Repenser l’internet des objets (2/3) : Révolution ou déception ?

Tous les « récits » construits à partir des objets et des espaces communicants – machine to machine, intelligence ambiante, société ubiquitaire, société du contrôle – décrivent des scénarios d’applications et de services relativement spécifiques, des mises en réseau limitées et concentrées autour d’un système d’information central. Peut-on vraiment décrire cela comme un « internet » ? Et par ailleurs, de quels « objets » parle-t-on ? Bref, parler d' »internet des objets » ne relève-t-il pas, aujourd’hui, d’un abus de langage ?, nous explique Daniel Kaplan, délégué général de la Fondation internet nouvelle génération.

Seconde partie d’une série de trois articles sur la perspective de « l’internet des objets » [lire la 1e partie et la 3e]. Un thème qui sera au cœur de la conférence Lift, qui se tiendra à Marseille les 18, 19 et 20 juin prochain.

Un internet ?

Deux caractéristiques font aujourd’hui défaut à l’informatique « ubiquitaire » pour lui permettre de se nommer internet : l’interconnexion généralisée et agnostique, et la volonté transformatrice.

Une interconnexion finalisée et en silos
La force de l’internet réside dans la simplicité, le caractère même sommaire de ce qui le constitue : un système d’adressage (IP), des protocoles de communication de base (TCP par exemple) et une architecture générale qui n’établit pas (en principe du moins) de hiérarchie entre les appareils connectés. On entre dans l’internet parce qu’on sait parler avec le reste de l’internet, rien de plus. L’internet vise à tout connecter, il ne fixe pas de limite, il ne dit pas pourquoi cette connexion a lieu.

Cette simplicité est à l’origine de l’invraisemblable succès de l’internet, qui a su, en 20 ans, accueillir 15 000 fois plus d’utilisateurs, supporter des usages de plus en plus divers et exigeants, sans jamais s’effondrer, sans non plus fondamentalement changer. Certes, le système craque un peu, il rencontre des problèmes et en pose d’autres, mais visiblement ses bénéfices dépassent encore ses inconvénients. Nous avons accepté des arbitrages tout à fait inattendus en adoptant aussi massivement l’internet, alors que des alternatives existaient et continuent régulièrement d’être proposées : une qualité relative et jamais garantie, ainsi qu’un certain degré d’insécurité, en échange de la possibilité de connecter tout avec tout, tout le monde avec tout le monde, et d’inventer sans cesse de nouveaux services et de nouveaux usages.

Rien de tel aujourd’hui dans le monde des objets et des espaces communicants. Les identifiants des puces Rfid ont seulement vocation à être lus. Ils ne transforment pas des objets en acteurs des réseaux – du moins pas pour l’instant. Les capteurs et actionneurs se connectent aux réseaux de ceux qui les ont installés, ils envoient leurs données où on leur dit de le faire, ils prennent leurs instructions d’une source prévue à l’avance et en général, unique. Les objets et les espaces se mettent bien en réseau, mais d’une manière sélective et le plus souvent hiérarchique, à l’intérieur de silos.

Nous verrons peut-être, au terme des discussions diplomatiques et des négociations économiques en cours, émerger un système commun et non ambigu de « nommage », d’identification des objets, tel qu’EPC Global. Mais ce système attribuera une identité à des objets selon des règles propres aux industries qui les produisent, les exploitent, les distribuent. Il ne fera nullement des objets des nœuds de réseau, tout au plus des terminaisons.

Une combinatoire bridée
Un système de connexion d'objets (Apprion)Ainsi, on ne peut en général pas accéder aux capteurs et actionneurs pour leur faire faire autre chose que ce qu’ont prévu leurs installateurs ; on n’accède pas plus aux données qu’ils produisent : les images des caméras vont au PC de surveillance, les mesures de trafic à celui de la circulation, et personne d’autre n’en fera jamais rien. Les objets connectés ne répondent qu’à la voix de leur maître. A brève échéance, on saura probablement les identifier d’une manière à peu près universelle, mais guère plus.

