Quel avenir pour les EPN ? (3/3) : nouvelles missions

« Se limiter à l’apprentissage de l’outil informatique a été trop longtemps un réflexe de protection », estime Richard de Logu, directeur de l’association Bug à Rennes. « Aujourd’hui, l’un des enjeux des EPN est de s’ouvrir à toute la palette des usages du numérique : la fabrication, les transports, la démocratie, l’économie… parce que tout est devenu un enjeu du numérique. Les animateurs doivent bien sûr monter en compétence dans le champ de l’innovation, dans celui des méthodes de formation, dans celui de la mise en relation citoyenne. Ils doivent devenir des animateurs de développement local. »

Pour conclure ce dossier, nous voulions regarder les objets dont pouvaient se saisir les EPN pour se transformer et devenir des structures d’accompagnement de projets comme l’esquissent les transformations dont ils sont déjà l’objet.

Animer l’hyperlocal ?

Bien souvent, les EPN n’ont pas saisi la perche de l’animation du web hyperlocal. Si les animateurs des EPN ont aidé des particuliers ou des associations à ouvrir des espaces contributifs sur l’internet, ils ont rarement mis en valeur un web local qu’ils connaissent finalement souvent assez mal. Leurs missions aurait pourtant pu être de révéler l’hyperlocal, de mettre en place des outils pour la communauté locale : agenda participatif, moteurs de recherche local, portails locaux…. Montrer les dynamiques du web local, rendre compte de ce qu’il s’y passe… Les animateurs ne sont pas devenus les « City Manager » du web local, ceux qui organisent la lisibilité de ce qui se passe localement en ligne. Ce sont les pure players de la presse locale (comme Grand-Rouen, MarsActu, DijonScope, Carredinfo, Montpellier-Journal, Rue89 Lyon….) qui ont eu tendance à prendre ce rôle, renouvelant et prolongeant le rôle initié par les premiers blogs locaux.

Le soutien à l’innovation numérique locale est un enjeu dans lequel les animateurs d’EPN auraient pourtant un rôle complémentaire à jouer. Ce pourrait être une piste de leurs futures missions. Celle-ci est souvent difficile, car les animateurs sont également tributaires de leurs employeurs publics. Peuvent-ils mettre en avant des sites d’opposition locaux ?


Image : le Netvibes brestois, une fenêtre sur l’actualité web locale.

Aider les associations locales à se mobilier et s’organiser via l’internet ? Aider à organiser et à faire voir ce qu’il se passe sur le web local ? La ville de Brest a depuis longtemps fait le choix d’accompagner les usages collaboratifs en ouvrant des wikis et des sites contributifs par exemple (comme WikiBrest, mais il y en a bien d’autres). Elle tente d’organiser et de donner à voir par une multitude d’outils la diversité du web local (comme le Portail des savoirs, le Netvibes Brestois…). Mettre en avant depuis les discussions sur les réseaux sociaux professionnels, les entreprises qui embauchent, relier les actions web des associations locales, mettre en avant les contributions les plus riches du web local… Sont autant d’objectifs permettant de donner corps et lisibilité à la diversité de la communauté en ligne afin qu’elle ne soit pas organisée demain, uniquement par les géants du secteur, comme Facebook.

De l’EPN au FabLab ?

Une autre piste est de s’intéresser à d’autres objets numériques, aux objets numériques de demain. La production d’information et de données et bien sûr la fabrication des objets numériques. Aider les gens à être des utilisateurs avancés de l’internet plutôt que de simples consommateurs est un enjeu de société important. Pour cela, il est nécessaire que les EPN s’intéressent fortement à d’autres objets qu’aux cours de découverte d’internet ou aux outils de bureautique. Accompagner les gens à construire des objets matériels hybrides est une première piste. Et les FabLab une possible réponse.


Image : un atelier du LabFab, photographié par Laurent Flamand.

