FabLabs : refabriquer le monde

Que ce passerait-il si demain n’importe qui pouvait fabriquer presque n’importe quoi ? Ou, pour être un peu moins caricatural, si tout un chacun pouvait fabriquer presque tout ce qu’il voulait ? C’est ce que proposent dès à présent les FabLabs (abréviation de Fabrication laboratory, laboratoires de fabrication), ces ateliers permettant à tout un chacun de concevoir et construire tout et n’importe quoi. Quels que soient leurs noms (TechShops, HackerSpaces, FabLabs…) des centaines d’espaces de ce type ont récemment vus le jour de part le monde. Que s’y passe-t-il ? Comment y travaille-t-on ? Quelles nouvelles perspectives ces endroits permettent-ils ? Telle était la question que la conférence Lift à Marseille voulait poser à certains de ceux qui sont à l’origine de ces nouveaux espaces censé repenser l’avenir de la production.

RepRap : se réapproprier les outils de production

Adrian Bowyer, cet ingénieur et mathématicien britannique, inventeur de la RepRap, cette imprimante 3D libre capable d’imprimer des objets en volume, a commencé par citer Karl Marx. Pour Marx, le prolétaire désigne des travailleurs qui sont réduits à vendre leur force de travail pour vivre parce qu’ils ne possèdent pas d’outils de production. La solution pour libérer le prolétariat consistait à faire la révolution pour confisquer les moyens et les outils de production. On a su par la suite qu’il s’agissait d’une mauvaise idée, s’amuse Bowyer, mais Marx avait cependant raison sur le diagnostic estime-t-il : la pauvreté consiste à ne pas avoir accès aux moyens de production.

Adrian Bowyer
Image : Adrian Bowyer sur la scène de Lift France, photographié par Florent Kervokian.

Adrian Bowyer propose une autre solution au problème qui passe par une autre révolution, celle d’avoir accès plus facilement à des outils de production. C’est l’idée qui préside à la RepRap qu’il a conçu : une imprimante 3D capable d’imprimer une partie de ses propres pièces, à peu près la moitié – le reste des pièces pouvant facilement s’acheter dans la plupart des grandes villes. Le prix total d’une RepRap se monte à environ 350 euros.

La machine est capable de reproduire des objets en plastique, en déposant des couches de plastiques les unes sur les autres pour produire des objets pour l’instant d’un volume de presque 20 cm cube (vidéo). Elle est capable de s’autoréparer en produisant ses propres pièces de rechange (on parle de machine autoréplicante).

Bien sûr, les spécifications de la machine sont libres et gratuites, permettant à chacun de construire la sienne. Aujourd’hui, elle est utilisée dans de nombreux pays occidentaux, et commence à pénétrer des pays comme l’Afrique. Les utilisateurs peuvent partager et diffuser des plans d’objets conçus pour la RepRap via par exemple un site comme Thingiverse.

Après avoir présenté sa machine, Bowyer a tenté de montrer comment la RepRap s’insère dans un fonctionnement global en présentant les différentes contraintes que la machine doit relever. Pour lui, il y a différent types de contraintes : celle des règles, de la loi et de la coutume. Au-dessus d’elles, il y a la contrainte économique, puis celle de la biologie et celle de la physique, couche fondamentale de l’existence.

En ce qui concerne le premier niveau, celui des règles, du droit, du copyright et des brevets, Bowyer rappelle qu’il est permis d’imprimer n’importe quel type d’objet. S’il existe des contraintes, tout n’est pas interdit, au contraire. Par exemple, si on désire réparer un rétroviseur cassé et qu’on doit lui donner une forme “brevetée”, on n’enfreint pas la loi. On n’est pas non plus dans l’illégalité si on reproduit un objet breveté qu’on ne souhaite pas vendre.

Au niveau économique, la RepRap, avec son prix moyen de 350 euros, est bien moins chère que la moins onéreuse des imprimantes 3D (12 000 euros pour les premiers modèles). Elle est également écologique puisqu’elle ne consomme que 8 grammes de carbone pour produire un objet et en enferme 17 dans les objets imprimés.

Sur le plan biologique, la machine repose sur la notion d’autoreproduction propre au vivant.

Quant au plan de la physique, il n’est pas sûr que la centralisation et le grossissement soit un principe d’évolution unique pour les êtres vivants comme pour les objets. Si c’est aujourd’hui le cas par exemple des voitures, qui sont créées dans des usines de plus en plus imposantes, d’autres mouvements vont dans le sens inverse, favorisant plutôt la décentralisation et la réduction. La machine à laver personnelle a ainsi remplacé la blanchisserie centrale. C’est dans cette dernière logique que se situe la RepRap… avec l’espoir qu’un jour, les gens possèderont chez eux de plus en plus d’outils effectuant un travail longtemps réservé aux industries.

FabLabs : des fabriques de communautés

Quand il avait cinq ans, Ton Zijlstra (blog) était persuadé que ses grands-parents étaient des gens très riches : ils avaient leur propre jardin potager, ainsi qu’un atelier où son grand-père pouvait réparer tout ce qu’il voulait. Et pour le petit Ton, être capable de pouvoir faire les choses par soi-même représentait une richesse extraordinaire.

Ton Zijlstra
Image : Ton Zijlstra sur la scène du théâtre de la Criée à Marseille, photographié par Florent Kervokian.

Adulte, il s’est retrouvé à travailler en solitaire, isolé, alors même qu’il occupait un poste de directeur dans une entreprise. Et c’est grâce à son blog qu’il a pu se réaliser : “j’avais plein de connexions dans le monde entier, un feedback extraordinaire. Et c’est en combinant les deux, la résilience de mes grands-parents, et le réseau global” qu’il a commencé à s’interesser aux FabLabs, ces espaces imaginés il y a presque 10 ans par Neil Gershenfeld, directeur du Laboratoire Bits and atoms du MIT, comme il l’expliquait à TED 2007). Les FabLabs, explique-t-il dans sa présentation, sont ces endroits qui « contiennent des machines qui permettent de faire n’importe quoi y compris des machines », mouvement dans lequel il est très impliqué depuis, et qui, pour lui, repose sur ces deux fondements : la possibilité de pouvoir fabriquer, par soi-même, et celle de pouvoir en discuter, en insérant ces fabrications personelles dans une communauté.

