Stoppons les machines !

L’agrément officiel qu’ont reçu les machines à voter électronique en France ne peut plus avoir valeur de blanc-seing, alors que les preuves scientifiques s’accumulent, invalident et décrédibilisent l’idée même de machine à voter. Il est temps de les mettre au rencard… Pour en construire de nouvelles ?

Après Diebold, Nedap… Les failles de sécurité des machines à voter sont démontées une à une, venant apporter, preuve après preuve, de l’eau au moulin de leurs détracteurs toujours plus nombreux. Quelques 1200 machines, agréées par le ministère de l’Intérieur (des modèles Nedap, ES&S et Indra), sont en fonctionnement dans les mairies françaises (si on estime le nombre moyen d’électeur par machine à un miller, cela concerne quelques 1,2 millions d’électeurs en France). Or, cet agrément ne peut plus avoir valeur de blanc-seing, derrière lequel élus et agents administratifs se retrancheraient comme derrière un bouclier. Les preuves scientifiques qui s’accumulent invalident et décrédibilisent l’idée même de machine à voter.

Il est temps de stopper ces machines. D’arrêter leur homologation, de retirer l’agrément, de suspendre les subventions qui permettent aux villes de s’équiper et de les mettre au rencard. Et ce, avant les élections de 2007, pour ne pas nous retrouver comme la Hollande actuellement, sous le coup d’un scandale d’autant plus épineux que les Hollandais sont à une semaine d’élections générales et que 90 % d’entre eux votent avec ces machines.

Machine à voterPourtant, ne nous y trompons pas, nous avons besoin de machines pour faciliter nos processus démocratiques, pour les rendre plus fluides, plus naturels, plus fréquents… Les machines à voter sont utiles. Elles permettent de gagner du temps, de faciliter les procédures, d’économiser sur les coûts d’installation, d’impression et de traitement. Mais elles doivent être des machines aussi transparentes que les urnes de la République. Ne pensons pas une seconde que les machines qui vont être demain retirées des bureaux de vote seront la preuve supplémentaire que nos élus doivent faire de la politique sans consulter leurs concitoyens. Au contraire. C’est l’action citoyenne d’individus éclairés et lucides (comme François Nonnenmacher, Chris Perrot, Pierre Muller du Recul-Démocratique, Bernard Lang et François Pellegrini pour ne citer qu’eux) qui nous montrent, une fois de plus, que la fiabilité absolue de ces machines est une condition sine qua non à leur acceptation. Ce sont des citoyens eux-mêmes qui nous rappellent les standards auxquels ces machines doivent répondre.

Elles doivent, hier comme aujourd’hui, garantir le secret vis-à-vis des autorités tout en garantissant la confiance vis-à-vis de l’électeur. On ne peut pas troquer un système dans lequel quiconque peut vérifier la validité du vote contre un système opaque ou seule une poignée d’experts peut certifier qu’un vote est fiable.

La Cnil, comme le Conseil de l’Europe, les experts comme de nombreux citoyens, proposent pourtant depuis plus de 2 ans des recommandations simples à mettre en oeuvre, dont il faut rappeler les deux principales concernant les machines à voter (et pas le vote en ligne qui pose en tant que tel d’autres questions) :

  • que les machines fournissent une trace papier du vote, afin qu’un double enregistrement soit fait et que le votant puisse contrôler que la machine a bien voté comme il le lui a demandé. L’impression doit permettre de suivre le bulletin jusque dans l’urne.
  • que le socle technique de la machine et du logiciel se conforme aux principes de l’open source afin que tout un chacun puisse en contrôler le fonctionnement. Le but est de permettre aux pouvoirs civils d’auditer et de contrôler à tous moments les algorithmes de fonctionnement.

Nos machines doivent atteindre le niveau de transparence et de confiance que l’on a aujourd’hui dans nos bulletins papiers et dans le décompte manuel et citoyen. Pour cela, il suffit de mesures simples et efficaces qui nous permettent de conserver la maîtrise de ces machines et de garder un oeil sur leur fiabilité.

En attendant de relever ce défi – qui porte en lui une haute idée de la démocratie, qui pourrait être une belle image des principes qui fondent notre pays et qui est aussi un marché potentiel, rappelons-le -, ce qui est certain, c’est qu’aucune administration ne peut continuer à acheter ces machines. Aucun citoyen ne peut envisager de les utiliser. Il est temps de faire preuve de discernement. Si nous voulons des machines, alors qu’elles répondent à ce que nous voulons qu’elles fassent, plutôt qu’elles ne votent à notre place. Gardons le contrôle.

