Pas d’intellectuels critiques dans le numérique

Il manque au monde numérique des intellectuels critiques. Tel est le constat qu’un professeur de théorie politique américain, Henry Farrell (@henryfarrel), dresse dans le dernier numéro de la revue Democracy.

Pourquoi est-ce important ? Parce dès que vous vous intéressez au numérique, vous découvrez une petite constellation d’intellectuels, américains ou travaillant aux E-U, qui tiennent le haut du pavé. Ils s’appellent Nicholas Carr, Clay Shirky, Ethan Zuckerman ou encore Jeff Jarvis. Ils tiennent des blogs très lus, écrivent des livres à succès, participent à toutes les conférences importantes, et la moindre de leur analyse fait le tour des réseaux du monde entier. Alors quand quelqu’un avance que ces intellectuels ne sont pas critiques, ça nous intéresse jusqu’ici, dans notre vieux pays.

Qu’est-ce que Farrell reproche à tous ces gens ? Eh bien tout simplement de fournir un emballage vaguement intellectuel aux idées qui servent les grandes entreprises du numérique. L’attaque est rude, mais Farrell l’étaye.

Contrairement aux intellectuels d’antan qui étaient le plus souvent universitaires, ceux-là ne le sont pas, ils n’ont pas de base, même économique. Leur écosystème, c’est celui des réseaux, c’est ce qu’on appelle l’« économie de l’attention ». C’est-à-dire que leur succès, et donc leur revenu, sont déterminés par leur capacité à attirer l’attention et à maintenir cette attention, dans un espace où elle est sollicitée de toute part. Il faut donc produire, parler dans des conférences sponsorisées par les géants du web ou même faire du consulting auprès d’eux.

Cela a des effets nombreux : la réduction du spectre politique (les opinions politiques de ces gens s’inscrivent dans un petit spectre qui va du libertarisme bon teint au libéralisme pragmatique, et exclu de fait des pensées plus radicales, à droite comme à gauche), mais aussi la production d’un discours assez uniforme (il y a des divergences, certes, mais pas de fond, tout le monde ou presque étant d’accord sur le fait que le progrès technologique est une bonne chose et que le marché est la force dominante de ce progrès).

Pourquoi c’est grave ? Parce que les vraies questions ne sont pas abordées. Par exemple, on préfère défendre la Neutralité du Net (un problème compliqué où, pour le dire vite, les grands méchants sont l’Etat et les entreprises de Télécoms, mais où les grosses entreprises du numérique ont le beau rôle), plutôt que se demander vraiment ce que ces grosses entreprises font de nos données personnelles.

Dans un monde meilleur, explique Farrell, les intellectuels du numérique devraient s’intéresser aux inégalités qu’induit l’évolution technologique, au lieu de penser que la culture de la Silicon Valley est égalitaire par nature. Ils devraient s’intéresser aux liens profonds et problématiques entre les grandes entreprises et gouvernement américain (liens qui ont été illustrés récemment par la révélation de Snowden où on s’est aperçu que ces entreprises étaient complices de ce système, comme l’a rappelé tout à l’heure Thomas Cluzel dans sa revue de presse).

Je suis d’accord avec presque tout dans ce texte, et pense même qu’il est important, tant on fait crédit à ces gens, et même en France.

Une remarque néanmoins : on n’a pas attendu Internet pour avoir des intellectuels qui servent les pouvoirs en place, même en France.

La pensée critique est une chose rare et difficile.

Xavier de la Porte

Retrouvez chaque jour de la semaine la chronique de Xavier de la Porte (@xporte) dans les Matins de France Culture dans la rubrique Ce qui nous arrive à 8h45 et sur son blog (RSS).

L’émission du 14 septembre de Place de la Toile dressait l’autobiographie numérique du journaliste Daniel Schneidermann, fondateur et animateur d’Arrêt sur Images (@arretsurimages) et qui publie Terra incognita.net.

