Supprimer la malaria en supprimant les moustiques

Comment éradiquer la malaria, une des maladies les plus mortelles affectant l’humanité ? Une solution radicale serait d’en éliminer les porteurs, autrement dit les moustiques. Le programme Target Malaria, financé majoritairement par la fondation de Bill et Melinda Gates, serait en train d’étudier la technologie du « forçage génétique » pour éradiquer cette espèce d’insectes (ou du moins certaines des sous-espèces les plus dangereuses), nous raconte la Technology Review.

Le forçage génétique (gene drive en anglais), une technologie autorisée par CRISPR consiste à modifier génétiquement un certain nombre d’animaux en intégrant dans leur génome un gène qui sera susceptible de se répandre très rapidement dans la population. Bien entendu, le forçage génétique ne peut fonctionner qu’avec des espèces à la reproduction fréquente et rapide, comme les insectes. Pas la peine d’imaginer appliquer une telle technologie sur les mammifères et encore moins sur les humains. Chez les moustiques, la technologie du forçage génétique est actuellement testée au laboratoire de Californie.

Comment une telle opération pourrait-elle contribuer à l’extinction de la malaria ? Par exemple en s’arrangeant pour les animaux affectés par le nouveau gène soient en mesure d’engendrer très majoritairement des mâles. Non seulement ces derniers ne piquent pas, mais en plus, une population si peu fournie en femelles ne tarderait pas à s’éteindre.

Évidemment la mise en place de solutions aussi radicales pose un certain nombre de questions soulevées par la Technology Review. Tout d’abord expliquer aux populations locales les raisons de cette opération. En effet, explique la revue du MIT, bon nombre de personnes au Burkina Faso ignorent le lien entre la malaria et les moustiques, et restent convaincus que celle-ci est le produit d’une mauvaise alimentation. Ensuite, il y a la question inévitable des conséquences écologiques. Le projet, explique le magazine, se concentre surtout sur une espèce de moustique, Anopheles gambiae ; une seule espèce parmi 3500 autres ce qui ne devrait pas trop nuire à l’équilibre global de l’écosystème, mais tout de même, une telle éradication programmée n’a jamais été entreprise, jusqu’ici…

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