“Il faut respecter les concepts d’accessibilité ouverte et d’utilisation pour tous, et donc que ce soit ouvert, qu’on puisse y entrer, y partager expériences et compétences. Il s’agit aussi d’y construire une communauté. »

Pour lui, un FabLab doit être “libre”, et être doté de machines (imprimantes 3D, découpeurs laser ou vynil, RepRaps, etc.) et des logiciels, pour concevoir, construire et fabriquer. Mais surtout, il ne faut pas qu’il n’y ait qu’un seul FabLab, mais plusieurs, d’abord et avant tout pour échanger. Le premier FabLab néerlandais a été créé en 2007 à Amsterdam. Depuis, quatre autres ont été lancés au Pays-Bas (Utrecht en 2008, La Haye en 2009, Groningen et Arnhem en 2010), et au Bénélux (à Louvain et Gent notamment), dont un FabLab mobile, et 11 autres projets devraient voir le jour dans les 18 mois à venir (7 autres projets seraient en cours d’élaboration en France dont le FabLabSquared, un prototype mobile).

Ces projets sont indépendants, mais connectés : des réunions réunissent régulièrement, non seulement leurs dirigeants, mais également leurs utilisateurs, des conférences annuelles leur permettent de rencontrer les autres FabLabs du monde entier (comme la 6e conférence internationale des FabLabs qui aura lieu en août à Amsterdam), mais ils partagent également certaines compétences et ressources humaines, à l’image de ce spécialiste pointu de l’impression en 3D, qui passe d’un FabLab à un autre et permet de mutualiser son expertise, et son coût.

A la question de savoir si ces FabLabs pourraient se retrouver en concurrence, Ton Zijlstra répond que « non, parce que chacun d’entre eux est unique en son genre, bien ancré dans sa communauté, dans sa ville, avec son propre écosystème, qu’ils répondent aux besoins locaux, et sont suffisamment différents pour ne pas se marcher sur les pieds. On a une infrastructure, qui donne un effet réseau, et chaque nouveau FabLab augmente la valeur des autres, parce que ça apporte une expertise nouvelle, parce qu’on peut dire que pour telle chose il vaut mieux s’adresser à tel ou tel FabLab. »

Concrètement, on y fait quoi ? Difficile de dresser de grandes lignes, et un FabYearBook revient chaque année sur les projets les plus marquants. Ton Zijlstra n’en cite pas moins un rideau fait en béton, des mobiliers de bureau, bijoux, lampes, jeux, stickers, T-shirts, robots… créés tant par des particuliers que sous forme de prototypes par des professionnels (notamment via un concours de conception permanent), mais également un projet de prothèses coûtant moins de 40$, à destination des pays émergents, ou encore le projet Big Bird destiné à aider les villages indiens à récupérer l’eau de la pluie…

Dans sa présentation des FabLabs, Ton Zijlstra montre une communauté organisée, en réseau, qui utilise tous les moyens de communication d’aujourd’hui (même un canal vidéo), s’appuyant notamment sur une université permanente où les projets se rencontrent les uns les autres, qui explore des modèles économiques de longue traîne en partie locaux et en partie via le réseau. Et qui a encore pour défi de continuer à consolider sa communauté, de réussir la construction d’un écosystème local.

FabLabs : La puissance du réseau

Haakon Karlsen Jr, est le créateur de la FabFoundation et du FabLab Norvégien installé au-dessus du cercle Artique.

Tout à commencé par l’installation d’antennes et de capteurs sur des moutons dont Haakon était propriétaire pour repérer leurs déplacements dans la montagne. C’est pour trouver une solution technique à ce besoin qu’il a développé le premier FabLab norvégien.

haakon fablab
Image : Haakon Karlsen Jr, l’organisateur de la FabFoundation, photographié par Florent Kervokian.

Le FabLab a été monté en octobre 2002 et a ouvert en juin 2003. Au début, il ne consistait qu’en une fraiseuse, une machine à découper et quelques ordinateurs installés dans une grande de ferme. En 2003, Neil Gershenfeld, directeur du Centre Bits et Atomes du MIT et créateur du modèle des FabLabs a envoyé une machine à découpe laser du MIT qui est devenu depuis la machine de base du FabLab. Il en a envoyé de nombreuses autres alors que le projet se transformait en un “village de l’invention” en 2005. Le FabLab norvégien, malgré sa situation géographique particulière accompagne quelques 120 projets par an et accueille chaque année quelque 6000 personnes et plus de 5 millions de visites sur son site web.

Le FabLab au début était un endroit de prototypage rapide permettant de reproduire tout et n’importe quoi. Mais désormais, c’est avant tout un réseau de personnes souhaitant coopérer et partager leurs connaissances. Les outils permettent d’atteindre cet objectif, comme le réseau de vidéoconférence qui les relie, explique Haakon Karlsen Jr avant de montrer un reportage de CNN présentant le FabLab du cercle arctique.

Il est devenu difficile de dénombrer le nombre de FabLabs existants dans le monde. Et il a fallu du temps à la fondation pour qu’elle organise et structure le réseau et les missions, entre les laboratoires (.org), les services commerciaux (.com) et éducatifs (.edu).

