Le vrai coût d’Uber – The Guardian

Evgeny Morozov signe pour le Guardian une tribune très intéressante sur le vrai coût d’Uber. 

Pour nous expliquer cela, il revient sur la fermeture du service de transport public innovant finlandais, Kutsuplus : un service de minibus à la demande permettant aux gens de commander un transport public leur permettant d’aller là où ils le souhaitent (voir l’article que lui consacrait Wired en 2013). Kutsuplus, une startup lancée par une université, se voulait l’Uber du transport public. Malgré son succès, le service “coûteux” a fermé, faute de financement. 

Or, Uber, lui, ne semble pas coûteux. Et pour cause, ironise Morozov, son prix abordable vient largement du fait qu’Uber brûle des milliiards de dollars provenant de ses généreux investisseurs qui ne savent pas quoi faire de l’argent qu’ils ont gagné, coincé dans des paradis fiscaux. L’expansion mondiale d’Uber est directement liée à l’incapacité des gouvernements d’imposer les bénéfices des entreprises mondiales de la Silicon Valley et des grandes banques et cabinets de conseils, qui ont investi massivement dans Uber. A l’inverse les gouvernements qui peinent à recouvrir leurs recettes fiscales prolongent les pires politiques d’austérité et réduisent les budgets dédiés aux infrastructures, à l’innovation ou à la création d’alternatives au capitalisme de plateforme des entreprises de la Valley. “Dans ces conditions, il est pas étonnant que des services prometteurs tels que Kutsuplus doivent fermer : coupé de l’approvisionnement sans fin en liquidités de Google et Goldman Sachs, Uber aurait aussi depuis longtemps disparu".

Pour Morozov, nous devons trouver les moyens de développer la concurrence et d’autres types d’initiatives publiques ou coopératives. “La politique technologique d’un pays est directement liée à sa politique économique : on ne peut pas prospérer sans le soutien actif de l’autre. Des décennies d’une attitude plutôt laxiste sur l’imposition combinée avec le strict respect  de l’austérité a dévoré les ressources publiques disponibles pour expérimenter d’autres modalités de prestation de services comme ce pourrait être le cas avec les transports.” 

La réforme de la fiscalité et des modalités de financement de projets publics est la seule voie pour se doter d’une politique d’innovation qui ne soit pas une prédation. 

MAJ : le billet a été traduit par le Monde Diplo.

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