UDLR mode d’emploi : interview de Philippe Jacut – UdCast

UDLR : unidirectional link routing. Ce standard, favorisant les transmissions de données IP par satellite, fait l’objet, depuis 1997, d’un groupe de travail à l’IETF dont le dirigeant est Emmanuel Duros, co-fondateur de UdCast, essaimage de l’INRIA. Nous avons demandé à Philippe Jacut, d’UdCast, de nous décrire ce standard et ces usages.

UDLR : unidirectional link routing. Ce standard, favorisant les transmissions de données IP par satellite, fait l’objet, depuis 1997, d’un groupe de travail à l’IETF dont le dirigeant est Emmanuel Duros, co-fondateur de UdCast, essaimage de l’INRIA. UdCast fournit notamment à la société d’économie mixte e-téra (qui gère le réseau à haut débit du Tarn), des solutions qui lui permettent d’affiner le maillage du département du Tarn en liant fibre optique et solutions satellite. Nous avons demandé à Philippe Jacut, d’UdCast, de nous décrire ce standard et ces usages.

Qu’est ce que permet le standard UDLR ?

Il s’agit d’un protocole qui permet de simuler une bidirectionnalité des transmissions unidirectionnelles de données IP par satellite, de créer un leurre pour que l’utilisateur ne se rende pas compte que l’information qui lui est arrivée par satellite repart par voie terrestre. UDLR est un protocole qui rend transparente la forte asymétrie liée au satellite. Avant, en matière d’accès satellite à IP, la voie de retour, quand elle existait, était propriétaire. Avec UDLR, cette voie de retour devient standard. On peut ainsi faire en sorte que tout ce qui passe sur l’internet puisse passer sur le satellite ou tout autre moyen que le satellite qui fait du multicast : TNT, téléphone mobile… Le fait d’envoyer un message sur tous les mobiles : c’est du multicasting. Et si, depuis le mobile, on souhaite à son tour répondre : « j’ai bien reçu le message » (on en est pas encore là mais ça va venir), c’est possible. Dans le cas d’un plan Orsec, quand les pompiers d’un secteur reçoivent sur leur portable un message disant : « il y a un feu à tel endroit » c’est du multicasting intelligent. Mais si, en plus, chaque pompier peut répondre, « j’arrive », on est dans une architecture multicast, permise par UDLR, qui permet à la fois d’accepter un message multidiffusé et de renvoyer de la part de chacun son acquittement.

Pour la voie de retour, l’avantage d’UDLR est qu’il est tout IP et standard, ce qui permet à chacun ensuite de choisir son opérateur, sa carte d’émission, de réception, le modem … Jusqu’à présent la voie de retour, en matière d’accès satellite, existait, elle était propriétaire. Vous étiez obligé d’avoir des programmes spéciaux pour avoir une voie de retour. UDLR est un standard de l’IETF, sur lequel UdCast ne fait pas de bénéfices. Sur quoi nous faisons commerce ? Sur les produits qui sont au-dessus d’UDLR, qui permettent de pousser, de router, d’authentifier de l’information. Parce que, tout de même, il faut des briques logicielles pour dire  » cette information va là et pas chez le voisin ».

Vous travaillez avec e-téra, dans le Tarn, comment cela se passe-t-il  ?

Prenons l’exemple d’un lycée : dans la classe les enfants travaillent sur l’internet. Le satellite qui va envoyer l’information est tellement puissant qu’il peut envoyer des informations différentes d’un poste à l’autre. Si je veux regarder un film du Louvre et si vous voulez regarder un film de la Cinquième, c’est possible. Bien sûr, la fibre optique aussi peut proposer ce service mais si j’étudie dans un lycée du Tarn situé sur une hauteur, à 8 km d’Albi je n’ai pas accès à la fibre optique. Après on peut tout mélanger : je peux aussi avoir la fibre optique dans mon lycée, qui me sert de voie de retour, mais j’ai besoin de l’accès satellite pour recevoir Eutelsat ou envoyer dans d’autres écoles d’Europe les travaux réalisés par les élèves du Tarn. On n’oppose pas fibre optique et satellite  : les deux proposent du haut débit, avec des usages qui peuvent être les mêmes mais des concepts différents.

Dans ce que vous décrivez nous sommes sur une application de surf sur le web. Et si dans cette classe de lycée, les élèves réalisent un film qu’ils veulent envoyer ?

Le film va partir par la fibre optique jusqu’à l’émetteur (dans le cas d’e-téra via Renater), qui va l’envoyer vers le satellite ? Celui ci diffusera le film vers les destinations choisies, grâce à nos logiciels d’authentification.

Donc le destinataire doit lui aussi être équipé de vos logiciels…

A partir du moment où chaque site de reception dispose d’une une antenne satellite braquée sur le même satellite et que derrière il y a un petit morceau de logiciel qui permet de recevoir les émissions, il n’y a aucun problème. Mais si l’on veut faire de la voie de retour il faudra UDLR. Le notre ou un autre !

Quels sont les autres type d’applications ?

Il y a tout un ensemble de mairies qui ne sont absolument pas atteignables par les fibres optiques. Les maires sont très intéressés de bénéficier de rich media en multicast dans leur mairie. Les décrets d’applications, les lois, les minutes du compte-rendu du conseil général : les mairies croulent sous ce type d’information. Le satellite est un moyen d’atteindre ces maires de manière facile et économique sans qu’il y ait forcement besoin de voie de retour. Côté rich média, les mairies vont pouvoir recevoir des vidéos, les enregistrer sur le disque pour les regarder plus tard, être en visioconférence multicast avec leurs collègues…

Donc si on prend le cas du maire de la petite commune, il a moyen d’avoir un échange en visioconférence avec le président du conseil général ?

Oui. Je ne dis pas qu’il aura la même qualité sur la liaison retour qu’à l’aller, mais il peut, via sa webcam, donner son avis qui sera reçu par toutes les personnes connectées à la visioconférence.
UDLR permet également de s’assurer 100 % de l’acquisition des fichiers envoyés. Ce qui permet ainsi de gérer tous les logiciels des mairies, des collèges et de changer de version simplement. On l’envoie par satellite et vous êtes sûr que tous l’ont reçu. Si le logiciel n’est pas envoyé en entier, on renvoie uniquement les bouts qui manquent.

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