Demain les chimères médicales ?

Sera-t-il éthique de faire des greffes d’organes à partir de chimères hybrides entre l’animal et l’humain se demande Motherboard ? A l’origine de ce questionnement, une annonce selon laquelle des scientifiques américains ont inséré des cellules souches humaines dans le corps de cochons. Le but : faire se développer à l’intérieur de ces animaux des organes humains.

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L’idée n’est pas nouvelle, loin de là. Des les années 90, on avait des espoirs dans le domaine de la xénotransplantation et déjà, à l’époque, le cochon était l’animal de choix pour ces pratiques. Mais les recherches avaient été abandonnées, parce qu’on craignait la transmission de virus animaux à l’homme. Les choses ont changé aujourd’hui, notamment grâce à CRISPR. Cette technique a notamment permis de purger un organisme de porc de rétrovirus potentiellement dangereux.

Si réellement la xénotransplantation devient possible, les questions éthiques vont naturellement se poser. Parmi celles-ci, certaines sont d’ordre purement métaphysique : est-ce « se prendre pour Dieu » ? D’autres sont plus concrètes. Se pose ainsi la question des risques et du principe de précaution, mais, comme le souligne Motherboard, une analyse des rapports entre les risques d’une telle intervention et ceux posés par son absence doit alors être effectuée.

Questions plus gênantes : le cochon ne risque-t-il pas de devenir plus humain ? Les cellules souches ne risquent-elles pas d’atteindre son cerveau et augmenter ainsi ses capacités cognitives (faisant écho à une expérience que nous avions déjà relatée) ? Mais là encore, il serait douteux que les quelques améliorations cognitives qui s’en suivraient soient susceptibles réellement de rapprocher le cochon de l’humanité.

Reste la dernière question : avons-nous le droit d’exploiter, et de faire souffrir des animaux pour notre profit personnel ? Certes la question n’est pas spécifique à la xénotransplantation, et questionne surtout nos habitudes alimentaires carnivores. Mais alors que la viande artificielle devient une possibilité et que l’abandon de l’élevage peut être envisagé à long terme, on peut se demander si ce genre de thérapie est vraiment dans l’air du temps.

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