWeek.

Pour autant, souligne Hitwise, cette faible participation n’influe par sur l’audience de ces sites, puisque : l’activité de quelques-uns semble suffisante pour dynamiser l’audience. Les sites classés « web 2.0 » représentent aujourd’hui 12,3 % du trafic internet total aux Etats-Unis.

Des chiffres qui en tout cas posent quelques questions si on les compare à ceux que publiait le Pew Internet l’année dernière montrant que 35 % des internautes américains publiaient des contenus en ligne (de quelque nature que ce soit). Faut-il entendre que l’intervention des internautes, les contenus qu’ils génèrent, sont plus forts sur des sites moins « influents » ou importants que ceux qui composent la crème du web 2.0 ?

Echelle de la participation
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La participation quant à elle semble toujours fidèle à la loi de la participation selon la nature des actions que l’on accomplit en ligne : à mesure que les actions à accomplir se complexifient et se densifient, la participation s’étiole. A l’image de l’échelle de la participation que vient de diffuser le cabinet Forrester dans l’étude intitulée Social Technographics : une grille méthodologique supplémentaire qui distingue 6 niveaux d’implication (les inactifs, les spectateurs, les menuisiers, les collecteurs, les critiques et les créateurs).

Pourquoi tague-t-on ?
L’équipe de Yahoo Research s’est, elle, intéressée à comprendre les motivations des gens qui étiquettent des photos sur FlickR et via ZoneTag, un outil qui permet d’envoyer ses photos sur FlickR depuis son téléphone mobile. Selon Morgan Ames et Mor Naaman qui ont réalisé l’étude « Pourquoi tagguons-nous ? » (.pdf), nos motivations se divisent en deux grandes familles : adjoindre des fonctionnalités et/ou de la sociabilité aux images que nous publions.

On tague pour des questions d’organisation personnelle afin de pouvoir retrouver des photos plus tard, par exemple pour se rappeler du contexte d’une photo, comme on indique un lieu dans la marge d’un album photo. L’apport de FlickR consiste à permettre d’annoter des photos pour qu’elles prennent un sens pour d’autres. Les tags deviennent alors les marques sociales de notre activité : on tague une photo de concert du nom du groupe qu’on a vu, indiquant aussi par là-même aux autres qu’on était à ce concert. Reste que la motivation reste bien souvent inégale : les interviewés ne prêtent encore pas beaucoup d’importance au fait de décrire leurs photos aux internautes, pas plus qu’ils n’en prêtent à celui d’aider leurs amis à trouver des photos.

Les auteurs de l’étude formulent une série de recommandations pour encourager le marquage :

  • rendre l’étiquetage pervasif et multifonctionnel : un tag mis à un endroit devrait pouvoir suivre et caractériser la photo partout où elle est envoyée ou dupliquée ;
  • rendre plus facile l’annotation quand la photo est transférée sur son ordinateur ou sur un compte, plutôt que lorsqu’on la prend avec son appareil ;
  • ne pas obliger l’utilisateur à annoter une photo qu’il vient de prendre ;
  • suggérer des intitulés donne des idées et encourage l’étiquetage.

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0 commentaires

  1. […] Hubert Guillaut paraît surpris par la règle des 1% : c’est le taux de participation réel des sites web 2.0. Et plus l’audience augmente, plus il chute.
    Cela me semble pourtant tout à fait normal, tant sur le volume que le fond. […]

  2. La suggestion des intitulés pour encourager l\’étiquetage ne peut-il pas justement faire l’effet inverse en proposant l’utilisateur de toujours laisser la machine taguer pour lui?