Les mobiles de l’école 2.0

Les téléphones portables sont-ils condamnés à n’être perçus, à l’école, que comme des armes de distraction massive permettant également de tricher, mais aussi de vidéosurveiller les professeurs ? Et faut-il, comme le proposent certains, interdire les téléphones portables à l’école ?

Se pourrait-il, au contraire et comme le pense entre autres Marc Prensky, qu’ils soient l’outil idéal (.pdf) de l' »enseignement assisté par ordinateur » permettant d’« apprendre presque tout« ( .pdf) ? Pour ce spécialiste des technologies de l’information éducatives, les mobiles ont en effet de nombreux avantages : la bien-nommée « m-génération » en est férue, l’outil est ludique, ils savent s’en servir, n’ont de cesse de vouloir en tester de nouvelles fonctionnalités, et l’utiliser en classe permet également de valoriser élèves et étudiants.

Sketch2GoCertains innovateurs du domaine, comme Math4Mobile parlent ainsi « d’éducation ubiquitaire » et incitent les étudiants à s’exercer en-dehors de leurs heures de classe sur des programmes éducatifs installés sur leurs mobiles. Dans le même ordre d’idée, on peut aussi :

  • préparer ses examens en répondant à des tests d’évaluation et d’entraînement,
  • surfer, via son téléphone portable, sur les nombreuses versions pour mobiles des sites web spécialisés dans l’éducation,
  • profiter des campus virtuels,
  • ou encore de l’enseignement à distance, notamment en Afrique, entre autres pays relativement pauvres où l’usage des téléphones mobiles est bien plus développé que celui des ordinateurs.

Au-delà de ces applications somme toute classiques, on voit aussi apparaître un certain nombre d’autres nouveaux services et usages :

  • économiser en frais de maintenance des lignes de téléphonie fixe dans les résidences universitaires, et développer l’utilisation du mobile, et des SMS dans les relations administratives qu’entretiennent les étudiants et leurs écoles,
  • Watch out !

  • obliger ses nouveaux étudiants à accepter un téléphone portable (gratuit le premier semestre, payant les suivants) tout spécialement adapté à l’université afin de les faire bénéficier d’un dispositif d’alerte instantané, ainsi que, grâce au GPS, d’un système de traçabilité connecté aux services de police et destiné à les secourir en cas de problème (ou de retrouver le ou les auteurs du problème), mais aussi à leur donner les horaires de bus, les contacts administratifs et autres services propres au campus,
  • profiter de sa caméra intégrée pour garder la trace de ce qui a été écrit sur le tableau blanc, mais aussi, pour en revenir au volet sécuritaire, d’éventuels incidents ou débordements,
  • utiliser la messagerie instantanée afin d’améliorer, dans le cadre d’un apprentissage participatif, sa maîtrise de la langue,
  • proposer un logiciel d’aide à la lecture destiné aux malvoyants et aux personnes ne sachant pas bien lire : il suffit de prendre un texte en photo, le logiciel le déchiffre, et un module de synthèse vocale le lit à voix haute,
  • motiver les étudiants à ramener des photos illustrant le sujet dont il est question, et donc les faire participer à la leçon, puis les inciter à consulter le support de cours en le postant, en direct, sur son blog, depuis la classe,
  • se connecter à Twitter pour proposer une autre forme de présence et de participation à la classe, mieux connaître les élèves, suivre en direct une conférence, améliorer l’esprit de synthèse et la grammaire des élèves, et s’en servir d’outil participatif de prise de notes.

Alors qu’on voit aussi apparaître des mondes virtuels éducatifs permettant aux étudiants -et à leurs professeurs- de tester l’apprentissage par avatars interposés, afin d’accentuer leur implication dans le processus d’apprentissage, l’utilisation du mobile ou encore celle des processus coopératifs du web 2.0 (cf. Sur le chemin de l’école 2.0) repose la question de l’ouverture de l’école vers les NTIC.

