« Les médias dépolitisent la question du climat” – Mediapart

Sur Mediapart (vidéo), Jane Lindgaard interview le sociologue Jean-Baptiste Comby du Centre de recherche interdisciplinaire sur les médias (Carism) auteur de La question climatique, qui revient sur la médiatisation du climat, qui s’est faite par sa dépolitisation. Pour le sociologue, la question climatique devient régulière au début des années 2000 du fait de la mobilisation des journalistiques spécialisés et d’un cadrage plus dépolitisé de ces sujets. Ils se font alors le relais de la réthorique individuelle des pratiques éco-citoyennes, répondant aux politiques publiques qui vont dans ce même sens via des aides fiscales et des incitations à des changement de comportements. Cette sensibilisation au changement climatique, fait du climat une affaire de morale individuelle cantonnée aux comportements individuels, plutôt qu’à un changement d’organisation sociale. Pour le sociologue, c’est là une forme de dépolitisation, comme quand on dit que ce n’est qu’un problème technique. L’enjeu a été de faire du climat un problème qui ne remet pas l’ordre social, le politique. 

Le paradoxe social de l’écocitoyenneté met en valeur les bons comportements, mais jamais les mauvais comportements (on ne parle pas de styles de vie d’ailleurs), qui pointeraient du doigt ceux des classes moyennes supérieurs, qui émettent plus de gaz à effet de serre dans leur ensemble, rappelle le chercheur. Nul ne semble remettre en question le discours de la bonne volonté écologique… “L’individualisation est-elle toujours conservatrice ?”, demande Lindgaard. Elle peut aussi être émancipatrice, reconnaît le chercheur. Le changement individuel est aussi très présent autour des écologistes radicaux. On a d’un côté un discours d’individualisation très néo-libéral, soutenu par les politiques publiques, qui consiste à dire qu’il faut changer les comportements individuels pour changer la société en découplant les deux. Or le changement individuel peut aussi être couplé a une transformation sociale et ouvrir alors une voix pour l’émancipation. “La transformation sociale doit aller de pair avec celle de l’individu pour être démocratique et émancipatrice”. L’enjeu n’est pas de rejeter le discours du changement individuel, mais de toujours l’associer avec une transformation sociale.

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