Wikipédia et la légitimité de la construction collective du savoir sur internet

Document préparé par Arnaud Klein du groupe Intelligence Collective de la Fing à partir des contributions de Arnaud Lafont, Bernard Prieur-Smester, Sébastien Sauteur, Yann Le Guennec, Fabien Lair, Pierre Levy, Yann Forget, Daniel Kaplan et Jean-Michel Cornu ainsi que les liens web indiqués lors de la discussion – mai 2005.

Comment construire une référence sur le savoir ?

Peut-on construire un savoir à partir de contributions anonymes ? Comment en maximiser la qualité ? A partir de l’exemple de Wikipédia, nous allons chercher à comprendre ce qu’apporte la co-construction des connaissances et cerner la pertinence des contenus produits. Car il existe de plus en plus de contenus produits de façon coopérative. Certains proposent même des savoirs de référence qui n’étaient jusqu’à présent proposés que de façon centralisée par un groupe d’experts reconnus.

Wikipédia ?

« Wikipédia est une encyclopédie libre, gratuite, universelle et multilingue, écrite par des volontaires et basée sur un site Web utilisant la technologie wiki ».
Le Wiki est un site web collaboratif qui permet à tout internaute qui le souhaite d’en éditer lui-même les pages, sans connaissance technique.simplement et rapidement (voir le dossier publié sur InternetActu.net).

Le projet a commencé le 15 janvier 2001 en langue anglaise. Actuellement environ 1 500 000 articles sont recensés dans 200 langues par 16000 contributeurs réguliers. L’encyclopédie francophone comporte près de 100 000 articles grâce à la participation de milliers de contributeurs. Wikipédia fait partie des 200 sites les plus visités au monde.

– La Fondation Wikimedia est l’organisation qui chapeaute Wikipédia, Wikitionnaire, Wikiquotes, Wikilivres, WikiSpecies, Wikinews, Wikicommons et Wikisource (voir ci-dessous). Wikimedia est une fondation privée par les lois de l’État de Floride aux États-Unis. Son existence officielle a été annoncée le 20 juin 2003, par Jimbo Wales, cofondateur de Wikipédia. La fondation possède maintenant une branche française, Wikimédia France, association loi 1901 de droit français créée le 23 octobre 2004.

Wikitionnaire, un projet de dictionnaire écrit collectivement, commencé le 22 mars 2004. Il existe actuellement 3500 articles en français.

Wikiquotes, somme de citations accessibles librement et gratuitement sur Internet, commencé depuis le 17 juillet 2004. Il y a actuellement 10 000 articles, dont 1500 en français.

Wikilivres (en anglais Wikibooks) s’est donné pour but de mettre gratuitement à la disposition de tous, des textes pédagogiques au contenu libre. Démarré le 10 juillet 2003, le projet comptait fin février 2005 663 sections rassemblées dans plusieurs dizaines de « livres ».

Wikispecies se veut un répertoire ouvert et libre des espèces d’êtres vivants. Le projet est en phase de démarrage.

Wikinews une source d’information d’actualités libre. Le projet consiste à produire des reportages ou à synthétiser l’actualité, de façon collaborative, tout en adoptant un point de vue « neutre ».

Wikicommons est destiné à constituer un « conservatoire central de contenus libres », comprenant des images, de la musique, des textes écrits et parlés. Wikicommons a démarré le 7 septembre 2004. Au 12 février 2005, on dénombrait 7766 entrées et 36 007 fichiers multimédia dans Wikicommons.

Wikisource est un site hébergeant des textes dans le domaine public ou sous licence GFDL. Il contient actuellement environ 15000 articles.

On trouve aussi des projets collaboratifs indépendants de Wikimédia.

Jurispedia, un « projet encyclopédique consacré aux droits du monde et aux sciences juridiques et politiques » a été lancé en décembre 2004 à l’initiative de plusieurs universités. Les articles des étudiants, enseignants et professionnels des « droits du monde » sont mis à disposition sous une licence Creative Commons.

