Autrans 2003 : il y a réseaux et réseaux

Une première mondiale, deux ministres, 450 participants, du sang neuf, beaucoup d’échanges, pas mal de désordre et autant de neige : la 7ème édition d’Autrans 2003 a tenu ses promesses. Placées cette année sous le signe des « Réseaux de personnes », ces « Rencontres de la société française en réseau » ont associé tables-rondes, ateliers et démonstrations sur des sujets stratégiques, technologiques ou d’usage.

Une première mondiale, deux ministres, 450 participants, du sang neuf, beaucoup d’échanges, pas mal de désordre et autant de neige : la 7ème édition d’Autrans 2003 a tenu ses promesses.

Placées cette année sous le signe des "Réseaux de personnes", ces "Rencontres de la société française en réseau" ont associé tables-rondes, ateliers et démonstrations sur des sujets stratégiques, technologiques ou d’usage.

Aux organisateurs habituels – ISOC France, FING, Communauté de communes du massif du Vercors – s’étaient ajoutés cette année les " Autres" un groupe informel de pionnier du net et de militants du logiciel libre. Leur présence, mais surtout l’échange avec les autres communautés et cultures présentes à Autrans, ont incontestablement apporté aux Rencontres un souffle nouveau.

SOMMAIRE
Réseaux : une première (mondiale ?)
Coopération : grandes et moins grandes réussites
Une présence gouvernementale importante et de qualité
Actualités et enjeux de l’internet
D’autres comptes-rendus d’Autrans sont disponibles en ligne

Réseaux : une première (mondiale ?)

Nous n’en sommes pas certains, mais nous l’avancerons tout de même : la mise en place du réseau physique opérationnel pendant Autrans a été le théâtre d’une véritable première mondiale qui a consisté à associer de manière opérationnelle 4 technologies dites "alternatives" pour assurer une couverture haut débit des espaces dans lesquels se déroulaient les Rencontres :

  • Un accès internet haut débit bidirectionnel par satellite, fourni par Astra et La Poste (jusqu’à 38 Mb/s en réception et 2 Mb/s en émission ! [ une mesure]) ;
  • Une couverture Wi-Fi du centre de conférences ainsi que d’une partie du village d’Autrans, distant de 2 km, mise en place par les "Autres" et notamment les membres de Paris Sans-Fil ;
  • Un accès par le réseau électrique (courants porteurs en ligne) mis en oeuvre par EDF R&D [ description / FAQ sur le site EDF] ;
  • Le lien entre le centre de conférences et le village était lui-même assuré, d’abord par une liaison laser (technologie Wi-Op d’ Actipole, débit 200 Mb/s [ description]) entre le centre et… le tremplin de saut à ski, puis par une liaison directionnelle vers une antenne installée au dessus d’un des hôtels du village ;
  • Un matériel mis à disposition par Cisco assurait enfin la communication entre ces dispositifs !

Bref, une combinaison assez unique de technologies, mise en oeuvre en moins de deux jours par une association elle-même unique d’entreprises privées, de services publics, d’asociatifs et d’alternatifs. Deux schémas de style très différent permettent de mieux comprendre l’ensemble :

Ce déploiement ne sera pas sans lendemains : le massif du Vercors a profité d’Autrans pour signer avec France Télécom, La Poste et EDF R&D un accord sur la couverture hauts débits qui prolonge ces orientations.

L’un des objectifs de ce déploiement technologique consistait à démystifier les fameuses "technologies alternatives", tant en direction des acteurs publics que des individus. De ce point de vue les " ateliers Ricoré" ont constitué un moment fort d’Autrans : plusieurs dizaines de personnes ont ainsi pu apprendre à fabriquer une antenne directionnelle Wi-Fi, d’une portée de plusieurs kilomètre, à l’aide d’une boite de Ricoré (préalablement vidée…), d’une perceuse, d’un connecteur et d’un peu de scotch…

Sous un autre angle, l’atelier "Réseaux communautaires" a permis à l’ART d’échanger avec les acteurs sur les expérimentations Wi-Fi et la manière de profiter des récentes décisions de libéralisation, puis aux acteurs d’échanger sur leurs expériences.

Coopération : grandes et moins grandes réussites

Organisées autour du thème fédérateur des "Réseaux de personnes", ces rencontres ont permis non seulement d’aborder, mais aussi d’expérimenter – avec des succès inégaux – le thème des communautés et de la coopération en réseau.

La préparation collective des Rencontres, sur le site www.autrans2003.org, a porté quelques beaux fruits mais a également rencontré des difficultés. Le programme, son équilibre, son attention aux phénomènes (et aux intervenants) émergents, est clairement le fruit de cet échange collectif. En revanche, en dehors de quelques exceptions ( weblogs, accès publics…), la préparation ouverte en ligne des ateliers et des tables-rondes a assez mal fonctionné.

