L’innovation éducative : une question économique ?

L’éducation paraît partout en crise. Les plus grandes écoles se posent des questions non seulement sur l’avenir de l’éducation, mais également sur comment apprendre à l’heure des nouvelles technologies. Comme si leur intégration nécessitait de reposer en profondeur la question de l’apprentissage dans une société qui nous semble toujours plus complexe.

Pourtant, les résultats de l’informatisation à l’école n’ont pas été forcément ceux attendus : comme le soulignait l’année dernière Matt Richtel dans sa série pour le New York Times. Là où il s’est installé, le numérique n’a pas eu d’effet majeur sur les résultats scolaires des élèves. Partout, son intégration pose plus de questions qu’elle n’offre de réponses.

Quand la question économique prime sur la réponse éducative

Nicholas Negroponte, le fondateur du Media Lab du MIT et le promoteur du programme OLPC allait récemment, dans une tribune pour la Technology Review jusqu’à défendre l’apprentissage sans école.

Dans le cadre d’une expérimentation menée en Ethiopie, un pays où la structure scolaire est quasiment inexistante, la fondation OLPC a prêté à des enfants ne sachant pas lire, vivant dans une région sans écoles ni professeurs, des iPad chargés de contenus (et dotés de batteries solaires pour être rechargés)… pour constater (comme l’avait constaté avant lui en Inde Sugata Mitra avec son expérience un trou dans le mur) que les enfants non scolarisés, mais outillés étaient capables de se débrouiller seuls pour apprendre. « Pouvons-nous apprendre à lire à 100 millions d’enfants plus rapidement [et pour moins cher, NDT] que nous le ferions en bâtissant des écoles et en formant des professeurs ? (…) Si les enfants d’Ethopie apprennent à lire sans école, qu’est-ce qu’ils nous disent des enfants de New York qui n’apprennent pas à lire, même avec des écoles ? »


Image : Déploiement de tablettes en Ethiopie, un enfant apprend l’abécédaire photographiée par Evan Szablowski responsable de l’Ethiopian Literacy Project d’OLPC.

Quand bien même les enfants montreraient qu’ils sont capables d’apprendre à lire par eux-mêmes, est-ce que cela peut justifier de remplacer des politiques éducatives « en dur » par des tablettes ?

La radicalité du propos de Nicolas Negroponte s’explique peut-être par l’échec relatif de l’OLPC. Lancé en 2005 et malgré plus de 2,5 millions d’ordinateurs livrés aux enfants de plus de 40 pays (pour l’essentiel des pays en développement), l’OLPC n’a pas fait la démonstration de son efficacité. Une étude indépendante (.pdf) menée par cinq économistes de la Banque interaméricaine de développement soulignait, début 2012, qu’au Pérou par exemple, le déploiement massif d’OLPC n’avait pas eu les effets escomptés. Après plusieurs années de déploiement, les résultats des élèves n’ont pas été transformés par l’usage de l’informatique.Si la distribution des ordinateurs a eu un effet positif sur les compétences cognitives des élèves (particulièrement sur l’usage des ordinateurs), elle n’a pas eu d’impact significatif sur leurs connaissances scolaires, que ce soit en math ou en espagnol. La conclusion qu’en tiraient les auteurs de l’étude IZA c’est que l’ordinateur seul ne suffit pas à relever le niveau, s’il n’est pas accompagné d’une formation des professeurs et d’une meilleure intégration dans les programmes scolaires.

Mais Nicholas Negroponte a pu faire une autre lecture de ce mauvais bilan. Finalement, si le programme OLPC a eu un impact limité, c’est peut-être parce que les professeurs n’ont pas suffisamment intégré les capacités de ces machines dans leurs enseignements. Pour lui, visiblement, c’est la structure de l’école plus que la machine qui est en cause. Certes, là où il n’y a rien, un ordinateur est une meilleure réponse que le vide. Mais est-ce une réponse bien structurante ? Certes, livrer des ordinateurs ou des iPad coûte moins cher que de payer des professeurs et bâtir des écoles, mais pour quelle pérennité éducative ? J’ai bien peur que Nicholas Negroponte, sous des dehors altruistes, se fourvoie. En tout cas, il piétine les objectifs d’une éducation pour tous promus par l’Unesco depuis nombre d’années, pour qui il n’y a pas d’éducation sans écoles, sans enseignants, sans construction d’une structure éducative adaptée.

A défaut de faire la démonstration de leur apport éducatif, cet exemple montre bien que la question économique est au coeur de la question scolaire et que plus que renouveler l’apprentissage, les nouvelles technologies remettent en question l’économie même de l’éducation… Les TICs offrent une solution d’apprentissage qui n’est pas plus parfaite que l’éducation traditionnelle, mais qui risque bien de déstabiliser en profondeur le modèle scolaire que nous connaissions jusqu’alors, en proposant une offre censée être plus économique (même si Matt Richtel, encore, a montré que les économies n’étaient peut-être pas aussi évidentes que les tenants de l’électronique à l’école l’affirmaient : voir « Education et nouvelles technologies : y croire ou ne pas y croire ? »).