Hubert Guillaud

La récente conférence organisée par le CalTech et le projet de vote technologique du MIT sur le sujet de l’identification du votant a rappelé, une fois encore souligne CNet, l’ornière dans laquelle est enlisée le débat : trouver un standard qui permette à la fois de garantir le secret vis-à-vis des autorités et la confiance vis-à-vis de l’électeur.

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0 commentaires

  1. En effet, il faut suspendre toute utilisation de ces machines. Ce sera la principale demande de notre future pétition.

    En attendant, nous envoyons des lettres aux élus des communes en phase d’équipement (http://www.recul-democratique.org/Lettre-envoyee-aux-elus-municipaux.html). Deux universitaires, Chantal Enguehard et Roberto Di Cosmo, les co-signent. On aurait besoin d’aide pour mieux identifier ces villes (http://www.recul-democratique.org/Comment-agir.html).

    Il n’est pas certain que nous ayons vraiment besoin d’ordinateurs pour enregistrer les votes. Les Etats-Unis ont ce besoin parce qu’un électeur peut avoir à enregistrer jusqu’à 60 choix : imaginez le dépouillement… Des systèmes d’impression de bulletins à la demande, le passage au bulletin unique (comme dans beaucoup de pays étrangers : on marque une case dans une liste de candidats), voire de l’aide informatique au dépouillement, résoudraient une bonne part des problèmes invoqués.

    Laisser les fabricants simplement ajouter une imprimante à leurs machines produira le même effet qu’aux Etats-Unis : des systèmes mal conçus, peu ergonomiques, des bulletins peu lisibles donc difficiles à compter, de plus rompant le secret du vote parce qu’imprimés sur un rouleau de papier en continu.

    Quant au vote par Internet, et en particulier celui qui s’est tenu en juin, il ne semble pas que ses organisateurs en aient tiré la moindre leçon. C’était pourtant présenté comme une expérience : je n’ai vu ni protocole d’expérimentation, ni bilan sérieux. En fait, je n’ai rien vu du tout, puisqu’aucun document demandé à l’Etat ne m’a jamais été envoyé. Aucun. Même pas le PV de résultats (des assesseurs ont émis des réserves). Opacité totale.

    En fait, si je n’avais pas joué le rôle du grain de sable (en entraînant ensuite quelques autres), tout aurait semblé bien se passer, à part ce petit problème de participation, mais promis, juré on fera mieux la prochaine fois…

    Et ne comptons pas sur le World eGov forum d’Issy-les-Moulineaux : ils n’ont rien trouvé de mieux que d’inviter uniquement l’industriel qui a organisé cette élection (http://www.worldegovforum.com/article.php3?id_article=678).

    Pierre Muller, webmestre de http://www.recul-democratique.org

  2. Merci Pierre de ces précisions.

    Je crois pour ma part que nous aurons besoin de ces machines, si nous voulons demain, que la population soit plus facilement consultée sur les choix que les élus opèrent. Mais vous avez raison, d’autres pistes technologiques existent.

    Je suis d’accord avec vous, il ne s’agit pas de laisser les fabricants simplement ajouter une imprimante à leurs machines : il y a dans les spécifications qui ont été déjà mises sur le papier par des citoyens comme vous bien des idées pour construire des machines à voter de qualité…

    Quant au rouleau de papier il peut aussi être découpé avant que de tomber dans l’urne, afin que de pouvoir laisser flotter les bulletins, et je suis même sur que la machine pourrait les plier pour qu’ils restent illisibles de l’extérieur de l’urne.

  3. citation :
    « Les machines à voter sont utiles. Elles permettent de gagner du temps, de faciliter les procédures, d’économiser sur les coûts d’installation, d’impression et de traitement. Mais elles doivent être des machines aussi transparentes que les urnes de la République »

    En Belgique le vote electronique a déjà fait scandale . 2 points épineux à résoudre : D’un point de vue technique la fiabilité des machines bien entendu (en belgique , le problème de schaerbeek , 4000 voix d erreur lors des dernieres élections ) sont effectivement inacceptable . Et en Deuxième lieu le point majeur et le plus important qui est le controle par le citoyen du vote , seule controle démocratique est littéralement jeté au oubliettes au profit de techniciens , aussi ouvert que soit le protocole , les sources ou que le logiciel soit libre , ne change pas le problème structurelle . Ce n’est pas Madame Michu et Monsieur-tout-le-monde qui pourra compter les voix mais la machine , et cela est inacceptable d’un point de vue démocratique . Car ce serait toujours quelles que soit l’excellence des méthodes transferer le pouvoir au « technicien » . Hors la démocratie invoque monsieur tout le monde autant en tant qu electeur , que controleur du comptage des voies (acesseurs ) .