Le FabLab est un endroit pour répondre aux besoins des gens quels qu’ils soient explique Haakon Karlsen Jr. en se souvenant d’une femme venue leur commander un moule pour créer des chocolats, puis un autre… puis une boîte pour les emballer. Puis 100. Puis 1000 puis 10 000. Le FabLab a fini par lui en fabriquer 40 000 ! Jusqu’à devenir trop petit pour cela…

De nombreuses petites entreprises se lancent ainsi, petit à petit, en commençant une production unitaire. Le FabLab du Kenya produit des médicaments antipaludéens, et disposent d’une vingtaine d’employés. « Nous faisons à la fois de la recherche, de l’éducation et de la commercialisation… Mais c’est là encore une difficulté : on a des problèmes pour aider à la création de commerces et d’entreprises notamment. »

« Malgré ces succès, il nous reste du chemin à faire pour mieux esquisser le réseau des FabLab », estime celui qui en est le maître d’oeuvre. Et de nous inviter au BootCamp annuel qu’il organise au fin fond de la Norvège, pour partager et échanger techniques, projets mais aussi savoir-faire autour de la gestion et de l’organisation des FabLab. On y va ?

Hubert Guillaud, Jean-Marc Manach, Rémi Sussan

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  1. L’atelier FabLab qui s’est tenu le 5 juillet en préfiguration de la conférence Lift à Marseille avait la chance d’avoir parmi ses animateurs Adrian Bowyer, créateur de la Reprap, Haakon Karlsen Jr et Ton Zijlstra des Pays-Bas, qui allaient le jour suivant donner leurs propres conférences en plénière. Cela nous a permis d’avoir une partie de leur témoignage en avant première.

    Lors de l’atelier les questions ont beaucoup tourné autour du financement de telles institutions, et du coût pour l’utilisateur. On a pu ainsi apprendre qu’aux Pays-Bas que la plupart du temps le financement se faisait via des organisations locales et par l’argent public. L’accès est gratuit pour un utilisateur lambda (il paie bien sûr le matériel dont il a besoin), tant qu’il se contente d’un ou deux jours de présence par semaine.

    Mais parfois on a pu constater un certain flottement autour de la définition même de « FabLab ». De quoi s’agit-il au juste ? Au final, on a obtenu cette définition : un FabLab, c’est un atelier ou se trouvent au moins trois machines bien précises : une fraiseuse, une découpe à laser et une défonceuse à bois (même l’imprimante 3D ne semble pas faire partie des outils indispensables, donc). Ces outils doivent être pilotés par des logiciels standard, non propriétaires, comme Sketchup pour la 3D, ou même, a dit un des animateurs, avec Word (mais comment Word peut-il envoyer des instructions à une défonceuse à bois, cela reste pour moi un mystère ?).

    Pourtant, l’ambiguïté est restée présente dans les esprits. Force est de constater, que la frontière entre les FabLabs, les HackerSpaces et même l’open source logiciel reste très poreuse. L’un des participants a ainsi raconté comment deux jeunes qu’il connaissait à peine l’ont aidé à fabriquer les « briques » logicielles nécessaire à son étude sur les réseaux sociaux. Un membre du projet Homesense nous a expliqué comment les membres de son groupe travaillaient à permettre aux gens de fabriquer leurs propre « maison intelligente ». Mais d’après ce que j’ai pu en voir, Homesense repose au moins autant sur la « physical computing » et l’usage de produits comme Arduino que sur la fabrication d’objets proprement dite.

    Usinette.org, (qui avait aussi son représentant dans l’atelier) lui, réunit toutes les caractéristiques d’un FabLab, mais intègre en plus d’autres ressources propres aux « hackerspaces ».

    De cet atelier on retire un peu l’impression que le FabLab apparaît comme une fonction d’usinage au sein d’une écologie « open » plus vaste, incluant le logiciel et l’électronique open source (arduino, etc.), et ne se limite pas à un lieu unique, puisque pouvant se déporter chez les utilisateurs (à la manière d’Homesense) ou même devenir mobile.

  2. Hello Remi, (et H, et JmM),

    L’atelier precedent LIFT a donc explique que le fait d’equiper un atelier de trois machines le transforme en Fablab. Quelle difference alors avec une ecole de design ou d’art qui possede en general ce genres de machines ?

    D’ailleurs, le fait que des ecoles de design ajoutent le terme Fablab a leur site web suffit il selon vous a les transformer en fablab ? (je pense notamment a http://www.ensci.com/fablab/ qui ressemble plus a un blog genre ressusse de make magasine que d’un lieu ou l’on trouve des fichiers , des projets originaux, etc)

    Google Sketchup n’est peut etre pas le meilleur exemple de logiciel non-proprietaire, ni word d’ailleurs 🙂 Cela etant dit, on peut tout a fait utiliser word (ou openoffice) pour dessiner des formes qui peuvent ensuite etre transformees en toolpath (le trace qu’une machine de fabrication suit pour decouper, defoncer, fraiser, etc) via des procedes logiciels (floodfill pour le logiciel phare des fablabs Cad.Py ou simplement vectorisation d’une image dans Inkscape via Potrace http://wiki.inkscape.org/wiki/index.php/Potrace).

    Concernant Homesense, quel est le rapport avec les Fablabs ? C’est un projet industriel prive qui regroupe notmmane EDF R&D et tinker.it, la branche commerciale des createurs de la board Arduino. Ca m’etonnerait que leurs travaux, fichiers de travail et autres projets soient distribuables et ouverts, NDA blige. Pourquoi les citer dans ce commentaire ? L’idee des fablabs est peut-etre de pouvoir en fait se degager des contraintes industrielles, notamment celles du copyright et des problematiques de monetisation par le controle de la propriete intellectuelle (qu’on retrouve d’ailleurs dans les ecoles de design qui signent de plus en plus des clauses de confidentialite avec leurs eleves).

    Ne trouvez vous donc pas qu’il y a ici un risque de double discours: d’une part le fait d’annoncer par certains acteurs leur passion pour l’innovation « ouverte », le partage, l’echange de savoir, de fichiers, de machines et de l’autre cote leurs propres contraintes economiques, sociales comme la propriete intellectuelle, le branding, le marketing (qui sera le premier endroit en France a ouvrir un FabLba, la fameuse « prime » au premier entrant des start-ups).

    Concernant l’article en general, il me semble interessant de souligner trois points de votre recenssion de l’evenement FabLab organise par l’equipe de Lift Marseille (entre autre composee de collaborateurs d’InernetActu via la Fing).