A Rennes, le LabFab, s’est lancé sans grands moyens depuis janvier 2012. Il n’est ouvert que quelques heures par semaine, intervient plutôt lors d’animations locales… Il a néanmoins réussi à proposer plus d’une vingtaine d’ateliers en 10 mois initiant gratuitement plus de 450 personnes à la programmation d’objets – « pas des nerds, non, 95 % des participants étaient des débutants, des gens qui n’avaient jamais touché un objet électronique », précise Hugues Aubin, chargé de mission technologies de l’information à Rennes Métropole – avec quelques dizaines de kits littlebits ou de kits de baptêmes de soudure. Fabriquer des objets permet même de croiser les compétences intergénérationnelles, entre les aînés qui redécouvrent la soudure d’antan et les plus jeunes qui démontent le fonctionnement de leurs outils techniques. Les ateliers ont tous été remplis en moins de 48h, uniquement via Twitter et l’internet, précise Hugues Aubin. « La demande est plus forte que ne peut le soutenir la structure naissante ».


Vidéo : Hugues Aubin explique pour le supplément du Monde Planète plus intelligente les enjeux du LabFab.

Reste que c’est encore la débrouille. Le local du LabFab est offert par l’école des Beaux-Arts de Rennes, les formateurs sont mis à disposition par la ville de Rennes, Telecom Bretagne ou l’association Bug et les kits achetés pour les ateliers l’ont été par Rennes Métropole et la ville. Le bilan du LabFab est très encourageant, mais encore faut-il que les partenaires mettent à disposition du temps homme pour continuer et renforcer ce qui a été esquissé. La préfiguration du LabFab est prometteuse, tout l’enjeu est maintenant de le pérenniser…

« En fait, la mission des EPN est en train de changer sans qu’une stratégie de changement ne leur soit adressée. On ne les transformera certes pas tous en FabLab. Il est essentiel de leur laisser le choix de savoir en quoi ils doivent se transformer, que l’initiative vienne des animateurs et des lieux qui les accueillent plutôt qu’elle ne soit imposée d’en haut », estime Julien Bellanger de l’association Ping. « La transformation d’EPN en FabLab nécessite de créer des structures plus malléables, plus agiles pour faire des choses différentes et pour les faire différemment. Sur FabLabo.net ont a recensé 31 projets de FabLab en France, mais seulement 2 fonctionnent vraiment actuellement. »

« L’accès public n’est plus innovant, donc on ne le finance plus », reconnaît le consultant et formateur Philippe Cazeneuve. « Un certain nombre de régions commandent des diagnostics pour se désengager des EPN. Le financement va à l’innovation ou à l’innovation sociale. Les opérateurs qui se positionnent sur des projets de type FabLab ne sont pas toujours issus du secteur des EPN (beaucoup viennent par exemple des Centres de culture scientifique technique et industrielle, CSTI » (par exemple le CSTI de Grenoble qui a ouvert un Fablab en son sein), « qui sont plutôt des centres de ressources à rayonnement régional et qui ont toujours été des structures atypiques dans le paysage de l’accès public). Eux vont s’en sortir. Allons-nous pouvoir construire autant de FabLabs, d’espaces de coworking et de tiers lieux que nous avons bâtis d’EPN ? »

« Les compétences de ces nouveaux types d’espaces ne sont pas les mêmes que celles qui président à l’animation multimédia », tempère encore Philippe Cazneuve à la suite de Julien Bellanger. « Gérer un FabLab n’est pas la même chose que gérer un EPN par exemple. Il y a une dimension de recherche de financement, de montage de projets, d’amplitude horaire… que les animateurs multimédias ne connaissent pas nécessairement. Cela suppose surtout une capacité d’initiative qu’ils n’ont pas forcément à ce jour. Où sont les élus qui leur disent d’innover ? » Le risque d’une telle transformation comme le laissait entendre Sabine Blanc journaliste à Owni.fr en discutant d’une réaction sur Twitter de Fleur Pellerin, ministre déléguée aux PME, à l’Innovation et à l’Économie numérique, et d’une rencontre sur le sujet au cabinet de la ministre est certes une piste, mais ne peut pas être systémique. Tous les EPN ne se transformeront pas en FabLab. Et les seuls FabLab ne fourniront pas les 5000 emplois qu’occupent actuellement les animateurs…

Des EPN aux InfoLabs

Mais il n’y a pas que le matériel qui a besoin de médiation comme nous l’avions souligné dans un édito récent. Il y a aussi la production de données. L’InfoLab est une autre piste pour que les EPN proposent de nouvelles formes d’animation, aident les associations, les citoyens et les écoles à comprendre et produire des données, parfois sans même avoir recours au moindre outils technologiques comme le démontre Simon Chignard. Si on ne veut pas que la donnée soit seulement le fait des entreprises, il faut armer les citoyens à la manipuler, à en comprendre le fonctionnement à la produire et même la coproduire avec les services publics et avec les autres acteurs de la société.


