Les drogues rajeunissantes arrivent !

Il y a eu la mélatonine, puis le DHEA. Un moment, on pensait que la télomérase pourrait constituer un obstacle au vieillissement. Demain, ce sera peut-être le resveratrol qui apparaitra comme le candidat le plus sérieux dans la lutte contre l’âge. Pour David Sinclair, qui découvrit cette molécule il y a cinq ans et qui s’est exprimé à son sujet lors du dernier World Science Festival tenu à New York au début du mois de juin, l’arrivée de drogues rajeunissantes « n’est pas une question de si, mais de quand ». Ces produits vont avoir dans les prochaines années « le même impact que les antibiotiques au vingtième siècle, et ils sont tout près d’arriver. »

On ne sait pas trop ce qui crée le vieillissement. Certains scientifiques pensent qu’il est directement programmé dans nos cellules. Mais la plupart voient en lui la conséquence d’une multitude d’accidents cellulaires, de « bugs » affectant notre corps. Ainsi, la dégénérescence des mitochondries, ces petits organismes qu’on trouve à l’intérieur de nos cellules et qui fournissent de l’énergie à l’ensemble du corps, pourraient être une des causes majeures de nos problèmes. Ce sont les mitochondries qui produisent lors de leur travail ces radicaux libres qui sont peut être responsables de nombreux aspects du vieillissement, sans compter qu’avec le temps, les mitochondries tendent à se dégrader.

L’une des techniques utilisées pour contrer les ravages de l’âge est la restriction calorique. Il s’agit d’une espèce de super-régime alimentaire consistant à réduire considérablement l’apport calorique tout en maintenant la quantité nécessaire d’éléments nutritionnels (vitamines, minéraux, etc.). On a constaté les effets positifs sur la plupart des espèces animales (on n’a pas encore assez de recul sur l’homme, mais il n’y a pas de raison que sa situation soit exceptionnelle). Bien sûr, la restriction calorique protège le corps de manière « classique », en évitant les graisses et les sucres qui peuvent provoquer les accidents cardiaques, le diabète ou le cancer. Mais il semblerait qu’elle soit capable d’aller encore plus loin. Elle minimiserait les détériorations cellulaires et la dégradation des mitochondries. Mais la restriction calorique est une discipline difficile, et même handicapante. Le resveratrol, lui, possèderait les avantages de la restriction calorique sans en avoir les inconvénients. Évidemment, on n’est pas encore certain de l’efficacité de cette molécule, ni si elle possède des effets secondaires. Le produit est actuellement dans la deuxième phase de tests. Ce qui n’empêche pas naturellement certains aventuriers de la chimie interne d’expérimenter déjà sur eux ses bienfaits, et peut être un jour ses éventuels méfaits…

Pour beaucoup de ces adeptes de la longévité, l’espoir est d’utiliser les technologies aujourd’hui disponibles pour atteindre ce que Ray Kurzweil appelle le « deuxième pont » : le moment où de véritables moyens d’abolir le vieillissement seront mis au point. Cette tendance à l’automédication, qui va sans doute se répandre dans les années qui viennent, apparait comme un prolongement de l’esprit « hacker » et se retrouve chez bon nombre d’informaticiens lorsqu’il s’agit de leur santé. Ainsi que l’exprime l’un d’entre eux : « Les ingénieurs considèrent que quiconque comprend un système a les moyens de le changer. Un vrai ingénieur refuse d’accepter les bugs dans un code, que ce soit dans le sien, dans ses outils, son système d’exploitation ou son propre corps ».

L’une des craintes majeures quant à l’extension de la vie serait la création d’une « fracture biologique » entre ceux qui ont les moyens de vivre vieux et ceux qui sont condamnés à conserver une durée de vie plus réduite. Pour David Sinclair, cette inquiétude peut être balayée, du moins en ce qui concerne « son » produit. « Il sera vendu comme un traitement contre le diabète, explique-t-il. Il faudra donc le vendre à 3 ou 4 dollars la pilule, pour rester compétitif. Et lorsqu’il tombera dans le domaine public, les laboratoires pourront le produire pour quelques centimes… Ce sera comme de l’aspirine. » Espérons que les autres « cures de rajeunissement » qui succèderont sans doute au resveratrol se révèleront d’un prix aussi modique…

Via Wired blogs.

À lire aussi sur internetactu.net

0 commentaires

  1. A noter que le resveratrol se trouve dans le vin rouge. Cependant, jusqu’ici, on pensait que la concentration de ce produit dans le vin était bien trop basse pour expliquer le « paradoxe français »( le fait que notre pays apparaisse comme relativement épargné par les accidents cardiaques alors que notre régime alimentaire est loin d’être des plus diététiques). C’est pourquoi je n’en parlais pas dans l’article.
    Eh bien à peine cet article est publié que les choses changent; le resveratrol agirait à des doses bien plus basses que prévu, et oui, il pourrait avoir une véritable action sur l’organisme via le vin rouge:
    http://www.eurekalert.org/pub_releases/2008-06/uow-air060208.php
    A consommer avec modération tout de même!