    – Votre compte rendu reprend mot pour mot les concepts et idees des presentateurs (speakers comme on dit a Lift 🙂 sans jamais prendre de distance critique. Ok, Internetactu n’est pas le monde diplo, mais il serait interessant d’aller au dela des « elements de langage » et autres « memes » et « narratives » propres a la communication techno-mediatique moderne. Un exemple de narrative, de petite histoire inventee dans le but de convaincre est celle de l’enfant nostalgique brime en tant qu’adulte, ou celui du paysan technophile qui va transformer son champs de brebis en experience digne d’etre publiee a Ubicomp… Bref, des belles histoires comme a la tele, ou comme a Ted et consorts. L’image que vous avez choisi de Haakon reflete d’ailleurs tres bien le contexte de cet evenement, regrouper ces personnes qui (peut etre) fabriquent des choses dans les fablabs (Adrian Bowyer est hors liste puisque c’est un ingenieur hors pair, dont le lieu d’ailleurs n’est pas un FabLab, le premier FabLab brittanique (et fier de l’etre http://blog.makezine.com/archive/2010/03/uks_first_fab_lab_opens_in_manchest.html ) etant celui de Manchester), mais surtout des createurs de Powerpoint (les fameux Influencer, earl adopter comme ecrit dans le dos de Haakon) expliquant pourquoi ces nouveaux lieux vont fabriquer des « communautes » et des reseaux « puissants ». En quoi ce branding est il different de celui de l’informatique dans les annees 80, du net dans les annees 90, du web 2.0 (merci Tim O’Reilly) dans les annees 2000 ?

    – Comme vous l’avez tres bien montre, tous les presentateurs, orateurs, tweeters (oui, je sais on dit tweetos… 😉 n’ont eu de de cesse d’en appeler au libre, a l’open, au partage, aux communautes, etc. Ou sont donc les videos des ateliers precedent la conf, les compte-rendu qui permettent le dialogue (voire la controverse comme celui tres bref de Remi ci dessus), les presentations de tous les speakers (pas seulement le slideshare de Ton) ? Qui sont egalement ces 7 projets de Fablabs francophones, ont ils des sites webs, il y a t il deja du contenu ( des fichiers a decouper, fabriquer, des cours d’electroniques, des projets qui ont vu le jour et pas simplement des scenarios?) ? A ce stade de mon commentaire enfoui au bas d’une page apres maints scrolls, ai-je meme une chance d’avoir une reponse a ces questions ? 🙂

    – Comme beaucoup de projets avant eux, les fablabs fabriqueront autant l’idee, la com, le marketing du FabLab (un concept autant qu’un endroit) que des machines ou des objets physiques. Cette elan mediatique (faire connaitre, se faire connaitre) rend donc tres important les relais de com dans la strategie de financement de ces lieux, surtout quand ils ne sont pas heberges dans des institutions deja financees (universites, ecoles privees, entreprises comme le fablab de shopbot inc). Les « makers » de FabLab qui ne sont pas au MIT ou dans des universites comme celle de Bath (A.Bowyer) fabriquent donc autant de scenarios predictifs, de presentations sur l’importance de l’innovation, du partage, du libre et egalement des histoires, des images, et bien sur des phrases de com, des formules, de preferences en moins de 140 char. C’est peut etre la ou des bloggers/journalistes professionnels comme ceux d’Internet Actu peuvent se differencier des strategies de com propres aux makers de la gouvernance de ces nouvelles « communautes » et reseaux « puissants » en manifestant et exposant a leurs lecteurs la difference entre des initiatives concretes, et celles qui consistent a tisser des comptes modernes sur ce que pourrait etre le futur (qui en general est nouveau, meilleur, plus, etc).

    Le concept de FabLab est donc a un tournant clef de sa carriere (initiee par le livre de Neil G, Fab en 2005), reussira-t-il a produire des lieux de production originale, d’echange de savoir, de procedes et de culture libre ou alors se cantonnera-t-il a favoriser simplement la production de discours, immateriels, porte par des objets-narratifs exemplaires au contenu emotionnel comme ces protheses, ces medicaments, etc. Une aventure journalistique passionnante, comme le fut celle, ratee, des stewart brand, kevin kelly et autres WELL, mondo 2000, Wired, serait donc de narrer l’avancee des FabLabs avec une certaine distance ctitique, et pourquoi pas en integrant a cette narration le point de vue non-seulement des « communiquants » mais aussi celui des createurs d’objets comme l’a tres bien fait Make ce mois ci en invitant Shawn Wallace, responsable du Fablab de AS220 a Providence a presenter les realisations de son lieu. A quand une rubrique FabLab sur InternetActu avec du contenu original, des fichiers libres et pourquoi pas, des tribunes ouvertes au participants des FabLabs ?

  3. @Modela : Visiblement, sur la définition, il y a le fait que cet endroit soit ouvert aux utilisateurs, quels qu’ils soient, qui est important. Les fonctionnalités (commerciales ou non) permettant de faire visiblement des différences entre FablLabs, Hackerspaces, TechShops… Le concept de FabLab n’est visiblement pas neuf, on le trouve dans certains domaines industriels, dans certains secteurs de pointe depuis longtemps : le prototypage rapide n’a pas été inventé par des geeks, mais ceux-ci sont en train de s’en emparer pour essayer d’imaginer autre chose.

    Comme vous le dites, il n’est pas sûr que cette forme d’innovation très ouverte fonctionne partout et pour tout. Il n’y a pas de double discours, mais bien des réalités différentes en labo de prototypages privés et labos ouverts, avec tout ce que cela implique, philosophiquement parlant. Le « branding » du premier FabLab français n’a pas beaucoup d’intérêt en soit, c’est ce qui sera fait de l’esprit qui est important.

