Les nouvelles technologies en milieu rural à Madagascar

A l’occasion du lancement du groupe de travail sur l’internet rural (http://www.fing.org/index.php?rubrique=rural), Lucien Ratovohery, secrétaire général de la Société civile malgache – Droits de l’Homme (SCM-DH) et coordinateur du Comité de soutien à l’action du Père Davidson nous présente l’état du développement des nouvelles technologies en milieu rural à Madagascar.

Par Lucien Ratovohery, secrétaire général de la Société civile malgache – Droits de l’Homme (SCM-DH) et coordinateur du Comité de soutien à l’action du Père Davidson.

A l’occasion du lancement du groupe de travail sur l’internet rural (http://www.fing.org/index.php?rubrique=rural), Lucien Ratovohery, secrétaire général de la Société civile malgache – Droits de l’Homme (SCM-DH) et coordinateur du Comité de soutien à l’action du Père Davidson nous présente l’état du développement des nouvelles technologies en milieu rural à Madagascar.

Le 4 avril dernier, la radio malgache Les Echos du Capricorne et la télévision participative Vidéon ont réalisé pour la troisième année consécutive une émission de télévision diffusée sur le net. Le thème de cette année était « les TIC en milieu rural à Madagascar ». Il a permis de faire le point sur la situation dans le pays, les nouvelles possibilités offertes par les technologies et les usages existants ou espérés. Elle a aussi permis un débat entre des acteurs très divers ainsi qu’avec les spectateurs de plusieurs pays par chat.

Cette émission est pour nous l’occasion de revenir sur plusieurs aspects des liens entre les nouvelles technologies et le milieu rural à Madagascar.

L’émission de télévision du 4 avril 2004

Patricia Randrianarisoa , David Vasly, Fano Rakotoarisoa et Claudia Solofolandy – les producteurs délégués – avaient rassemblé sur le plateau : Henri Radert – socio-économiste, spécialiste du développement en milieu rural depuis 37 ans ; Augustin Andriamananoro – consultant TIC à Madagascar et Antilles françaises et webmaster du site Madagate ; Bernard Chenuaud – co-participant au projet Khuluma à Madagascar (aide au développement par les radios de proximité) et formateur international à RFI et Jean-Michel Cornu, directeur scientifique de la Fing. Par ailleurs, Alfred Randriamoeliarivony – expert en communication sociale et Jacquelin Rananjason – directeur de projets NTIC sur les mobiles de 3e génération chez Orange sont intervenus par téléphone.

Après un reportage sur les paysans malgaches et ce qu’ils pensent des nouvelles technologies, cinq axes ont été abordés :

Quelques exemples à Madagascar et dans le monde (l’importance des radios locales, le téléphone satellitaire Thuraya, une radio pour diffuser du Web Worldspace, le livre électronique à très bas prix : @folio…) ; Contenus et infrastructures : l’oeuf et la poule ? avec un reportage sur le cadre TIC à Madagascar ; Qu’est ce qui manque pour que ça se développe ? avec l’interview du maire d’Andasibe ; Quels réseaux en milieu rural ? un tour d’horizon des technologies satellites, WiMAX, etc. ; Pour aller plus loin : quelques adresses et URLs.

Cette émission est visible sur internet à l’adresse : http://www.videontv.org/production/democratie/

Le 1er Mai 2004, le Comité de soutien à l’action du Père Davidson (voir : http://www.sobika.com/fich_news/v2/news_330.htm), qui œuvre depuis 25 ans dans les campagnes malgaches, a organisé une conférence sur les « Misères du monde rural ». Celle-ci a été l’occasion de souligner l’urgence du problème à Madagascar. Les nouvelles technologies sont envisagées pour apporter des améliorations sur la situation de la population rurale aussi bien en matière de sécurité (vols de bovidés, actes de banditisme), de développement (récolte, cours du marché), d’environnement (incendie de forêt, reboisement), administratif (formulaires, actes de naissances, certificats juridiques), de formation (lutte contre l’illetrisme, éducation de base, technique agricole), de la météo (prévention des intempéries, cyclones …). Bien d’autres usages sont imaginables encore.

