Lignes de temps : analyser le cinéma

Lignes de temps est un dispositif d’annotation et de partage d’annotation de films développé par l’Institut de recherche et d’innovation du Centre Pompidou. Le système consiste en un logiciel d’analyse de films qui en décortique la structure sous forme d’une ligne de temps, semblable à celle qui permet de lire un film sur une table de montage numérique. Outre le film complètement décomposé, sont ainsi accessibles le script du scénario, l’indication des lieux, la présence des personnages, la description d’images et de plans (échelles de plans, mouvement de caméras, axe de prise de vues, entrés et sortis de champs…) ainsi que les les annotations partagées des utilisateurs.

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Cet ajout de données offre un accès inédit au film qui peut être décomposé, interrogé, remixé selon les requêtes des utilisateurs. Il permet d’en faire de nouvelles cartographies, d’extraire des séquences et des séries de séquences, de faire des recherches très précises grâce à la description des images et des plans. En permettant de triturer le film dans toutes ses dimensions, l’outil permet de visualiser des pertinences, de mettre à jour des effets de sens, de porter l’analyse filmique à une nouvelle étape, comme le reconnaissent d’ailleurs des professionnels qui l’ont essayé.

Assurément, voilà une expérimentation qui montre combien la version numérique d’un film ne s’arrête pas à un support. Comme nous l’avions relevé pour Wikipédia à la suite d’Olivier Ertzscheid, Lignes de Temps dote le cinéma « d’une artefacture technique qui permet de transformer sa linéarité en dynamique documentaire inédite ». A l’essayer, on imagine ce que pourraient être les DVD du futurs, s’ils permettaient à tout un chacun de créer sa propre analyse du film qu’il vient de voir.

Sur le site de Lignes de temps, vous trouverez des explications en vidéo sur les enjeux du projet, le fonctionnement du logiciel et accèderez au logiciel. On regrettera que les films pour l’instant accessibles via ce logiciel (Correspondances signés Victor Erice et Abbas Kiarostami) ne soient pas, pour des raisons de droits d’auteurs, accessibles en ligne. Vous avec jusqu’au 7 janvier pour découvrir toutes les fonctionnalités du logiciel au Centre Pompidou.

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0 commentaires

  1. Question subsidiaire: ce logiciel financé par les deniers public est-il libre?

  2. En ce qui concerne la conception d’annotation / enrichissement de flux et la construction d’hypervidéos, vous pouvez également essayer l’outil Open Source Advene (Annotate Digital Video, Exchange on the NEt – http://liris.cnrs.fr/advene) du laboratoire LIRIS de l’Université Lyon 1. Cet outil très riche et d’accès un peu plus ardu que LdT (mais on y travaille !) n’est pas lançable dans un navigateur, il convient de l’installer sur votre machine.

    Le LIRIS et l’IRI collaborent dans le projet ANR Cinélab.

    Yannick Prié

  3. Question subsidiaire (BIS):

    Ce logiciel financé par les deniers publics est-il libre? (GPL)

    En d’autres termes, faudra t’il se rendre au Centre Georges Pompidou, sur son site web, ou sur ceux de ses partenaires institutionnels et industriels, pour en bénéficier? Ou bien bien pourra t’on librement télécharger ce logiciel LdT, étudier ses sources, les modifier éventuellement, et l’installer sur son propre serveur, pour analyser les vidéos de son choix, et pour travailler avec qui nous semble bon?

    Si c’est l’option numéro 1 qui est choisie, alors le discours promotionnel de ce logiciel ne serait tout simplement pas crédible: une rhétorique de plus, une industrie culturelle de plus, et qui plus est, qui prétend dénoncer toutes les autres…

    NOTE : cette question est posée sur ce forum ouvert (merci Internet-Actu), faute de pouvoir le faire sur le site du Logiciel LdT ou sur celui de l’Institut de Recherche et d’Innovation, qui bizarrement n’en disposent pas!

  4. Où peut-on trouver le code source du logiciel lignes de temps ? Sa licence spécifie qu\’il s\’agit d\’un logiciel libre, mais aucune indication sur la possibilité de contribuer.

  5. Le dernier commentaire n’a pas encore trouvé de réponse… Merci de transmettre aux intéressés.

    « Où peut-on trouver le code source du logiciel lignes de temps ? Sa licence spécifie qu\’il s\’agit d\’un logiciel libre, mais aucune indication sur la possibilité de contribuer. »

    Est-ce que « Ligne de temps » est comme la plupart des développements logiciels financés par le public, y-compris lorsqu’ils sont réputés « libres », à savoir le jouet d’institutions qui se les gardent jalousement pour elles. En général, aucun fork, ni même aucune contribution n’est possible avant que les représentants des dites institutions aient fait trois fois le tour de la planête pour montrer leur joujoux. Dans le meilleur des cas, à ce moment là seulement, la chose est ouverte. Mais c’est c’est en général pour se rendre compte qu’elle est techniquement complètement fermée, c’est à dire que l’on ne peut rien en tirer d’autre que ce pour quoi l’institution l’a programmée.
    Bref Poubelle.

  6. Semantic Warrior : Vincent Puig a visiblement répondu depuis un moment : « Lignes de temps sera diffusé en fin d’année sous licence libre (de type CeCILL). » Le mieux en tout cas est de vous adresser a l’IRI.

  7. J’ai bien lu Hubert, mais un « logiciel libre » dont on ne peut obtenir les sources (même en version alpha) n’est pas libre, c’est une imposture.
    S’adresser à l’IRI, la belle affaire! Il n’y a pas de forum public sur leur site web, seulement un mail « contact » qui mène je ne sais vers quelle oubliette.
    Ces pratiques marquent une conception détestable du « public »: une masse informe d’ « amateurs » tout juste bon à annoter les grandes oeuvres à venir écouter religieusement quelque gourou philosophe condamner les « industries culturelles ». Le crowdsourcing cynique de la part des startuppers du web 2.0, passe encore, c’est à leurs risques et périls, mais de la part d’un service public, à savoir l’IRI qui donne des leçons à tout le monde, ça ne passe pas!

  8. « Tous ces objets précieux qu’on tenait loin du peuple, ou qu’on ne lui montrait que pour le frapper d’étonnement et de respect, toutes ces richesses lui appartiennent. »

    Circulaire du Comité de l’instruction publique de la Convention nationale, Instruction sur la manière d’inventorier et de conserver, dans toute l’étendue de la République, tous les objets qui peuvent servir aux arts, aux sciences et à l’enseignement, 1793.

  9. si semantic warrior repasse par là.

    « Ces pratiques marquent une conception détestable du “public”: une masse informe d’ “amateurs” tout juste bon à annoter les grandes oeuvres à venir écouter religieusement quelque gourou philosophe condamner les “industries culturelles”. »

    je crois que tu fais là une belle observation… et crois moi à force d’entendre souvent parler de ces types (steigler en particulier) je suis de moins en moins convaincu de leur réel contribution à l’ouverture d’esprit et surtout à l’écoute de l’autre!
    à force je trouve qu’il y a beaucoup de parlotte mais peu d’acte.