    L’idée de ces compte-rendus est justement d’être des compte-rendus, de rendre la parole des conférencier, pas nécessairement de la commenter (on devrait certainement faire un sujet sur les FabLab à la rentrée), notamment pour ceux qui n’étaient pas présent à l’évènement. Dans leurs présentations (comme dans TOUTE présentation), il y a un storytelling. Et les concepts qui sont repris et qui font écho dans la société sont souvent ceux qui ont un bon storytelling. Attention néanmoins à ne pas faire dire aux gens ce qu’ils n’ont pas dit. Il ne me semble pas qu’ils aient dit que ces lieux vont fabriquer de la communauté comme par magie, mais que la communauté va permettre de les développer (et inversement), dans un équilibre que tous les FabLabs ne semblent pour l’instant pas avoir également réussi, loin de là.

    Sur les projets de FabLab Francophones je n’ai pour ma part pas la liste, mais vous devriez en savoir plus en contactant les responsables du FabLab² ou du FabLab de l’Ensci voir en regardant Usinette.

    Sur le fond, le concept de FabLab a presque 10 ans désormais. Il n’a pas fait la démonstration de sa capacité à changer l’industrialisation du monde, et pour ma part, je ne pense pas que ce soit son but, malgré des discours très revendicatifs sur cette question (mais il faut bien se projeter, fabriquer du storytelling).

    InternetActu n’a pas vocation à ouvrir une rubrique dédiée aux FabLabs, j’ai bien peur que nous n’en ayons pas les moyens. Quel serait l’intérêt de traduire des fiches explicatives sur comment faire tel ou tel objet ? Ou comment on fait des circuits imprimés. Certaines des réalisations finales nous intéressent bien sûr, tout en voyant bien que nous restons encore pour un moment dans du micro-projet j’en ai peur. Il faut quand même avoir des notions d’électronique ou d’ingéniérie, de conception industrielle pour jouer avec tout cela, au moins encore pendant quelques années. Enfin, comme tout concept, le FabLab imagine que tout le monde est bricoleur ou souhaite bricoler, alors que la conception personnalisée industrielle qui se développe partout montre une toute autre voix…

    Mais en tout cas, nous sommes ouverts aux tribunes, aux traductions et autres participations @Modela ! Surtout par des spécialistes du sujet…

  4. Merci Hubert d’avoir pris le temps de repondre, il serait interessant d’avoir aussi le point de vue de Jean-Marc et de Remi sur ces questions, notamment celles de:

    1 – la difference entre le discours sur l’ouverture, le partage, vs la realite des pratiques en France, a l’etranger…

    2 – la tension entre recenssion d’arguments rethoriques narratifs vs mise en contexte, mise en perspective des declarations

    3 – la possibilite/responsabilite/ethique de deconstruction, distanciation (Verfremdungseffekt) par des acteurs comme les bloggeurs/journalistes integres a un systeme mediatique de prises, reprises d’arguments comme Lift+Fing+Agences de com+Acteurs institutionnels (voir la liste de logos sur FL2) + sponsors (voir la liste de logos en bas de cette page).

    Concernant le premier point, le *concept* de fablab est desormais synonyme d’ouverture, partage. Comme le clame Ton, la porte est ouverte a tous. Les 3 projets francais de FabLab cites ici sont pour l’instant 3 blogs controlles par leurs auteurs, dont deux sont la Fing (usinette et FL2) et l’autre une ecole de design (l’Ensci), ou sont les autres?. Qui controlle les medias, controlle egalement le discours, et un des exemples est certainement la video realisee par Nod-A ou la Fing et l’Ensci « definissent » (pour le public) ce qu’est un FabLab. Definition, cadrage, creation d’un espace de discours, creations d' »elements de langage » qui aident le « grand public » a comprendre. Ou est donc l’ouverture annoncee, notamment au public lorsque des thinks-tanks et des « theoriciens » pensent a leur place
    Cette video notamment http://vimeo.com/7590532 tres enthousiaste, nous fait partager cette fantastique aventure du futur dans lequel nous pourrons (nous consommateurs) reprendre le « pouvoir » sur les objets, les modifier, fabriquer, etc. Le contexte visuel de la video est constitue des ateliers de l’Ensci, ecole de design prestigieuse, ainsi que de certains plans qui se concentrent sur une imprimante 3d dimension ( 20000 euros a l’achat et cout de fonctionnement eleve grace a leur systeme brevete de cartouches).
    On pourrait donc croire en ecoutant cette video qu’avec les FabLabs, tout un chacun pourra ouvrir la porte (Ton), puis avoir acces a un laboratoire/atelier dernier cri comme les etudiants d’ecole de design. Lorsque on lit votre recenssion, on pourrait meme croire en lisant le titre que le but est de « refabriquer le monde » ou apres avoir lu l’intro plus modestement « permettre à tout un chacun de concevoir et construire tout et n’importe quoi ». Donc si je recapitule, un message clair, un concept, des formules de com, mais pas forcement de contenu (des fichiers, des procedes) ni d’utilisateurs sur scene ou sur le web. Il existe pourtant des ressources sur le site de fab.cba.mit.edu, pourquoi ne pas commencer par les traduire en francais, a partager des projets, des initiatives ? Concernant le « branding » du premier fablab francais, je crois au contraire que les premiers acteurs a « definir » le concept seront logiquement les responsables des budgets, projets, etc. Le fameux Leadership!