Image : Kit participatif pour une coproduction des données dans le Jardin du Thabor à Rennes imaginé par Simon Chignard. Créer des données sans toucher aux données.

Là encore, il y a de nouveaux objets à saisir pour renouveler le rôle des EPN. Les faire devenir des espaces de sensibilisation, de médiation à la manipulation et à la fabrication de données, pour les transformer en « Manufacture de données ».

« Voilà 10 ans que les EPN sont en difficulté », rappelle Julien Bellanger de l’association Nantaise Ping. « S’ils doivent devenir des lieux où l’on s’approprie la culture numérique, comme l’expliquait Alain Giffard, l’un des initiateurs de ces formes d’espaces à une séance de Parcours Numériques dédiée justement à la réinvention de ces lieux (écouter son intervention audio), encore faut-il que les animateurs disposent de repères solides sur ce qu’est la culture numérique. Et la question de la formation des animateurs, qui est une question consubstantielle à la création des EPN, demeure encore, presque 15 ans après la création des EPN, une question ouverte à laquelle les animateurs manquent de réponse. »

« Dans quelle mesure veut-on que les gens s’approprient la culture numérique ? A Nantes, on nous parle beaucoup d’open data depuis 1 an, mais dans aucun espace numérique nantais on ne trouve des acteurs capables d’expliquer l’open data. Il n’y a ni formation, ni lieu de formation, ni formule continue d’accompagnement du public. Alors que ce devrait être un objet, pour les EPN, pour chercher des partenariats ou activer du recueil de données par exemple. »

Des espaces pour les projets numériques

On l’a vu également, les EPN sont aussi des espaces où l’on vient trouver du lien social, monter des projets, même si cela est encore trop rarement inscrit dans leurs missions. Les structures sociales qui les accueillent utilisent rarement le numérique comme un levier pour leurs actions. Le besoin de lieux pour éduquer aux enjeux de l’internet se fait également partout ressentir.

Transformer les EPN en Espaces publics innovants suppose bien sûr de les doter de forces vives qui soient bien différentes de celles qui les structurent actuellement. Cela suppose de faire monter en compétence les animateurs. De transformer leurs missions. De nombreuses pistes s’imaginent un peu partout. Les transformer en tiers lieux, en lieux de médiation à l’administration, en centres d’accompagnement sociaux numériques, en lieu de formation à la culture numérique, en espaces de coworking sur le modèle du réseau des cantines…

« Beaucoup des gens qui viennent suivre un atelier à Ping sont en phase de démarrage d’activité économique. Le soutien au lancement d’activité pourrait être également une piste pour l’avenir des EPN », estime Julien Bellanger de Ping, « pour autant que ces structures soient soutenues par les responsables du développement économique, ce qui est loin d’être le cas le plus courant. »

Les idées ne manquent pas. Des projets s’organisent. Le besoin de médiation numérique n’a cessé d’augmenter à mesure que le numérique s’infiltrait dans toute la société. Le problème est que bien souvent, nous manquons de structures capables d’accueillir et d’accompagner les projets, de conseiller et de former… et plus encore de structures pour animer et aider aux actions collectives. Si le numérique rend les gens en capacité de se débrouiller, il a plus de peine à les aider à s’organiser entre eux.

Comme le souligne le designer Jean-Louis Fréchin sur son blog, nous avons besoin d’espaces publics de la contribution… De lieux pour faire naître les idées, de lieux pour faire naître les projets, de lieux où se fabriquent la transdisciplinarité. C’est-à-dire de lieux pour faire ensemble, pour comprendre et produire. Ce qu’il appelle des Fablab sociaux, des FabLab de formation et des FabLab de production. Que nous pourrions résumer sous le concept de XLabs, des laboratoires, des lieux d’expérimentation dédiés à un ou plusieurs objets.