Ce qui a deux conséquences liées : d’une part, la plupart des puces installées dans des objets ou des espaces doivent se rentabiliser sur un seul usage, pour un seul acteur – celui qui les a installées. Comme, jadis, les ordinateurs spécialisés, mono-tâches et mono-utilisateurs. Et d’autre part, l’imagination innovante trouve peu à s’appliquer, puisque l’accès à l’infrastructure de facto que constituent toutes ces puces demeure sous contrôle, que la combinatoire de ces puces, objets, espaces, utilisateurs demeure bridée.

Rien à voir, donc, avec l’internet. Ni techniquement, ni socialement, ni économiquement : un marché aussi contraint se condamne à rester petit. Et par construction, il vise à renforcer les circuits, acteurs et modèles existants, pas à les changer.

L’absence de vision transformatrice
Or l’internet se caractérise depuis son origine par les visions transformatrices qu’il porte, ou qui le portent – visions auxquelles on peut adhérer ou non, mais qui font partie intégrante de son extraordinaire dynamique : connecter le monde entier, changer notre rapport à la connaissance et à l’autorité, rendre les pouvoirs et les circuits transparents, annuler les distances géographiques et sociales, supprimer les frictions économiques, partager l’information et le savoir, transformer pour toujours certains secteurs économiques… Certaines de ces espérances font sourire, leurs expressions extrêmes (la Déclaration d’indépendance du cyberespace, la Société transparente…) peuvent même faire frémir. Mais on doit constater que cette ambition a permis à l’internet de devenir l’une des infrastructures critiques du monde contemporain, transformant au passage et pour toujours certains domaines et secteurs : la communication entre les gens, les industries culturelles et touristiques, la recherche et l’innovation, les organisations militantes et les réseaux dissidents, les médias… on en oublie.

L' »internet des objets » paraît bien sage par comparaison. Par-delà certains discours un peu convenus, dans le concret, on n’y entend que service, confort, optimisation, santé, fiabilité, durabilité. Et bien sûr, qualité et sécurité : identifier les objets sert d’abord à tracer – et tracer, à assurer la qualité et la sécurité. Nous ne nous interrogerons pas ici pour savoir qui il s’agit d’abord de protéger, d’autres le font par ailleurs. Mais nous soulignerons à nouveau combien cette ambition va à rebours de l’internet tel que nous le connaissons.

Il ne s’agit pas de constituer l’internet d’aujourd’hui en dogme. Rien n’interdit de faire autre chose. Les applications actuelles des objets communicants répondent sans aucun doute à des besoins et à des priorités d’entreprises : fluidifier les flux logistiques, tracer l’origine de produits, sécuriser des accès, offrir de nouveaux services… Mais alors, pourquoi vouloir nommer cela « internet » ? Version positive : par le pressentiment qu’il y a plus et mieux à faire, les usages actuels servant d’éclaireurs. Version inquiétante : pour préempter le mot sans en convier le sens, celui de la connexion universelle et agnostique et de l’ambition transformatrice, appliquée cette fois au cœur des modèles de production et de distribution du monde physique…

En tout cas, la forme actuelle que prend la mise en réseau des objets et des espaces ne produira pas beaucoup de points de croissance, pas plus de grandes innovations, et ne contribuera que marginalement à résoudre les problèmes économiques, sociaux et environnementaux auxquels, si l’on en croit l’UIT, elle ambitionne de s’attaquer. Elle fera en revanche nettement progresser la « société de contrôle« .

Quels objets ?

En esquivant la question de l’internet, on esquive aussi, de fait, celle des objets et de leur éventuelle transformation.

Rareté et abondance
Les objets physiques n’obéissent évidemment pas aux mêmes règles que les objets purement numériques. Chaque objet produit, même en grande série, a un coût. Il faut le fabriquer, en amortir les frais de conception, le transporter, le vendre, éventuellement l’installer et l’entretenir, le recycler. Quand j’acquiers un objet, j’en réduis le stock – on parle de « rivalité » –, alors qu’un fichier se duplique sans limite ni coût.

Un objet physique occupe une place dans un espace limité. Il s’offre aux sens, à un plus grand nombre de sens que les objets numériques d’aujourd’hui, et ceci, d’une part, de manière intrusive (s’il est présent, on a des chances de le percevoir même sans le vouloir) et collective (nous le percevrons ensemble). Ces caractéristiques-là ne diffèrent de celles des objets numériques (qui occupent de l’espace disque et de la bande passante, qui peuvent s’imposer à l’attention et entrent en compétition pour capter cette attention limitée) que d’une manière relative, mais tout de même nette.