Mooc : de nouvelles infrastructures éducatives ?

Pour la Technology Review, le toujours critique Nicholas Carr (blog) vient de livrer une intéressante synthèse des questions que les nouvelles formes d’apprentissage posent, en s’intéressant au Mooc, ces Cours en ligne massifs et ouverts (MOOC pour Massive open online course, vidéo explicative). Ici, bien sûr l’école ne disparaît pas complètement, mais en transformant les cours en programmes et en permettant de toucher plus d’élèves avec moins de professeurs, les Moocs interrogent à nouveau le modèle économique de l’école.


Vidéo explicative : Qu’est-ce qu’un Mooc ? par Dave Cormier et Neal Gillis.

« Il y a cent ans », rappelle-t-il, « l’enseignement supérieur semblait sur le point de connaître une révolution technologique ». La puissance du réseau postal moderne ouvrait aux universités la possibilité de distribuer leurs cours au-delà des limites de leurs campus. « La machinerie de l’apprentissage à distance pour irriguer l’éducation dans les régions les plus arides du pays », comme le soulignait l’historien Frederick Jackson Turner, théoricien de la frontière américaine, était lancée. Nombre d’écoles ont alors mis en place des « divisions » dédiées aux cours par correspondance. « Les espoirs de cette première forme de formation à distance sont allés bien au-delà d’un élargissement de l’accès. De nombreux éducateurs croyaient que des cours par correspondance seraient mieux que les formes d’instructions traditionnelles sur campus et que les sessions de cours et les évaluations pourraient être adaptées spécifiquement à chaque élève. »

Nous entendons des choses très similaires aujourd’hui, estime Nicholas Carr. L’internet fait naître un nouvel espoir de révolution dans l’enseignement supérieur. Depuis l’automne 2011, un grand nombre des meilleures universités du pays (dont le MIT, Harvard, Stanford, Princeton…) offrent des cours gratuits sur le Net et plus d’un million de personnes à travers le monde se sont engagées à les suivre. Les Mooc ont reçu les honneurs de la presse internationale à la fois pour leur capacité à toucher des étudiants auxquels ces formations étaient inaccessibles que pour leur capacité à renforcer la qualité et la productivité de l’enseignement, tant sur le campus qu’à l’extérieur. Le président de Stanford a évoqué le tsunami à venir. L’ex-ministre de l’éducation américain « la renaissance d’Athènes ». Rien de moins.

Les Mooc arrivent à un moment où l’insatisfaction face à la manière dont sont dispensés les cours dans l’enseignement supérieur est croissante, estime Carr. Le coût des études, la baisse de la qualité, les taux d’abandons grimpent… Et nombre de diplômés affichent peu d’enthousiasme sur la manière dont les grandes écoles améliorent leurs compétences ou leur pensée critique. Les partisans des Mooc pensent que l’efficacité et la flexibilité de l’enseignement en ligne peuvent être un recours face à ces difficultés.

Mais tout le monde ne partage pas cet enthousiasme. Certains craignent que les cours en ligne soient une distraction pour les enseignants et qu’ils finiront pas nuire à la qualité de l’éducation offerte sur le campus. L’étude des programmes de cours par correspondance des années 20 montre que bien souvent la qualité de l’instruction n’était pas à niveau et que seule une infime partie des personnes inscrites ont effectivement suivi les cours. En 1928, un éminent pédagogue américain a prononcé un réquisitoire contre les études par correspondance. En 1930, partout, l’engouement avait fait long feu.

« En quoi les Mooc sont-ils différents ? Disposent-ils d’une technologie de pointe permettant de penser que la promesse de révolution de l’enseignement à distance pourra être tenue ? Nous ne le savons pas encore », répond prudemment Nicholas Carr, la ferveur qui entoure les Mooc nous fait oublier qu’ils en sont encore à leurs balbutiements.

Comment les Moocs transforment-ils l’enseignement ?

Le cours en ligne d’intelligence artificielle (IA) lancé en 2011 par Sebastian Thrun et Peter Norvig à Stanford rassemblait en octobre 2011, à son commencement, 160 000 participants, quand ses auteurs avaient imaginé pouvoir en accueillir 10 000. L’expérience a changé la vie des deux professeurs. Sebastian Thrun a quitté Stanford pour lancé une start-up éducative ambitieuse appelée Udacity, qui utilise la technologie développée pour leurs cours d’IA pour les élargir à 14 cours différents principalement dans les domaines de l’informatique et des mathématiques, avec des professeurs recrutés par la start-up. Pour lui, le diplôme universitaire traditionnel est un artefact obsolète, rapporte Carr, Udacity a l’ambition de fournir une nouvelle forme d’éducation permanente « mieux adaptée au marché du travail moderne ».