À lire aussi sur internetactu.net

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  1. C’est oublier un peu vite les travaux de la Quadrature du Net, alimentés par les réflexions d’une communauté européenne vivante, comprenant des théoriciens de haut niveau tels que Philippe Aigrain, par exemple (voir ses écrits).

  2. L’article de Farrell est intéressant, mais n’est pas pleinement convaincant. D’abord son tri sur qui est intellectuel et qui ne l’est pas, est un peu spécieux, tant les absents sont nombreux, comme Morozov par exemple. Il a en partie raison quand il souligne que la constellation d’intellectuels américains qui s’intéressent au numérique vivent du numérique (même si nombre d’entre eux sont avant tout chercheurs et universitaires : c’est notamment le cas de Shirky ou Zuckerman, mais aussi de Morozov – même si beaucoup d’entre eux n’hésitent pas à faire des ménages dans la presse américaine ou dans des conférences, effectivement). Leurs revenus ne dépendent pas tous de l’économie de l’attention… Même si tous ont aussi des activités de consulting. Il est vrai que beaucoup de penseurs du numérique aux Etats-Unis sont avant tout des consultants (et c’est encore pire dans l’économie ou le marketing).

    Il me semble que discussions et désaccords sont plus nombreux entre ces intello du numérique que chez nous. Chez nous, ce n’est pas qu’il n’y a pas de débat, il existe un peu, mais il demeure circonscrit au web, loin des grands médias, car nos intellos traditionnels ne comprennent pas grand chose au num.

    Dire que les intellos américains défendent la neutralité du net plus que les données personnelles me semble également réducteur… Nombre d’universitaires américains ont pris des positions dans ce sens, parfois très critiques voir très actives. Tous ont certes leurs contradictions, mais c’est en les lisant qu’on s’en rend le plus compte, plus qu’en réduisant peut-être un peu rapidement leurs pensées…

    Enfin, pour comparer, il y a peu d’économistes américains critiques de l’économie de marché, de spécialistes du marketing critiques du marketing, etc.

    On pourrait dresser l’anathème de ceux qui servent le pouvoir en place. Il ne me semble pas qu’il y en a beaucoup dans la liste de Farrell.

  3. Ah, tiens, c’est amusant de lire cela sur Internetactu qui se fait l’écho régulièrement des dires des « intellectuels » en question. Quand l’un d’entre eux pète, ça ne prend pas cinq minutes pour que l’on sente l’odeur ici. Dans le sens contraire des vents dominants, ça peut prendre 20 ans ou plus.

    Un exemple parmi beaucoup d’autres : la Licence Art Libre (simple et claire) a été inventée et pratiquée en France bien avant les licences Creative Commons qui compliquent inutilement la première. Quelle caisse de résonance, la LAL a-t-elle de l’autre côté de l’atlantique ? Aucune. Par contre, on peut compter les institutions et les médias français pour importer la confusion US de notre côté et y occulter la voix de tous les précurseurs. Dans la même veine, « Code is law » a été prononcé ici, et avec nuances, bien avant que le Docteur Lessig le proclame. Par qui ? Cherchez bien !

  4. L’Europe fournit quelques exemples d’intellectuels impliqués et experts en techniques numériques, qui n’ont pas oublié leur responsabilité critique : Geert Lovink, Milad Doueihi, Stéphane Bortzmeyer, Frédéric Kaplan…

    Il me semble que #pdlt les a pris en compte, d’ores et déjà! (Mais évidemment, ils ne jouissent pas du même prestige que les intellectuels dûment installés oute-atlantique.)

  5. Peut-être que l’envoi d’un contingent d’intellectuels francophones (français ?) contenterait M. Farrell…

  6. Je crois, en effet, qu’on ne tient pas suffisamment compte de l’influence des modalités particulières de l’économie du web sur les opinions dominantes qui y circulent. Le web peut aussi être analysée comme un outil servant prioritairement la minorité qui en détient les clés d’expression.

    Ce n’est pas bien nouveau. On peut en dire autant des autres médias. Mais c’est souvent occulté et il est bon de le rappeler.

