Pourquoi voulons-nous garder des possibilités ouvertes ?

Dan Ariely, professeur d’économie comportementale au MIT a récemment lancé un petit jeu sur l’internet qui consistait à essayer de récolter le plus de points possible en jouant avec des portes contenant des points. Dans l’une des version du jeu, si vous ne cliquiez pas suffisamment sur l’une des portes, celle-ci rétrécissait et finissait par disparaître. Dans l’autre, toutes les portes demeuraient accessibles tout le long du jeu.

Le jeu des portes, dont lL’étude (.pdf), baptisée « Garder les portes ouvertes, l’effet de la non-disponibilité sur les incitations à garder des options viables », a montré que dans le premier cas, les utilisateurs préféraient perdre des points et se garder la troisième porte accessible, plutôt que de la laisser disparaître, explique John Tierney du New York Times. Pour le professeur Ariely, auteur du livre Predictably Irrational (L’irrationnel prévisible : Les forces cachées qui forment nos décisions), ce petit jeu illustre notre propension à vouloir garder ouvertes le plus longtemps possible toutes les options dont nous disposons. « Les décideurs surestiment l’utilité de disposer d’un plus grand nombre d’options et ont tendance à surinvestir pour éviter que certaines d’entre elles ne disparaissent », explique Dan Ariely. Or, « dans un monde où maintenir les possibilités n’a pas de coût, une telle tendance serait sans conséquence. Cependant, nous croyons que dans les cas de figure quotidien, il y a un coût substantiel à garder des options ouvertes, qui conduit à des comportements erronés. »

Comme l’explique Ariely à l’International Herald Tribune, ce coût peut être difficile à estimer : surcharge, temps perdu, opportunités manquées, incapacité à décider, arbitrages implicites (si vous avez peur d’abandonner l’un de vos projet au bureau, vous le payez en passant moins de temps à la maison)… Pour Ariely, nous devrions mettre en place des mécanismes sociaux pour nous contraindre à faire des choix. Le mariage en est un : « Dans le mariage, on créé une situation où l’on se promet à soi-même de ne pas garder une option ouverte. On ferme la porte et on annonce aux autres que nous avons fermé la porte. » Reste à développer plus de mécanismes sociaux contraignants dans le cadre du travail, ou des relations sociales par exemple.

En tout cas, depuis qu’il a conduit cette expérience, Ariely a fait des efforts pour abandonner beaucoup des nombreux projets qu’il remettait sans cesse. Plus facile à dire qu’à faire.

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0 commentaires

  1. « L’irrationnel prévisible : Les forces cachées qui forment nos décisions »… »Pour Ariely, nous devrions mettre en place des mécanismes sociaux pour nous contraindre à faire des choix »… Quel bel exemple de désir de contrôle d’un réel qui nous échappe quoi qu’il en soit! L’exemple du mariage montre bien à quel point le raisonnement est idiot. Le fait de se marier ferme peut-être l’option du mariage, mais il ouvre celle du divorce, et le problème de l’indécision reste le même. Tout ce qu’on peut constater, à la lecture de cet article, c’est que l’abus d’expériences binaires, appliquées au désir de contrôle social, détruit complètement les neurones! 😉

  2. N’est-il pas finalement très sain, dans un monde imprévisible sur lequel la raison tente d’avoir prise par des jeux de représentations et de discours (logos), de garder le maximum d’options ?

    FInalement, ce jeu des portes me rassure sur la nature humaine 🙂

    Quand à Ariely, s’il se trouve dejà trop libre, souhaitons-lui bon courage dans l’application à lui-même de ses méthodes curatives.

    Hugobiwan

  3. Mouaif, je ne suis pas très convaincu par ce jeu des portes.

    En effet, après quelques clicks, on comprend qu’on « perd du temps » à changer de porte, et qu’on fera un meilleur score en choisissant une porte et en restant dessus pour l’intégralité de la durée du jeu.

    Alors, évidemment, comme la première phase du jeu (celle où les portes diminuent) est celle où l’on expérimente, c’est un peu facile de dire que c’est quand les portes ne diminuent pas (2nde phase du jeu) qu’on fait un meilleur score.

    SI les deux phases étaient inversées, à mon avis, l’auteur trouverait un résultat contraire à celui qu’il défend.

  4. Certainement Guyle. Le jeu est comme souvent un prétexte, et je suppose que le livre de Dan Ariely argumente sa thèse de nombreux autres exemples.