Pour simplifier, l’abondance caractérise la gestion des objets dans le monde numérique, la rareté celle des objets physiques.

Enfin, la mauvaise conception ou le dysfonctionnement des objets physiques font courir des risques objectivement plus grands (et en tout cas moins acceptés, peut-être parce que plus aisés à identifier) que celle des systèmes numériques : si les virus informatiques n’ont pas encore tué grand monde, il en irait autrement s’ils infectaient des automobiles, des pacemakers ou la régulation du trafic urbain.

Objets serviciels et réticulaires
Aujourd’hui tous les objets, ou presque, ont de fait une existence numérique. Ils naissent dans un logiciel 3D, évoluent dans des systèmes de gestion, reçoivent différentes étiquettes qui les suivront jusqu’à la fin, assemblent des composants eux-mêmes tracés.

Un objet étiqueté et donc, connectable - photo Nicholas O'LearySuivis en continu jusqu’à la sortie des caisses d’un magasin, ils se mettent aussi à communiquer par la suite. Les objets techniques complexes échangent avec ceux qui les entretiennent et les réparent, jusqu’aux imprimantes d’entreprises ou désormais aux machines à laver, qui se transforment en services d’impression-reprographie ou de nettoyage, gérés à distance par une entreprise qui remplace les consommables et prévient les pannes. D’autres objets se transforment en supports de services, comme le fameux (mais encore théorique, 10 ans après les premiers prototypes) frigo communicant, ou les chaussures Nike qui communiquent les performances du coureur à un iPod et, par son intermédiaire, à une sorte de réseau social de coureurs aisés. Des objets plus simples, tels qu’un vêtement ou une bouteille de vin, se scannent en magasin pour en consulter des commentaires de consommateurs, ou à domicile pour des conseils d’assortiment.

Le monde physique se charge de « métadonnées », de données qui étiquettent et décrivent l’espace et les objets qui le parsèment : données pérennes d’identification, de composition, de commercialisation ou de consignes d’usage, données immédiates (mais durablement conservées) de localisation et d’utilisation. Un nombre croissant d’objets se dote d’interfaces de paramétrage et de dialogue, écrans et/ou boutons. Des appareils, en premier lieu les téléphones mobiles, les cartes multiservices, les caméras de surveillance et toutes sortes de points de passage électroniques, se proposent de les mettre en relation et si nécessaire, d’opérer la médiation qui permettra de passer d’un silo (par exemple un système de transport) à un autre (par exemple un magasin).

Les robots modifiés de Nathalie JeremijenkoTout cela pourrait engager la fabrication et l’utilisation des objets dans des directions profondément nouvelles, et le fait parfois. Les interfaces, les services associés, la combinaison de différents objets et services, la programmabilité, permettent d’envisager autrement la tension entre la singularité de chaque objet, adapté à chacun de ses utilisateurs, et les contraintes de la production en série. Ils permettent également d’imaginer que des objets individuels simples d’utilisation s’agencent de manière inattendue, en des dispositifs complexes, adaptés à une multiplicité de situations et de contextes.

Depuis que l’on produit en série, on sait que, s’il a une quelconque valeur, l’objet de série cesse de ressembler à tous les autres au moment de son acquisition, par ce que son propriétaire projette en lui. Désormais, cette projection peut se concrétiser sur un objet conçu comme inachevé, habitable, reprogrammable – sans cesser d’appartenir au monde industriel.

Un chemin à peine ouvert
Mais nous avons à peine commencé d’explorer ce nouveau monde. Nous restons encore loin de ce que Bernard Stiegler décrit comme une « hypermatière », constituée d’hyperobjets et constituant « une société de l’indexation généralisée fondée sur l’attribution, la production, la recherche et le contrôle de métadonnées installant un système relationnel sans délais ni distances ».

Ou plutôt, nous concrétisons ses menaces plus rapidement que ses opportunités. Parce que la technique n’est pas tout à fait prête, mais surtout, parce qu’il manque une vision, une volonté d’ouvrir le champ des possibles… et plus encore, celui des intervenants dans la construction de ce qui pourrait devenir, un jour, un vrai internet des objets.

