A force de trop singer la réalité, nos univers virtuels manquent d’efficacité

Second Life ressemble trop à notre environnement quotidien tempête Harry Drew du groupe de travail sur les médias sociables du Media Lab du MIT dans la Technology Review.

Et de montrer par l’exemple qu’il faut arrêter de mimer le monde physique pour essayer de créer de nouveaux espaces adaptés à ces univers. « Il n’est pas clair pour moi que ces univers virtuels soient actuellement utiles. Ils devraient l’être si nous sommes capables de comprendre l’avantage qu’ils ont de ne pas être des lieux physiques ». Dans un univers virtuel, on n’a pas besoin d’accomplir les mêmes actions que dans un lieu physique. Ainsi cet « espace d’information » c’est-à-dire la salle de conférence virtuelle qu’il a imaginé (son adresse dans SL) ne ressemble pas à un amphithéâtre avec des chaises par centaines comme on le voit souvent dans SL, mais plutôt à un stade de foot où les gens s’assemblent selon leur réaction aux propos du discutant : sur la zone verte s’ils sont d’accord, sur la zone rouge, s’ils ne le sont pas (et de tracer l’historique de sa position comme de sa prise de parole).

Ici, l’espace d’échange virtuel devient alors un lieu conçu pour tracer les opinions du public : l’univers virtuel augmente la conférence d’informations liées à l’interaction. Pour Nick Yee, doctorant à Stanford et spécialiste des univers virtuels, les sociétés qui tiennent des conférence dans Second Life ont les mêmes problèmes que dans la vie réelle : selon la position de son avatar, on peut ainsi avoir du mal à voir une présentation PowerPoint projetée dans SL. « En incorporant des règles physiques à nos univers virtuels, nous nous lions aux symboles et aux métaphores du monde physique » plutôt que de nous en détacher.

C’est à croire qu’il va être temps d’augmenter les univers virtuels ou de les concevoir autrement pour que ces univers eux-mêmes soient plus adaptés aux types d’interactions qu’ils proposent.

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Une salle de conférence traditionnelle dans SL à gauche ; la salle de conférence proposée par Harry Drew à droite.

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0 commentaires

  1. Harry Drew a raison sur le fond… mais il ne tient pas compte d’un élément important : les résidents sont des humains pas virtuels du tout derrière leurs machines.

    Nous travaillons actuellement sur un projet d’e-learning assez ambitieux, où nous serons amenés à former dans Second Life quelques milliers de personnes. La technologie (et notre savoir-faire) nous permettraient d’ores et déjà d’aller beaucoup plus loin dans la « virtualisation » de notre solution d’e-learning, mais… L’objectif de cet industriel est de former des êtres humains. Si on décale trop notre approche, les apprenant n’auront plus aucun repère familier et vont donc dépenser la très grande majorité de leur énergie et de leur concentration sur autre chose que l’apprentissage. A la fin, le résultat n’est pas à la hauteur de nos attentes (former des personnes bien réelles).

    L’illustration d’Harry, sur les salles de réunion est ce vers quoi nous tendrons dans quelques mois ou années, non pas parce que nous ne savons pas le faire ou l’intégrer aujourd’hui, mais plutôt parce que la culture du virtuel de la très grande majorité des résidents actuels et à venir, est encore à faire.

    Ayez confiance 😉

  2. Cela s’approche. la question du virtuel est cruciale et peu comprennent de quoi il s’agit vraiment. Ici l’un, un peu, et l’autre non.
    Le rapport à l’espace temps du virtuel, le caractère anthropologique de l’espace temps en question, un dépassement des modèles et des paradigmes (surtout des « nouveaux ») font que la notion et la construction d’espaces virtuels dédiés réclame un niveau d’intelligence de la question au moins aussi grand que celui des architectes qui construisaient nos monuments antiques (déjà des espaces virtuels). C’est la condition pour que les « usagers » s’y retrouvent (en tant qu’humains qui ne sont pas réduits aux images simplètes habituelles). Le virtuel exprime et transmet des virtualités – humaines. Voilà déjà un aspect à méditer. Mais la pédagogie n’a-t-elle pas pour but de réaliser pour les révéler des virtualités humaines? (je raccourci).
    Tout ce qui est débattu dans cet article et dans d’autres qui émergent ici ou là montre que la problématique est en train d’émerger. Ceux qui ne voient pas ne le savent pas, ne pensent pas qu’il y ait quelque chose à voir. Le virtuel est la révolution radicale que la mutation nous prépare, conceptuellement et pratiquement. Comme pour internet le grand public n’a pas besoin de devenir informaticien ou épistémologue pour s’y retrouver. C’est bien à l’amont qu’il y a alors à travailler.

