De l’influence des Gafa sur la politique

On a souvent posé la question de la fausse neutralité de nos outils techniques et de leur capacité d’influence voire de manipulation. Et si leur capacité de manipulation n’étaient pas où l’en pense ? Si la capacité de manipulation de Google ou Facebook ne reposait pas tant dans leur capacité à modifier les informations auxquelles on accède, comme l’avance Robert Epstein ? 

Le New York Times vient de livrer une intéressante enquête sur l’influence (financière) d’une poignée de très riches familles américaines sur la politique américaine (voir aussi la synthèse du Monde). Et c’est peut-être via ces questions de financement que l’influence des nouvelles technologies sur la politique est désormais la plus forte. 

Sur Quartz, un long article revient sur comment Eric Schmidt de “Alphabet” (Google) est en train d’agir, lui, pour le clan démocrate et notamment pour faire élire Hillary Clinton. 

Une ancienne responsable de Google, Stephanie Hannon, a été nommée responsable technique de Groundwork, une startup financée par Schmidt pour utiliser les big datas et fournir l’ingénierie nécessaires à l’équipe de campagne de Clinton pour faire levier sur les électeurs américains. Plutôt que de donner de l’argent, Schmidt finance une startup pour développer l’usage de l’analyse des données dans un cadre politique au profit d’un seul candidat, Hillary Clinton. Le but de la startup financée par Tomorrow Ventures, le fond d’investissement de Schmidt et rattaché à une société mère quelque peu énigmatique, Timshel, consiste à construire les outils et l’infrastructure nécessaire au succès de la campagne numérique de Clinton, sur le modèle technologique qui a assuré à Obama son succès

L’enjeu principal : identifier les 15 millions d’électeurs indécis pour arriver à les faire basculer. Les actions mises en place passent par des outils permettant de mieux les cibler, et de leur adresser des publicités télévisées adaptées, des mailings comme de mieux diriger le porte à porte des militants. L’article montre comment le patron de Google s’est intéressé à ces sociétés. Après avoir été l’un des financeurs de la campagne d’Obama, Schmidt a investi dans Civis, fondée par Dan Wagner, l’un des responsables de l’équipe de campagne d’Obama et dans Cir.cl, fondée par Carol Davidsen, à l’origine d’Optimizer, un logiciel qui permet de cibler les campagnes publicitaires télévisées et de faire économiser beaucoup d’argents aux candidats.  

Reste que la campagne de Clinton semble aujourd’hui le seul client de Groundwork, révèle Quartz. Groundwork a pour objectif de construire une plateforme “rassemblant les fonctions critiques d’une campagne moderne” consistant à coordonner les bénévoles, collecter des fonds, s’assurer de la dissémination des informations sur les médias sociaux et cibler les indécis… La force de Schmidt souligne Quartz est de parvenir à faire fructifier un investissement sous forme de soutien politique, en développant des outils et des compétences technologiques qui pourront, ensuite, servir d’autres buts. Reste que le succès de Groundwork sera apprécié si la startup arrive à faire élire sa candidate.

MAJ : Sur Le Monde, Mathilde Damgé revient en détail sur le fonctionnement de Blue State Digital et Nation Builder les logiciels pour rationnaliser et optimiser le travail des militants.

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