Hudson Yards : la ville instrumentée, la communauté quantifiée

Places, une revue d’architecture et d’urbanisme américaine revient en détail sur le programme de Smart City newyorkais d’Hudson Yards qui se veut un laboratoire expérimental pour la ville intelligente. Jusqu’à présent, si l’imaginaire de la ville intelligente est toujours ambitieux, force est de constater qu’il a surtout accouché de villes mortes et bien peu désirables – Songdo en Corée du Sud, Masdar, aux Emirats Arabes Unis ou Lavasa en Inde -, et même parfois fort peu durables, sans que, malgré les critiques nourries, leurs promoteurs ne remettent en question le délire de leurs projets. Comme si le rêve de la ville parfaite était sans cesse ravivé par ses échecs successifs eux-mêmes…

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Sans revenir sur le projet que détaille très bien Shannon Mattern dans son article (notamment un système de ramassage de poubelle par pneumatiques, des sols intelligents pour recueillir l’eau de pluie et la traiter, un système de gestion électrique total…), Hudson Yards qui doit finir de voir le jour en 2019 se rêve comme une “communauté quantifiée”, un “terrain de jeu pour la science urbaine appliquée”. Mais comment nous faut-il comprendre cette suprématie de l’efficacité ?, s’interroge Shannon Mattern. Que recouvre “ce génie civil appliqué à l’humain” ? Et la chercheuse de mettre en question ce modèle très comportementaliste de la ville, qui développe des systèmes techniques pour informer le comportement et modifier l’environnement en permanence. Les hypothèses déterministes génèrent des modèles automatiques et passifs stériles… Quelle place est-il laissé aux citoyens dans ces systèmes qui les transforment en opérateurs efficaces sans capacité d’action sur ces systèmes conçu pour eux, mais sans eux, où ils sont empêché de l’influencer ?

“L’histoire montre que les partenaires commerciaux qui promeuvent ce type de ville ont tendance à valoriser l’obsolescence axée sur l’innovation, les contrats d’exclusivité, et la monétisation des données de l’utilisateur ; plutôt que de la résilience, l’interopérabilité, l’équité, et la discrétion.”

Un article qui pointe bien des limites de la ville intelligente, cette ville instrumentée par les données et le technoscientisme pour transformer l’ancien régime urbain en un nouveau moteur de profit parfaitement efficace et donc n’offrant aucune aspérité à l’existence.

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