Quel est votre score de menace ? – Washington Post

Décidément, la police américaine n’est pas en manque d’innovation en terme d’utilisation massive de données pour faire de l’analyse prédictive. On connaissait déjà Predpol. On avait aussi évoqué les inquiétants outils prédictifs à destination de la protection de l’enfance. Voilà que le Washington Post évoque les peu rassurants outils du Centre du crime en temps réel de la police de Fresno (qui, selon Wikipédia existerait aussi à New York, Miami, Houston et Seattle). L’article évoque notamment le logiciel Beware qui permet à la police de chercher dans des millions de données (rapports d’arrestation, registres de propriété, bases de données commerciales, recherches sur le Web profond et sur les réseaux sociaux) pour calculer le potentiel de violence d’un individu et qui donne un résultat sous forme d’un code de trois couleurs : rouge pour dangereux.

L’article du Washington Post nous fait entrer dans ce centre de contrôle high tech où parviennent quelques 1200 appels au 911 chaque jour, où une cinquantaine de moniteurs surveillent 800 caméras de surveillance, où les fonctionnaires de police accèdent à une base de donnée privée de plus de 2 milliard de plaques d’immatriculation, mais également à un système de micro urbains (shotSpotter) permettant de déterminer par triangulation où sont tirés des coups de feu dans la ville ou encore au logiciel Media Sonar qui permet de scanner les réseaux sociaux à la recherche d’activités illicites… mais le plus dérangeant demeure certainement Beware développé par la société Intrado.

Pour l’avocat de la défense des droits civils, Rob Nabarro, il n’y a pas que l’activité du logiciel qui est préoccupante, l’externalisation d’un tel logiciel auprès d’un acteur privé l’est certainement plus encore. Le système pourrait augmenter à tort ou mal interpréter une activité inoffensive sur les réseaux sociaux, comme de critiquer la police, et déclencher un code d’alerte susceptible de rendre la police bien plus agressive. Pour lui, ce logiciel est très grossier et très dangereux. Pour la police, les indications de Beware ne déclenchent pas d’action de police spécifique (même s’il est difficile de croire qu’un individu signalé rouge reçoive le même traitement qu’un individu signalé vert).

Selon le bureau des statistiques judiciaires, 90 % des départements de police américains ont recours à des formes de surveillance technologique, même si toutes ne sont pas aussi évoluées que celles utilisées à Fresno. Pour Matt Cagle, de l’ACLU, la grande association américaine de défense des libertés civiles, il est plus que jamais nécessaire de construire les garanties et contre-parties nécessaire de cette surveillance toujours plus intrusive.

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