Un peu plus de « vie privée » dans la R&D

A peine élu président du G29, le groupe qui réunit les autorités de protection de la vie privée européennes, Alex Türk s’est vu exposer des projets qui lui ont fait « froid dans le dos ».

Le premier consiste à équiper les avions de systèmes de vidéosurveillance et de détection des comportements afin de repérer les passagers « à risque ». Le second, OpTag, couple vidéosurveillance et RFiD afin de « repérer les 5 % de flâneurs qui retardent le départ des avions en traînant dans l’aérogare« .

OpTag« Nous étions tous perplexes, voire interloqués et sidérés que l’on puisse mettre 20 millions d’euros sur un tel projet ». Alex Türk, qui n’avait pas souligné que cette enveloppe est bien supérieure au budget de la CNIL (le G29, lui, n’en a tout simplement pas), avait « aussi et surtout » été choqué par « l’attitude débonnaire » du haut fonctionnaire de la direction de la recherche de l’Union Européenne qui était venu leur présenter le projet.

L’an passé, Sophie In’t Veld, eurodéputée, avait également dénoncé le fait que les instances européennes finançaient ce type de programmes « uniquement développés en vue de s’attaquer aux terroristes sans penser à la dégradation des libertés civiles ou de la vie privée ».

La Commission européenne a consacré plusieurs articles et même un reportage vidéo à OpTag, mais ses différents sites web ne sont plus en ligne.

Au moins 10 % de la Recherche développement technologique européenne serait concernée

Le contrôleur européen à la protection des données personnelles (EDPS) vient quant à lui d’annoncer (.pdf) qu’il allait désormais s’impliquer dans la politique de définitions des priorités et de financement de la R&D européenne.

L’objectif est d’encourager le principe de « privacy by design », ou prise en compte des impératifs de protection de la vie privée aux tout premiers stades de la conception d’un projet. Dans son rapport annuel, la CNIL vient, elle aussi, d’annoncer que l’une de ses « priorités d’action » était « l’anticipation des évolutions technologiques afin qu’elles tiennent compte, dès leur conception, des problématiques informatique et libertés », et qu’elle allait pour cela développer des « relations bilatérales avec les acteurs industriels majeurs et (…) les projets de recherche nationaux ou européens ».

Budget FP7Sont ainsi évoqués les projets eTen EuroPrise (Sceau européen de la protection de la vie privée), FC² (Fédération de cercles de confiance & usages sécurisés de l’identité numériquee) et RISEPTIS (« Research and Innovation for SEcurity, Privacy and Trustworthiness in the Information Society », Recherche et innovation pour la sécurité, la vie privée et la confiance dans la société de l’information).

S’il est très difficile d’estimer le budget consacré aux technologies ayant un impact sur la vie privée, on peut cela dit noter que sur les 2,21 milliards (.pdf) d’euros dévolus, en 2007-2008, à la RDT (Recherche et développement technologique) en matière de nouvelles technologies, plus de 200 millions sont consacrés aux projets de recherche touchant aux domaines liés la sécurité et aux données personnelles de santé. Et sur les 50 milliards d’euros qui seront dépensés, d’ici 2013, en R&D, 1,4 le seront au titre du programme sécurité.

À lire aussi sur internetactu.net

0 commentaires

  1. Hubert me fait remarqué un billet publié par l’Atelier au sujet d’un système, SPOPOS, qui permet de repérer les retardataires dans les aéroports au moyen de leurs portables, la géolocalisation étant assurée par RFID et Bluetooth : http://www.atelier.fr/usages/10/19052008/aeroports-rfid-bluetooth-copenhague-retard-embarquement-danemark-36563-.html

    Mais non, il ne s’agit pas semble-t-il du même système qu’OpTag, et apparemment il n’a été financé « que » par le gouvernement danois : http://www.spopos.dk/index.php?id=1469

    Sinon, il n’est pas exclu que le seul mot de « vidéosurveillance » fasse plus peur que le couple RFiD+Blutooth, alors que…: https://www.internetactu.net/2008/05/22/le-bluetooth-moins-respectueux-de-la-vie-privee-que-la-rfid/

  2. Et si le but n’était même pas de lutter contre le terrorisme au détriment de nos libertés, mais tout bonnement d’assurer de juteuses plus-values à tous les actionnaires qui investissent comme des petits fous dans ces technologies d’avenir (mais de quel avenir?).