Les EPN ne deviendront pas tous des FabLab, mais doivent pouvoir se transformer en structures diverses et variées pour accompagner l’appropriation des objets issus du numérique, de la « culture du numérique » aussi divers soient-ils.

Structurer le réseau

Reste que si leurs objets auxquels se consacreront les futurs EPN sont divers, l’une des grandes faiblesses du réseau des EPN jusqu’à présent a été leur trop grande diversité de structure et leur manque de mise en réseau.

« L’absence de structuration des EPN aujourd’hui est un frein », estime Richard de Logu. « Les profils des animateurs sont trop disparates. C’est par le travail en réseau que les EPN évolueront. Ils ont besoin d’un accompagnement permanent pour permettre à leur rôle de coller aux évolutions des usages. C’est ce que réussit NetPublic notamment. Mais l’animation de réseau au niveau régional marche mal, même en Bretagne où les réseaux sont pourtant fortement mobilisés. Il est urgent de réussir de l’accompagnement permanent de proximité. »

Comme nous l’avons souligné, la grande diversité des structures et la faiblesse de la structuration des réseaux entre EPN, est aujourd’hui un frein dans leur transformation. C’est assurément une situation qu’il faut changer, afin de structurer le réseau et permettre aux EPN de faire des actions d’envergure que leur isolement empêche. Il est peut-être temps que le réseau des EPN se dote d’une structure nationale pérenne et dotée de ressources propres… Pour développer des projets qui pourraient bénéficier à tous ses acteurs. Cette structure nationale pourrait aider, pourquoi pas, à développer des logiciels. Elle permettrait de s’intéresser au matériel alors que le coût de celui-ci ne cesse de chuter. Serait-il si étonnant par exemple, que les EPN demain fabriquent et vendent des tablettes, des liseuses ouvertes, avec des logiciels ou des applications développées par leurs soins, plus ouvertes que ne le font les modèles propriétaires ? Peuvent-ils devenir les premières mailles d’un réseau alternatif ?

Nous avons là des acteurs prêts à défendre le bien commun, le bien public, dont ce pourrait être la mission. Armons-les, donnons-leur la possibilité de réaliser leurs desseins. Si nous ne voulons pas que les usages des gens se limitent à celui de bandits manchots dans des casinos d’applications propriétaires, c’est à la société de décider d’encourager les usages collectifs et participatifs. Il y a 100 000 choses à faire pour changer notre société. Et le numérique sera le liant de ces changements.

Alors que le gouvernement prépare un sempiternel plan haut débit, il serait temps enfin de préparer un plan pour encourager les usages de l’internet, pas ceux qui cherchent à emprisonner notre temps de cerveau disponible, mais ceux qui visent à en libérer l’action commune et notre sociabilité à l’heure du numérique.

L’ultime action, plus difficile à mener, pourrait être d’arrêter que les animateurs dépendent de structures fixes et existantes, mais soient enfin organisés en réseaux locaux. Plutôt que chaque structure se dote d’animateurs – trop souvent polyvalents et multitâches, c’est-à-dire capables à la fois de gérer des parcs de machines, de faire des formations sur une multitude d’outils… – qui doivent tout maîtriser, il serait peut-être tant de mutualiser. De créer une structure dédiée, capable d’intervenir dans toutes les structures existantes. Plutôt que sur un territoire avoir 10 animateurs relevant chacun d’une structure, répétant chacun les mêmes actions, ne serait-il pas plus pertinent qu’ils relèvent enfin tous d’une mission unique qui interviendrait ou se délocaliserait en partie dans d’autres structures : bibliothèques, écoles, collèges, Pôle emploi, MJC, centres sociaux, etc. ? C’est le moyen de faire de la mutualisation et de la montée en compétence efficace. Plutôt que d’avoir un animateur polyvalent dans chaque structure, on peut avoir un réseau d’animateurs avec chacun ses spécificités (un technicien qui sera déjà aux machines, un profil plus journaliste pour animer le web local, un autre plus pédagogue…), mieux à même de répondre plus efficacement à la diversité des demandes. Assurant c’est plus d’une équipe, d’une task force territoriale que d’un lieu dont nous avons peut-être le plus besoin.