– Le projet de cartographie des cratères de Mars est un autre exemple de contributions anonymes à la création d’un contenu. Initialement confié à des doctorants et des experts universitaires qui n’ont pu prendre le temps nécessaire pour le mettre en oeuvre, le projet a pris véritablement forme lorsqu’il a été ouvert à toutes les bonnes volontés. Des milliers d’amateurs se sont chargés du travail.

Limbes a pour objet de faire voyager, quelques instants, ou plusieurs heures, dans un imaginaire collectif et littéraire. Page après page, on y trouve des bouts de poèmes, de petites nouvelles, des textes sans début ou sans fin, plus ou moins bien présentés ou écrits, avec des images parfois. Ces morceaux ne sont pas signés et peuvent être modifiés par tous, à tout moment. Limbes s’offre donc comme un outil de création littéraire collectif et anonyme qui a pour but de collecter le meilleur de la créativité de chacun et de le mettre à la disposition des rêves de tous.

Wikitravel est un projet de guide de voyage sous licence Creative Commons.

Mais ces phénomènes de grande ampleur suscitent de nombreux débats dans le public, les médias et la communauté scientifique. Qu’en est-il de la qualité des contenus ? Qui les contrôle ? Qui les valide ?

La co-construction de connaissances

La collaboration à large échelle

De nombreux participants interagissent pour mener à bien ce travail. L’intérêt de Wikipédia réside autant dans le niveau de connaissance qui est diffusé par des émetteurs vers des récepteurs, que dans la capacité effective du groupe à co-construire cette connaissance.

Mais un wiki ne donne pas spontanément naissance à une structure cohérente et fertile : c’est un espace ouvert qui autorise une expression et une flexibilité phénoménale. Cependant, au même titre qu’un jardin, il demande des soins constants et un grand souci d’organisation. A ce titre, Wikipédia est un exemple de jardin bien entretenu. Son succès repose sur un noyau dur de participants, en communication constante les uns avec les autres, qui assument spontanément des rôles de responsables, définissant et contrôlant les lignes directrices, comme la neutralité du ton et l’interdiction d’exploiter les oeuvres sous copyright.

Le partage des connaissances

Wikipédia met en avant le partage pour arriver à construire de la valeur dans les connaissances produites. Partager ne signifie pas imposer. C’est par l’argumentation que les connaissances se mettent en place sur Wikipédia, ainsi que par la rigueur des documents et des sources utilisées. Dans l’esprit du respect du copyright, il est impératif de prêter une attention particulière à ce que ne soient pas insérés de textes ou d’images protégés.

La transdisciplinarité en action

C’est par la collaboration et la multiplication des interventions, à partir de connaissances et points de vue différents, que Wikipédia entend accéder à une forme de neutralité, éviter les dérives sectaires, politiques ou marchandes et dépasser les querelles de paroisse en donnant la possibilité à chacun de faire valoir ses arguments.

Mais à mesure qu’augmente le nombre des participants à Wikipédia, les décisions tendent à passer de plus en plus du consensus à la majorité. Le risque est de tomber dans le vote, plus seulement pour les questions formelles ou procédurales, mais aussi pour définir les contenus éditoriaux. On parle aussi de « guerres de version » sur des sujets polémiques tels que l’avortement, la religion ou la politique, où des partisans tentent successivement d’imposer leurs points de vue. Wikipédia est attentif à ces divergences. On peut comprendre que des sujets en débat dans la société soient difficiles à contenir dans une encyclopédie collaborative. La solution retenue par Wikipédia a été de donner la possibilité aux tenants de chaque courant de pouvoir exposer ses idées, tout en gardant l’objectif de réaliser un article synthétique neutre, gommant les partis pris.

Cette solution peut être contestée, car jusqu’où, dans une encyclopédie, peut-on être relativiste en admettant que tous les points de vue se valent et puissent s’exprimer, qu’il peut y avoir plusieurs vérités sur tout, dans l’objectif d’atteindre une certaine l’objectivité ?

Le plaisir à participer

Les participants semblent prendre du plaisir à participer. Cet aspect social est important comme dans tout projet, pour motiver et donner envie à de nouvelles personnes de s’impliquer dans l’aventure, de faire preuve d’un élan de générosité qui dépasse les reconnaissances et rétributions immédiates. Certains éditeurs profitent cependant de cet idéal de partage pour détourner les règles en place afin de se faire valoir, imposer leurs points de vue, ou susciter la discorde entre les contributeurs.