    Avant de vouloir techniquement , logistiquement continuer a utiliser ce genre de machine , il faut que celle ci respecte les règles démocratique . Hors il est techniquement impossible qu’elle le fasse , car monsieur tout le monde ne pourrait pas lire le code source ou le comprendre , et ce n est dès lors plus monsieur tout le monde qui comptabilise les voix . Mais la machine et dès lors un pouvoir transferer au responsable de ces machines (techniciens ) . Ce qui est incompatible avec la démocratie (une caste controlant le comptage des voix ) .

    Finalement mettre des preuves papiers en meme temps que des votes electroniques c est revenir au papier , N’est ce pas un grand détour pour en revenir au même fondement ? A quoi serve les ordinateurs dès lors ? Le travail serait double , sans avoir de réelle résultat plus « productifs  »

    pour la partie technique un excellent article qui parle du problème de schaerbeek , avec sa partie au sujet de logiciel open source :

    http://fsffrance.org/news/article2003-07-11.fr.html

    et finalement le pendant de recul démocratique , en belgique l’association poureva : pour une ethique du vote automatiser : http://poureva.be/
    avec une faq claire au sujet sensible.

    ps : Cette association est composé majoritairement d’informaticien de métiers et de technicien informatique , est ce un hasard ?

  4. Je ne suis pas d’accord avec vous Eastwind_gio. Oui, que le code source soit disponible ne permet pas pour autant à Mme Michu de comprendre ce qu’il y a derrière. Mais le but, avec des machines, n’est pas que tout le monde y accède, mais que ce soit possible à chacun. En fait, le vrai but de cette idée est de permettre aux pouvoirs publics et civils de contrôler à tous moments les algorithmes de fonctionnement afin qu’ils ne soient pas réservés aux ingénieurs d’une seule société. De savoir comment cela fonctionne pour savoir justement que cela ne peut pas être truqué. D’où aussi le rôle du papier qui permet à tout instant une vérification.

    Doubler le vote par le papier ne signifie pas revenir au papier du tout. Le papier est là pour contrôler qu’il n’y a pas eu d’irrégularité, si le besoin s’en fait sentir. Il me semble que ce n’est pas la même chose. Surtout quand on sait que le taux de contestation ou de recomptage, quand bien même il doublerait avec l’utilisation de machines, resterait tout à fait marginal. Le papier est là pour prouver la confiance alors qu’aujourd’hui, il « est » le vote.

  5. Il est vrai que j’ignore comment se passe le vote en France et que le règle peuvent différer . Mais en belgique , le problème principale est que le vote électronique n’est pas controlable par des citoyens ordinaires qui forment le « cercle de protection « , ainsi que des témoins de parties . Démocratiquement c’est bien le problème , c est que ce controle qui traditionnellement limite les faux comptages dans dans le vote papier , est impossible a maintenir dans le vote électronique . Les autoritées civiles peuvent bien controler mais , le jour des votes est bien un jour ou le citoyen , les citoyens peuvent remettre « l’ordre de l’etat  » ou « le pouvoir même en place « , en favorisant un autre partie , minoritaire par exemple (exemple des élections passé qui avait fait propulser écolo ) .

    Car c’est bien au citoyen qu’il appartient ce jour de décider (de remettre en cause ou non l’ordre de l Etat ) , et cette decision c’est bien le comptage des voix qui en est la pierre angulaire .

    Dès lors qui sont les personnes pouvant controler , ou plutot compter les voix ?
    Est ce un fonctionnaire ? ou un administrative ? Non car ce serait remettre le controle entre les mains de L’etat ou de l’ordre en place (hors c’est bien eux qui peuvent être remis en cause )

    est ce un ordinateur ? Non car ce serait remettre le controle au techniciens .(et par extension la firme etc .. )

    Qui donc peux dès lors controler/ compter , le vote démocratique ? qui pour faire cliché est : l’émanation de la vox populi et non celle de l’etat , ni celle des aléas informatiques .