Aider les plus démunis et faciliter le lien entre l’administration et la population sont les deux priorités pour le développement des NTIC

C’est dans ce cadre, avec une priorité donnée aux populations les plus pauvres, que les TIC s’inscrivent comme une des priorités du gouvernement malgache actuel. Le programme des Nations Unis pour le Développement (Pnud) est très présent également sur l’île. Outre la promotion des nouvelles technologies de l’information et de la communication, il veille à ce que cela ne se fasse pas au détriment des thèmes cruciaux pour le développement comme par exemple la réduction des disparités homme-femme.

Le docteur Olivier Robinson, directeur général de la Technologie de la communication et de l’information voit les technologies comme une aide surtout dans la communication entre l’administration et la population : « Misy azo ampiharina mivantana eto amintsika ary entina indrindra hampandrosoana aza ny teknolojia vaovaon’ny fifandraisana, na eo aza ny maha-tany mahantra sy tsy ampy fitaovana an’i Madagasikar ». Qui se traduit par : « Les Nouvelles technologies de l’information et de la communication sont directement applicables à Madagascar malgré le degré de pauvreté de nos moyens et la faiblesse de nos équipements. »

Ainsi, différentes solutions peuvent être envisagées face à la pénurie de documents et livres pour lutter contre l’analphabétisme. D’autres expériences devraient permettre d’augmenter la rapidité d’obtention des documents administratifs (copie d’actes de naissance) en évitant les déplacements inutiles.

Quelles infrastructures ?

Le 13 février de cette année, la Chine a fait don à Madagascar d’une antenne satellitaire qui vient d’être installée dans la cour de la Radio-Télévision à Antananarivo. Mais le développement des nouvelles technologies ne doit pas se borner aux grandes villes. Il existe plusieurs technologies émergentes qui permettent un accès à un coût raisonnable en milieu rural [1]. De ce point de vue, les toutes nouvelles technologies sans fil sont une chance pour les pays en développement.

Mais connecter les différentes parties du pays ne suffit pas, il est encore nécessaire que celui-ci soit correctement relié aux réseaux internationaux. En route pour suivre un recyclage sur la « capacity building » au Canada, le ministre des Télécommunications, de la Poste et de la Communication Clermont Mahazaka a eu un entretien avec James Bond, futur directeur des opérations de la Banque mondiale pour Madagascar, les Comores, Maurice et les Seychelles. Au cours de cette entrevue, ils ont évoqué la privatisation de Telma (l’opérateur public de télécommunications). Mais il reste de nombreux chantiers tels que la connexion de Madagascar aux fibres optiques avec la firme américaine International Development Corporation (IDC), la refonte des textes régissant les télécommunications et la politique nationale sur les TIC (voir : « Haut-débit, ADSL, fibre optique, le progrès en marche à Madagascar » : http://www.madanight.com/viewarticle_136.htm).

Etat des lieux des télécommunications à Madagascar en 2004 Population : 17 501 871 habitants Abonnements téléphonie filaire : 60 000 clients Abonnements téléphonie mobile (GSM..) : 150 000 clients Abonnements internet : 15 000 clients Bande passante internet Madagascar : 6 Mb/s Cabines téléphoniques : 693 (386 à Tananarive)

Source : http://www.madanight.com/viewarticle_235.htm

Des réflexions à prolonger

Madagascar est en train de s’équiper rapidement en matière de TIC. Il nous appartient de continuer nos investigations dans les domaines techniques et des usages, sur l’adéquation à nos moyens financiers et sur la facilité d’appropriation par rapport aux destinataires et utilisateurs du monde rural. Pour ce faire il est nécessaire sinon urgent de créer et renforcer les liens entre les différents acteurs : ONG, populations rurales, fournisseurs de technologie, financiers, gouvernement.

Le dialogue initié par l’émission réalisée par Vidéon et les Echos du Capricorneva dans ce sens. Nous ne pouvons souhaiter que cette première rencontre soit suivi par beaucoup d’autres [2].

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[1] . Voir les fiches d’expertise de Jean-Michel Cornu sur l’internet par satellite http://www.fing.org/index.php?num=3476,2, les technologies sans fil (à paraître juin 2004) et WiMAX (à paraître juillet 2004).
[2]. Des échanges devraient également s’initier avec la naissance de la Fondation Internet Nouvelle Génération Afrique : http://www.fing.org/wikini/wakka.php?wiki=GroupeFinga

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