Mauvaises nouvelles pour l’amélioration morale

La technologie peut elle nous rendre moralement meilleurs ? C’est une question de plus en plus importante dans les milieux qui s’intéressent à l’augmentation humaine et au transhumanisme. Mais une telle entreprise pose deux questions : est-ce possible et est-ce souhaitable ?

Dans un article publié récemment par la revue Bioethics et résumé par ScienceDaily, les auteurs répondent par la négative à cette double interrogation : ce ne serait ni faisable, ni souhaitable.

Les chercheurs passent d’abord en revue les différentes techniques d’amélioration morale aujourd’hui connues : au premier rang l’ocytocine, qui a été surnommée la molécule morale, les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (dont le Prozac est l’exemple le plus connu), susceptibles dit-on, de réduire l’agressivité, mais aussi (plus surprenant) les amphétamines, qui augmenteraient la motivation, et les bêtabloquants, dont on a découvert qu’ils diminuaient les réflexes racistes.

En plus des produits chimiques, les auteurs mentionnent également la stimulation transcranienne directe, qui serait capable de rendre les gens plus « pragmatiques » (le terme anglais est utilitarian, qui est également la dénomination d’une philosophie particulière, celle défendue notamment par John Stuart Mill, qui affirme que le but de la morale est d’assurer le bonheur du plus grand nombre), la stimulation magnétique transcranienne, qui changerait la façon dont les personnes répondent aux dilemmes moraux, et enfin, la stimulation cérébrale profonde, c’est-à-dire impliquant l’usage d’électrodes dans le cerveau, en mesure d’augmenter la motivation.

Mais, selon les chercheurs, aucune de ces technologies ne se révèle finalement satisfaisante.

L’ocytocine est maintenant reconnue pour augmenter l’importance des liens sociaux au sein du groupe de pairs mais également de favoriser des rejets de l’étranger, et aurait même accentué des réflexes racistes. Les produits comme le Prozac ont de sérieux effets secondaires, y compris celui d’encourager les tentatives de suicide chez certains patients ; les bêtabloquants diminuent toutes les réponses émotionnelles et pas seulement les réactions racistes ; les amphétamines sont hautement addictives, dangereuses et augmentent tous les types de motivation, pas forcément les plus morales.

Et les méthodes électroniques ? Le compte-rendu de ScienceDaily est malheureusement plus flou sur le sujet. Les auteurs n’ont trouvé aucune évidence d’un effet de la stimulation cérébrale profonde sur le comportement moral. Quant aux autres techniques de stimulation, il n’existe aucune preuve que se montrer plus pragmatique (ou « utilitarien » au sens philosophique) dans ses prises de décisions serait lié à une amélioration morale.

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