Udacity n’est qu’une des nombreuses sociétés qui cherche à capitaliser l’enthousiasme naissant pour les Mooc. En avril 2012, Daphne Koller et Andrew Ng, deux collègues de Thrun à Stanford, ont lancé Coursera, qui propose son service à de grandes universités (Stanford, Penn, Princeton, l’université du Michigan…). La société a ouvert quelque 200 classes en ligne, allant de la statistique à la sociologie.
Le MIT et Harvard ont quant à eux uni leurs forces en mai 2012 pour monter edX, une plate-forme d’enseignement open source et gratuite développée par le MIT qui propose des cours en vidéos et des forums de discussion similaires à ceux proposés par la concurrence. Rejoint par l’université de Californie, le programme edX a initié en septembre ses 7 premières classes en mathématiques et ingénierie.


Image : la page d’accueil d’edX.

Tous les dirigeants de ces sociétés tiennent le même discours, souligne Carr. Ils pensent tous que l’enseignement en ligne deviendra la pierre angulaire de l’expérience des études supérieures, tant pour les étudiants distants que pour ceux qui suivent les cours sur le campus. La fusion des classes virtuelles avec des salles de classe réelles, disent-ils, va propulser le milieu universitaire vers l’avant. « Nous réinventons l’éducation », déclare Anant Agarwal d’edX. « Et cela va changer le monde. »

Les cours en ligne ne sont pas nouveaux, rappelle Nicholas Carr. L’université DeVry, celle de Phoenix et de nombreuses écoles publiques permettent déjà à leurs étudiants de suivre des cours à distance – ce que l’on appelle l’e-learning ou la formation à distance (Wikipédia). Alors en quoi les Mooc sont-ils différents ? Pour Thrun, cela réside dans l’engagement des élèves. Jusqu’à présent, la plupart des classes en ligne consistaient en conférences filmées. Or si les cours magistraux sont déjà ennuyeux, les cours enregistrés sont encore moins engageants, estime le chercheur. Si les Moocs utilisent la vidéo, les séquences sont généralement découpées en segments brefs, ponctués par des exercices et des quizz en lignes. L’idée est de faire participer les étudiants aux leçons en leur offrant des exercices en ligne qui renforcent leur compréhension et leur mémorisation. Pour Norvig une autre différence entre les Moocs et leurs prédécesseurs repose sur l’économie. Alors que les programmes d’e-learning traditionnels étaient des formations la plupart du temps payantes, leçons et exercices des Moocs sont produits et mis à disposition gratuitement… Même si Carr ne le souligne pas, c’est bien encore une fois le modèle économique de l’éducation qui est mis en question.

La promesse de l’enseignement par les données

Ce n’est pas une coïncidence si Udacity, Coursera ou edX sont tous dirigés par des informaticiens, souligne encore Nicholas Carr. Les Moocs doivent exploiter les dernières avancées des traitements à grandes échelles des données, d’apprentissage automatique. La plupart des tâches qui étaient assurées par des professeurs et leurs assistants (tutorat, notation, modération des discussions…) doivent être automatisées. Des logiciels d’analyse avancée sont également nécessaires pour analyser les énormes quantités d’informations sur le comportement des élèves recueillies pendant les cours. En utilisant des algorithmes pour repérer les tendances dans les données, les programmeurs espèrent identifier les styles d’apprentissage et y adapter leurs stratégies d’enseignement, afin d’affiner la technologie. Ces techniques d’intelligence artificielle doivent faire passer l’enseignement supérieur « à l’ère industrielle et à l’ère du numérique ».

Reste que pour l’instant, les organisations peinent à analyser les données amassées. « Il faudra un certain temps avant que les entreprises soient en mesure de transformer les informations qu’elles recueillent en nouvelles fonctionnalités pour les professeurs et les étudiants », estime Carr.

Pour observer l’avant-garde de l’enseignement informatisé d’aujourd’hui, il faut donc chercher ailleurs, en particulier, regarder ces petits groupes de tests académiques et de tutorat qui tentent de traduire les théories pédagogiques dans le code logiciel. L’un des plus importants penseurs de ce domaine est David Kuntz, l’un des pionniers de l’e-learning américain. Après avoir travaillé pour le Law School Admission Council (l’organisme qui administre et normalise les examens d’entrée aux écoles de droit, le LSAT), Kuntz a rejoint le Educational Testing Service (le service d’évaluation éducatif américain), qui gère le SAT, le test d’admission standardisé aux études supérieures américaines. L’ETS souhaitait utiliser la puissance naissante des ordinateurs pour concevoir des examens plus précis et des classements plus efficaces. Kuntz a travaillé ainsi à des questions comme comment utiliser un logiciel pour mesurer les performances des élèves, promouvoir l’apprentissage et évaluer la compréhension. Il y a 3 ans, Kuntz a rejoint une petite start-up appelée Knewton, spécialisée dans l’apprentissage adaptatif. Knweton, comme d’autres (Aleks, l’initiative Open Learning de la Carnegie Mellon et la célèbre Khan Academy – voir Peut-on apprendre en ligne ? »), développe des tutorats en ligne capables de s’adapter aux besoins et aux styles d’apprentissage des élèves. Des programmes qui s’améliorent à mesure qu’ils collectent des données, permettant d’améliorer et tester chaque module d’apprentissage. Knewton a mis en place des cours de rattrapage en mathématiques intégrés dans les programmes de Pearson, le groupe international d’édition spécialisé dans l’éducation. Kuntz pense que nous commençons à peine à voir le potentiel des logiciels éducatifs. Grâce à l’utilisation intensive de l’analyse des données et de techniques d’apprentissage automatique, prédit-il, les programmes seront capables de faire progresser chaque élève d’une manière très adaptable, offrant une personnalisation et une automatisation toujours plus poussée. Ainsi, après avoir répondu à un test, l’élève est automatiquement envoyé vers des concepts qu’il semble mal maîtriser ou propulsé vers l’avant en lui proposant des notions qu’il n’a pas encore étudiées. « Chaque étudiant », explique Kuntz, « prend un chemin différent ».