Mais l’intérêt ne réside pas tant dans les outils et services que dans les usages qui peuvent en être faits. Car ce qui ressort le plus à la lecture de ces différents projets, c’est que le principal obstacle est dans la tête des professeurs et des équipes pédagogiques, qui ne savent pas se servir de ces outils, qui ont peur d’être débordés par leurs élèves, ne voient pas l’intérêt de profiter de leur engouement pour ces outils, ou tout cela à la fois.


Via Les cellulaires pour apprendre, Cell Phones for Learning, et From Toy to Tool.

À lire aussi sur internetactu.net

0 commentaires

  1. Bonjour Jean-Marc

    je rebondis sur cette phrase :  » ce qui ressort le plus à la lecture de ces différents projets, c’est que le principal obstacle est dans la tête des professeurs et des équipes pédagogiques, qui ne savent pas se servir de ces outils, qui ont peur d’être débordés par leurs élèves, ne voient pas l’intérêt de profiter de leur engouement pour ces outils, ou tout cela à la fois. »
    car elle résonne avec une discussion qui vient d’être lancée par Martin Bérubé sur Apprendre 2.0

    Au travers de notre discussion ici
    http://apprendre2point0.ning.com/forum/topic/show?id=945551%3ATopic%3A11321 et des propos de David Landry, il ressort que les appréhensions peuvent émerger à tous les niveaux : professeurs, institution, même certains élèves peuvent éprouver certaines réticences devant cette nouvelle situation…Les changements de paradigme ne sont simples pour personne et nécessitent des constructions personnelles et individuelles qui s’ancrent dans le temps…l’accompagnement voir le co-accompagnement entre pairs me semble être une dimension essentielle dans ce processus de changement et de formation !

    Et il me semble que beaucoup se mettent à travailler dans ce sens un peu partout dans le monde…la francophonie ne fait pas exception : http://sunens.uqac.ca/~pgiroux/carnetweb/index.php?2008/02/08/483-j-ai-encore-besoin-de-volonatire-et-ca-m-inspire-un-theme-de-discussion-pour-la-non-conference

  2. Les arguments de l’obligation d’achat et de traçabilité par contre sont révélateurs des travers de l’opération : on oblige ainsi la consommation et la visibilité…Quel rôle doit jouer l’école sur ces deux question très précisément ????

  3. Tout un hasard, car j’aborde également le thème du mlearning sur mon blog aujourd’hui. Je l’aborde toutefois sous l’angle de la formation en entreprise. Je me questionne cependant quant à l’obligation pour les étudiants d’acquérir un portable puisque je ne suis pas convaincu que cet outil soit nécessairement le meilleur, plus particulièrement dans un contexte scolaire.

    En fait, j’y vois d’avantage un avantage mercantile pour l’établissement d’enseignement et pour le fournisseur de service qui ne font ni plus ni moins que de la vente forcée. Quelle est la valeur ajoutée pour l’étudiant dans ce cas ci? Mis à part les aspects de tracabilité et de prise de photos, tout le reste peut facilement être offert sur le Web et l’est probablement déjà. Il n’y a donc aucun réel avantage pédagogique, et le seul avantage pour l’étudiant (traçabilité) peut aussi être considéré comme un désavantage en raison de la perte d’intimité qui en résulte.

    Je ne crois pas que ce soit le rôle de l’école de pousser l’achat d’une technologie, à moins que celle-ci ne soit expressément requise pour des motifs pédagogiques, c’est à dire qu’aucune autre méthode pédagogique ne permettre d’atteindre les objectifs d’apprentissage. Je ne cois pas que l’école doive devenir le concessionnaire d’une entreprise quelle qu’elle soit.

    Ceci dit, que les étudiants utilisent cette technologie sur une base volontaire je veux bien, mais qu’on les force à le faire me porte à me questionner sur les motifs réels d’une telle initiative.

  4. L' »obligation » visait à se débarasser des lignes téléphoniques fixes, et l’on peut aussi raisonnablement penser que, de même que les mutuelles d’entreprise obligent, par exemple, tous les salariés à y souscrire (et ce même s’ils ont déjà une autre mutuelle), le prestataire ait conditionné son offre au fait qu’elle soit obligatoire pour tous les étudiants.