    Hé bien , le citoyen lui meme , désigner en tant qu’acesseur .

    Car il ne peut y avoir de distorsion entre l’émanation de la voix populaire et sa traduction , s’il l’ont met une interface entre les 2 risques effectivement de ne plus être l’émanation de la voix populaire , mais celle de l’interface qui aura « traduit » cette voix populaire (que ce soit l etat ou la machine )

    Mais bien sur , je répète que je ne connais pas les règles en France et que celle ci peuvent être autre .

  6. Par comparaison avec le vote traditionnelle en belgique , la question serait de savoir pourquoi désigne t-on des citoyens en acesseurs , lors du vote papier ?
    est ce qu’il ne suffirait pas simplement de laisser les fonctionnaires compter les voix ? ce serait plus simple et cela n’incomoderait plus le citoyen du travail de comptage de voix , non ? Est ce aussi ainsi en France ? désigne t on aussi des acesseurs ?

  7. Ce VVAT (bulletin papier vérifié par l’électeur – http://www.recul-democratique.org/vvat.html) me semblait une bonne solution il y a un an, quand j’ai commencé à étudier de près le vote électronique. Au fil du temps, je deviens de plus en plus prudent. Le diable est dans les détails avec ce système. D’autre part, je n’ai plus la moindre confiance dans les fabricants ou l’Etat pour réaliser cela correctement. J’ai découvert trop de choses effarantes de légéreté.

    D’ailleurs, les universitaires américains préférent généralement les scanners de véritables bulletins plutôt que les ordinateurs muni d’une impression. Ne serait-ce que d’un simple point de vue organisationnel, c’est plus rationnel :
    – si le scanner tombe en panne, on peut continuer à voter en stockant les bulletins dans une urne ordinaire.
    – le scanner s’adapte bien aux élections multiples, car il n’est pas dépendant du temps passé dans l’isoloir (les files d’attentes interminables aux USA viennent souvent des ordinateurs en trop faible nombre).
    – l’accessibilité d’un crayon et d’une feuille de papier est meilleure que celle d’un ordinateur, à part le cas précis des aveugles (pour lesquels des dispositifs spécifiques devraient être prévus, à supposer qu’on se soucie vraiment d’eux), ou le grand multilinguisme, qui ne concerne pas la France.

    Pierre Muller, webmestre de http://www.recul-democratique.org

  8. Entièrement d’accord. Rangeons ces machines au musée des « fausses bonnes idées ». L’informatique peut beaucoup, mais elle n’est pas compétente, à l’heure actuelle, dans ce domaine. Ce que demande le peuple, c’est un mécanisme dans lequel il peut avoir confiance. Pas un système reposant sur des boîtes noires sur lesquelles il ne peut avoir aucun regard. Tout argument à propos d’un possible « gain de temps » est parfaitement irrecevable. Vive le bulletin papier et l’urne en plastic transparent.

  9. Revenons à la base.

    Comme le rappelle son étymologie*, la démocratie est un régime politique dans lequel le pouvoir appartient au peuple, ce que rappelle également la formule bien connue issue de l’article 2 de la Constitution de la République Française : « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».

    Mais il est difficile d’organiser une démocratie directe dans laquelle le peuple exercerait effectivement son pouvoir, aussi la plupart des démocraties sont-elles représentatives : le peuple y exerce sa souveraineté par représentants interposés. Dans ce système, le peuple est toujours détenteur du pouvoir, mais il s’en défait pour le confier à des représentants désignés au moyen du vote. Cette délégation comprend des pouvoirs de police, de justice, etc., ce n’est donc pas une mince affaire.
    Lors de chaque élection, le pouvoir revient donc entre les mains du peuple qui désigne de nouveau ses représentants.
    Nous constatons que le peuple est l’élément central de cette délégation : il détient le pouvoir et désigne ses représentants. C’est pour cette raison que le le processus de vote doit être compréhensible par le plus grand nombre, et que le plus grand nombre doit pouvoir le contrôler :
    – « pouvoir » dans le sens légal : en avoir le droit
    – et « pouvoir » dans le sens ‘être capable de’ : en avoir les capacités intellectuelles.
    C’est aussi pour cette raison que le contrôle ne peut être délégué à quelques techniciens.