De nombreux éducateurs estiment que les élèves différents apprennent de manière différente. Certains apprennent mieux par la lecture de textes, d’autres en regardant une démonstration, d’autres en jouant un jeu, et d’autres encore en s’engageant dans un dialogue (et cela peut évoluer selon les notions). En surveillant la façon dont les élèves interagissent avec le système d’enseignement lui-même, quand ils accélèrent quand ils ralentissent, où cliquent-ils ?… Un ordinateur peut apprendre à anticiper leurs besoins et livrer le matériel sous un format qui promet de maximiser leur compréhension et leur mémorisation.

En regardant vers l’avenir, Kuntz affirme que les ordinateurs seront finalement en mesure d’adapter leur « environnement d’apprentissage » à chaque élève.

Alors que les Moocs intègrent peu à peu les routines d’apprentissage dans leurs programmes, leurs ambitions dans la fouille de données vont bien au-delà du tutorat. Les cours en ligne ouverts et massifs peuvent générer d’immenses quantités de données pour rendre l’apprentissage automatique encore plus efficace. Coursera mesure ainsi de nombreuses variables : le logiciel regarde pour chaque cour si un étudiant fait une pause ou augmente la vitesse de lecture. Chaque action permet au système de s’améliorer.

Ces plateformes sont donc autant une plateforme d’enseignement qu’un outil de recherche en éducation. L’apprentissage automatique peut, par exemple, ouvrir la voie à un système automatisé pour détecter la tricherie dans les classes en ligne, un défi d’autant plus pressant que les universités envisagent d’accorder des certificats (à défaut de diplômes) voir des crédits aux étudiants qui terminent avec succès leurs Moocs.

Les objectifs des architectes des Moocs sont profondément humanistes, estime Carr. Ils cherchent à utiliser l’automatisation pour favoriser l’apprentissage des élèves, ils cherchent à utiliser l’intelligence artificielle pour la mettre au service de l’intelligence humaine. Mais -on n’en attendait pas moins de Nicholas Carr -, l’enthousiasme doit être tempéré par un certain scepticisme. Les avantages de l’apprentissage automatique dans l’éducation demeurent largement théoriques. Et même si les techniques de l’IA généraient de réelles avancées en matière de pédagogie, ces découvertes pourraient avoir une application limitée. C’est une chose pour les programmeurs d’automatiser des cours quand un ensemble de connaissances peut-être définies explicitement et les progrès de l’élève mesurés avec précision. C’est une chose très différente d’essayer de reproduire sur un écran d’ordinateur des expériences complexes et parfois ineffables d’enseignement et d’apprentissage qui ont lieu sur un campus universitaire.

Les limites des Moocs

Les promoteurs de MOOCs ont une « perception assez naïve de ce que l’analyse de grands ensembles de données permet », explique Timothy Burke, professeur d’histoire au Collège Swarthmore. Il soutient que l’enseignement à distance a toujours été à la hauteur des attentes non pour des raisons techniques, mais plutôt en raison de « problèmes philosophiques profonds » liés au modèle même de cette forme d’apprentissage. S’il convient que l’éducation en ligne peut fournir une formation efficace à la programmation informatique et d’autres domaines caractérisés par des procédures bien établies qui peuvent être codifiées dans le logiciel, il soutient que l’essence de l’enseignement collégial réside dans la subtile interaction entre les étudiants et les enseignants qui ne peuvent pas être simulés par des machines, peu importe le degré de sophistication de la programmation. Comme le souligne Burke dans un intéressant article, les Moocs ne sont que le dernier chapitre d’une longue histoire de démocratisation et de massification de l’éducation. Pour lui, les Moocs sont plus une nouvelle forme de publication de matériaux d’enseignements, qu’un enseignement en tant que tel.

