Une nouvelle façon d’enseigner l’esprit d’entreprise ?

A Lift France, Ville Keranen (blog) est venu de Finlande nous parler de la Team Academy, où il fut élève et dont sa propre entreprise, Monkey Business, est une spin off. Il a tout d’abord demandé aux spectateurs assis dans la salle de saluer leurs voisins, afin de rajouter une touche humaine aux rapports professionnels. Quelle que soit la technologie, a-t-il dit, cette touche est nécessaire. « Un salut chaleureux remplit une salle d’énergie ».

La Team Academy est une école de marketing cherchant à rendre l’enseignement « fun » en se basant sur les principes de la collaboration, mais aussi en promouvant l’expérimentation. Ses activités on débuté en 1993, quand son fondateur, Johannes Partanen, a lancé : « voulez-vous voyager à travers le monde et apprendre le marketing par la même occasion ? ». Car l’idée forte de la Team Academy est d’offrir aux étudiants de terminer leur études en voyageant de par le monde et « en faisant beaucoup la fête ».

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La Team Academy se base sur trois principes. Le premier est le constructionisme (aussi appelé constructivisme, mais à ne pas confondre dans ce cas avec le mouvement artistique) : le savoir ne se transmet pas, il se construit, selon les capacités et les envies de chacun. Le constructionisme est à la base de bon nombre de réflexions sur l’éducation. Des gens comme Seymour Papert ou Mitchel Resnick au MIT sont de grands adeptes du constructionisme. Deuxième axiome, cet apprentissage est contextuel, il dépend des situations qu’on vit. Enfin, il est collaboratif, et se déroule au sein de communautés.

L’école a donc renoncé à la classique salle de classe où des élèves écoutent sagement un professeur. Les étudiants sont encouragés à former des équipes. Celles-ci formeront la base de leur entreprise. Dans la Team Academy, on crée l’entreprise avant d’avoir l’idée fondatrice. Ensuite, chacun de ces groupes se lance dans un projet réel, pas une simulation : les clients sont de véritables clients. Bien sûr, on n’y trouve pas de profs, mais des « coaches d’équipe », pas de cours, mais des « dialogues », pas d’examens, mais des fiches de lectures sur chaque ouvrage consulté… Et un but : faire la fête autour du monde ! Enfin, pour ceux qui réussissent, car comme le précise Keranen, « Si nous n’arrivez pas à combler l’écart de performance entre vous et votre équipe, vous ne partirez pas ».

L’école insiste beaucoup sur la responsabilité individuelle. « Si vous ne savez pas vous mener vous-même, pour ne pourrez guider personne d’autre. Une fois, je suis parti en vacances sans prévenir mon coach et mon équipe, raconte Keranen, « j’ai été remplacé par quelqu’un d’autre à la tête du projet, ça été difficile, mais j’ai appris ».

Dans la même tradition « fun », les candidats ou les équipes qui commettent des erreurs reçoivent des prix, sous la forme d’un gros oeuf. Un groupe a reçu celui-ci parce qu’il avait oublié de mettre le nom de la marque en avant, ce qui va à l’encontre des grands principes de la Team Academy. Un autre parce qu’il avait dit du mal dans le dos de ses camarades.

Keranen a conclu son intervention en rappelant que la Team Academy fait des petits dans le monde entier, y compris en France.

« Plus d’action, plus de chaos, plus d’erreurs, plus d’apprentissages », telle est la devise de Monkey Business que dirige aujourd’hui Keranen. La question reste de savoir si remplacer les professeurs par des coaches, les diplômes par un voyage et les réprimandes par de gros oeufs constituent vraiment une rupture par rapport à l’enseignement traditionnel.

Rémi Sussan

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