L’anonymat des contributeurs

L’auteur initial se trouve dilué dans la construction collective d’un article et par la possibilité de modification immédiate de la part d’autres auteurs, ce qui l’oblige à axer son travail non plus sur sa reconnaissance personnelle immédiate, mais plutôt sur la réussite d’un texte dont la qualité doit dépasser celle de sa propre contribution. Se pose cependant le problème de l’absence des sources d’informations utilisées, ainsi que des références de l’auteur. Wikipédia fait le pari d’une responsabilité éditoriale collective qui serait plus efficace qu’une responsabilité individuelle, tout en gardant la possibilité de consulter dans l’historique de création les contributeurs d’un article (voir par exemple l’historique des interventions sur l’article « Homère »).

La médiatisation

Wikipédia est fortement lié à la médiatisation dont il est l’objet. On remarquera que les sujets d’actualité engendrent la création et la révision des articles s’y référant dans l’encyclopédie. C’est un baromètre des sujets de société. Le fait aussi de figurer parmi les 200 sites les plus consultés au monde en fait une référence scientifique utilisée par les étudiants et scientifiques dans leurs recherches préliminaires, ainsi que sur des domaines comme l’art ou la philosophie. Wikipédia devient un outil quotidien de consultation / révision des savoirs actuels qui pose des problèmes de reconnaissance pour le monde scientifique, car les référents ne sont pas aussi facilement identifiables que dans les sources qu’ils utilisent traditionnellement.

Financement

Ce fort trafic est particulièrement intéressant, mais représente un défi à relever. De façon à suivre cette croissance, Wikipédia souhaite mettre en place l’infrastructure et la capacité de stockage nécessaires pour déployer des grappes de serveurs dans le monde entier. Des partenaires d’hébergement pourraient aider à partager cette hausse de trafic exponentielle, en réduisant les augmentations constantes des dépenses.

Afin de rendre cela possible, des fonds ont été versés par la Lounsbery Foundation afin d’acheter des machines. Mais par ailleurs, Wikipédia a besoin de l’aide des particuliers et lance régulièrement, avec un certain succès, des appels aux donateurs. La récente proposition de partenariat de Google, qui propose d’héberger gratuitement Wikipédia, a attisé les discussions sur la compatibilité entre certains modèles économiques et la neutralité.

Les contenus produits

L’accès à un savoir libre et populaire

Wikipédia est l’expression d’une volonté partagée d’accéder à des savoirs qui soient potentiellement « populaires », créés par l’ensemble de la population, sans restriction d’accès, ni de reconnaissance préalable. Il est d’ailleurs question dans le projet de constituer une base de savoirs “libre », c’est-à-dire versée au patrimoine de tous, puisque n’étant la propriété de personne. C’est la Licence de documentation libre GNU qui est utilisée pour la réutilisation de son contenu. Cette licence autorise tout le monde à copier, modifier et distribuer le contenu de Wikipédia, en accord avec les termes de la Licence de documentation libre GNU. Les obligations sont de conserver la même licence pour les copies conformes et les copies modifiées, ainsi que de créditer Wikipédia et les auteurs des contenus comme source. Ce dispositif pourrait devenir un vecteur de diffusion des savoirs à l’attention d’un public élargi, basé sur un projet anti-élitiste, ne permettant ni l’émergence ni la reconnaissance de leaders du savoir.

L’approche critique

L’approche critique au sujet des informations produites dans l’encyclopédie Wikipédia est une attitude essentielle pour décrypter les sources, qu’elles proviennent de la presse, télévision, revues scientifiques ou même des ouvrages de référence. Il est nécessaire d’adopter une posture journalistique afin de mettre en questionnement les textes écrits et de retrouver les différentes sources qui permettent de cerner la question étudiée. C’est une pédagogie critique d’autant plus indispensable avec l’arrivée des technologies numériques qui favorisent la duplication et la transmission en quantité d’informations. On peut rappeler par exemple les erreurs présentes dans les versions commerciales d’encyclopédie ou d’articles de presse, qui à la différence de Wikipédia ne sont pas corrigeables immédiatement.