    Ce concept fondamental est souvent confondu avec une mise en perspective opposée et erronée, et que je vois transpirer quelquefois, dans laquelle ce sont les représentants qui détiennent le pouvoir et qui consultent le peuple pour le renouvellement de leurs mandats.

    Si l’on veut moderniser, allons-y doucement. On pourrait commencer par avoir un dépouillement aidé par des scanners, ce serait déjà un gros progrès…

    *démocratie : pouvoir (kratein = commander) du peuple (dêmos)

  10. Au départ, je trouvais l’idée de ces machines à voter assez mauvaise, comme on peut lire plus haut : à rnager au rayon des mauvaises idées. Mais, au delà, ces machines pourraient enfin permettre d’utiliser des méthodes de vote vraiment démocratiques comme par exemple la méthode condorcet http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9thode_Condorcet

  11. @ Matthieu :

    Nul besoin d’ordinateurs de vote pour adopter des méthodes de vote complexes, les scanners de bulletins y parviennent aussi. Mais ces deux types d’appareils doivent rester vérifiables, concrêtement cela veut dire qu’on doit pouvoir qu’on doit pouvoir compter à la main les bulletins (qu’ils soient scannés ou imprimés). Les choses commencent alors à se compliquer si la méthode de vote est vraiment complexe.

  12. Les machines à voter ont pour objectif d’accélérer le dépouillement des votes.
    Elles ont comme conséquence l’eviction des citoyens du processus de décomptes des votes et la diminution de l’activité de citoyens dans le contrôle général du processus électoral.
    On peut se poser de ce afit dexu questions:
    1. la démocratie doit-elle avoir comme caractéristique proncipale d’aller vite ? Cela vaut-il la peine pour gagner quelques heures dans le dépouillement d’accroître la distance entre les citoyens et les processus politiques ?
    2.Prendre conscience de la matérialité du processus électoral est essentiel pour le processus démocratique. La dématérialisation du vote que représente l’usage de machine à voter représente aussi l’acceptation d’une technocratisation de la vie politique.

    En outre la généralisation des machines à voter entraîne le développement de l’idée logique : les votes électroniques dans un bureau de vote entraîne un déplacement de popualtion, c’est fatigant, consommateur d’énergei. Soyons modernes, votons à la maison grâce à internet…

  13. @Eastwind_gio

    En France, il y a aussi des assesseurs, j’en fait souvent partie : et croyez-moi, je sais l’énorme importance symbolique d’un décompte des papiers par les simples citoyens. De savoir que dans chaque bureau de vote, il y a des électeurs simplement volontaires qui acceptent de rester 1/2h après la clôture du vote pour compter les bulletins un par un, selon une procédure scrupuleuse, sous le regard de qui le souhaite, permet de garder confiance dans ce qui nous reste de démocratie… C’est généralement un moment fort pour chacun des témoins présents, et j’y suis très attaché.

  14. Je suis un « technologue » qui a pu expertiser au moins aun système de vote électronique mis en pratique et je peux objectivement douter des systèmes effectivement testés mais mon propos ici est tout autre. Les taux de participation aux consultations électorales dans le monde occidental diminuent régulièrement et surement (Rappel : les deux grands partis français sont soutenus par moins de 40% des inscrits !!!). Ceux qui promeuvent ce que l’on appelle « démocratie électronique » ne font que proumouvoir des technologies en oubliant les finalités recherchées et le contexte de crise de la démocratie représentative.

    Pragmatiquement, de tels systèmes ne seront adoptés que s’ils permettent l’expression d’opinion avec une vraie valeur ajoutée :

    – avec des coût amoindris (à démontrer !)
    – pour des multiples questions rendant difficiles dépouillements et comptages
    – pour des personnes ne pouvant se déplacer
    – pour des expressions « synchrones » limitées soit à leur caractère purement consultatif soit décisionnaire pour un petit nombre d’électeurs (qui se connaissent directement dans le monde réel et qui ont une confiance réciproque au delà de la technologie)
    – pour des expressions « asynchrones », ou le « scrutin » n’est pas limité à une plage unique unique de quelques heures et qui peut même être sans date de cloture déterminée (manifestation de citoyens par exemple de type référendum à initiative populaire).

    Ce dernier avantage potentiel est particulièrement intéressant car il pemet avec des algorithmes du type El Gamal de faire des consultations (du vote classique au sondage permanent) avec de vraies expressions anonymes révisables en permanence par chacun ! Révolution sociétale que permettrait la technologie (avec encore un peu de R&D) mais les politiques sont-ils mûrs ?