    Pour information sur les espaces virtuels d’activité http://institut-coherences.fr/
    Pour comprendre le virtuel une série d’articles
    http://journal.coherences.com/rubrique36.html

  3. Les avatars sont manipulés par des humains et faute de règles de comportement bien établies ils se comportent « par defaut » comme dans le monde réel.

    Exemple : Réunion -> On s’assoit où ? Alors qu’un avatar n’a certainement pas besoin de s’assoir. Même moi qui a passé des milliers d’heures sur secondlife, j’ai ce conditionnement … alors même que je suis conscient que c’est un conditionnement et que c’est un comportement qui n’a pas lieu d’être dans un monde virtuel.

  4. C’est une question que je me suis posée dès mes premières rencontres avec les univers 3D, pourquoi reproduire systématiquement dans l’univers du code les lois courantes de nos univers physiques ? D’ou vient cette incapacité à se détacher de la perspective de la renaissance en matière de représentation d’espaces ? Ces questions restent ouvertes, et les réponses associées seront liées à l’évolution de ces univers, et selon des principes de retroactions systémiques, à notre évolution anthropologique.

  5. Nous avons tous besoin de repères, c’est aussi un fondement de notre société.
    Si nous changeons complètement les codes, nous risquons de perdre les visiteurs.
    Je pense donc qu’il faut plus penser à une évolution progressive des habitudes, qu’a une révolution.

  6. Certes nous avons tous besoin de reperes mais il n’est pas nesessaire de calquer la réalité physique comme dans Second Life. L’interface graphique de nos systemes d’exploitation a tres bien été accepté et fonctionnent selon la metaphore du bureau, et ceci sans en reprendre veritablement les codes visuels evidents…

  7. Dans l’absolu, oui, cela manque peut-être de surprises, cependant, comme d’autres l’ont dit ici, dans SL, nous avons à faire à des humains avec leur système de référence classique. Déjà pour les nouveaux, voler par exemple est un peu déstabilisant, il y a tout un apprentissage.

    Sur l’île Verte, notre principal auditorium où ont lieu les visioconférences depuis six mois, est dans les nuages et accessible en volant, nous utilisons la vidéo en temps réel, l’audio, les diaporamas, et la création d’objets pour des conférences scientifiques (données par un astrophysicien de l’Université Paris VII, WishYou Welles), justement sur la physique dans Second Life.
    http://www.humains-associes.org/blog/2007/03/05/virtualiterealite-conference-de-wishyou-welles-en-podcast/

    Cela nous demande un travail particulier à l’accueil pour guider les participants, qui parfois savent à peine utiliser un téléporteur. Si on veut être efficace, dans la pratique, il n’est pas évident de proposer des environnements totalement différents. Prendre en main SL demande des efforts au départ, il faut savoir faire évoluer les choses par palier.

    ps : un autre film datant de décembre sur Second Life : La Vraie Vie 😉
    http://www.youtube.com/watch?v=s2hrpELG4vU

  8. En effet, il est flagrant de voir que lorsque l’on visite Second Life en tant que visiteur ce « nouveau monde » virtuel est ennuyeux au possible. Mais le probléme est plus grave, en tant qu’acteur direct de SL, les avatars reproduisent des objets, des maisons, des salles…identiques au monde réel que nous connaissons!!
    La majorité des résidents de SL ne concoivent pas une « possibilité de nouveau espace virtuel » comme une chose à inventer. Il ne s’agit pas d’êtres ou non des humains derrière nos machines, il s’agit de sortir du systéme cloisonnant existant. Les avatars sont fades, bien habillés, et souvent plus des humains sans défauts que des habitants d’un monde virtuel. Les références à notre systéme (physique et monétaire) est beaucoup trop présent dans SL pour proposer une expérience novatrice. Nous sommes loin d’habiter le cyberespace…