Daniel Kaplan

Pourtant ces nouveaux intervenants émergent, et avec eux un tout autre « internet des objets ». Ils font l’objet la 3e et dernière partie.

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Le dossier « Repenser l’internet des objets » :

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0 commentaires

  1. A la lecture de ce second volet, je m’interroge encore sur certaines affirmations qu’il contient:
    – il existe une volonté de transformation de l’internet. cela me semble parfaitement discutable. On oublie souvent que la conception des protocoles ont une origine clairement militaire et que jamais, mais vraiment jamais il n’a été question dans la conception de cette infrastructure de faire du commerce électronique ou du téléchargement illégal ou tous les usages que l’on connaît aujourd’hui. D’où pas mal de problèmes actuels (sécurité des transactions, authentification des utilisateurs, etc…) dans le commerce électronique. A contrario l’EDI a été pensé pour les échanges électroniques marchands et ne connait pas ce genre de problème. Les utilisateurs ont transformé l’internet mais l’internet est-il une entité qui a une volonté de transformation? J’en doute fortement tant elle est éclatée et distribuée pour pouvoir être ainsi réifée.
    – sur les puces RFID. Il est un peu cavalier d’écrire que « Les identifiants des puces Rfid ont seulement vocation à être lus ». il existe de nombreuses puces qui ont des capacités de lecture ET d’écriture (http://www.rfidjournal.com/faq/18), ce qui les distingue fondamentalement des codes barres qui par nature ne contiennent qu’une information statique non modifiable.
    Par conséquent, je trouve que les affirmations sont à nuancer en tenant compte de ces deux éléments.

  2. @ Henri : l’internet soi-même n’est pas une personne, ni une institution, et donc ne porte aucune volonté particulière, vous avez raison. Mais son développement a toujours été porté par des visions transformatrices voire (au moins de manière auto-proclamée) « révolutionnaires ». Et ça fait toute la différence.

    Quand on lit des histoires de l’internet, on réalise par ailleurs que dire que l’internet a une « origine militaire » est en fait inexact. Le concept d’un réseau sans centre vient d’une réflexion d’ordre stratégique, oui ; et c’est en faisant référence à ces réflexions de la Rand Corporation que les universitaires ont soumis un projet à l’agence des projets avancés de la défense, la fameuse Darpa. Mais Manuel Castells (dans « La Galaxie Internet ») décrit très bien ce qu’était alors la Darpa : un dispositif qui finançait un peu n’importe quoi du moment que c’était novateur et stimulant et qui, ensuite, foutait la paix aux chercheurs. Les militaires ont ensuite beaucoup, beaucoup tardé à adopter les standards de l’internet. L’internet a très rapidement été porté par une bande d’informaticiens assez idéalistes, pas nécessairement gauchistes (Vinton Cerf n’a jamais été gauchiste, en tout cas), mais qui pensaient profondément que la communication pouvait changer le monde. En « inventant » le web, Tim Berners-Lee a poursuivi dans la même veine. Des manifestes, proclamations, déclarations, articles emphatiques, projets fous, etc., accompagnement depuis l’origine l’histoire de l’internet. On a pu en sourire. Mais ils contribuent à l’incroyable puissance de l’idée internet, et à l’incroyable résilience du réseau. Je prétendrais même que l’existence d’un idéal (ou de plusieurs idéaux) derrière l’internet contribue à nous faire accepter les nombreux défauts du systèmes, que vous pointez à juste titre : parce qu’ils ont une contrepartie d’une valeur difficile à mesurer, mais considérable, qui est une forme de « licence d’innover ».

    En effet, il n’a jamais été question au départ de faire du commerce ou du téléchargement… pas plus que la guerre… il a été question de quelque chose de beaucoup plus gonflé : faire un réseau capable d’accepter les usages les plus imprévus. Y compris, d’ailleurs, les EDI (échanges de données informatisées entre entreprises), qui empruntent très largement les tuyaux de l’internet. Attention à ne pas confondre le réseau (par exemple l’internet) et ce qui circule dessus (par exemple des données EDI).