    Concernant le deuxieme point, il me semble que InternetActu n’est pas simplement une agence de presse de type AFP ou Reuters technologique. En general les sujets ont un point de vue et les recenssions sont mise en contexte, en general historique, soit par reference a d’autres articles publies sur InternetActu soit par des liens vers des ressources externes. Dans le cas de la recenssion de l’argumentaire FabLab de Lift, je suis donc un peu etonne du ton globalement tres entousiaste de cette page, qui prend pour argent comptant des declarations tres generales. Il est vrai que le blog, (et surtout le live blogging) sont en general tres neutre, mais il serait interessant de comprendre le contexte, les ambiguites plutot que de repeter simplement des arguments. Vous dites a propos du storytelling  » Et les concepts qui sont repris et qui font écho dans la société sont souvent ceux qui ont un bon storytelling » . C’est un jugement sur l’efficacite du principe de persuasion, pas forcement sur la nature du contenu. Depuis Bernays http://en.wikipedia.org/wiki/Edward_Bernays et ses critiques, on sait tres bien la puissance du storytelling, du bon mot, du cadrage, etc. Il serait donc interessant pour les lecteurs de comprendre egalement le contexte de type d’argumentaire, de se laisser charmer par l’histoire, mais egalement d’en comprendre les tenants, premisses, contextes socio-historiques. Sinon, les medias sont simplement des machines de repetition, renforcement par l’exposition, l’impact (comme dans la pub, pr, marketing). Le fait d’avoir une bonne formule, de creer une expression qui fait le tour de twitter, des blogs, tumblr, et j’en passe n’est pas une fin en soi, peut-etre qu’il y aurait egalement matiere a reflexion, controverse, debat constructif. L’idee en elle meme de lieu de fabrication est interessante et souleve des questions interessantes sur la necessite ou non d’utiliser des machines automatiques pour creer, assembler, reconfigurer plutot que de reposer sur l’humain, prompt a l’erreur controllee, la surprise, l’imprecision. La question de l’automate, le fantasme de l’asservissement, de la delegation sont aussi tout a fait a propos. Il m’a semble que l’enthousiasme pour les histoires, le storytelling est plus fort que ces questions rebarbatives sur la culture, sa celebration, sa preservation. Ca me rappelle fortement le discours transhumain/singularitarien sur la technologie qui est plus importante que la culture ou la morale (« because we can »). Cette fascination narrative, fetichisation du scenario puissant, « ouvert » face au present limite, contraint, rappelle le principe de realite vs l’illusion psychologique. En reportant mot pour mot ces histoires, Iactu, les blogs, les twitts participent de l’elaboration de ce roman techno-socio-politique qui est autant une fiction qu’une realite. Ces histoires ont aussi une fonction sociologique, le fameux don qui cree l’ordre social. Les raconteurs d’aujourd’hui seront les organisateurs de demain…

    Enfin, je ne m’etendrai pas sur le troisieme point car mon intention n’est pas de troller un site que j’aime beaucoup car il est tres complet et donne gratuitement acces a un tres grand nombre d’information et d’articles de qualite. Dans un contexte ou le financement des projets experimentaux passe le plus souvent par le fait de convaincre des partenaires industriels ou institutionnels lies a la promotion de l’industrie, il n’est donc pas etonnant de voir re-apparaitre des histoires fantastiques sur les possibilites extraordinaires de re-invention d’une france industrieuse, creative (un nouveau monde industriel right?). En donnant la parole, et pas seulement dans les commentaires de bas de page, aux acteurs, participants des FabLabs, HackerSpaces et autres communautes de fabrications non marketes, non brandes (je pense notamment a un tres grand nombre de lieux qui de maniere informelle meriteraient la denomination de fablab comme le CRAS a Mains d’Oeuvres, la Maison Pop, ainsi que de tres nombreux lieux en province de type ex-ECM, initiatives dans des ecoles, lieux informles de sciences et d’arts, ecoles d’arts/design, etc) il pourrait ainsi y avoir un autre point de vue, une autre perspective que celles des financeurs et de leurs argumentaire legitime. Voici par exemple le lien de la serie d’articles que Make a commande a AS220, un exemple de point de vue different de Make/O’Reilly/Foo…

    http://as220.org/shawn/blog/2010/03/make-blog-fab-academy-series.html

    Merci donc pour ces parfaites recenssions, et pourquoi pas donc inviter (free lift?) prochainement d’autres acteurs a blogger, discuter de ces sujets, et pourquoi pas a chaud pendant les confs… fablive.internetactu.net 😉

  5. Sincèrement, il me semble que tout discours est porteur d’imaginaires (je vous renvoie aux ouvrages de Patrice Flichy et à la chaire de modélisation des imaginaires de Pierre Musso qui s’ouvre à Télécom ParisTech. Dans les nouvelles technologies, le discours est souvent enthousiaste, révolutionnaire (plus que réformateur d’ailleurs). Il a tendance à conceptualiser le possible pour le rendre plus lisible. Le ton enthousiaste est bien souvent celui des orateurs, de ceux qui parlent, pour ma part, j’ai appris à être sceptique sur les révolutions annoncées par la technologie (même si je dois souvent être bluffé du contraire, j’en suis sûr). A nouveau, vous faites un procès aux orateurs, qui pour la plupart font des projets avec les utilisateurs et ne sont pas que dans le discours. Et le plus important est certainement de regarder les projets plus que les discours (avec toute la difficulté que pose leur évaluation, surtout par un regard extérieur).

    Vous avez raison sur le fait qu’il faudrait toujours décortiquer un discours, mais cela se ferait souvent au détriment du propos. Votre position, visiblement, à vous aussi, porte un point de vue, une subjectivité qu’il nous faut comprendre à travers votre message ;-).

  6. « Marx avait cependant raison sur le diagnostic estime-t-il : la pauvreté consiste à ne pas avoir accès aux moyens de production ».

    il me semble que cette estimation est plus que douteuse.
    ou du moins pauvrement formulée
    très malformulée

    cad qu’en tant que mathématicien il aurait d’abord du se poser la question de la définition de la pauvreté ….
    c’est ce qu’on apprend en cours de mathémathiques il me semble…
    et en philosophie aussi,
    enfin dans toutes les sciences, quelles soient dites humaines ou exactes

    un problème mal posé est un problème artificiel (dont la majeure partie réside dans un problème de définitions)
    toutefois la non connaissance de l’irréalité d’un problème irréel le rend parfaitement et tristement réel
    le premier pas vers la solution consiste à prendre connaissance des illusions à la base de notre soi disant problème.
    le deuxième pas consiste à marcher sur la terre.

  7. @HG Sincèrement, il me semble que tout discours est porteur d’imaginaires (je vous renvoie aux ouvrages de Patrice Flichy et à la chaire de modélisation des imaginaires de Pierre Musso qui s’ouvre à Télécom ParisTech.

