Média sociaux : destructeurs ou créateurs ? – New York Times

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Dans sa dernière chronique pour le New York Times, Thomas Friedman discute avec Wael Ghonim, l’un de ceux qui ont lancé le printemps arabe au Caire en 2011. On sait que ces “révolutions Facebook”, de Wall Street à Istanbul, de Kiev à Hong-Kong, ne sont pas parvenues à construire un nouvel ordre politique durable. Et depuis, nombre de chercheurs et de commentateurs tentent de comprendre pourquoi les médias sociaux parviennent mieux à “casser les choses” qu’à les construire… 

Wael Ghonim, l’employé de Google en Egypte qui depuis sa page Facebook anonyme (”Nous sommes tous Khaled Said”) a contribué à lancer le printemps arabe en 2011 qui a conduit à la destitution du président Moubarak, a déménagé dans la Silicon Valley. Dans un récent TED, il est revenu sur son expérience. En 2011, il affirmait que si vous vouliez libérer la société, il vous suffisait d’utiliser l’internet. Mais il a depuis déchanté. “Le même outil qui nous unissait pour renverser les dictateurs a fini par nous déchirer”. La page de Ghonim est devenu en quelques jours la page la plus suivie du monde arabe et a permis aux gens de se rendre compte qu’ils n’étaient pas seuls à penser la même chose. Mais force est de constater que l’euphorie n’a pas duré. “Nous avons échoué à parvenir à un consensus et la lutte politique a conduit à une intense polarisation du débat.” Les médias sociaux ont surtout amplifié la polarisation, en facilitant la propagation de désinformation, de discours de haine, de rumeurs. Ils sont devenu un environnement purement toxique.

Pour Wael Ghonim, les réseaux sociaux ne savent pas combattre les rumeurs. Ils favorisent l’homophilie, c’est-à-dire la discussion avec les gens avec lesquels nous sommes d’accord, renforcent nos préjugés plutôt que le contraire. Ils sont conçu d’une manière qui favorise la diffusion plus que la discussion, la superficialité sur l’approfondissement… La réponse de Ghonim est un nouveau média social, qui souhaite répondre à ces biais : Parlio. A découvrir l’interface, pour l’instant, il n’est pas sûr qu’elle suffise à relever l’incroyable défi qui nous attend… 

“Il y a 5 ans, j’ai dit, “Si vous voulez libérer la société, tout ce dont vous avez besoin c’est du Net. Aujourd’hui, je crois que si nous voulons libérer la société, nous devons d’abord libérer l’internet.”

MAJ : sur Medium, Ben Roberts revient sur l’article de Friedman et avance que la polarisation est plus un produit du temps qu’un effet des médias sociaux ou de l’internet. L’existence de consensus est ce qui a permis à une page Facebook en Egypte ou au discours contre les inégalités d’Occupy de prendre pied. Qu’ils aient échoués n’est pas tant du aux médias sociaux qu’aux formes de répression qu’ils ont connu. Les médias sociaux demeurent l’un des meilleurs éléments que nous ayons en notre possession pour changer le monde, même s’ils sont imparfaits, parce qu’ils permettent à l’humanité de se connecter à elle-même. “Les expansions de nos capacités expressives ont toujours conduit, au fil du temps, à des changements fondamentaux dans la façon dont nous nous organisons socialement, politiquement et économiquement.” Destructeurs ou créateurs ? La question, finalement, est encore ouverte. 

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