  15. En Belgique, où il vient d’y avoir des élections municipales, le vote électronique est loins, dans bien des cas, d’avoir accéléré ou simplifié le dépouillement du scrutin.

    Le maire de Liège, où de gros problèmes se sont posés, a déclaré qu’il devenait désormais « un militant pour le vote papier ».

    Dans certaines localités, les bureaux de vote n’ont ouvert leurs portes qu’avec des heures de retard, de sorte que pas mal d’électeurs ont renoncé à voter, lassés de faire la file pendant des heures. La télé a diffusé des images où on voyait les files d’attente s’étirer jusqu’au coin de la rue voisine du bureau de vote ! Evidemment, ce sont les pannes d’ordinateur qui étaient en cause, pas l’enthousiasme démocratique des citoyens…

  16. le vote est un acte citoyen le depouillage en fait partie s il existe une petition je voudrai pouvoir la signer

  17. bonjour

    moi je suis pour , en gros la machine à voter est une caisse enregistreuse ! ( NEDAP)
    je vous rappel qu’auparavant il y avait des magouilles avec le papier sauf que là , on ne le disait pas ???!!!
    de plus avec ces machines simple de fonctionnement, on gagne un temps considérable pour le dépoullement et sans erreurs possible !
    il faut savoir que ces machines sont vérifiées avant l’ouverture du bureau de vote, c’est à dire par le président, secrétaire et assesseur ! un pv de contrôle est donc édité suite à cette vérification , si la machine est defectueuse elle est changée tous simplement !

  18. Au bureau de vote 57 de Reims, sur 2 machines à voter, une ne fonctionnait pas. Certaines personnes la manipulaient pour la rendre opérationnelle. Sans succès… Certains votants se faisaient aider dans l’isoloir restant. Conséquence : un allongement très conséquent des files d’attentes. Du jamais vu d’après certains électeurs. Impatients et mécontents, certains réclamaient des urnes. Certains sont repartis sans voter. J’ai pris des photos de la situation. La présidente m’a dit que c’était interdit, ce dont je doute. Leur hostilité contrastait fortement avec les votants qui m’encourageaient dans ma démarche. J’ai décidé de m’éclipser pour mettre ma pellicule à l’abri. Développement et diffusion des photos sur le web lundi ou mardi.

    Cyril

  19. scandale. Le dernier soupcon de démocratie qu’il nous restait s’envole.
    Aucun controle, disparition de la confidentialité, aucune consultation populaire pour l’introduction du vote électronique, ingalité des votes entre la formule traditionnelle et ce système à l’américaine imposé par les maires des villes de plus de 3500 h qui en ont fait le choix de manière arbitraire ; bref aucune confiance. Conclusion : je ne vote plus.
    Merci pour cet espace d’expression.

  20. salut

    n’oublions pas que le taux de participation était très important avec 84% ! du jamais vue ! alors la machine à rien à voir pour la file , sur paris avec le vote papier il y avait une 1heure d’attente !
    enfin bref , je parle uniquement de la machine NEDAP
    arrêtons de se comparer aux américains ! on est vraiment plus intelligent qu’eux et je pèse mes mots

  21. c’est bizarre il n’y a eu que 16% d’abstention , c’est encore un record !
    alors ou sont les gens qui sont contre la machine à voter ……?????
    avec le vote papier il y avait moins de votants alors où est l’erreur ?????

