Rencontres de l’ORME : NTIC et éducation : les usages à la loupe

Quand Jeriko, Hachette Multimédia, et bien d’autres encore, souhaitent savoir ce que font les enseignants de leurs produits multimédias éducatifs, c’est vers l’Observatoire des Ressources en Mutlimédia Educatif, l’ORME, qu’ils se tournent.
Une mission qui fait de l’ORME un acteur incontournable de l’observation des usages des nouvelles technologies en matière d’éducation. Ce n’est donc pas un hasard si les rencontres que l’Observatoire organisent à Marseille chaque année sont devenues un rendez-vous inévitable du milieu éducatif et des entreprises qui travaillent dans ce secteur. Cette année, les 7ème rencontres de l’ORME, qui se tiendront les 24, 25 et 26 octobre 2001, auront pour thème principal : « Ressources multimédias et nouvelles médiations ». Rencontre avec Dominique Liautard, directrice scientifique de l’ORME.

Quand Jeriko, Hachette Multimédia, et bien d’autres encore, souhaitent savoir ce que font les enseignants de leurs produits multimédias éducatifs, c’est vers l’Observatoire des Ressources en Mutlimédia Educatif, l’ORME, qu’ils se tournent. Cette observatoire, créé en 1995 à l’initiative de la fédération des centres de documentation pédagogique CNDP, CRDP (centre régional de documentation pédagogique) et CDDP (équivalent départemental des CRDP), a pour principale mission d’étudier non pas le contenu des produits multimédias proposés par les entreprises, mais l’usage que les enseignants en font. A partir de là, l’ORME fait part de ses observations à l’entreprise qui choisit, le plus souvent, de suivre les recommandations de l’observatoire pour améliorer son produit. « L’idée est partie d’un constat simple : les ressources numériques en matière éducative, créés par le secteur privé, se multipliaient et le monde de l’Education avait donc tout intérêt à mettre en place un structure qui permettrait que cette industrie des ressources éducatives multimédia se construise proprement, explique Dominique Liautard, directrice scientifique de l’ORME. Que les ressources numériques existent il n’y avait pas de doute, mais qu’elles répondent aux missions de l’Education Nationale c’était moins évident. La mission de l’ORME consiste donc à créer les meilleures conditions d’échanges pour que les industriels, les producteurs d’outils multimédias, puissent faire correctement leur boulot, et que les collectivités, par exemple, quand elles équipent les écoles, soient sûres que derrière les équipements il existe des ressources, etc… »
Une mission qui fait de l’ORME un acteur incontournable de l’observation des usages des nouvelles technologies en matière d’éducation. Ce n’est donc pas un hasard si les rencontres que l’Observatoire organisent à Marseille chaque année sont devenues un rendez-vous inévitable du milieu éducatif et des entreprises qui travaillent dans ce secteur. Cette année, les 7ème rencontres de l’ORME, qui se tiendront les 24, 25 et 26 octobre 2001, auront pour thème principal : « Ressources multimédias et nouvelles médiations ». Rencontre avec Dominique Liautard, directrice scientifique de l’ORME.

Ce rapport entre les entreprises du multimédia et le corps enseignants n’a pas posé de problème ?

Dominique Liautard : Dans la mesure où on travaille à ce rapprochement, on n’a peut être pas trop envie de dire que ce rapprochement est mal vécu. Cela évolue. Aujourd’hui, dans le système éducatif, certaines personnes parlent de la capacité du système éducatif à qualifier les ressources qui arrivent sur le marché. Il ne s’agit pas d’interdire aux industriels de faire leur boulot, mais que l’éducation prenne conscience qu’elle a les capacités de dire « oui », « non », « pourquoi ». Nous sommes dans un vrai rapport argumenté, construit et constructif. Aujourd’hui certains industriels cherchent à mettre sur le marché des produits multimédias qui, non seulement n’exploitent pas la capacité d’innovation du multimédia et qui fonctionnent sur des arguments de marché irrecevables. Je crois qu’il est plus intelligent de se dire : l’éducation est capable de faire le tri. Mais encore faut il qu’elle s’exprime. Alors nous proposons aux industriels de conduire une observation des usages qui sont faits de leurs produits pas du tout dans l’idée de dire « c’est bien » ou « c’est mal » mais plutôt de dire « voilà ce qu’il se passe quand l’enseignant utilise cet outil ». Les industriels adaptent leurs produits par rapport à ça et il y a vraiment des suites.

C’est dans cette optique que l’ORME a participé à la mise en place de l’incubateur de la Belle de Mai, un incubateur créé dans le cadre de la loi Allègre sur l’innovation et qui a pour spécificité de porter des projets de produits et services en mutlimédia éducatif  ?