  7. Quand Farell dit «Ideas Worth Spreading», en reprenant le slogan de TED, c’est pour regretter que les idées, que lui trouve pertinentes, ne circulent pas.

    D’une certaine manière, la critique de Farell est tautologique: il regrette que l’attention soit portée sur ceux qui dominent «l’économie de l’attention».

    Mais Weinberger dans Too Big To Know rappelait que dans un monde de surabondance, clamer la vérité ne suffit plus pour être écouté. Si on cherche de l’audience, alors bien sûr, ce qui attire l’attention sera plus populaire. Tautologie, donc.

    Mais Farell termine en disant qu’il faut changer le contexte si on veut changer le débat (pour amener de nouvelles voix au débat). Dans ce sens, rappeler que l’économie de l’attention peut scléroser le discours ambiant est déjà un bon pas en avant.

    Je prends ça comme un «wake-up call».

    La question maintenant est de savoir si le but serait alors de détruire le modèle économique de l’attention (pour faire régner un débat raisonné) ou de le subvertir de l’intérieur pour placer à la tête de la longue traîne ceux qu’on juge plus pertinents (selon quel critère?).

    Cette question entre en collision frontale avec la conclusion de Xavier de la Porte ( « La pensée critique est une chose rare et difficile ») quand tout le texte de Farell et le sien, ainsi que les commentaires ici, pointent vers : «La pensée critique est une chose rarement entendue et difficile à faire remonté dans l’attention».

    Oui, il y a oui des intellectuels critiques bien portants (voir les commentaires plus haut)

    Ce que je retiens alors, c’est que chacun d’entre nous, oui nous, ici, de PDLT à Internet Actu, et sur nos blogues respectifs, devons redoubler de vigilance (quant à ne pas trop favoriser les déjà favorisés) et faire remonter ces voix manquantes pour leur donner du prestige.

    On se doit d’offrir une alternative aux « vents dominants » (dixit Olivier) si on souhaite nourrir nos « intellos traditionnels » (dixit Hubert) d’autres choses que de billets toujours en retard d’une traduction sur TED.

  8. Ok. Les vieux réflexes, encore.

    Au lieu de citer Weinberger, j’aurais pu citer Lovink dans Network Without a Cause : c’est un écosystème relativement nouveau et la tendance de remplacer l’hyperlien par le j’aime signifie que la recherche sur le web laisse sa place, dans l’économie de l’attention, au « self-referentials or gated dwelling in social media ».

    Ce que je traduis par: il n’en tient qu’à nous de pointer vers les autorités que l’on désigne ainsi.

  9. Le probléme soulevé me semble très pertinent. Les intellos qui étudient le champ numérique pour le critiquer en profondeur sont rares, ou passés sous silence. Je parle d’une remise en cause théorique (philosphique) et radicale du phénomène numérique/internet. Je vais faire mon vieux con nostalgique : où sont les Virilio, Baudrillard, Deleuze capables de nous pondre des livres de 500 pages vraiment intéressantes et radicalement nouvelles sur ce phénomène.

  10. jbmercks. Merci pour le lien. Effectivement, le ton est donné dès les pages de garde: «Ce travail critique, indépendant et citoyen, est libre de ton. L’ironie et l’apostrophe y sont utilisées comme anticoagulant à la tyrannie de l’existant».

    Ce livre, «Les réseaux sociaux rendent-ils idiots?», part sur une prémisse intéressante en définissant l’ «idiot» selon la pensée grecque («l’imbécile qui ne s’occupe que de ses propres affaires»).

    Un bel exemple de livre laissé sur le bas-côté de l’autoroute de l’économie de l’attention…

    Cpalui a demandé plus haut «où sont les Virilio, Baudrillard, Deleuze capables de nous pondre des livres de 500 pages vraiment intéressantes et radicalement nouvelles sur ce phénomène?»

    J’émets l’hypothèse suivante, en laissant les autres commentateurs y répondre: se pourrait-il que ces penseurs existent non pas à travers un livre de 500 pages, mais un blogue de 500 billets?

