Vers des robots imprimables ?

Connaissez-vous ReaDIYmate ? C’est un projet de petits robots en papier constitués d’un bloc moteur et d’un emballage papier personnalisable qui se pilote depuis une application pour smartphone ou depuis un programme d’ordinateur (vidéo). L’idée qui anime Marc Chareyron et Olivier Mével (@omevel, cofondateur du Nabaztag), ses concepteurs, consiste à permettre à chacun de personnaliser son petit robot. Les ReaDIYmates sont des petits objets Wi-Fi, qui se déplacent, s’animent, jouent des sons ou de la lumière en fonction de votre activité sur le Net où selon la manière dont vous les avez programmés, tout à fait comme le lapin Nabaztag. Ils sont composé de deux parties, un corps animé qui contient un moteur et un haut-parleur, relié par un câble à un processeur connecté en Wi-Fi. Basé sur Arduino, il est possible d’ajouter des fonctionnalités aux ReaDIYmates à partir de cette brique de base. Pour l’instant, la liste des fonctionnalités qui seront prochainement disponible est encore réduite : ils savent se déplacer ou jouer un MP3 lorsque vous recevez une notification sur Facebook, Twitter ou Gmail ou poster un statut particulier en réponse à une sollicitation. De même, ils savent se signaler si le fil RSS que vous surveillez reçoit une nouvelle actualité… Mais tout un chacun pourra programmer des chaînes de causalités. On peut même jouer avec directement depuis l’application proposée (et ce même à distance).

Le kit de développement simplifié proposé pour animer ces petits robots… promet de démocratiser l’usage d’Arduino, souligne Mathilde Berchon, avec un objet très personnalisable (et dont on peut changer l’apparence à l’envie). Pour ceux que cela intéressent, les ReaDIYmates sont disponibles en précommandes sur KickStarter.

Si le projet est sympathique, il n’a tout de même pas l’ampleur de celui que vient de lancer le MIT, qui propose de franchir une étape dans la fabrication de robots personnels, en permettant à chacun de les imprimer, comme le font les imprimantes 3D pour tout un tas d’autres objets (voir L’impression 3D est-elle le moteur de la fabrication de demain ? »). Car si certains modèles d’imprimantes 3D (très particuliers) permettent déjà d’imprimer des vaisseaux sanguins, pourquoi n’imprimeraient-ils pas des robots ? C’est en tout cas l’objet du dernier projet du MIT, une « expédition » vers l’informatique imprimable de machines programmables lancé par le Laboratoire de science de l’informatique et de l’intelligence artificielle.

Encore à un stade de développement très précoce, l’équipe du MIT a prototypé deux robots, rapporte Wired. Le premier ressemble à un insecte à 6 pattes, est capable de se déplacer et pourrait être utilisé pour surveiller des fuites de gaz dans votre sous-sol ou jouer avec le chat. Le second est une griffe préhensible qui pourrait ramasser des objets pour vous (vidéo). Les deux prototypes ont coûté une centaine de dollars à réaliser et ont été assemblés en à peine plus d’une heure (mais n’ont visiblement par encore été totalement « imprimés » de A à Z).

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Image : l’un des robots imprimable du MIT, photographié par Jason Dorfman/CSAIL.

Ces démonstrateurs se veulent la première pierre d’une plateforme de robots imprimables et fonctionnels que l’on pourra créer depuis des modèles 3D. A terme, pour l’utilisateur, il suffirait d’aller dans un FabLab local pour choisir son robot dans le catalogue, le personnaliser, l’imprimer et l’assembler. Les utilisateurs pourront ajouter des fonctionnalités par la programmation, même si la plupart auront des programmes dédiés directement téléchargeables.

« Notre objectif est de développer une technologie qui permet à quiconque de fabriquer son propre robot personnalisé », explique Vijay Kumar de l’université de Pennsylvanie, partenaire du projet. L’idée est d’utiliser des matériaux très simples et peu coûteux, comme le montre leurs démonstrateurs réalisés pour l’essentiel en papier (hormis l’électronique et les fils conducteurs) ! Toute l’ambition du projet consiste à permettre aux utilisateurs de disposer d’un robot imprimé, assemblé, programmé et prêt à l’action en 24 heures et ce pour un coût modique.

Pour l’instant, les chercheurs se concentrent à développer une interface de programmation et d’assemblage très simple. Mais l’objectif du programme de recherche est de proposer d’ici 5 ans un « imprimeur de robot universel ». L’enjeu est bien d’explorer l’avenir de l’impression, comme l’expliquait le professeur Rob Wood, responsable du Laboratoire de microrobotique de l’université de Harvard à la BBC : « Les imprimantes 3D sont de plus en plus accessibles, mais nous voulons aller au-delà pour créer des robots qui englobent de multiples fonctionnalités, qui ont des composantes électriques et mécaniques, des contrôleurs et des microprocesseurs. L’idée est d’aller au-delà de l’état de l’art actuel des imprimantes 3D. » Pour la responsable du projet, Daniela Rus, le but du projet est de montrer un avenir dans lequel les objets fonctionnels imprimés seront aussi communs que l’est aujourd’hui le papier imprimé.

Signalons d’ailleurs qu’un autre laboratoire travaille sur des robots « imprimables », le Laboratoire de Machines créatives de l’université Cornell dirigé par Hod Lipson, auteur d’un passionnant rapport sur l’économie émergente de la fabrication personnelle (.pdf) et également responsable du programme Fab@Home. Le chercheur et ses équipes travaillent à plusieurs projets de robots imprimés, comme le projet Golem et sa version la plus récente, le projet Ornithopter, un petit robot volant dont l’essentiel de la structure est fabriqué depuis une imprimante 3D. Le chercheur développe d’ailleurs un passionnante réflexion sur la matière programmable (vidéo). Pour Lipson, les gens ont tendance à poser de mauvaises questions sur l’impression 3D. Ils cherchent le point de rupture entre la fabrication numérique et la fabrication traditionnelle. « Son intérêt n’est pas qu’elle permette de produire des choses moins chères, mais qu’elle permette de produire des choses qui n’étaient pas imaginables avant », confiait-il récemment à The Inquirer.

En attendant que tout ces équipements soient disponibles, vous pouvez toujours commencer à construire des personnages en papier et trouver une attache parisienne pour les faire bouger…

Hubert Guillaud

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