Alan Jacobs, professeur d’anglais au Wheaton College dans l’Illinois, soulève des préoccupations similaires. La richesse des échanges entre étudiants et avec leurs professeurs ne peuvent être reproduits dans des forums Internet, soutient-il. Un écran d’ordinateur ne sera jamais plus que l’ombre d’une salle de classe d’une bonne école. Comme Burke, Jacobs s’inquiète du fait que le point de vue de l’éducation que les Moocs reflètent soit celui d’informaticiens plus que celui d’enseignants.

Les programmes d’apprentissage en ligne promettent d’aider élèves, collégiens, lycéens et étudiants dans l’apprentissage des notions de base. Libérer les professeurs de certaines fonctions d’enseignement peut leur permettre de mieux accompagner d’autres élèves. Selon une étude récente sur des étudiants de premiers cycles qui suivent des cours de statistiques, les systèmes d’apprentissage en ligne offriraient les mêmes résultats que l’enseignement en présentiel.

Pourtant, les concepteurs et promoteurs des MOOCs ne suggèrent pas que les ordinateurs rendront obsolètes les salles de classe. Mais ils ne soutiennent que l’enseignement en ligne va changer la nature de l’enseignement sur le campus, pour le rendre plus attrayant et efficace. Le modèle traditionnel de l’enseignement, où les élèves vont en classe pour suivre des cours et font leurs devoirs seuls, est ici inversé. Les salles de classe servent à faire d’autres exercices ou à approfondir des sujets avec leurs professeurs. En théorie, cet « enseignement à l’envers » promet d’allouer le temps d’enseignement de manière plus rationnelle, en enrichissant l’expérience du professeur et des élèves.

Mais les doutes subsistent sur la rationalité à l’oeuvre. L’un des sujets de préoccupation est le taux élevé d’abandon qui sévit sur les Moocs. Sur les 160 000 personnes qui se sont inscrites au cours d’intelligence artificielle de Norvig et Thrun, seulement 14 % ont terminé le cursus. Sur les 155 000 étudiants qui se sont inscrits à un cours du MIT sur les circuits électroniques en 2012, seulement 23 000 ont terminé le premier jeu de problèmes. Seulement 7 000 (soit 5 %) ont réussi le cours. Certes, c’est bien mieux que le nombre d’étudiants qui terminent le cours en présentiel chaque année – ils sont 175 -, mais le taux d’abandon met en évidence la difficulté de garder les étudiants en ligne attentifs et motivés.

La plus grande crainte envers les Moocs est que les grandes écoles risquent d’intégrer l’enseignement en ligne, sans évaluer soigneusement les inconvénients possibles. Un étudiant qui suivait le cours d’Andrew Ng sur Coursera s’est plain que la rigueur académique du cours n’était pas au niveau de Stanford. Il a estimé que les travaux informatiques proposés n’encourageaient pas vraiment « la pensée critique ». Il a également déclaré s’être senti très isolé. Il « n’a rencontré presque personne dans [la] classe », dit-il, parce qu’il a suivi tous ses cours depuis sa chambre.


Image : présentation du cours de Machine Learning par Coursera.

Audrey Waters pour Hack Higher Education a également fait un billet assez critique sur le système de notation par les pairs en oeuvre sur Coursera, même si elle est assez favorable au principe. Une professeure, qui suit le cours de fantaisie et de science-fiction de Coursera, a ainsi critiqué sur son blog, l’absence de communauté, la variabilité et l’anonymat des retours fait sur les essais que les étudiants doivent corriger les uns les autres… Quant aux évaluations automatisées, même si certaines études montrent que les robots parviennent à noter les élèves aussi bien que les humains, Audrey Waters montre qu’elles peuvent être très limitées pour certaines matières, notamment les plus littéraires.

Les dirigeants du mouvement MOOC reconnaissent facilement les défis auxquels ils sont confrontés. Le chemin pour perfectionner le modèle est encore long, explique Agarwal.

Mooc : sait-on ce que l’innovation limite ?

Ce qu’oublie peut-être Carr dans son article mesuré, c’est de voir combien cette bataille de l’accès aux cours en ligne est depuis l’origine une bataille d’innovation scolaire entre grandes écoles, qui utilisent ces outils pour améliorer leur notoriété internationale dans la grande lutte pour le recrutement des meilleurs élèves et des meilleurs professeurs. Le Mooc relance la course à la concurrence entre grandes écoles introduit par l’ouverture de répertoires de cours en ligne sur le modèle des entrepôts d’Open Course Ware du MIT lancé en 2001 (Wikipédia).
Les chercheurs qui sont sceptiques sur les MOOC rappellent que l’essence de l’enseignement réside dans une subtile interaction entre étudiants et enseignants et que celle-ci ne peut être simulée par les machines, quel que soit le degré de sophistication de la programmation.