La perfectibilité des contenus

Ce qui crée de la nouveauté avec Wikipédia, c’est la possibilité offerte à chacun de développer une action critique participante, en rendant l’encyclopédie perfectible par itérations successives. Certains contenus en cours de création sont approximatifs ou partiels. L’intérêt du procédé est de ne jamais clôturer un article et de laisser à toute personne la possibilité d’enrichir le sujet par de nouveaux arguments, commentaires et liens supplémentaires.

C’est toute la démarche scientifique qui se fait « à ciel ouvert ». Un contributeur propose un article et l’ensemble de la communauté de wikipédia procède à sa relecture et sa révision, dans une démarche active d’accumulation et de réfutation des savoirs disponibles.

Concurrence et confrontation

Wikipédia ne menace pas actuellement Universalis ou Britannica, mais plutôt des encyclopédies grand public, comme Encarta ou le Quid. En effet, ces entités ont le même but que Wikipédia : apporter la connaissance au grand public. Après une surreprésentation des articles en rapport avec les TIC, on remarque que les thèmes des sujets abordés dans Wikipédia commencent à s’élargir afin de couvrir l’ensemble des connaissances indispensables dans une encyclopédie. Cette concurrence aura un impact positif pour l’utilisateur : des encyclopédies plus complètes et moins chères.

Wikipédia concurrencera-t-elle un jour l’Universalis et la Britannica ? Il faut se rappeler que la première édition de Britannica remonte à 1768. Soyons donc patient avant de répondre à cette question pour comprendre si des savoirs de référence peuvent être co-construits sans sélection « a priori » du niveau d’expertise des rédacteurs mais en faisant émerger « a posteriori » les meilleures contributions.

Quelles formes de productions et de diffusions de savoirs ?

Le contrôle des articles

Dans leur immense majorité, les articles sont étroitement surveillés par le biais des « listes de suivi » qui permettent de savoir pratiquement en temps réel quelles ont été les modifications faites, puis de les valider ou non. Certains contributeurs ont accès à des fonctionnalités supplémentaires : ce sont les administrateurs. Ceux-ci peuvent supprimer des pages, bloquer ou débloquer une page, et aussi bloquer un contributeur. Les administrateurs sont choisis par consensus parmi les contributeurs ayant déjà plusieurs mois de participation.

La validation des connaissances

Aucune « autorité établie » ne vient valider les savoirs mis en ligne sur Wikipédia. En revanche, les experts de tous domaines sont invités à participer à leur élaboration. Dans les faits, on remarque sous les historiques de création des articles, l’intervention de nombreux experts et spécialistes qui se prêtent au jeu de la construction collective de connaissances. Ces « paroles d’experts » sont sans cesse débattues par des milliers de contributeurs critiquant, complétant ou corrigeant en direct ces informations.

La fin des experts ?

Beaucoup se posent la question de la légitimité d’un savoir construit sans les instances intermédiaires des experts identifiés. Peut-on compter seulement sur le travail collaboratif des contributeurs volontaires et souvent anonymes pour améliorer régulièrement la qualité des contenus pour satisfaire autant les néophytes que les experts du domaine traité ?

Ces nouveaux modes de diffusion et de production de « savoirs numériques » conduisent-ils à une révision des conditions de contrôle et d’évaluation de l’information ?

Le partage, la coopération, l’intelligence collective sont-ils de nouveaux paradigmes qui permettent de construire les connaissances dans l’ère de la Société de l’Information ? Ou bien, s’agit-il d’une illusion, d’un phantasme relativiste ou utopique qui ne résistera pas, dans la durée, à la pression des faits et à l’exigence scientifique ?

En guise de conclusion

L’intérêt de Wikipédia réside dans une co-construction non élitiste d’éléments de référence et dans l’accessibilité de ce savoir au plus grand nombre. Mais il existe un débat sur la possibilité de proposer une base de référence de qualité qui ne soit pas rédigée et validée seulement par des experts identifiés a priori. Au-delà des positions de chacun sur ce sujet, l’évolution ou non de la qualité des articles de Wikipédia, en particulier ceux qui font le plus débat, permettra de mieux comprendre si une démarche coopérative peut s’appliquer même sur des documents de référence.