Le renouveau par l’ambition

Le recul de la fréquentation risque de mettre un frein brutal à ces dispositifs. Il va leur être nécessaire d’être ambitieux pour ne pas disparaître. Nous avons toujours (plus que jamais) besoin d’animateurs et de médiateurs autour du numérique. C’est le seul moyen de nous aider tous à en faire autre chose que ce que les sociétés commerciales veulent que nous en fassions. Si les EPN meurent, alors que 5000 XLabs naissent ! Nous avons plus que jamais besoin de médiation pour agir sur un monde qui ne cesse de changer.

Les arbitrages budgétaires risquent d’être rapides sur ces structures dont beaucoup d’élus ont du mal à comprendre l’utilité. Les EPN vont devoir faire preuve d’ambition pour résister à la crise qui vient. Ils vont devoir se doter de nouveaux objectifs, d’une stratégie, d’une vision pour le territoire et le développement des usages. Tant mieux. La baisse de la fréquentation est une bonne nouvelle. Elle va leur permettre de réagir ! Elle va leur permettre de montrer que le lien social local ne peut désormais plus faire abstraction du numérique. Au contraire, que celui-ci est devenu le vecteur de nos relations et que c’est eux, animateurs, qui doivent, qui peuvent l’armer et en favoriser la diversité.

Hubert Guillaud

Retrouvez le dossier Quel avenir pour les EPN ?

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  1. L’accompagnement aux usages de l’Internet et du numérique, contrairement à une idée longtemps évoquée reste toujours d’actualité. D’une part pour continuer l' »alphabétisation numérique » auprès des primo-utilisateurs et aussi pour permettre l’acquisition d’une « autonomie numérique » pour les publics qui ont déjà accès aux outils d’accès à l’Internet. Cela afin d’acquérir les compétences permettant d’utiliser les outils numériques comme leviers de développement socio-économiques et culturels dans les territoires.

    Les EPN sont déjà et peuvent devenir plus systématiquement encore des espaces de ressources, de formation, d’innovation et d’expérimentation des nouveaux outils et des nouveaux concepts au service de l’économie locale, de l’éducation scientifique et technique, du développement socio-culturel…

    Les descriptions des actions mises en oeuvre par les espaces référencés sur l’annuaire géolocalisé des EPN mis à disposition par la DUI montre ces évolutions : le développement de projets coopératifs avec les habitants, la pluralité des partenariats notamment avec Pôle Emploi et l’Éducation Nationale… Il convient de noter que NetPublic est un portail national de ressources en ligne financé et animé par la DUI. S’il est le reflet de la vitalité des associations et des services publics sur les territoires, il fonctionne sous le seul statut de service public de l’État.

    Les évolutions des EPN montrent aussi que les compétences des animateurs multimédias, des médiateurs numériques et des chargés de développement TIC se sont à la fois développées et qu’elles se sont diversifiées. Ces nouvelles missions et ces nouveaux intitulés reflètent la vitalité des missions des EPN qui se sont progressivement spécialisés. Ces évolutions ont été rendues possibles par l’acquisition de nouvelles qualifications par les responsables des EPN.

    L’une des missions essentielles des EPN aujourd’hui concerne l’aide à la recherche d’emploi sur Internet. En effet, en l’espace de quelques années, il est devenu indispensable de maîtriser ces outils pour effectuer des recherches d’emploi et ce quel que soit le niveau de qualification. Ainsi parallèlement au portail NetPublic, la DUI a développé le portail de ressources « NetEmploi. fr » dont la mission est de fournir une aide à la maîtrise des outils de la recherche d’emploi sur Internet.

    Un autre facteur d’évolution important des usages numériques concerne la maîtrise des terminaux mobiles qui deviennent un élément indispensable des savoir faire numériques aujourd’hui. Les services de l’Internet mobiles sont en effet devenus en l’espace de quelques années des outils quotidiens pour plus de 40 % des citoyens (cf. étude Médiamétrie). Et si les terminaux mobiles sont plus ergonomiques que ne l’étaient les ordinateurs, ils nécessitent néanmoins des actions d’accompagnement pour en tirer le meilleur parti en particulier auprès des publics « primo-utilisateurs » (qui n’ont jamais utilisé des outils informatiques traditionnels dans le cadre de leurs activités professionnelles).