Woodie Flowers professeur émérite au département d’ingénierie mécanique du MIT expliquait dans le dernier numéro de lettre d’information de la faculté du MIT que les Moocs « sont un produit sans stratégie ». Or pour lui, l’objectif des Mooc est de remplacer les cours tout en poursuivant « le doux rêve de la gratuité de l’enseignement ». Nous devrions plutôt réfléchir à comment améliorer le processus éducatif, estime Woodie Flowers. Pour lui le Mooc est une prise de contrôle hostile de l’enseignement. Une lubie, où la concurrence interécole entraîne à une course au volume. « Je pense que nous devons être prudents sur l’adhésion à un mouvement qui peut produire le chaos plutôt que d’améliorer l’éducation. »

Pour Woodie Flowers, le MIT devrait plutôt s’intéresser à produire des modules d’enseignements interactifs, comme ceux que proposent Smart Sparrow, permettant de promouvoir l’apprentissage par la pratique, produire des soutiens de cours intelligents et adaptatifs, tout en aidant l’enseignant à s’autonomiser. L’interaction directe est complexe, rappelle le professeur émérite. L’éducation nécessite de passer du temps entre professeurs et élèves. Pour Woodie Flowers, ce devrait être là le coeur d’une stratégie éducative, plus importante que le développement de logiciels.

Dans le même numéro, Ruth Perry, spécialiste de la littérature anglaise du XVIIIe siècle, rappelle le rôle de la discussion de groupe dans les classes, qui permet d’arriver à de nouvelles idées en écoutant celles des autres. L’idée est d’aller au-delà de sa lecture ou de sa compréhension en tirant parti des autres points de vue pour favoriser la créativité, ce qui n’est pas possible quand un étudiant se retrouve seul face à un texte ou face à un exercice. Si l’on peut décomposer certains enseignements en courts modules, tous ne s’y prêtent pas, rappelle la chercheuse et enseignante. Comment alors seront évaluées ces autres formes qui n’entreront pas dans le moule des cours massivement ouverts en ligne ? Les professeurs du MIT ou d’Harvard devront-ils faire du tutorat personnalisé comme le font ceux de l’Open University au Royaume-Uni ? « Au profit de qui développons-nous des modules d’enseignement en ligne ? » interroge la professeure.

Alors que les nouvelles technologies ne font pas nécessairement preuve de ce qu’elles peuvent apporter à l’éducation, les formes anciennes sont challengées. Elles vont devoir démontrer à leur tour leur valeur, montrer que leurs coûts peuvent être justifiés. Pas sûr que ce soit si simple pour elles. Comme conclut Nicholas Carr, « pour le meilleur ou pour le pire, les forces perturbatrices du net sont arrivées aux portes du monde universitaire ». Et comme souvent, ce qu’elles perturbent en premier lieu, c’est le modèle économique existant.

Hubert Guillaud

Mise à jour du 30/11/2012 : Plus de la moitié des étudiants qui se sont inscrits aux cours massivement ouverts en ligne qu’ont lancé start-ups et universités américaines viennent d’en dehors des Etats-Unis, rappelle la Technology Review. Les Moocs font entrer de plein fouet toutes les universités du monde à l’heure de la concurrence. Si les projets commencent à poindre dans des universités du monde entier, le risque de la « mcdonalisation » de l’enseignement est posé, même si c’est aussi une opportunité pour changer l’approche des universités les plus pauvres…

La question d’ailleurs ne se pose pas seulement pour les universités du reste du monde. A la suite de Clay Shirky, Jon Bruner pour le Radar d’O’reilly évoque le risque que les Moocs, par le développement d’une hyperconcurrence entre écoles, puissent démanteler le réseau scolaire américain lui-même…

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  1. La question du numérique en éducation se réduit bien souvent à une question de matériel. On se demande si le TBI, ou la tablette, ou l’OLPC peuvent être d’une utilité réellement décisive. Mais l’on ne se demande pas trop ce qu’on va mettre dans ces machines. Ou plutôt, on souligne qu’on peut charger ces machines avec quantité de logiciels (des ressources, des outils) différents. Et l’on se dispense de choisir, pensant que l’usager (élève, professeur) le fera à la place du technologue dont ce n’est, en effet, pas le métier. Mais cette prise de parti pour le nombre, pour l’abondance et la diversité de l’offre ne donne pas de bons résultats, et l’on est tenté d’en conclure que le materiel n’est pas adapté.

    On parle aujourd’hui de tablette numériques dont les prix ne cesseront de baisser, et qui pourront être dédiées à des usages uniques. L’expérimentation finira par faire émerger de nouveaux logiciels d’apprentissage, propres aux technologies (aux supports) numériques et d’une efficacité incontestable. Jusqu’à présent, remarquons que ce n’est pas le cas. Que nous n’avons à citer (à ma connaissance) aucun logiciel qui ait révolutionné l’apprentissage dans quelque discipline et à quelque niveau que ce soit. Mais cela finira par arriver. Et ces logiciels (ou ces ressources, ou ces outils) ne manqueront pas d’être embarqués sur des tablettes dédiées. Et alors, on ne pourra plus douter de l’efficacité du numérique en éducation. Telle est du moins l’hypothèse à partir de laquelle travaille notre atelier avec ses Moulins à paroles (m@p).