L’objectif de co-construction d’une encyclopédie soulève des enjeux en terme de création :

  • La résolution des « guerres de version » par l’exposition des différents courants ;
  • La capacité à respecter le copyright des éléments inclus ;
  • La possibilité de canaliser les « leaders noirs » et de donner plutôt l’avantage aux contributeurs sincères ;
  • L’invention de modèles économiques qui préservent la neutralité ;
  • L’accroissement des savoirs par la révision collective de la qualité des articles.

Mais Wikipédia pose également des questions en terme d’utilisation. Il nécessite une approche critique comme pour tous les contenus qui foisonnent dans notre société de la connaissance. Cette approche critique doit également se faire participative pour permettre aux contenus coopératifs de ne pas se figer mais au contraire d’évoluer en permanence afin de gagner en qualité et de prendre toujours plus en compte les débats de la société.

Si le rêve encyclopédiste d’un savoir absolu n’est plus atteignable dans notre société complexe, peut-on le remplacer par une vision dynamique d’un savoir en construction permanente ?

Les liens Web qui ont servi à la réalisation de la synthèse :

À lire aussi sur internetactu.net

0 commentaires

  1. Bonjour,

    Très joli dossier. Merci 🙂

    Un commentaire en réponse à la question « Wikipédia concurrencera-t-elle un jour l’Universalis et la Britannica ?  »

    J’aimerais proposer un lien, qui représente l’évolution du traffic entre la Britannica et Wikipedia :
    http://www.alexa.com/data/details/traffic_details?&range=2y&size=medium&compare_sites=britannica.com&y=r&url=http://en.wikipedia.org/wiki/Main_Page#top

    Loin de moi l’idée de prétendre que notre contenu est de meilleur qualité que celui de la Britannica… par contre la question de concurrence ne se pose plus vraiment. La lettre ouverte de Robert McHenry sur le sujet ne laisse pas place au doute non plus. La concurrence existe bel et bien 🙂

    Anthere

  2. En complément à ce dossier de référence, indiquons la publication des travaux de Julien Levrel accomplis dans le cadre de l’équipe France Telecom R&D TECH/SUSI, sur l’organisation et les motivations des encyclopédistes libres de Wikipédia.

  3. La pratique de wikipédia est d’accumuler les contenus : on pourrait croire qu’ainsi une sorte de connaissance serait produite de façon coopérative. En réalité, cela revient à entasser des points de vue sans beaucoup de discernement ; certes, en théorie, il faut sourcer, comme on dit, les informations ajoutées. Mais, de ce fait, le résultat est que la démarche scientifique passe au second plan.

    On a beau dire que les experts n’ont pas le monopole de la connaissance, on n’est pas pour autant dispensé d’un minimum de rigueur. Sinon, on colporte toutes les « informations » sourcées, sans distinction ; autrement dit, wikipédia est une somme confuse de vérités et d’erreurs qui ne sont jamais soumises de manière approfondie à un processus critique : la critique demeure à la surface, et, de cette manière, on contribue au développement d’un nouvel obscurantisme.

    Norbert

  4. L’opacité de Wikipédia existe :

    *On ne peut tout d’abord minimiser les manipulations diverses de wikipedia par des hommes politiques (congrès américain : une affaire récente), des sectes, des nationalistes de tous bords, des diffamateurs, etc.;

    *Ensuite, opacité quand à la valeur de ce qui est publié : il n’y a pas de procédure de révision des articles (ce qui permet à es articles sur des sujets imaginaires d’être postés sans que personne ne s’en aperçoive !).

    *Opacité des décisions : Wikipédia a un canal IRC, où discutent chaque jour les habitués de Wikipédia, sans que cela soit publié. Des désicions y sont prises dans l’ombre.

    on voit donc mal à quoi peut aboutir ce site.