    L’écosystème de la critique numérique est bien vivant chez les Anglo-saxons d’Amérique. Ils peuvent faire vivre ces penseurs par les droits d’auteur et les tournées de conférences.

    Dans la Francophonie, ce terrain, au mieux, est occupé par des reporters qui traduisent ce qui se dit en anglais (que les gens sérieux ne lisent pas sauf à vouloir être en retard d’une traduction).

    La pensée critique existe dans les recoins de la sphère intellectuelle dominant, dans ces blogues qui ont survécu à décimation des réseaux sociaux (qui en ont aspiré toute conversation et asphyxier la majorité).

    Elle n’emprunte peut-être juste plus la voie des livres parce que justement elle évite la contradiction d’utiliser cette ancienne forme de présentation de connaissance pré-réseau (une pensée bornée par les limites des atomes, entre deux couvertures dures et sans hyperliens) pour être aujourd’hui réellement connectée comme l’expliquait Weinberger dans Too Big To Know (La connaissance a une forme et elle a longtemps été limité par celle du livre).

    La connaissance continue de prendre la forme de livres linaires, unitaires, déconnectés, dans des marchés riches et puissants comme chez les Anglo-saxons qui peuvent encore se permettre de réfléchir, de vendre et de faire circuler les idées sous cette forme de présentation classique de la connaissance.

    Peut-être qu’à ce point Jean-Michel Salaün, Hubert Guillaud, Olivier Auber ou Xavier de la Porte voudraient renchérir?

  11. Pour mémoire, je laisse dans ce commentaire une liste de livres francophones qui n’ont pas reçu l’attention et/ou le succès qu’ils méritaient, à mon avis, dans la Francophonie (on cite volontiers bien avant les anglophones):

    – Dominique Cardon: La démocratie Internet : Promesses et limites.
    – Antonio Casilli: Les liaisons numériques : Vers une nouvelle sociabilité?
    – Ollivier Dyens: La condition inhumaine : Essai sur l’effroi technologique.
    – Patrice Flichy: Le sacre de l’amateur : Sociologie des passions ordinaires à l’ère numérique.
    – Milad Doueihi: Pour un humanisme numérique.
    – Cédric Biagini: L’Emprise numérique
    – Dominique Wolton: Internet, et après ? : Une théorie critique des nouveaux médias.

    Je ne cite pas Michel Serres et sa Petite Poucette pcq il est l’exemple même d’une pensée qui avait déjà les feux de la rampe braquée sur lui. Il fait partie de ces intellectuels qui ont un accès au marché du livre (qui existe, oui, mais pas pour le domaine numérique).

  12. @Martin : entièrement d’accord Martin. Les intellos du numérique (francophones) se rencontrent avant tout sur la toile (et dans les revues scientifques). La pensée critique y existe mais elle n’est pas connectée à la société. Il me semble que c’est un pareil aux US en fait, où les intellectuels du numérique, même s’ils produisent des livres, n’ont pour la plupart pas une audience démesurée non plus. Est-ce à dire que ces questions peinent à infuser la société ? Qu’elles demeurent trop compliquées pour être appropriées ? La pensée critique est fournie. Mais elle prend du temps à se diffuser, car elle n’emprunte pas les chemins les plus faciles.

    Peut-être faut-il aussi évoquer la pensée qui n’est pas critique, qui a souvent une bien meilleure audience…

  13. Bien dit, oui. Bon on peut trouver sans peine sur plusieurs blogs des conférences de Deleuze, de Baudrillard, mais les lire demande de l’effort, de l’attention, du temps, car elle déconstruit les schémas de pensée trop simples, trop manichéens (pour/contre les réseaux sociaux par exemple). La critique existe mais reste peu visible car il n’y a pas de raison pour qu’elle émerge, sans quoi elle remettrait en cause bien des fondements de notre société actuelle. Une des idées du livre de Folliot « les réseaux sociaux rendent-ils idiot ? » c’est de montrer comment les réseaux sociaux verrouillent préventivement toute critique et, par delà, toute politique… Bon c’est assez complexe à expliquer comme ça (et c’est dimanche)… ça fait que 100 pages ce truc, c’est acerbe, mais ça envoie comme on dit 🙂

  14. C’est vrai que la lecture de Benkler, souvent cité comme référence dans le milieu des agences, est une vraie plaie : on se croirait à la messe (la barbe immense doit jouer).