    Merci pour ces references 🙂 L’imaginaire (concept imagine par Lacan) , comme la cosmogonie, le mythe et autres metastructures narratives sont de plus en plus utilises comme des pieces a conviction, pour persuader, convaincre, inventer le futur en le mettant en scene, rien de nouveau depuis la societe du spectacle. La pulsion scopique, la fascination hynotique pour les depictions du nouveau, du different, du meilleur, de l’augmente (papier peint?) ou encore pour le modele, le pre-dictif, prescriptif, pro-grammable, sure, certain, rassurant sont plus que jamais au centre de procedes techno-mediatiques.

    Dans la lignee de ces sociologues que vous citez mais egalement comme beaucoup de chercheurs en STS le font, pourrait on donc prendre du recul sur cette image du futur, instantane d’un monde qu’on refabrique et en comprendre les enjeux de constitution ? Comme on analyse Moliere ou le Cinema a l’Universite, pourrait on imaginer deconstruire les particularites de la construction des elements de la « complexite », de la visualisation d’information, des evenements et lieux mediatiques lies a la fabrication, au futur et ses scenarios…

    @HG Dans les nouvelles technologies, le discours est souvent enthousiaste, révolutionnaire (plus que réformateur d’ailleurs). Il a tendance à conceptualiser le possible pour le rendre plus lisible.

    Que veux dire conceptualiser le possible ? Peux on critiquer cet enthousiasme sans passer pour un rabat-joie ou comme on dit en anglais un party-pooper… Pas evident. A nouveau je reprends le concept des « elements de langage » qui comme vous le rappelez pour le discours conceptuel aident a rendre plus « lisible » des discours complexes. Ces strategies evoquent egalement la publicite et ces phrases chocs, a fort impact et bonne memorisation en fonction du temps de cerveau dispo.

    @HG Le ton enthousiaste est bien souvent celui des orateurs, de ceux qui parlent, pour ma part, j’ai appris à être sceptique sur les révolutions annoncées par la technologie (même si je dois souvent être bluffé du contraire, j’en suis sûr).

    Je vous rejoint a 300% sur la necessite d’un doute constructif. La lisibilite du discours passe donc egalement par la transmission d’outils d’analyse du discours, remettant en question ses failles, ses aspects limites…

    @HG A nouveau, vous faites un procès aux orateurs, qui pour la plupart font des projets avec les utilisateurs et ne sont pas que dans le discours.

    Proces, le mot est fort :} Je serai d’ailleurs ravi de trouver des ressources (autres que des blogs, des presentations powerpoints et des videos de definition) sur les projets des orateurs. Des exemples ? Des liens ? Des fichiers a telecharger ?

    @HG Et le plus important est certainement de regarder les projets plus que les discours (avec toute la difficulté que pose leur évaluation, surtout par un regard extérieur).

    encore une fois, des exemples de projets par les orateurs ?

    @HG Vous avez raison sur le fait qu’il faudrait toujours décortiquer un discours, mais cela se ferait souvent au détriment du propos.

    Je ne vous suit pas. Analyser un discours nuit a son propos ? Ca me semble reducteur. Comprendre, mettre en perspective parfois renforce, parfois nuance certains aspects rethoriques. La mise en perspective permet aussi d’etre creatif.

    @HG Votre position, visiblement, à vous aussi, porte un point de vue, une subjectivité qu’il nous faut comprendre à travers votre message 😉 .

    Tout a fait, et j’apprecie tout particulierement le temps que vous avez mis pour respecter cette subjectivite. Il serait d’ailleurs interessant de comprendre ce que pense Remi et Jm sur ces questions.

    Ps: pour la petite histoire, un grand nombre de machines de fabrication rapide ont en fait ete invente par des geeks, des artistes, souvent dans un contexte non-institutionnel puis ensuite a ete recupere par le marketing, la com, les avocats, leurs brevets et cree un territoire borne, monetisable. L’histoire de l’informatique, des reseaux en sont des beaux exemples, aux US comme en France. Les machines de fabrication et l’informatique sont d’ailleurs tres lies, les premieres machines CNC ayant ete developpees en meme temps que les premiers ordinateurs digitaux. ZCorp, une des premieres companies d’impression 3d a ete fonde par un des leaders du hackerspace dans lequel Richard Stallman operait dans les annees 70 : http://www.npr.org/templates/story/story.php?storyId=111851629

  8. essayé d’aller faire une impression 3D dans une école d’artDesign, en disant que vous êtes un citoyen lambda, exigé de piloter la machine avec des softs libres : le 1er qui y arrive gagne une Reprap fr

    bon été

  9. @julbel essayé d’aller faire une impression 3D dans une école d’artDesign, en disant que vous êtes un citoyen lambda, exigé de piloter la machine avec des softs libres : le 1er qui y arrive gagne une Reprap fr

    Comme vous le rappelez tres bien Julbel, le concept de FabLab applique a une ecole d’art (comme ca se passe en Hollande, en Allemagne, en Inde et egalement dans certaines universites US comme par ex celle du tres mediatique community college de Lorain http://www.lorainccc.edu/Academic+Divisions/Engineering+Technologies/Fab+Lab/ visite recemment par Obama!) ne veut pas dire transformer les mentalites, cultures (et logiciels) vers le libre, le partage, l’echange instantanement.