    Son idéologie est aussi douteuse. La pratique de wikipédia est en effet d’accumuler les contenus: on pourrait croire qu’ainsi une sorte de connaissance serait produite de façon coopérative. En réalité, cela revient à entasser des points de vue sans beaucoup de discernement; certes, en théorie, il faut sourcer, comme on dit, les informations ajoutées. Mais, de ce fait, le résultat est que la démarche scientifique passe au second plan.

    On a beau dire que les experts n’ont pas le monopole de la connaissance, on n’est pas pour autant dispensé d’un minimum de rigueur. Sinon, on colporte toutes les “informations” sourcées, sans distinction; autrement dit, wikipédia est une somme confuse de vérités et d’erreurs qui ne sont jamais soumises de manière approfondie à un processus critique: la critique demeure à la surface, et, de cette manière, on contribue au développement d’un nouvel obscurantisme.

    Je crois donc que nous sommes tous dans l’erreur lorsque nous pensons que Wikipédia est une encyclopédie dont le contenu général serait quelque chose qui pourrait recevoir le nom de connaissance. Nous sommes également dans l’erreur lorsque nous croyons que ce site est une révolution dans le domaine du savoir.

    En effet, si je résume :

    1) il n’y a pas de sélection scientifique ; Wikipédia n’expérimente pas, n’innove pas, mais répète ce qui est déjà dit (critère d’admission).

    2) chacun ajoute ce qu’il veut (principe selon lequel le contributeur doit oser modifier) ;

    3) les éléments ajoutés sont rarement en rapport avec une source dont la validité scientifique serait éprouvée (voir article au hasard), validité scientifique que Wikipédia n’a d’ailleurs pas à établir par elle-même…

    D’après 1, Wikipédia diffuse aussi des théories fausses, sans recul critique, intéressant simplement les contributeurs (d’après 2), et du moment qu’il y a une source (3) dont on dit qu’elle est sûre ;

    Encore d’après 1, Wikipédia ne favorise pas l’esprit critique face aux théories reçues ; au contraire : les théories novatrices, peu connues (cf.histoire des sciences), seront rejetées comme non valides pour l’édition encyclopédique.

    D’après 2 : son contenu n’est pas systématique, et ne vise à rien de tel : une vision d’ensemble est exclue par principe de Wikipedia, et aucune unité n’est visée ; d’après cela :

    *Wikipédia est un collage d’éléments disparates, avec des trous un peu partout : elle ne peut donc prétendre instruire, mais seulement informer ponctuellement de ce que quelqu’un a déjà dit, ou de ce que telle source dit que quelqu’un a dit… ;

    *Wikipédia ne dispose d’aucune possibilité de critique interne : le chaos ne se réforme pas ; Wikipédia exclut le retour réflexif, la pensée de ses propres principes ;

    *Wikipédia ne refléte rien ; Wikipédia n’a pas de but ; Wikipédia est absurde ;

    *La conséquence la plus néfaste est que cette subjectivation des « connaissances » entraîne des conflits d’intérêts qui aboutissent à la victoire du plus fort, du plus tenace ou du plus rusé.

    Les points précédents laissent comprendre quels types de personnes peuvent principalement contribuer à Wikipédia : associaux, dépressifs, geeks, autistes, frustrés du système universitaire, et autres personnages imbus de leur science infuse…

    D’après 1, 2 et 3, Wikipédia met sur le même plan toutes les affirmations tant qu’elles peuvent se rapporter à une source. Son idéal gnoséologique diffère peu de l’Indéfini…

    Encore d’après 1, 2 et 3, on peut y publier un grand nombre d’affirmations fausses ; on peut créer des articles sur des sujets fictifs. L’expérience le prouve, et chacun peut le vérifier : 5 à 10 pour cent des erreurs que l’on introduit sont corrigées au bout de plusieurs semaines ; les autres restent…

    Qu’est-ce alors que Wikipédia ? Il est évident, d’après ce qui vient d’être dit, que Wikipédia n’a pas un rapport direct avec la connaissance…

    En revanche, il paraît que ce site diffuse gratuitement des informations diverses et variées, et que chacun peut modifier.

