Comprendre les non-usages

Le laboratoire Marsouin vient de publier une intéressante étude sur les non-usagers de l’internet. L’étude revient d’abord sur les nombreuses typologies existantes pour caractériser les non-internautes comme celle de l’Agence wallonne des télécommunications ou celle sur les non-internautes aquitains (.pdf). Si les caractéristiques (sociodémographiques et économiques notamment) de ces profils commencent à être balisées, Annabelle Boutet et Jocelyne Trémenbert rappellent toutes les limites de l’exercice en soulignant que pour comprendre le profil des non-utilisateurs, il faut avant tout inverser les chiffres que nous connaissons : ainsi, 7 % des 12-17 ans, 91 % des 70 ans et plus, 4 personnes sur 5 non diplômées… ne sont pas des usagers de l’internet.

Leur étude s’est accomplie sous la forme d’une enquête participative dans la zone urbaine sensible de Kérourien à Brest, pour mieux impliquer quelque 125 non-usagers. Elle souligne, à la suite d’autres, l’importance de l’entourage dans la diffusion et l’appropriation des usages : « on franchit le pas vers la technique ou vers l’espace public accompagné d’un proche ». Chez les non-usagers, l’absence d’usages de l’internet dans l’entourage est décisive. Pour autant, le rôle des parents proches dans l’adoption des usages reste à questionner, soulignent les chercheurs, car il nécessite de mieux comprendre les rôles de chacun au sein du foyer : les proches peuvent jouer un rôle de prescripteur (en aidant leurs parents à utiliser les outils du web), mais aussi de censeur (en les excluant par des comportements ou des pratiques discriminantes), voire un rôle de « proxy », c’est-à-dire de médiateurs d’usages, dont il est difficile de déterminer la valeur (comme l’adolescente qui envoie des mails pour sa mère ou qui établit pour elle les connexions téléphoniques via webcam et messagerie instantanée).

En tout cas, les non-usagers n’évoluent pas nécessairement dans un environnement dénué de technologies : 59 % des répondants disposent d’un ordinateur dans le foyer et 49 % d’une connexion internet. Les auteurs insistent beaucoup sur les limites de la définition du non-usager (usagers par intermédiaire, abandonnistes, réfractaires…) qui cachent une large gamme de degrés de non-utilisation différents (régularité, durée, niveau de connaissance, autonomie…).

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  1. Marsouin vient de compléter sa première étude d’une seconde (.pdf) qui propose un état de l’art sur les recherches qui traitent du non-usage ainsi que les résultats d’une enquête brestoise sur le sujet. Les deux principaux freins à l’usage demeurent le coût et la maintenance des systèmes.