    Au contraire, en general c’est la rarete des ressources et leur controle qui cree soit le prestige des ecoles, soit celui de leurs etudiants, futurs designers qui defendront leur business avec des brevets, des patents, brefs, qui n’ont pas forcement interet a donner les plans de leurs « creations ». Allez demander a Starck ou a NoDesign les DXF, STL de leurs meubles et autres bidules interactifs, je ne suis pas sur qu’ils vont vous les donner ou meme preter 🙂

    Le FabLab comme la culture libre repose en tres grosse partie sur l’echange de ressources dans un contexte en general tres peu organise, souvent ephemere, et tres souvent lie a la motivation des personnes qui composent cet endroit. Certains ont eu la chance de beneficier de la manne budgetaire du MIT, cool, la plupart des FabLabs n’auront pas cette independance et devront se conformer aux contraintes que leurs financeurs leurs imposeront consciemment ou non. Annoncer le partage, l’echange, l’ouverture peut creer ensuite des contradictions culturelles. Un exemple de ceci est certainement annonce dans la liste de partenaires/sponsors eventuels des FabLabs2 ( http://root.tl/index.php/Financements_compl%C3%A9mentaires ) , qui souligne l’ambiguite de certains types de liens institutionnels comme Dassault (createur de Solidworks) et son « geek »! ou encore SFR et ces jeunes talents…

    Si Dassault, Lagardere (CapDigital), le CEA financent les FabLabs francophones, pas de problemes particulier pour moi (les FL americains ont ete en partie finance par le DARPA). Par contre, a ce moment la, annoncer que les buts et les moyens de ces lieux seront l’echange, la culture libre, le partage de ressources me rendent dubitatif. Ces lieux tirent leurs propres financements en general de contrats lies a des criteres de rentabilite industrielle ou de creation de valeur a grande echelle (monetisation de l’innnovation). En general, cette valorisation passe par la territorialisation et le controle des ressources, a ma connaissance, tres peu de boites (et encore moins de spins-offs de hackerspaces ou de fablabs) ont reussi a continuer un modele libre et etre integre a une chaine de production de valeur economique.

    Sans parler du libre mais pour prendre l’exemple de l’OpenSource, un grand nombre de boites (comme BugLabs, MakerBot, Arduino (Tinker.it)) naviguent dans ces espaces dits ouverts. A un certain moment de leur croissance, ces entreprises cessent le partage, l’echange pour se concentrer sur la valorisation, souvent avec un clash culturel. L’open, le partage devient alors seulement des valeurs marketing, publicitees comme identitaires. Dans 20 ans, les hackers de Makerbot (apres leur rachat par blablabla) seront dans Wired, pardon Fabbed 🙂 et encensses pour leur identite hacker comme le fut Bill Gates il y a quelques mois http://www.wired.com/magazine/2010/04/ff_hackers/all/1

    Un autre exemple, en Septembre, se tiendra le premier sommet Open Source Hardware a NYC, organise par Buglabs http://www.openhardwaresummit.org/ sera-t-il l’equivalent de la fameuse http://en.wikipedia.org/wiki/The_Hackers_Conference ou les Stewart Brand, KK et autres observateurs, journalistes et agents litteraires ont brandes, fabrique l’image publique (imaginaire?) lie au hack, l’informatique libre, etc. En presentant des initiatives eparses de telle ou telle maniere il est donc possible d’influencer, de persuader un grand nombre de personne d’un certain nombre de valeurs, ideologies. En general, et a cause du politiquement (ou du industriellement) correct, debattre de ce contexte ideologique ne peut pas avoir lieu in-extenso, ces discussions etant limitees en general a des questions lapidaires dans des conferences (souvent chargees emotionnellement, voire caricaturales) ou dans des commentaires de bas de page 🙂 l’equivalent de l’espace entre deux pubs de Noam Chomsky ;]

    Plus generalement, les think-tanks mediatiques modernes creent non-seulement des « doctrines », des cadres ideologiques mais egalement des evenements ou des contextes appropries (blogs, projets) pour maximiser leur distribution et leur impact. Ou peut se placer une critique, recomposition constructive de cette production ? Sans le savoir forcement, un certain nombre de phenomenes de mode sont plus ou moins organises, brandes, construit, comme cette soi-disant opinion publique qu’on aide a lire. Pour prendre un exemple moins controverse que celui Francais, aux US, la branche californienne du futurisme, representee entre autres par Tim O-Reilly, Paul Saffo, Howard Reinghold, Stewart Brand construit depus 25 ans ces elements de discours naviguant entre le techno-enthousiasme tres correct (IFTF) jusqu’aux doctrines lies a la securite nationale (RAND). A propos de SB, voir par ex la critique du livre de fred turner http://people.ischool.berkeley.edu/~duguid/articles/Turner2.pdf . Apres la recuperation et le branding des revolutions informatiques, des reseaux, c’est maintenant la fabrication, l’electronique (Makers, Fabbers) et demain la biologie synthetique, les bio-nano, la microfabrication, l’energie, voire les sciences dures, et leurs versions spirituo-caricaturales (transhumanisme, h+, etc) qui seront rendus lisibles.

    Si demain Novartis sponsorise le « premier » BioFabLab ou BioHackLab, pourra-t-on encore parler de culture libre, de communaute de partage ? Dans un contexte ou l’argent pour la creation, l’experimentation devient de plus en plus difficile a trouver, c’est donc le discours a geometrie variable qui permet d’articuler des cultures differentes. A court terme c’est spectaculaire mais a long terme je pense que cela favorise la recuperation de la creativite des utilisateurs par des entites qui ne seront pas forcement dans l’echange ou le repartage. A nous de choisir si nous voulons des lignees steriles ou des croisements, de l’hybridation. La maniere dont ces lieux de fabrication et d’experimentation seront construits determinera certainement l’ampleur de ces challenges.

    Pour finir sur l’imaginaire de la fabrication, des labs, hackerspaces et fabstuff, il repose selon moi sur la possibilite d’avoir des gens qualifies et passionnes pour repondre a des questions qu’on se pose, dans n’importe quel domaine. Dans des contextes ou l’on ne pose pas de questions sous peine de ralentir le groupe (ecole, universite) ou pour passer pour un ouf (entreprise), il y a certainement une bouffee d’oxygene vivifiante dans ces lieux interdisciplinaires, ou l’erreur est permise (pas comme a l’ecole, l’entreprise evaluee, certifiee, mesuree, la fameuse charte qualite ou la note). Internet etait un des premiers leviers d’ouverture vers cette liberte de penser, de se tromper sans etre juge, surveille par une autorite quelle qu’elle soit (panoptique cognitif). Les lieux d’experimentation, de creation, ludiques, ouverts, et construits autours de la notion de partage en seront peut-etre le deuxieme volet :))