    J’ajoute deux points :

    *d’abord, une remarque intéressante :

    source :

    http://apo.cegeptr.qc.ca/dept_philo/index.php?option=com_content&task=view&id=158&Itemid=1

    « La question qui se pose alors est la suivante : qui seront les lecteurs d’une encyclopédie condamnée à rester à l’état de projet ? La réponse est simple, mais il fallait y penser… : ceux-là même qui y écrivent !  »

    *ensuite, quelqu’un a-t-il remarqué la qualité des articles sur les actrices de films pornographiques, et le fait que wikipédia est un véritable annuaire de sites officiels des « stars » du porno ?

    Voir :

    http://www.fredboucher.com/infos.83-wikipedia-l-encyclopedie-en-ligne-pornographique.html

    Il ne faut donc peut-être pas seulement se demander d’où parlent les contributeurs de wikipédia (puisqu’il n’y a aucune validation scientifique régulant les opinions subjectives), mais aussi s’interroger sur l’origine de ce projet, et sur son fondateur.

    D’après :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia

    « Des employés actuels et passés de Bomis participent ou ont participé au projet, soit sur l’encyclopédie, soit comme développeurs. »

    D’après :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Bomis

    Bomis a fourni les infrastrutures du projet. L’activité de cette entreprise « concerne la vente de publicité sur un portail de recherche, Bomis.com, ainsi que la vente sur le réseau d’images érotiques. »

    On peut le voir en effet par l’image de l’article qui représente une actrice de films pornographiques qui porte sur son t-shirt : Bomis.

    L’article nous apprend que « Jimbo Wales est l’actionnaire majoritaire de Bomis.  »

    Et d’après :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Jimbo_Wales

    Jimbo Wales « a fait fortune en jouant en bourse sur les marchés dérivés avant de co-fonder Bomis ».

    Jimbo Wales apparaît également sur une photo éloquente :

    http://www.wikipedia-watch.org/

    Alors, d’où parle celui qui nous dit (même article) :

    « Je considère comme un impératif moral pour notre mission globale de ne jamais renoncer à nos valeurs de liberté (à la liberté d’expression, à notre engagement à la neutralité et au rassemblement) tout cela pour satisfaire une quelconque exigence émanant de tel ou tel gouvernement. Nous sommes une encyclopédie libre. Avec tout ce que cela implique. » ?

    Enfin, sur les contributeurs, il y a une page de statistiques.

    On y apprends le nombre de contributions de chacun et combien de wikipédiens contribuent par exemple plus de tant de fois par jour sur des périodes de plusieurs mois.

    Ces contributeurs principaux sont assez souvent administrateurs, interviennent dans les « guerres » d’édition (notez le terme qui semble dire que l’on peut envisager de tuer l’ennemi pour imposer sa version d’un article), sur le bistro, ou sur IRC, ce canal qui réfute l’idée d’une parfaite publicité de l’activité wikipédienne (allez-y voir pour lire comment on parle des uns et des autres…).

    Maintenant, considérez combien d’heures par jour il faut pour contribuer par exemple cent fois… Certains wikipédiens contribuent de leur travail ; observons les contributions à Noël, ou le jour de l’an, les week-end ou les jours fériés, pendant la journée au travail… Brefs, les contributeurs principaux de wikipédia sont des gens dépendants : certains ont voulu partir, ils y sont revenus…

    Il faut savoir que le nombre total d’inscrits donnés par les statistiques ne correspond pas au nombre de contributeurs réels. Par exemple : « Untelestuncon », ce n’est pas un vrai compte.

    Si vous souhaitez savoir ce qu’est un geek, lisez les études psychiatriques sur le sujet ; je n’invente rien. Les liens geeks = associaux = autisme n’ont rien de fantasmatique.

    Il y a aussi les cas très graves, mais là ils sont rares ; ce sont les personnes systématiquement aggressives, qui voient par exemple des complots (fascime, et autres classiques) partout… j’en ai trois à l’esprit, et je suis sûr que tous les wikipédiens pourront en évoquer un peu plus. Ici, ce n’est pas leur nombre qui est remarquable, mais le fait que l’accès aux articles ne leur soit pas rapidement refusé. Les cas de ce genre, bien que rares, je le répète, ont pourtant des effets incroyables, et ils sont capables de s’installer pendant quelques mois sur wikipédia…

    Un autre cas de wikipédiens que l’on devraient évoquer, ce sont ceux qui sont partis, parce qu’ils en avaient marre des agitateurs et des incompétents : parmi ceux qui sont partis : des professeurs, des administrateurs.

