Rendre visible l’invisible

Suite à la consultation sur les RFiD de 2006, l’Union européenne conduit actuellement une consultation en ligne sur la confidentialité et les principes de sécurité des applications Rfid, en mettant en discussion les recommandations qu’elle s’apprête à formuler. Parmi celles-ci, la commission s’inquiète de l’invisibilité de la technologie : « Quand des applications Rfid sont implémentées dans les espaces publics, les opérateurs devraient informer les individus sur leur utilisation, par une signalisation claire, accessible à tous, qui explique la présence de lecteur Rfid. L’information devrait indiquer, le cas échéant, que les étiquettes et les lecteurs peuvent récupérer de l’information sans requérir une action de la part des individus. »

Une occasion pour Timo Arnal, designer à l’Ecole d’architecture et de design d’Oslo, de rappeler son travail de conception de logos sur la présence et les usages possibles des systèmes pervasifs (voire La RFiD à portée de tous). Comment rendre visible l’invisible ? Comment prévenir les gens qu’ils peuvent télécharger ou déposer ici quelque chose d’invisible ? Pour Timo, il faut créer une taxonomie des risques orientés utilisateurs. Pour cela, il a imaginé un langage graphique pour signaler les usages possibles des étiquettes intelligentes.

Au printemps 2007, avec des étudiants conduits par Ingeborg Marie Dehs Thomas, il a également imaginé toute une galerie de « monstres », sur le modèle des catalogues d’histoire naturelle, pour représenter les différents signaux radios. Ces « bulles de radio » (.pdf) avaient pour but d’explorer la perception des champs électromagnétiques et ont donné naissance à une courte « Encyclopédie des ondes radios », contenant des espèces d’ondes fictionnelles, représentant les différentes manières dont les ondes habitent l’espace, comme les technologies Bluetooth, GSM, RFiD, Wi-Fi ou Zigbee. Une autre façon de donner une existence concrète à l’invisible.

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Dès 2005, Timo Arnall avait imaginé, lors d’un atelier, « un langage graphique pour le toucher » (.pdf). Dans ce travail exploratoire, il avait conçu un ensemble de logos pour représenter les différentes possibilités d’interagir avec des données invisibles. Un travail complété en 2007 par un langage graphique dédié aux RFiD consacré là aussi, à décrire les possibilités d’interaction avec la technologie. Une façon d’interroger nos manières d’interagir : Comment visualiser la présence de RFiD ? Comment inviter les utilisateurs à toucher, à prendre, à ouvrir, à fermer, à s’identifier, à télécharger ?… Comment re-concevoir un distributeur de tickets ou un terminal de paiement à l’heure des transactions invisibles ? Comment optimiser la localisation, la forme, le placement des lecteurs RFiD ? Est-il utile de représenter les modes d’interactions possibles et les fonctionnalités proposées ? L’idée n’était pas seulement de signaler un risque éventuel, mais d’expliquer aux usagers, le contenu et la façon d’interagir.

Comme le signalait déjà Timo, cela pose plus de questions que cela n’en résout. « Est-ce que les gens peuvent comprendre rapidement le sens de ces icônes ? Y’a-t-il des différences entre toucher et s’approcher ? Est-ce que les gens peuvent comprendre la bonne action dans un univers où différentes fonctions sont possibles ?… »

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Plus fonctionnel, signalons l’étonnant Atlas de l’espace électromagnétique qui permet de voir le spectre d’onde des technologies superposé à une base de ressource de projets artistiques. Via Ecrans.

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  1. Juste pour rappel, Adam Greenfield, s’est aussi illustré en utilisant dans son livre des icônes « signifiantes » pour évoquer les espaces qui s’auto-décrivent, la disponibilité d’interfaces gestuelles, la présence d’objets qui se décrivent eux-mêmes, la collecte d’information ou son absence… Voir le rappel de ces signes en fin de cette interview.