  2. @Christian : « Mais cela finira par arriver. » Le numérique demeure la matière même des rêves. Ce serait intéressant de se demander pourquoi on croit à cela ? Pour ma part, j’avoue être très sceptique sur ces promesses sans cesse renouvelées. Je pense que nous y projetons quelque chose d’autre que des « données objectives », des intuitions ou une simili prospective documentée des tendances à venir. Une envie, un désir… Mais qui se heurte a des principes de réalités que nous avons du mal à percevoir.

  3. @Hubert Ce dont je souligne qu’il n’est pas encore arrivé et dont je prédis qu’il finira bien par arriver ne relève pas précisément de l’ordre du numérique… Les technologies de l’apprentissage ont toujours existé, et elles ont tj évolué. Et cette évolution a tj eu un impact sur notre rapport aux savoirs. Le fait est qu’elle a été lente et comme spontanée, je veux dire que nos intellectuels ne s’en sont jamais beaucoup occupé. Cherchons quelque chose sur la forme « école » comme dispositif d’apprentissage chez Sartre ou Foucault. Sauf erreur de ma part, on ne trouvera rien (ou presque). Et la résistance au numérique tient à ce refus de prendre au sérieux les technologies de l’apprentissage. Hier, il n’y avait qu’un instit. come Célestin Freinet pour s’intéresser à cela. Aujourd’hui, on voit Michel Serre qui s’en mêle. Et remarque que c’est l’impact du numérique qui le conduit à nous en parler. Il faudra se décider à parler de l’histoire des technologies de l’apprentissage comme Emmanuel Le Roy Ladurie s’est intéressé (dans les années 60) à la longue histoire des technologies de l’agriculture. Nous devons être attentifs à ce qui affleure dans les technologies numériques les plus à la mode, et en même temps nous devons avoir conscience que nous sommes pris dans un bouleversement qui concerne les « longues périodes » de notre rapport au savoir…
    Me semble-t-il…

  4. Bonjour,

    Intéressante analyse, la dimension du modèle économique est effectivement très présente dans toutes les réflexions autour des MOOCs. Les travaux autour des analyses de données, que ce soit pour des aspects d’apprentissage automatique ou de « learning analytics » sont également très présents.

    Par contre, je regrette que la discussion s’arrête sur la question de l’échange entre participants. En effet, les initiateurs des MOOCs ne sont pas les grandes universités américaines, mais bien un groupe d’enseignants/chercheurs canadiens (George Siemens, Stephen Downes, Dave Cormier) qui promeuvent justement un modèle en ligne basé sur les échanges, les liens et l’abondance des sources (d’ailleurs la vidéo proposée pour comprendre ce qu’est un mooc décrit ce modèle). Il y a ainsi un décalage entre la trame de l’article et cette vidéo. Et un manque sur les dimensions mises en avant par leurs travaux et les cours qu’ils organisent.
    Pour moi, la question de la place du numérique dans la formation est bien profondément chamboulée par l’arrivée des MOOCs : parce qu’elle repose la question de l’articulation des différentes activités pédagogiques, parce qu’elle ouvre et rend visible les pratiques, parce que les MOOCs ne sont pas auto-suffisants comme le démontre les taux de suivi…
    Autre regret à la lecture de certains articles d’Internet Actu, et de celui-ci en particulier, ce choix de ne se référer qu’à des sources américaines (ou d’internetActu). Certaines notions pourraient s’appuyer sur des sources francophones. J’ai ici pensé à Marcel Lebrun pour les questions de classe inversée, car il a un vision systémique de cette approche. Et j’aurai tant aimé que notre petit mooc francophone itypa.mooc.fr (ITyPA pour Internet Tout y est Pour Apprendre) qui se réclame des approches connectivistes soit cité:-)
    Sinon coté conclusion, c’est effectivement l’ouverture des Mooc qui repose modèles pédagogiques et économiques.

    Merci en tout cas pour cet article
    Jean-Marie Gilliot

  5. Merci pour ce billet qui remet les pendules à l’heure sur la confusion entre innover en pédagogie en terme de pratiques et plagier les anciennes pédagogies (behaviorisme et socio-constructivisme) avec les dernières technologies.

    Dans une société qui devient de plus en plus égocratique, le mirage MOOC se porte bien mais quid des résultats pédagogiques et de performance de l’apprentissage comme vous le détailler si bien.

    http://code-formation.overblog.com/les-mooc-connectivistes-les-formations-des-egocrates

    Une précision sur l’expérience de Sugata Mitra, ne pas oublier que le succes de son expérimentation réside également par l’encouragement des Cloud mamies (sauf erreur de compréhension de ma part de votre article)

    De ma propre expérience de participant à un mooc francophone itypa, les determinismes technologiques associés aux carences pédagogiques participent grandement au taux d’abandon.

    Comment un individu pourrait-il suivre correctement un apprentissage si ce dernier ne respecte pas les lois de la vie d’une formation (bionomie) ?

    Le grand oublié est le comportement du cerveau humain, 1er organe sollicité pour apprendre. Sans respect de son fonctionnement point de salut pour la qualité de la formation.