  22. Bien sûr qu’on finira par avoir des machines fiables à 100%. Bien sûr qu’il y a eu des fraudes avec le vote papier. Mais est-ce là la bonne question ? Veut-on faire des opérations de votes ce qu’on fait avec les sondages et leur surenchère : un moyen vite fait bien fait de se débarrasser de ce qui est long, pénible et « coûteux », l’élection, et vite rapatrier les foules cit(m)oyennes devant l’Essentiel, ce qui rapporte, ce qui crée non la réalité mais l’Actualité, bref une bonne émission d’avariété, avec force interruptions pubesques… Et bien non ! car ce qui est long, et c’est tant mieux, je ne suis pas pressé, ce n’est rien moins que le processus d’élaboration individuelle de sa propre opinion puis sa prise de décision. Elle doit être nourrie de réflexion, de penser, de discussions, d’errance, de certitudes et de doutes, de questions et de réponses, nourrie un peu par la télé peut-être, mais aussi par les débats entre nous personnes qui nous connaissons un peu ou beaucoup mais pas pas du tout, par les lectures de la presse, et d’ouvrages, et surtout par le mûrissement de notre pensée, par le polissage de ses nuances d’appréciation, par la pesée des pour et des contre, par la confrontation avec notre voisin et avec l’inconnu de passage, etc. Mais, penseront ces partisans des > (tant qu’à faire, autant bien opacifier, non ?), mais quelle perte de temps ! quel gachis de parts d’audimat (et de temps de pub…) ! Moi, je réclame le droit de prendre mon temps. Je veux pouvoir hésiter avant de me décider. Prendre des bulletins, une enveloppe, puis dans l’isoloir, plier « mon » bulletin et l’envelopper, puis passer devant les personnes du bureau, ces représentatn de l’action démocratique, attendre leur permission de glisser mon bulletin dans l’urne, dernier instant d’affirmation/doute de mon choix… ET ! je décide d’arrêter maintenant mon choix, et le confie à l’urne : J’AI voté ! Et je le vois, car je vois pour quelques instants encore MON enveloppe, par la merveille de ces urnes transparentes !
    Retour à la question des machinavoters : qu’il s’agisse d’une élection ou d’ailleurs d’un référendum, faut-il donc aussi se débarrasser vite-vite de l’opération hautement symbolique du… >, opération qui est tout bonnement la… Révélation de la Parole Populaire ? Il n’y a rien de religieux là dedans, sinon les majuscules :-), et ces termes ont toute légitimité à investir ce champ laïque, car, pour moi, ils me permettent de revendiquer l’importance du fait démocratique dans la construction de notre société.
    Ainsi lors du comptage des voix, je veux pouvoir ressentir, comme j’ai pu le faire encore dimanche dernier, et cette fois dans la meilleure situation, celle de l’accoucheur, je veux pouvoir ressentir ce qui fait que >, ce n’est pas juste l’opération arithmétique 1+1+1+1+1+…, mais c’est bien La décision d’un Untel PLUS La décision pour Unetelle PLUS etc. Avez-vous déjà ressenti ce « frisson » en dépouillant ? Ce ne sont pas des émotions au sens et ressenti classique. Néanmoins que de sentiments, de pensées, de courtes empathies voire d’antipathies… vous ouvrez un bulletin qui est voté pour tel « méchant candidat », quel affreux a bien pu le faire, > ; ou au contraire, ce bulletin, ainsi plié soigneusement bord à bord et en quatre, qui, malgré tout, vous fait perdre la cadence, et ô démocratique surprise, c’est pour votre candidat préféré ; ou bien ce petit sourire en pensant, et à cet électeur, et à ce candidat qui « voit » enfin apparaître son premier bulletin, alors qu’on dépouille les dernières enveloppes ; et puis encore, ce plié pas net d’un bulletin presque froissé ; ou celui-ci, qui romp son suspense dès l’ouverture de l’enveloppe, car il est plié nom en extérieur ; ou la déception avec cette enveloppe vide, un sentiment de détresse, du certain dose de malheur ; ou l’angoisse, avec deux bulletins dans une même enveloppe… ouf ! les deux mêmes noms ; ou au contraire tel bulletin nul, expression, qui sait, d’une méchanceté ou d’une rebellion ; et puis les longues séries d’une même expression de vote, ça commence à trois, se remarque à quatre, puis cinq, et six… Sept !? Quel candidat la rompra, pour notre satisfaction ou notre déception ? etc. etc.
    Ce n’est pas anodin de dépouiller, dans son expérience de citoyen. Et l’on sent bien que ceux qui assistent autour goûtent aussi de l’importance du moment et de l’action, participent de la tension qui vient entre autre de la lenteur du processus. Être accesseur sous le regard d’autres co-citoyens, regards pas vraiment froids, ni réellement suspicieux, mais sans concessions, tout chargés de vous rappeler l’importance de votre tâche, regards qui suivent chacun de vos gestes, guettant avec vous l’apparition Du nom choisi… Dépouiller, et tout autant assister au dépouillement, c’est percer le secret du vote, c’est voir ou faire émerger Le Choix de L’Électorat, c’est participer à la construction de la Décision Populaire.
    Bref, c’est au nom de cette symbolique autour de l’opération entière de vote que je revendique le côté manuel de l’opération de vote, et je refuse de voir celle-ci se transformer en une série de clics..