Les manipulateurs – Los Angeles Review of Books

Nicholas Carr pour la Los Angeles Review of Books revient sur les expériences de manipulation des émotions de Google, Facebook et OkCupid… et conclut : 

“Nous avons du mal à avoir une pensée claire sur des sociétés comme Google et Facebook, parce que nous n’avons jamais eu jusqu’à présent à traiter avec des sociétés comme Google et Facebook. Elles sont quelque chose de nouveau dans le monde, et elles ne rentrent pas dans nos modèles juridiques et culturels existants. Parce qu’elles fonctionnent à une ampleur si inimaginable, réalisant des millions de transactions d’information chaque seconde, nous avons eu tendance à les considérer comme de vastes machines sans visages, sans passions – comme des machines qui traiterait de l’information en dehors des domaines de l’intention et de la volonté humaine. C’est une idée fausse et dangereuse.

Les ordinateurs modernes et les réseaux informatiques permettent d’automatiser le jugement humain sur une vaste échelle et à un rythme à couper le souffle. Mais c’est toujours du jugement humain. Les algorithmes sont construits par les gens, et ils reflètent les intérêts, les préjugés, et les défauts de leurs auteurs. Comme les fondateurs de Google eux-mêmes l’ont souligné il y a plusieurs années, un agrégateur d’information géré à des fins commerciales sera inévitablement compromis et doit toujours être traitée avec suspicion. C’est certainement vrai d’un moteur de recherche qui intervient dans nos explorations intellectuelles ; c’est encore plus vrai d’un réseau social qui intervient dans nos relations personnelles et nos conversations.

Parce que les algorithmes nous imposent les intérêts et les préjugés des autres, nous avons non seulement un droit, mais aussi l’obligation de les examiner attentivement et, le cas échéant, de les réguler judicieusement. Nous avons le droit et l’obligation de comprendre comment nos informations et nous-mêmes sommes manipulés. Ignorer cette responsabilité, ou s’y dérober, car elle pose des problèmes difficiles, c’est accorder alors à un petit groupe de personnes – le genre de personnes qui ont effectué des expériences émotionnelles sur Facebook et OkCupid – le pouvoir de jouer avec nous à leur guise.”

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