Les tables-rondes sur ces sujets ont permis de mesurer la difficulté d’appréhender le phénomène des communautés en réseau et les conditions (qui ne sont pas toujours les mêmes) de leur réussite. Plus interactifs, parfois plus pratiques, les ateliers ont été l’occasion d’approfondir :

Une présence gouvernementale importante et de qualité

Signe de la reconnaissance acquise par Autrans, mais également d’une volonté de dialogue, le gouvernement était bien représenté à Autrans, ce qui a permis aux participants de disposer de quelques repères dans l’action publique.

Intervenant le premier jour en visioconférence ( texte / vidéo / audio), Claudie Haigneré ministre déléguée à la Recherche et aux nouvelles technologies, a exposé le programme des six prochains mois du Gouvernement en ce qui concerne les usages des nouvelles technologies. Ainsi la ministre a notamment annoncé la "mise en en oeuvre des avis du Conseil Stratégique pour les Technologies de l’Information ( CSTI) [en ce qui concerne les usages] dans le développement des réseaux d’aide de l’Etat à la recherche publique et industrielle" par :

  • la création d’une ligne de 6 millions d’euros dès 2003 sur le Fonds de la Recherche et de la Technologie pour des projets Usages émanant des Réseaux de Recherche RNRT, RNTL, RNTS,…
  • la labélisation d’un réseau de laboratoire des usages ;
  • le soutien aux organisations de gouvernance de l’internet : soutien via le budget de Renater au fonctionnement de l’IPv6 task-force française créée en septembre 2001 ;
  • le recensement par la Mission d’accès public à l’Internet (MAPI) "des usages collectifs publics de l’internet : usages publics ou parapublics, dans le domaine de la santé, des transports, de l’éducation et de l’administration électronique"…

Le deuxième jour, Henri Plagnol, secrétaire d’Etat à la Réforme de l’Etat, a donné à AUtrans la primeur du rapport de Pierre de la Coste (également présent et fidèle d’Autrans) intitulé " L’Hyper-République – Bâtir l’administration en réseau autour du citoyen ". Henri Plagnol a également annoncé la création d’une agence de l’administration électronique, afin que l’administration fasse sa "révolution internet" ( transcription texte / audio / compte-rendu / presse). Parlant sans notes, visiblement engagé et passionné, répondant volontiers aux questions, le ministre a plutôt séduit son auditoire.

Le forum "administration en réseau" continue pour discuter le rapport : http://www.internet.gouv.fr/francais/interactivite/e-administration.htm

Enfin, Laurent Sorbier, conseiller du Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin, a résumé rapidement les principaux axes du plan RE/SO 2007 présenté par le Premier Ministre en novembre 2002, et a longuement échangé avec les participants.

Actualités et enjeux de l’internet

Nous ne développerons pas longuement les autres thèmes traités à Autrans. On se reportera plus utilement aux comptes-rendus publiés en ligne.

La table-ronde "hauts débits" a permis d’expliciter et de compléter certains des grands thèmes de l’ouvrage du même nom publié par l’ACSEL et la FING.

La table-ronde "Sécurité et liberté : des objectifs contradictoires ?" s’est interrogé sur les conséquences de l’évolution des législations et des technologies de l’internet vers plus de "sécurité", et l’équilibre nécessaire entre libertés individuelles, libertés collectives et libertés publiques.

L’ atelier "droits d’auteurs" s’est préoccupé des conséquences des restictions en cours sur la copie privée et de la généralisation des dispositifs de "gestion des droits numériques".

L’atelier " Les professionnels de l’information sur Internet" s’est intéressé à l’évolution du journalisme sur le web, autour de trois problématiques : la confusion des genres entre l’information, la communication et la pub ;
la sous utilisation de l’interactivité par les sites de presse traditionnelle ; l’apparition de nouveaux acteurs : les utilisateurs du net comme producteurs d’information.

La dernière table ronde "Autrans 2007, où en seront l’internet et les réseaux" a été l’occasion d’une participation originale de la salle. Les participants pouvaient voter grâce à leurs ordinateurs portables en Wi-Fi directement sur le site de vote Glasnost suivant le mode de vote Condorcet (qui compare deux à deux chaque éléments d’une liste). Deux liste devaient être classées par les participants :
– les thèmes qu’ils espèrent bien ne plus avoir à entendre parler en 2007 par ce qu’ils seront réglés une bonne fois pour toute ;
– les thèmes qui, ils le pensent, seront d’actualité à Autrans en 2007.
La présentation des résultats collectifs à été le support d’un débat où chacun a pu présenter ses réactions individuelles.

D’autres comptes-rendus d’Autrans sont disponibles en ligne

Le site coopératif de préparation d’Autrans est également le lieu de discussion des comptes-rendus : http://www.autrans2003.org/rubrique.php3?id_rubrique=31 Internenettes dévoile le dessous des boîtes : http://www.internenettes.fr/rire/bdricore/page1.html

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