UPFing’08 : Si les vieux doivent transmettre, qu’est-ce que les jeunes vont nous apporter ?

A l’occasion de l’Université de printemps de la Fing qui s’est tenue à Aix-en-Provence du 5 au 6 juin 2008 sur le thème du vieillissement et des nouvelles technologies, InternetActu.net revient sur quelques-uns des enseignements majeurs de ces 2 jours. Pour ceux qui souhaitent aller plus loin : les vidéos, les comptes-rendus et les présentations sont déjà disponibles en ligne.

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Geneviève Laroque et Philippe LemoineGeneviève Laroque, présidente de la Fondation nationale de gérontologie (FNG) est un étonnant et pétillant personnage, dont la conclusion, qui a clos les deux jours de l’UPFing, résonne encore dans nos têtes. Verbatim.

« Nous autres modernes, nous savons que nous voyons plus loin, parce que nous sommes juchés sur les épaules des anciens. Les jeunes générations en savent plus que les générations qui les ont précédées, car c’est sur les connaissances précédentes qu’ils construisent les leurs, y compris lorsqu’elles semblent révolutionnaires.

On a beaucoup parlé de seniors, mais de quoi parle-t-on ou plutôt de qui parle-t-on ? Parle-t-on de gens qui atteignent les 50 ans ? 50 ans n’est encore pourtant que la moitié de la vie aujourd’hui. Parle-t-on de ceux qui auraient entre 50 et 80 ans ? Mais il y a autant de différence entre 50 et 80 ans qu’entre 30 et 50 ans ! Il faut comprendre que sous ce vocabulaire, on parle de gens en fait très différents. Il est important de souligner l’évolutivité de l’avance en âge. Car on change entre 50 et 80 ans, comme on change tout le long du vieillissement. Dans notre société, il y a une grande diversité d’âge et en même temps, on a de plus en plus l’impression qu’il n’y en a plus qu’un seul âge, qu’une seule génération. On constate en effet une étrangeté respective des générations les unes en face des autres. Nous sommes dans une propension naturelle à nous rallier aux « générations du milieu ». On a tendance à gérer tout le monde par rapport à cette génération là, par rapport à cet homme de 35-40 ans, cadre, d’un mètre soixante-quinze de haut… qui constitue la représentation de l’homme moyen ou idéal. Comme si être cet être moyen était la « norme ». Or, cet être moyen a tendance à devenir de plus en plus minoritaire dans la société. J’ai un peu l’impression que nous avons travaillé pendant deux jours sur une société pour tous qui existe encore assez peu dans nos représentations.

Si nous avons bien travaillé, c’est parce que nous avons un peu vieilli ensemble en nous rendant compte qu’on pouvait apprendre des plus vieux, et un peu grandit ensemble, car on s’est rendu compte qu’on pouvait apprendre des plus jeunes. (…)

charlotte1 A partir d’un « certain âge », les TIC sont-elles une obligation ou un désir ? A-t-on envie d’utiliser des techniques nouvelles ou veut-on rester sur les techniques nouvelles de quand on était un jeune adulte ? On digère bien les technologies qui étaient les nôtres, mais on a du mal à appréhender les techniques qui surviennent lorsqu’on est un vieillissant en cours de sénescence. En quoi la pression sociale nous oblige-t-elle ? S’approprie-t-on vraiment les nouvelles technologies ou reste-t-on dans un « plaqué qui se décolle » ? Ou bien est-ce qu’on se les approprie vraiment pour constater que cela nous sert et qu’on en a envie ?

Ne tranchons pas, mais pour que ces technologies soient vraiment « appropriées », faut-il spécifier des adaptations pour une génération ou pas ? Le « design for all » a l’avantage de n’exclure aucune population. « La facilitation d’usage la plus grande » est à contre-courant de tout ce qu’on voit autour de nous. Voilà un concept intéressant. Un concept qui correspond aux deux utilités des TIC : répondre à la curiosité du petit d’homme que l’on conserve jusqu’à sa mort, et répondre à la loi du moindre effort, c’est-à-dire la recherche du meilleur chemin pour aller d’un point à un autre, qui n’est pas toujours la ligne droite. Peut-être qu’en se souvenant de ces deux règles, on arrivera à mieux intéresser les plus âgés aux technologies.

L’expérience est une lanterne attachée dans le dos qui éclaire le chemin parcouru dit un proverbe chinois. Si les vieux doivent transmettre, qu’est-ce que les jeunes vont nous apporter ? Nous devons nous donner réciproquement. C’est le seul moyen de ranimer l’affectif de nos échanges. Nous ne pouvons pas dessécher la technique et la technologie sans assécher le lait de la tendresse humaine. »

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