    On peut aussi penser que, tout comme cela se passe bien souvent pour ce qui est de l’introduction de la biométrie dans les cantines scolaires, l’objectif de l’école soit de passer pour un établissement « high tech » et de pouvoir briller en société, et ce, même si l’utilisation faite de ces technologies n’est que très peu, finalement, au service des étudiants.

  5. Personnellement et étant dans la création d’une nouvelle plateforme de téléchargement de cours 3D sur toutes types de mobiles, que le téléphone est un outil pour l’étudiant pour s’améliorer, réviser. Il sait utiliser les nouvelles technologies donc pourquoi pas utiliser son téléphone seulement pour faires ses appels?

    J’en profite aussi pour faire part de mon site qui peut résumer l’avenir du téléphone mais aussi ce sujet:

    C’est un nouveau site qui est trés interessant pour le monde du mobile learning (iPod, iphone, pda, télèphone,…)

    Le mobile learning est une nouvelle méthode de diffusion des cours vidéos et audio sur la 3D vers des plateformes mobiles comme le ipod, iphone, psp, portable, telephone mobile.
    Cette méthode de mobile learning ou de e-learning permet à des apprenants de pouvoir suivre leurs cours partout et quand ils veulent.

    Le mobile learning ou e-learning sur plateforme mobile permet d’avoir une grande souplesse dans les phases d’apprentissage d’un secteur aussi complexe que la 3D et les effets spéciaux cinéma. e-tribart s’est investi dans ce type de plateforme de diffusion afin de pouvoir intéresser un grand nombre d’apprenants de plus en plus mobiles à la formation 3d.

    Pour plus d’information allez visiter son site http://www.mobile-learning-3D.com .

  6. Bonjour, je viens vous informer d’une nouvelle plateforme de téléchargement de cours 3D gratuit trés interessant pour le monde du mobile learning (iPod, iphone, pda, télèphone,…)

    Le mobile learning est une nouvelle méthode de diffusion des cours vidéos et audio sur la 3D vers des plateformes mobiles comme le ipod, iphone, psp, portable, telephone mobile.
    Cette méthode de mobile learning ou de e-learning permet à des apprenants de pouvoir suivre leurs cours partout et quand ils veulent.

    Le mobile learning ou e-learning sur plateforme mobile permet d’avoir une grande souplesse dans les phases d’apprentissage d’un secteur aussi complexe que la 3D et les effets spéciaux cinéma. e-tribart s’est investi dans ce type de plateforme de diffusion afin de pouvoir intéresser un grand nombre d’apprenants de plus en plus mobiles à la formation 3d.

    Pour plus d’information allez visiter son site http://www.mobile-learning-3D.com .

  7. Un ado sur deux utilise son portable en cours

    Un enquête publiée ce mardi décortique les usages du portables chez les 12-17 ans.

  8. Cet article pointe du doigt les carences concernant la préparation des instits, des professeurs au métier qui les attend. Pourquoi les seuls critères retenus pour rentrer à l’IUFM ne repose que sur un concours surrané ? J’observe autour de moi de nombreuses personnes qui ont fait de longues études (Bac +5), ingénieurs par exemple, et qui, attirés par les vacances par exemple, décident de devenir instits.. Bonjour la vocation !

  9. L’efficacité des formations IUFM est en baisse depuis le début parce que la part des candidats libres augmente. C’est aussi simple que cela et n’a strictement rien à voir avec la qualité de l’enseignement reçu que ce soit dans le cadre de l’IUFM ou de l’université. Mais les IUFM sont les seuls responsables de cet état de choses parce qu’ils présélectionnent les candidats, que cette présélection n’a fait qu’augmenter au fil des ans (surtout pour le professorat des écoles) et que, par suite, les non-sélectionnés vont grossir le flot croissant des candidats libres (en fait préparés dans des boites privées s’ils veulent avoir une chance de réussir).