    Je me demande s’il n’y a pas non plus un effet d’optique : on attend des intellectuels qui parleraient spécifiquement du numérique, or quand j’avais commencé des travaux de recherche il y a quelques années, j’avais trouvé la lecture des « Réseaux » un peu pesante, par contre la lectures des « Anciens » (je pense à Norbert Elias, à Braudel) franchement rafraichissante pour remettre dans un temps plus long la place du numérique.

    C’était mes two-cents : )

    M

  15. « Cette discussion me laisse quelque peu perplexe… en effet, il existe une discipline universitaire qui consacre une large part de ses travaux à ces questions, les sciences de l’information et de la communication, qui multiplie colloques, articles et livres… et si vous aviez tout simplement tapé « approche critique des TIC » dans un moteur de recherche célèbre, vous seriez tombé sur les travaux de S. Proulx, F. Granjon ou les miens entre autres.

    A titre indicatif ma thèse s’intitule L’impensé informatique (elle est disponible depuis plus de 12 ans sur internet et a été soutenue en 1994), une version courte et remaniée en a été publié avec le même titre (et comme sous-titre : « critique du mode d’existence idéologique des TIC ») aux Editions des archives contemporaines en 2012 et sera suivi d’un deuxième volume fin 2014 couvrant les années 80 à nos jours. J’ai également publié en 2005 aux Presses universitaires de Bordeaux un autre livre intitulé La logique politique des TIC. Ces livres font à eux deux plus que les 500p demandées…mais ils sont écrits, il est vrai, par un professeur d’université et non un soi-disant grand intellectuel médiatique critique. Travail d’analyse précis et, je l’espère, rigoureux, et non envolées pseudo-philosophiques, il n’est certes par facile à lire, mais pas forcément abscons pour autant.

    Quant à savoir si 500 billets de blog équivalent intellectuellement à un livre de 500p, la réponse est bien évidemment non, sauf à oublier ce que j’ai appelé (dans mon livre Mnémotechnologies, une théorie générale critique des technologies intellectuelles, publié chez Hermès en 2010) la « puissance d’architecture » (p359) de la pensée du livre…

    Bref, des travaux critiques sérieux existent, faut-il encore prendre la peine de les chercher et de les lire… »

    Bien cordialement,
    Pascal Robert

  16. Heureusement, comme Pascal Robert le signale, il existe des chercheurs universitaires sérieux. Je citerai à titre d’exemple Jean-Louis Dessalles (Telecom Paristech) qui développe une « théorie de la Simplicité » liée à une théorie de l’irruption du langage (chercher « Why we talks? » Oxford University Press) qui me semble être à même d’éclairer grandement nos contemporains sur les phénomènes à l’œuvre sur les réseaux. Lui comme beaucoup de ses collègues de très haut niveau passent en général en dessous du radar des médias. Ils leur préfèrent des universitaires plus médiatiques (tautologie), souvent des pourvoyeurs de néologismes creux, – il en existe dans toutes les institutions – , ou bien s’ils sont « critiques », c’est dans une logique de « déception » qui laisse accroire l’homme de la rue qu’il est aveugle et impuissant face aux phénomènes, et donc qu’il a besoin d’être protégé par la sphère de pouvoir dont ils sont issus. Certaines formes de pensée critique participent donc du contrôle social.

  17. Vous avez totalement raison mais se pose ici le problème de visibilité des travaux critiques, de leurs auteurs, dès lors que la parole des imbéciles médiatiques sature tout. Les réseaux sociaux ont rendu peu visibles les blogs (celui de Mercklé est intéressant, par exemple) où les idées pouvaient être délivrées publiquement, avec précision. Merci pour la référence de vos travaux.