    De plus, à mesure que de nouvelles pratiques numériques se développent, il devient nécessaire de faire évoluer les missions et les qualifications des personnes qui seront chargées d’accompagner l’ensemble des publics vers ces nouveaux usages. Ce sera bientôt le cas avec l’ouverture vers les nouvelles pratiques numériques (comme la fabrication décentralisée dans les FabLabs) et bientôt les outils numériques mobiles liés à la santé ou encore à la maîtrise de l’énergie.

    Ainsi, loin de « s’éteindre » du fait d’une massification des usages numériques, les missions des EPN devront au contraire se développer pour s’inscrire dans de nouvelles dynamiques économiques, technologiques et sociales au sein de l’ensemble des territoires.

    La Délégation aux Usages de l’Internet

  2. Merci pour cette série de billets. Je vous rejoins sur la difficulté des EPN à se faire entendre. Le champ des possibles est large, mais il dépend aussi de la vision de nos élus. La notion « d’innovation » n’est pas la même pour tous.
    Une structure nationale permettrait peut-être de se faire entendre dans les réflexions « école numérique » typiquement. Mr Peillon présent aujourd’hui son plan « école numérique ». Mme Pellerin sera là. Est-ce que pour autant les EPN vont être d’une manière ou d’une autre associés à ce plan ? Rien n’est moins sur et pourtant l’éducation aux usages du nuériquue, il paraît que c’est le coeur de étier des EPN…

  3. Merci pour ce dossier et pour cette analyse très juste de la situation des EPN. Je partage et vis sur le terrain ces difficultés et ces embryons de transformations qui ont du mal à émerger parce que assez mal identifiés, trop « nouveaux » et pas assez concrets pour nombre d’élus. On sent bien toutes les potentialités des EPN mais on ressent aussi un très fort isolement et une grande inertie des politiques à ce sujet. Alors, on bricole, faute de mieux. Je rejoins également l’idée qu’il manque une structure permettant non seulement de fédérer et d’animer (ce que fait la DUI) mais aussi et surtout de former, d’accompagner et de dynamiser ces EPN qui se sentent parfois bien seuls…

  4. Il est vrai que nous avons clairement un train de retard (malheureusement) dans certains domaines, et nous ne sommes parfois pas prêt (ou en tout cas mal préparés) à la « compréhension globale » de certaine technologies.

  5. Si les deux derniers articles montrent ces multiples facettes de la médiation numérique, il ne faut pas en conclure que la fonction d’accompagnement a disparu.
    L’accompagnement des personnes peu habiles este au coeur de l’activité de nombre de lieux d’accès publics dans les quartiers.
    Lorsque l’on met en place des visas numériques sur Kerourien ou Keredren à Brest cela concerne des dizaines de personnes.
    Le bilan sur l’appel à projet annuel nous a appris que la fonction de rencontre des médiateurs est essentielle.
    Et nous avons besoin d’une animation en proximité à l’échelle des territoires locaux telle celle au pays de Brest.

    Cette animation concerne les ateliers (un par semaine, j’espère qu’avec l’ouverture de la cantine cela pourra être doublé) qui outille les médiateurs .
    Mais l’outillage doit aussi être méthodologique.
    Apprendre à animer un projet collaboratif n’est pas inné dans une société marquée par la compétition, et l’organisation hiérarchique.

    D’où l’importance des formations-actions « Animacoop » d’une centaine d’heures qui développent la capacité d’agir des médiateurs du numérique.
    Fablab, maison du libre, cartes participatives, portail des savoirs, webTV de quartier, intergénerations, openbidouille camp c’est une foultitude de projets innovants qui émerge de ce réseau des acteurs de la médiation numérique en réseau collaboratif.

    La médiation numérique c’est aussi introduire les pratiques collaboratives au sein des quartiers et des communes

  6. Le Comité interministériel de la jeunesse présidé par le premier ministre Jean-Marc Ayrault a lancé la politique « Priorité jeunesse » du gouvernement, rapporte NetPublic. Parmi les 13 chantiers prioritaires, le 9e s’articule autour des EPN et présente deux mesures concrètes : le déploiement d’emplois d’avenir dans les EPN et le déploiement de nouveaux services de fabrication numérique pour les jeunes (inspirés de FabLabs) qui se concrétisera par un dispositif de formation spécifique des responsables d’EPN.