    Alors, vous voulez toujours faire confiance à un site qui :
    *se prétend une encyclopédie, mais dont le contenu n’est pas systématiquement vérifié ;
    *qui échoue à corriger les erreurs introduites volontairement ou non ;
    *édité par des gens dont vous ne connaissez pas les qualifications, et qui peuvent écrire n’importe quoi ;
    *qui proposent un index des actrices porno, et des liens vers leur site ;
    *qui a été fondé par un entrepreneur vendant des images érotiques sur le Net ?

  5. La libre expression implique que l’on écoute la critique ;

    Rares sont les critiques qui ne sont pas constructives, et elles sont constructives surtout si elles font réagir : j’invite tous ceux qui s’intéressent à Wikipédia, même et surtout si ce projet les déçoit, à proposer des critiques, mais bien argumentées, sinon, c’est inutile.

    Wikipédia a besoin qu’on le critique sans complaisance.

  6. Voici comment je me fais humilier sans droit de réponse…

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Wikipédia:Comité_d%27arbitrage/Arbitrage/Karibooman-Tram12

    Nous savions que Wikipédia est administré par de petits chefs incultes. Nous ne savions pas encore qu’ils ne savent même pas lire un historique. Il apparaît comme évident que je n’ai jamais été agressif, sauf avec un vandale pyromane.

    De plus, je n’ai fait qu’exiger des sources sur la page Grignoux, comme sur d’autres. C’est donc répréhensible si l’on ne bénéficie pas du copinage des chefs.
    Un arbitre déclare même : « De plus le commentaire hors wp d’un arbitrage en cours me deplaît fortement ». Démontrer l’incompétence de ces imbéciles à l’extérieur est donc interdit. Nous ne sommes plus en démocratie.

  7. Le 28 décembre 2006, il y a eu de la publicité sur tous les sites Wikimédia.

    Rappellez-vous toujours que vos contributions peuvent devenir un support commercial, sur Wikipédia même, ou n’importe où.

  8. Pour ce qui est du n’importe quoi sur wikipedia, nombreux exemples sur le blog http://wikipedia.un.mythe.over-blog.com ainsi qu’étude de la propagande qui s’y expose et s’y développe tranquillement

    Wikipedia n’est pas fiable, et il faut dire pas du tout fiable : bourrée d’erreurs et de points de vue non neutres, beaucoup de déformations, de la censure d’informations parues dans toute la presse et avérées ne peuvent être citées. Beaucoup d’ignorance, y compris pour les gens qui se permettent d’écrire sur les articles de sciences exactes (on imagine ce qu’il en est pour les sciences humaines et sociales). Wikipedia n’est pas une encyclopédie mais une addition de points de vue, pas du tout l’exposé du savoir, que la plupart des participants ignorent : chacun écrit ce qu’il veut, personne ne vérifie. Pas fiable comme source d’information, (tout doit être vérifié, et devrait être rectifié : c’est du grand n’importe quoi souvent). Contenu très faible. Elle est souvent fort partisane. On trouve pas mal de propagande sur les sujets d’actualité , de politique, d’histoire, qui sont complètement faussés, orientés. Références systématique à des sites extrêmistes, extrême-droite qui fait passer des thèses négationnistes, extrêmistes qui font l’apologie du terrorisme (Hamas par exemple ou à la gloire de Ben Laden) des sites d’extrême-droite fasciste, il y a même des articles écrits directement par ces organisations, extrême-gauche qui rejoint l’extrême-droite, tendance Ahmadinedjad-Chavez et Dieudonné, avec un bon fond négationniste et antisémite –cela est + fréquent qu’il n’y paraît. Personne ne vérifie, personne ne peut rectifier car des petits groupes protègent ces articles.
    Beaucoup de n’importe quoi sur wikipedia, voyez de nombreux exemples cités sur le blog http://wikipedia.un.mythe.over-blog.com