D.L : Complètement. L’ORME, au fond, est une facette d’un processus global d’émergence et de réalisation de ressources multimedias. Ce que fait l’ORME c’est observer l’usage de ressources éducatives et de donner, à tous les acteurs concernés, un retour de ces observations à partir duquel ils s’appuient pour faire évoluer leur action, leurs produits. Il peut en ressortir de nouveaux usages qui nécéssitent de nouveaux types de produits, de nouveaux besoins : l’incubateur multimédia intervient alors comme le bras « valorisation et production » de innovations de cette chaîne. L’ORME observe les usages, observe les besoins, les faits connaître, l’incubateur lui prend en charge des idées de produits et de services pour les développer dans une dimension économique. (Toutefois, les projets soutenus par l’incubateur de la Belle de Mai sont issus d’horizon très diverses. L’ORME et l’Incubateur travaillent ensemble, mais pas en vase clos – Lire à ce sujet l’article de la FING sur l’incubateur de la Belle de Mai – ndlr) On retrouve l’ idée que pour que tout cela fonctionne à grande échelle il faut qu’il y ait une industrialisation. On ne peut pas en rester à la production de l’enseignant dans son établissement. Certes ça peut être utile mais il faut aller au delà. Et si on va au delà, il faut qu’il y ait une certaine viabilité économique. Après la question est : « est ce que ces produits dits éducatifs et culturels ont une économie particulière » ? On s’aperçoit que c’est le cas et l’incubateur est également là pour participer à la définition de cette économie particulière.

Les Rencontres de l’ORME s’inscrivent-elles dans cette démarche ?

D.L : Lorsqu’on dit on fait se rencontrer des usagers et des industriels c’est parce que nous pensons que la maturité des enseignants en matière d’usage est suffisamment importante pour que les industriels puissent en tirer des enseignements et faire évoluer leurs produits. Réciproquement il est intéressant que des enseignants sachent quelles sont les évolutions en matière des technologies liées aux contenus, de manière à pouvoir situer leur propre évolution. Mais les Rencontres ne sont ni un salon, ni une manifestation où on vient faire du business. Si on parle de ressources et d’offres industrielles, cette parce que cette ressource industrielle est toujours accompagnée d’usages. A l’inverse, si on parle d’usages et de savoirs-faire il est important de les confronter à des ressources produites par des industriels. C’est dans cet esprit que s’inscrit par exemple l’école communiquante (un espace dédié au sein des Rencontres). La première école communicante a été ouverte en 1997. Jusqu’à l’an dernier elle était construite soit à partir d’espaces scolaires (classe salle des profs) ou d’espaces technologiques (un laboratoire multimédia). Cette année elle est structurée autour des usages d’élèves et d’enseignants, c’est à dire que l’on va regarder qu’elle est l’offre de ressources et qu’elles sont les formes d’usages qu’elles créent lorsque l’élève travaille tout seul, en groupe, en travaux dirigés ou encore lorsque l’enseignant est en cours frontal, etc…

Quels vont être les temps forts de ces 7ème Rencontres ?

Chacune des journées est axée sur une thématique. L’éducation artistique et culturelle (24 octobre 2001) suite au plan pour les arts et la culture à l’école du ministère de l’Education Nationale ; les nouvelles ressources et les usages, avec l’accent mis sur les NTIC et l’enseignement supérieur et un grand colloque (26 octobre) consacré à l’éthique et à la responsabilité des acteurs face à l’évolution des technologies et des contenus.

Aujourd’hui quelle est la place de l’Internet dans l’accès à ces ressources éducatives multimédia ?

D.L : Elle est considérable. C’est un peu ce qu’on va montrer durant les rencontres de l’ORME. Nous considérons que la problématique réseaux, d’un point de vue technologique mais également humain, est un élément de fédération des usages dans l’éducation. Avec l’Internet, on a une approche et une forme de ressource qui permet de mettre en place tous les dispositifs de production, de communication, d’accès à de la connaissance et de diversification des moyens d’accès à la connaissance que nécessite l’éducation.

Quelles sont les nouveaux usages principalement observés ?

D.L : Le nouvel usage que l’on retrouve le plus souvent dans les nouveaux services et les produits qui se mettent en place c’est la mutualisation des savoir-faires, que se soit pour les élèves ou les enseignants. Aujourd’hui on peut réellement partager les connaissance, les expériences, les mettre en commun au sens où chacun a la possibilité de les communiquer aux autres, mais également au sens où l’on produit ensemble. De plus en plus de services éducatifs sont basés sur le fait que le travail, la création pédagogique de l’enseignant est mise à disposition du service et peut être enrichie par le travail d’autres enseignants. Ce sont des services qui sont définis de telle manière que c’est l’usage qui enrichi son contenu. Nous sommes passés de l’enseignant qui travaille dans son coin à l’enseignant qui voit son travail capitalisé d’une part et mutualisé d’autre part. L’enseignant se met à être un producteur, il n’est plus seulement celui qui transmet, il est aussi celui qui produit et partage.

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