Musique et numérique : Les voies de la création de valeur ne sont plus impénétrables

Ce texte est le quatrième d’une série d’articles consacré à l’innovation marchande dans le secteur de la musique, issu du projet Musique et numérique : la carte de l’innovation, dont la Fing présentera les conclusions cet après-midi.

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L’innovation peut-elle aider l’industrie de la musique à sortir de la crise qu’elle traverse ? Sans aucun doute, conclut la Fondation internet nouvelle génération (Fing), dans la synthèse d’une discussion en ligne qui a réuni acteurs de l’internet et de la filière musicale d’avril 2006 à février 2007. Instaurer ce dialogue constituait déjà en soi une innovation et certainement faudra-t-il veiller à ce qu’il se prolonge et s’élargisse à un plus grand nombre de participants, au sein d’autres instances, comme le Conseil supérieur des musiques actuelles.

Dans le rapport de plus d’une centaine de pages dont la Fing organise la restitution publique aujourd’hui, de nombreuses sources de création de valeur économique au sein d’une filière musicale désormais élargie à pléthore d’acteurs sont identifiées et cartographiées, qui déclinent, en aval, une multitude de nouveaux modes ou créneaux d’exploitation des œuvres enregistrées, des concerts, de la dimension « sociale » de la musique, de l’autoproduction ou de la valeur ajoutée que la musique peut apporter à de nombreux produits et services.

Comme l’explique Ignazio Lo Faro, co-fondateur avec Guillaume Champeau du site de « musique libre » BnFlower, « il suffit qu’un adolescent écrive quelques lignes de code pour bouleverser l’industrie musicale toute entière ». Mais cette imprévisibilité liée à l’innovation technologique ne doit plus être aussi anxiogène que le furent l’apparition des premiers baladeurs MP3 en 1999 ou l’émergence des réseaux de pair à pair avec Napster.

De Last.fm à Blogmusik, de ArtistShare ou SellAband à MusicMe, nombreux sont les nouveaux modèles qui créent des consentements à payer chez les amateurs de musique et sont susceptibles de générer de nouvelles sources de revenus à même de sortir l’industrie musicale de la crise qu’elle traverse. Une crise industrielle qui n’est en rien, et c’est heureux, une crise de l’offre ou de la demande en matière de musique.

Les pouvoirs publics ont certainement un rôle important à jouer pour aider la filière musicale à gérer la transition vers cette « nouvelle économie » de la musique dont chacun appelle l’émergence de ses voeux. Et la discussion initiée par la Fing a sans conteste permis d’identifier de nombreuses pistes à explorer pour définir une politique culturelle d’exception à même de soutenir activement toutes les PME et TPE qui constituent l’essentiel du tissu économique de ce secteur, qu’il s’agisse de start-ups de la musique en ligne ou de labels indépendants.

Dans la concertation qui doit mener à la mise en œuvre d’un véritable « plan Marshall » pour la musique, tous les tabous doivent être levés, y compris ceux qui concernent la remise en cause d’un certain nombre de monopoles constitués ou les moyens de redistribuer une partie de la valeur créée par l’innovation technologique aux acteurs de la création.

Il ne faudrait pas négliger pour autant, en amont de la filière et des nouveaux modes d’exploitation et de distribution de la musique, deux pistes qui restent pour l’instant largement inexplorées : le développement d’une nouvelle ingénierie financière à même de sécuriser et de mutualiser le financement de la création ; et l’optimisation, grâce aux nouvelles technologies de l’information, d’un certain nombre de processus métier.

En matière d’ingénierie financière, il s’agit avant tout d’imaginer de nouvelles places de marché électroniques à même de fédérer de nombreux acteurs (labels, studios d’enregistrement, promoteurs de spectacles vivants, public, médias, business angels, fonds d’investissement publics ou privés, institutions financières diverses et acteurs variés du marché, comme les opérateurs de télécommunication ou les fournisseurs d’accès à l’internet) autour de projets artistiques globaux ou du développement d’un certain nombre d’artistes.

