Identités sociales visibles vs. Identités algorithmiques – Cyborglogy

Dans un passionnant et très académique article, Robin James pour Cyborblogy rappelle que, traditionnellement, les identités sociales (la race, le sexe, la classe, la sexualité…) se basent sur l’apparence extérieure des gens pour tirer des conclusions sur ce qu’ils sont à l’intérieur, que ce soit leur caractère, leur compétence ou leur qualité. L’identité sociale est définie dans une logique dualiste reposant sur l’interprétation et la représentation : l’aspect extérieur est un signifiant des qualités internes, autrement imperceptibles. 

Si nous changeons la manière dont nous regardons change-t-on la façon dont la société est organisée ? Les identités algorithmiques vont-elles remplacer demain les identités sociales visibles et seront-elles alors une libération ou une nouvelle oppression ? Dans les identités algorithmique, l’identité n’est pas attribuée par les caractéristiques visibles de nos corps, mais en fonction de profil, d’historiques et de caractéristiques mesurées et subjectives. 

Or ces identités, conçues pour servir les intérêts des Etats et du capitalisme, ne sont pas une libération de ce qui est oppressant dans les identités sociales, ils sont juste une mise à niveau technologique permettant de catégoriser les gens plus efficacement en fonction des mêmes méthodes et idéaux. Comme les identités sociales, les identités algorithmiques reposent sur l’inférence de traits observés, mais qui sont déduits de l’identité elle-même plutôt que de la seule observation. Ainsi vous êtes un homme tant que les données que vous générez correspondent à la catégorie “homme”. Quiconque, pour autant qu’il agisse de manière approprié peut ainsi accéder aux privilèges de la masculinité. C’est en cela que l’identité algorithmique est une identité “post-identité”. 

Pour autant, rappelle encore Robin James, les identités algorithmiques n’ont pas remplacé les identités sociales visibles. Elles les complètent et ont même une importance dans la définition de nos nouvelles identités algorithmiques. 

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