La mort du Quantified Self ? – Technology Review

C’est un tweet de Chris Anderson, l’ex rédacteur en chef de Wired et l’un des promoteurs du Quantified Self, ce mouvement de la “mesure de soi”, qui a mis le sujet en débat, estime la Technology Review. “Après plusieurs années de mesure de tout (activité, travail, sommeil), j’en ai conclu que c’était inutile. Cela n’apporte aucune incitation ou leçon qui ne soit non-évidente”. 

ComputerWorld annonçait justement que Gordon Bell, l’un des pionniers de l’enregistrement de soi (voir son livre, Total Recall), 81 ans, avait également arrêté d’enregistrer des images de sa vie. 

Stephen Wolfram reconnaît continuer à pratiquer “l’analyse personnelle” via les données, mais essentiellement parce que la plupart des enregistrements qu’il réalise sont automatiques. Pour Anderson, l’imprécision des mesures empêche des les corréler avec des réalités. S’il reconnait pourtant que ces mesures peuvent être utiles pour certains, notamment pour les malades, pour la plupart d’entre nous, elles ne sont que nuisances face à l’expérience réelle. 

Comme le souligne Mike Elgan sur ComputerWorld, le problème du “lifelogging” repose surtout dans l’exploitation des données. Alors que les objets connectés se démultiplient, les données amassées ne parviennent pas à faire sens, comme le montre l’abandon massif des utilisateurs qui ne les utilisent la plupart du temps que quelque temps. Pour Elgan, nous n’avons pas pris la mesure de la “fatigue des données”, du fait que les gens cherchent plus à oublier qu’à se souvenir, comme le montre le succès de services éphémères, de Snapchat aux SMS. “La collecte d’énormes quantités de données personnelles – même un grand nombre d’images – crée un problème plus qu’il n’en résout. Comment les gérer, les sauvegarder, les ranger, les annoter, les étiqueter, les analyser… ?” A l’image du courrier électronique, et de leurs boîtes de réception hors de contrôle qui génèrent culpabilité et anxiété… Les gens souhaitent fuir la surcharge de données qui les accule. Pour Elgan, la mesure de soi et l’enregistrement de soi attendent surtout la révolution de l’intelligence artificielle pour aider à organiser les données, nous aider à y retrouver quelque chose. 

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