    Sur les puces Rfid : je n’ai pas écrit que « les puces Rfid ne peuvent qu’être lues », je n’ai parlé que des identifiants qu’elles contiennent. Et j’ai précisé que pour l’instant les usages des Rfid étaient purement fonctionnels et industriels, qu’ils ne transforment en rien la fonction des objets, pas plus que leurs relations entre eux et avec nous. Ce n’est nullement critiquable : il est tout à fait légitime de vouloir optimiser des processus industriels et logistiques. Mais il s’agit alors d’un simple prolongement de l’informatique d’entreprises, aux perspectives limitées. Quand on parle d’un « internet des objets », on doit faire référence à quelque chose de beaucoup plus ambitieux – ou alors ça ne mérite pas qu’on s’y attarde en dehors de la presse informatique.

    Tout le sens de cette série d’articles consiste à dire que le potentiel économique et social de « l’internet des objets » réside ailleurs que dans le ghetto utilitariste, fonctionnaliste, sécuritaire, dans lequel il est aujourd’hui cantonné.

  3. Je reste convaincu que l’origine des différents réseaux, leurs concepteurs et leur finalité les différencient fondamentalement et fait que les réseaux EDI (qui préexistent à Internet et s’appuient au départ sur des infrastructures exploitées par des RVA (Réseaux à Valeur Ajoutée, utilisant la plupart du temps des LS ou lignes spécialisées) ce qui n’empêche pas qu’aujourd’hui des flux EDI soient multiplexés dans des flux IP) et ePC ne peuvent être mis totalement sur le même plan que l’Internet.
    A l’origine de l’EDI il y a des industriels et distributeurs qui veulent échanger des messages pour commercer et faire des affaires (l’origine de ANSI X12 aux USA remonte à la fin des années 60 également).
    A l’origine d’ePC il y a la spin-off du MIT Auto-ID Inc. qui a notamment pour bailleurs de fonds Procter & Gamble et Gilette. Les prototypes développés à l’époque (2000-2001, je peux mettre en ligne les vidéos de l’époque) ont clairement des finalités économiques (marketing au point de vente, lutte contre la fraude et la démarque inconnue, réapprovisionnement des rayons). Autrement dit, le RFID selon ePC a d’abord une finalité économique. Il y a une intention lors de la création de ce protocole tout comme dans l’EDI, intention qui n’existe pas à mon sens en ce qui concerne l’Internet, ce qui en fait sa force (mais aussi sa faiblesse).
    Donc je trouve que l’argument développé sur le fait, que l’Internet des objets ne soient pas aussi puissant que l’Internet, ignore le fait que l’on a des réseaux et des protocoles qui diffèrent fondamentalement dès leur origine et explique donc pourquoi ils ne peuvent produire des innovations de nature identiques. Si l’Internet des objets est utilitaire et sécuritaire c’est que à son origine il a été en partie pensé comme tel. En tout état de cause le débat est intéressant. Je pensais à un point développé dans cette partie et à l’exemple de Lego et sa Lego Factory (qui s’appuie sur le logiciel gratuit Lego Digital Designer): on est bien en présence d’objets créés grâce à Internet, partagés sur celui-ci et au final commercialisés par ce réseau.

  4. « La perspective systémique qu’adopte cet ouvrage ouvre une perspective beaucoup plus vaste, la seule, selon moi, qui autorise l’utilisation du mot « internet » à côté d' »objets ». Cette perspective est celle d’une combinatoire presque infinie d’interconnexions, de combinaisons, de collaborations entre les « objets » (leurs propriétés, leur présence, leur logique interne…), les informations qu’ils produisent, captent et émettent, les systèmes qui les produisent ou les reconnaissent, et les humains qui, puisqu’il s’agit d’internet, font partie du même réseau. […]

    Il n’est donc pas trop tôt pour s’intéresser sérieusement à l’Internet des Objets, auquel cet ouvrage fournit une précieuse introduction. Souhaitons qu’il soit lu autant comme une contribution à la réflexion, que comme un appel à l’action ».

    Daniel Kaplan, in postface du livre : http://www.i-o-t.org/post/2011/06/21/Un-nouveau-livre-sur-l-Internet-des-Objets