Le numérique sous l’angle générationnel

Très intéressant numéro (.pdf) de Culture Prospective consacré à « l’approche générationnelle des pratiques culturelles et médiatiques », édité par le Département des études, de la prospective et des statistiques (DEPS) du ministère de la Culture – et partenaire d’InternetActu.net. Ce numéro, réalisé à partir d’une étude confiée au Bipe sur les pratiques culturelles et médiatiques à l’horizon 2020, décrypte les effets d’âge et de génération à partir des enquêtes du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc) sur les pratiques culturelles des Français (1973, 1981, 1988 et 1997). Le Bipe y réalise une analyse prospective de 12 grandes pratiques culturelles ou médiatiques à l’horizon 2020 (la lecture de la presse, du livre, les sorties cinéma, l’écoute de la télévision, de la radio…). Si le numérique est hélas le parent pauvre de cette étude – faute de matière puisque la dernière enquête du Credoc date de 1997, époque où les pratiques numériques n’étaient pas encore aussi évoluées qu’aujourd’hui -, les conclusions esquissées ne sont pas sans nous interroger :

« La culture numérique se développe au détriment de toutes les autres pratiques, qu’elles appartiennent à la culture imprimée (hors presse gratuite), « juvénile », « cultivée », ou même audiovisuelle. Ces pratiques se retrouvent alors déplacées (…) du côté des pratiques en retrait ou vieillissantes. Qu’on le veuille ou non, il y a bien un phénomène de substitution au moins partiel dans la mesure où les pratiques culturelles émergentes sont concurrentes des pratiques préexistantes en termes de budget et de budget-temps. Elles en constituent d’ailleurs par leur nature même des substituts en donnant accès à des contenus écrits, audio ou vidéo. L’importance des phénomènes générationnels dans les évolutions culturelles du dernier quart de siècle rend probable leur renforcement au cours des décennies à venir (…).

Ces phénomènes générationnels sont amplifiés par la prégnance croissante du facteur technologique. L’aspect technologique devient ainsi de plus en plus central dans la détermination des pratiques culturelles mais surtout, du fait du rythme accéléré des innovations, il impose sa cadence à tout le champ culturel. (…) Le recul généralisé annoncé pour les pratiques culturelles « traditionnelles » est, en ce sens, peut-être moins à interpréter comme un recul du niveau général des pratiques culturelles ou une perte de diversité culturelle que comme une inopérance des définitions anciennes de ces pratiques, trop centrées sur la notion de support matériel pour parvenir à capter à l’avenir la réalité de ces pratiques. »

Via Jean-Michel Salaün.

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