    Pour conclure sur une note positive sur les MOOC, ils permettent de faire prendre conscience de toutes les raisons de leur échec explicités par les apprenants.

    Peut etre qu’un jour les formateurs et les concepteurs seront capables d’entendre les paroles des apprenants, qu’ils arreteront de les considérer comme des vases à remplir mais comme un système dynamique complexe qui a déjà mis en place des stratégies inconscientes et consciente pour s’adapter au monde qui l’entoure.

  6. De la poule ou de l’oeuf… Ce que l’on sait des réseaux, c’est que les interactions humaines sont de natures différentes en fonction de la taille du réseau (voir la présentation de Michel Cornu sur le sujet : http://prezi.com/zfw1u8jrd7ax/la-cooperation-en-25-mots-cles/) sur les principes de coopération et d’abondance.
    Deuxièmement que la démarche du MOOC ressemble furieusement au principe de la théorie de la cathédrale et le bazar d’Eric Raymond : http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Cath%C3%A9drale_et_le_Bazar
    Ces principes peuvent être associés avec des rencontres de proximité… Et c’est ce qui arrive souvent dans les réseaux. On fait connaissance; et puis vient l’envie de se rencontrer.
    Donc, cela oblige à penser en écosystème. Alors avant de parler d’échec, j’ai des sérieux doutes puisque parcours chaque jour ma time line #itypa et je découvre, redécouvre des sujets qui m’intéresse, croise des connaissances et réinterroge mes pratiques.
    Cette notion de taille est au coeur de la réflexion, au même titre que le temps et l’espace. Et pour faire une boucle historique facile, allez voir du côté de l’école mutuelle qui fonctionnait comme un réseau ou un MOOC entre quatre grans murs… http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cole_mutuelle
    Prenons le temps du recul avant de jeter au bain les expérimentations en cours. Elles risquent de changer le cours de l’histoire, dont la pédagogie et l’économie.
    Et si les gens avaient juste soif d’apprendre ?

  7. Il se trouve qu’en 2000 j’avais commis un texte en ligne appelé « les maisons de la connaissance » http://bruno.devauchelle.pagesperso-orange.fr/utopie.htm
    En 2012 j’ai publié un ouvrage appelé « comment le numérique transforme les lieux de savoirs » (FYP) qui reprenait et problématisait cette question de l’école.
    Je suis très content de voir que cette idée fait son chemin, mais elle n’a pas si nouvelle que ça…

    Bruno Devauchelle

  8. Pour compléter mon propos, deux remarques :
    La première est que le modèle de la scolarisation adopté par l’UNESCO dans la suite des Lumières (Condorcet…) est un modèle économique Et industriel de la transmission. C’est le meilleur rapport coût/efficacité.

    La deuxième concerne ce qui se passe du coté de celui qui apprend. les Mooc nous révèlent, comme les FAD et FOAD, qu’une des questions essentielle réside dans la capacité de l’apprenant à s’autodiriger dans les apprentissages. Or cette dimension est trop souvent absente des dispositifs proposés, ou tout au moins est-elle considérée comme implicite.
    Il est possible que des enfants et des adultes n’ayant pas connus la forme scolaire soient capables d’apprendre autrement qu’avec l’école… Comment se passait la transmission et l’éducation ( au sens large) avant l’avènement de la scolarité (qui rappelons le est une forte évolution issue du XIXè siècle)

    Bruno Devauchelle

  9. Pour y voir clair dans toute cette quincaillerie, peut-être faut-il revenir à des questions plus fondamentales : « Pourquoi apprenons-nous ? » et plus largement : « Pourquoi parlons-nous ? ». Enfin, « Pourquoi industrialise-t-on le langage ? » et… pourquoi, bien souvent, ça ne marche pas ? ;-).

    Voir deux séminaires récents du groupe de recherche « Evolution, Complexity and Cognition » (ECCO)

    http://ecco.vub.ac.be/?q=node/193
    http://ecco.vub.ac.be/?q=node/194

  10. La perturbation économique a déjà commencé, rapporte la Technology Review : plus de la moitié des étudiants qui se sont inscrits aux cours massivement ouverts en ligne qu’ont lancé start-ups et universités américaines viennent d’en dehors des Etats-Unis. Les Moocs font entrer de plein fouet toutes les universités du monde à l’heure de la concurrence. Si les projets commencent à poindre dans des universités du monde entier, le risque de « macdonalisation » de l’enseignement est posé… Même si, pour certains, l’enseignement en ligne est aussi une opportunité pour rapidement et radicalement transformer les universités les plus pauvres.

    La question d’ailleurs ne se pose pas seulement pour les universités du reste du monde. A la suite de Clay Shirky, Jon Bruner pour le Radar d’O’reilly évoque le risque que les Moocs puissent démanteler le réseau scolaire américain lui-même… Pas les meilleures universités, mais les moins bonnes, dont les étudiants pourraient rapidement courir vers des formes éducatives alternatives.