En matière de processus métier, peut-être faudrait-il que les acteurs de la filière musicale proprement dite, qu’il s’agisse des éditeurs ou des producteurs, accordent un peu plus de crédit à des initiatives qui relèvent de l’innovation technologique et s’évertuent à en dématérialiser et à en optimiser un certain nombre.

Dans le domaine de la synchronisation ou de l’illustration musicale, par exemple, le projet d’une start-up française comme iNumerica, qui se propose de mettre en relation via l’internet l’ensemble des ayant droits d’une œuvre avec tous ceux qui sont susceptibles de l’exploiter (agences de publicité, chaînes de télévision, producteurs de cinéma ou de documentaires, etc.), en mettant à leur disposition de nombreuses briques technologiques à même de gérer tous les flux complexes qui permettent d’aboutir à des accords de licence pouvant porter sur différents territoires, mériterait de susciter beaucoup plus d’intérêt.

Philippe Astor

Journaliste free-lance, Philippe Astor est collaborateur de Musique Info Hebdo et de ZDNet. Spécialiste de l’industrie musicale et des nouveaux médias, il est l’auteur des blogs Digital Jukebox et Rockaltitude.
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La synthèse est en ligne
Face à la baisse continue du marché de la musique enregistrée, peut-on trouver dans l’innovation des voies pour recréer de la valeur au bénéfice de toute la filière musicale ? Et si tel est le cas, quel impact ces modèles émergents peuvent-ils avoir sur l’organisation de la filière et au-delà, sur les conditions dans lesquelles on crée, joue, produit, promeut, découvre, apprécie, écoute, recommande, pratique la musique ?

Pendant plus d’un an, le projet « Musique et numérique : la carte de l’innovation » a exploré, d’une manière publique et collective, les réponses à ces questions. Cette initiative a rencontré l’intérêt d’un ensemble exceptionnellement divers d’acteurs désireux de dépasser les clivages existants pour réfléchir ensemble à leur avenir.

La Fing a le plaisir aujourd’hui de publier la synthèse de ces réflexions, le jour de la restitution publique à la Cité de la Musique, où un plateau d’acteurs et d’innovateurs de la filière musical se retrouvent autour des conclusions de ce travail commun, et envisagent ensemble les suites concrètes à lui donner.

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0 commentaires

  1. Madame GERMAIN Geneviève
    Professeur de vente
    Coordinateur tertiaire de la SEP
    Section D’Enseignement Professionnel
    1, rue du lycée
    77240 Cesson/Vert St Denis
    Tel : 01.64.41.29.29
    ou 29.03
    ou par mail : etcheverry@chello.fr
    (accessible du lycée ou de la maison)

    Bonjour Madame,

    Dans le cadre d’un projet PPCP (Projet Pluridisciplinaire à Caractère Professionnel), avec une classe de terminale BEP Vente Action Marchande, les élèves se sont interressés à l’industrie du disque et son avenir.
    Ils doivent effectuer eux-mêmes leurs recherches, mais je devance un peu celles-ci afin de savoir si le projet sera réalisable : Visite d’entreprie, exposition au CDI…

    Avec des objectifs en rapport avec leur formation :
    Connaître le marché du disque, voir les étapes de fla abrication, les métiers en jeu, effectuer un sondage, connaître les attentes des consommateurs,
    Le produit est-il en phase de déclin ? Que faire pour relancer les ventes ?
    Autant de questions qu’ils se posent.
    Pourriez vous répondre à mes quelques questions ?

    Le lycée se trouvant au nord de Melun,
    – y aurait-il une industrie du disque en Ile de France, succepible de recevoir une classe pour monter ce projet ?
    – Peut-on rencontrer facilement des auteurs compositeurs ?
    – Quelqu’un de la SACEM peut-il se déplacer pour parler de l’avenir du disque, des sanctions prises contre le piratage…
    Autant de questions que se posent ces jeunes.

    Si vous pouvez me conseiller en un premier temps, je me tiens à votre disposition :
    au 06.82.16.37.07 (perso)
    Merci pour l’attention que vous porterez à ma requête.

    Cordialement
    Geneviève Germain